Amiens - Rouen (2 décembre 2000)

 

Match comptant pour la dix-neuvième journée du Championnat de France Elite.

Chaque jardinier le sait. En cette fin d'automne, le jardin ne doit pas être délaissé. Au contraire, le pépiniériste doit veiller au bon faîtage de ses arbres et les préparer à bien passer l'hiver en les protégeant au moyen de bouillie bordelaise. Il en est de même pour une équipe de hockey. Ce soir, Guy Fournier aura constaté que la charpente rouennaise s'est affaissé face à des Amiénois très remontés jouant un hockey total, physique, technique et vertueux, celui souvent pratiqué en play-off. Les Picards ayant taillé les lauriers normands, le coach devra appliquer un peu de cette bouillie bordelaise sur les branches blessées de son équipe.

Les premiers mots du derby s'engageaient par l'intermédiaire de Juha Jokiharju qui, grippé, tenait tout de même son rôle au début de la partie. Mindjimba faisait l'arrêt (0'36). Burakowski assurait la riposte en breakaway. Cependant, Phil Groeneveld réalisait un spectaculaire puck-check salvateur (0'51). Juste après, Guillaume Besse était l'auteur d'un tir dévié par le gardien d'en face (1'03). Les premières banderilles annonçaient un match plaisant sur le plan du rythme. Plus tard, les Normands ne profitaient pas de leur premier jeu de puissance. Devant l'abnégation des Picards, ils n'adressaient aucun shoot (3'44). Pourtant, les Dragons poussaient mais laissaient des espaces en zone neutre, les fameux dix mètres d'élan Gothique. A l'offensive, une mauvaise ouverture était contré par Rozenthal M. à gauche dans son territoire. La comète partait seule face à Phil Groeneveld. Irrattrapable, le rapide ailier, après une feinte, trouvait, du revers en hauteur, le fond des filets (1-0 à 5'04). Immédiatement, les leaders aux huit points d'avance, répliquaient. Le but était orchestré par Juha Jokiharju, à droite. Ce dernier trouvait, entre trois Gothiques, Simon Lacroix délaissé au près du poteau gauche. Le nouvel appelé en équipe de France poussait la rondelle derrière le gardien (1-1 à 5'20). Cette rapide égalisation mit les Rouennais dans le sens du but et ceux-ci dominaient la partie. Ils effectuaient beaucoup de lancers comme celui de Simon Lacroix qui aurait pu compter si Mindjimba ne s'était interposé (9'24). Toutefois, l'engagement physique amiénois gênait considérablement leurs invités. Tout de même, c'est contre le cours du jeu que les Gothiques reprenaient l'avantage. Après une remise en jeu à la pointe droite remportée par Paillet, Burakowski remettait derrière à Djelloul. L'arrière, de loin, exécuta un lancer frappé à ras la glace qui était dévié dans le slot, surprenant en hauteur Phil Groeneveld désarmé (2-1 à 11'17). Ensuite, Baptiste Amar fut l'architecte de la volonté rouennaise quand il effectua un shoot encore détourné par la gardien adverse (12'30). L'emprise normande laissait des brèches dans lesquelles Rozenthal M. s'engouffrait avec délectation. Il échouait de peu. Un de ses terribles essais étant bien dérouté par Phil Groeneveld (13'27). Présentement, sur cette action, les coéquipiers d'Eric Doucet prenaient une prison stupide pour une bravade de cour d'école, excédé sans doute d'encaisser à tout bout de champs le jeu rude des locaux. On ne le savait pas encore, mais c'était le tournant du match (13'28). Sur ce jeu de puissance, Rozenthal M. libérait Gras qui s'en allait seul dans le carré défensif rouennais. Il pouvait aisément faire la cassure du revers au ras du glaçon (3-1 à 14'30). Les Normands ne baissaient pas les bras sous l'impulsion, le plus souvent, de Guillaume Besse qui lançait sur une bonne occasion. Néanmoins, Mindjimba se montrait résistant (16'51). Ces Normands, en patrons, auraient dû savoir exploiter un nouveau power-play en fin de période. Malheureusement, leur forme actuelle ne leur permit pas. La domination dans le jeu avait été rouennaise mais les "noirs et jaunes" n'ont pas su se montrer opportunistes. A l'inverse, les Amiénois ont montré de grandes qualités de réalisme dans ce premier vingt.

Ce break, à l'entrée du deuxième tiers allaient confirmer que les Normands n'étaient pas, ce soir, les plus doués. Et peut-être, la grande équipe que d'aucuns lui prêtent. En effet, ce bon test démontrait toutes les carences ponctuelles des hommes de forts de ce tonitruant début de saison. D'abord, ils accordaient à Gras une grosse chance de tuer le match. Heureusement, Phil Groeneveld sauvait à lui seul la situation (20'54). Baptiste Amar était au four et au moulin. Malgré tout, son bon tir était stoppé par un Mindjimba intransigeant (21'36). Puis, un laisser aller défensif permettait trop facilement à Rozenthal M. de tromper magnifiquement en lucarne un Phil Groeneveld impuissant (4-1 à 22'45). En plus, comme l'arbitrage particulièrement incompétent ce soir encore favorisait plus le jeu des joueurs d'Antoine Richer, ne sanctionnant que les répliques rouennaises aux duretés Gothiques, comme contre Guillaume Besse, après une série de mauvais coups de Dewolf. L'ailier s'asseyait sur le banc des pénalités pour douze minutes (2+10'). Les Dragons pugnaces résistaient fort bien à ce désavantage. Ils parvenaient même à s'installer en offensive. Pourtant, sur la seule incursion amiénoise de ces deux minutes de supériorité numérique, les Normands s'inclinaient sans avoir démérité. Gras effectuait un lancer que Phil Groeneveld paradait de la jambière droite. Le Gothique tapait maintenant le rebond de nouveau dans le houseau. Le palet passait tout doucement sous la guêtre derrière le gardien. Seul Rozenthal M. s'en rendait compte. Il en profitait pour le pousser dans la cage à une seconde de la fin de la pénalité. Patatras (5-1 à 27'43) ! Cette fois, les plus fervents partisans ne parlaient plus que d'obtenir un match nul. C'était réalisable car il restait encore plus de trente minutes de jeu et Rouen lançait sur la cage deux fois plus que son adversaire. Blessés dans leur amour propre, les Dragons allaient avoir cinq minutes de grande réaction. D'abord, Patrick Genest vendangeait incroyablement une cage vide (28'39). Ensuite, Eric Doucet manquait de précision (33'24). Enfin, le capitaine rouennais, dans un angle impossible, réduisait la marque, sans doute aidé par un Gothique qui déviait dans ses propres filets (5-2 à 33'50). Cette prépondérance normande laissait une opportunité à Rozenthal F. Néanmoins, Phil Groeneveld réalisait un brillant arrêt, préservant ainsi l'espoir des siens de revenir au score (35'16). Quelques secondes plus tard, un troisième jeu de puissance en faveur des Rouennais ne donnait rien. Une fois encore les Dragons manquait de clairvoyance dans cet exercice si important (37'48). La fin de période ne donnait rien si ce n'est un remarquable débordement de Luc Chauvel qui passait le caoutchouc dans une enclave vide (38'12).

Le troisième engagement, les Rouennais allaient le faire sans Juha Jokiharju et Allan Carriou respectivement malade et touché au genou. Les juniors Bessard du Parc et Aram Kevorkian les remplaceront. Franck Pajonkowski retrouvant la pointe gauche sur la première ligne. Ce dernier tiers serait haché par de nombreuses pénalités toutes infructueuses. Le jeu rouennais était beaucoup trop approximatif et désordonné pour s'avérer rentable. Après un tir de Guillaume Besse bien arrêter par Mindjimba (44'32), les Normands devaient "tuer" pendant 3'45 une punition sur laquelle Rozenthal F. aurait bien pu enfoncer un peu plus le clou, si Phil Groeneveld ne serait pas intervenu avec talent (46'53). Plus tard, sans Juha Jokiharju qui aura bien fait défaut, ni les 3'19 de réelles supériorités accordées aux Rouennais, ni la cage laissée vide par Phil Groeneveld depuis 57'16, ni un temps mort de Guy Fournier, n'auront pu apporter plus qu'un lancer sur le poteau de Dominic Rhéaume (57'25). Malheureusement, plus tard, Eric Doucet quittera la glace, touché à la hanche et saignant de la pommette gauche suite à une très dangereuse charge non sanctionnée de Dubois. Cette triste fin devait gâcher ce qui aurait dû être un bon match de hockey.

Apres l'avertissement de Grenoble, et cette claque amiénoise, Guy Fournier trouvera la bonne méthode afin d'appliquer la bouillie bordelaise sur les plaies des blessés (Heikki Riihijarvi, Allan Carriou, Juha Jokiharju, Eric Doucet), sur les carences dans les deux sens de la patinoire de ses unités spéciales, ainsi que sur l'inefficacité ponctuelle de ses trios. Même s'ils n'ont pas si mal joué à Amiens, avec une fiche de plus de quarante lancers sur Mindjimba. Les joueurs ne voudront pas connaître la même mésaventure qu'après la déroute de la saison passée à Chamonix : la dégringolade au classement qui suivit. Ils devront réagir par une victoire. Dès ce mardi, devant le champion en titre, Reims, et ce, quelques soit leurs dispositions actuelles, au risque de s'endormir sur des lauriers que chaque adversaire saura tailler.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

En savoir plus ? : http://www.7emedragon.com

 

Amiens - Rouen 5-2 (3-1, 2-1, 0-0).

Arbitre : M. Bergamelli, assisté de MM. Baude et Leszka.

2668 spectateurs.

Pénalités : Amiens 18+10' (4', 6+10', 8'), Rouen 14'+10' (2', 4+10', 8').

Évolution du score :

1-0 à 05'04'' : M.Rozenthal.

1-1 à 05'20" : Lacroix assisté de Doucet et Jokiharju.

2-1 à 11'17" : Djelloul assisté de Burakowski et Paillet.

3-1 à 14'30" : Gras (sup.num.) assisté de M.Rozenthal et Dubois.

4-1 à 22'45" : M.Rozenthal.

5-1 à 27'43" : M.Rozenthal (sup.num.) assisté de Gras.

5-2 à 33'50" : Doucet.

Amiens :

Gardiens : Mindjimba (Ferron).

Défenseurs : Mille - Dubois ; Dewolf - Djelloul ; Mazzone - Archambault.

Attaquants : F.Rozenthal - Gras - M.Rozenthal ; Burakowski - Paillet - Chiasson ; Ribanelli - Chauvel - Maréchal.

Rouen :

Gardiens : Phil Groeneveld (Flisard).

Défenseurs : Heikki Riihijarvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Daniel Carlsson.

Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Eric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rhéaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Franck Pajonkowski - Thomas Bussat.

 

Retour au Championnat de France Elite

Retour au sommaire