Amiens - Nuremberg (12 octobre 1999)

 

European Hockey League 1999/2000, groupe D, deuxième journée.

Maurice Rozenthal saigne, les Gothiques pâlissent

Cinq jours avant ce premier rendez-vous européen à domicile, le Hockey Club Amiens Somme a déposé le bilan. La commission de contrôle mise en place à la hâte par la fédération cet été (après la liquidation judiciaire de Grenoble) avait pourtant validé le club picard sur la base des pièces comptables remises fin août. Elle considérait que la dette de 1,5 millions de francs, que le titre de champion de France a creusée et non résorbée, pouvait être gérée compte tenu du budget du club, le plus élevé de l'élite à 10 millions de francs. Mais lorsque sa banque - le Crédit du Nord - a exigé de résorber le découvert (400 000 francs), le HCAS n'avait tout simplement pas la trésorerie. Il a donc déposé le bilan jeudi dernier, cinq jours avant la réception de Nuremberg en EHL devant les caméras de Pathé Sport. Un plan de redressement doit être établi pour sauver le club.

Maurice Rozenthal

À cette crise financière s'ajoute une crise sportive car Amiens a lourdement perdu samedi à Rouen (7-1). Les Gothiques sont actuellement privés de deux attaquants internationaux blessés, Roger Dubé (aine) et François Rozenthal (genou). Leur adversaire n'est guère mieux loti : finaliste sortant, Nuremberg est actuellement dernier de DEL ! Les deux clubs comptent en fait sur l'oasis que peut constituer l'EHL, compétition dans laquelle ils avaient bien commencé. Les Allemands avaient battu le Dynamo Moscou (2-1) tandis que les champions de France avaient réussi une prestation très honorable à Lugano, battus seulement 4-3.

Les Gothiques voulaient mesurer le soutien populaire pour cette première rencontre après le dépôt de bilan, le résultat est un peu décevant avec un peu plus de deux mille spectateurs. Sur la glace, Amiens, qui craignait le jeu physique de Nuremberg, fait bonne figure avec de la rigueur défensive devant un solide Antoine Mindjimba. Sur le plan offensif, un Maurice Rozenthal virevoltant se crée les meilleures occasions, que ce soit en tour de cage à la neuvième minute ou en contre-attaque trois minutes plus tard. La plus belle action collective est toutefois initiée par les Finlandais d'Amiens en début de deuxième période : une passe du revers dans le dos d'Arto Vuoti démarque Juha Jokiharju qui remet instantanément au centre pour Christophe Ribanelli, mais le gardien Marc Seliger fait l'arrêt.

Tout bascule à la mi-match alors qu'Amiens doit défendre une longue infériorité numérique de quatre minutes. Même dans ces phases défensives, Maurice Rozenthal s'illustre en se jetant sur la glace... mais ce "sacrifice" est plus sanglant que prévu puisque son visage est malencontreusement lacéré par un patin adverse. La sortie de son meneur offensif est fatale à Amiens. Dès que le jeu reprend, Jason Miller s'impose dans le slot pour convertir l'avantage numérique. Les Gothiques se relâchent défensivement. Aleksandr Cherbayev puis Russ Romaniuk - oublié seul devant la cage et qui a le temps de s'y reprendre à deux fois pour battre Mindjimba - ajoutent deux nouveaux buts et tuent tout suspense.

Amiens domine pourtant complètement la troisième période, face à une équipe de Nuremberg qui se regroupe en défense devant un excellent Marc Seliger. Contre le cours du jeu, Romaniuk enfonce le clou en fin de match. Avec trois étoiles offensives en moins, les Gothiques n'avaient pas la profondeur de banc pour rivaliser. Leurs espoirs de qualification paraissent réduits à néant, et ils chercheront surtout à décrocher un premier succès d'estime dans une compétition qui les a jusqu'ici cumuler huit défaites en deux éditions.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Nuremberg était trop fort pour nous au fur et à mesure que le match avançait. Nous avons manqué quelques occasions en première période qui auraient pu changer le cours de la partie. La perte de Maurice Rozenthal, qui était notre joueur le plus efficace jusqu'à sa blessure, a ralenti notre attaque et nous a enlevé la vitesse sur laquelle nous comptions."

Heikki Riihijärvi (défenseur d'Amiens) : "Comme cela a été le cas depuis deux semaines, nous avons des problèmes de finition. Nous avons eu de bonnes occasions, mais nous n'avons pas pu les concrétiser. Nous n'avions pas assez de profondeur ce soir."

Peter Ihnacak (entraîneur de Nuremberg) : "Je pense que nous avons joué un très bon match, surtout dans notre zone défensive. Les deux équipes étaient très prudentes en première période, avec peu d'occasions. Nous voulions sortir rapidement le public bruyant du match. Les deux gardiens étaient sûrs et Mindjimba a fait un excellent match. Mais nous avons joué avec beaucoup de discipline dans les trois zones. Discipline, travail et jeu intelligent ont été nos clés de la victoire."

John Craighead (attaquant de Nuremberg) : "Nous sommes en difficulté en DEL depuis le début de saison, donc c'est une grosse victoire pour nous. Nous avons rebâti l'équipe après avoir changé 15 joueurs par rapport à l'an dernier. Nous avons joué une bonne trappe tout au long du match, nous n'avons pas essayé de forcer comme nous l'avions fait dans d'autres rencontres cette année. La patience et la cohésion ont été les clés de notre victoire."

 

Amiens - Nuremberg 0-4 (0-0, 0-3, 0-1)
Mardi 12 octobre 1999 à 20h00 au Coliseum. 2145 spectateurs.
Arbitrage de M. Rickham (GBR).
Pénalités : Amiens 6', Nuremberg 4'.

Évolution du score :

0-1 à 31'09" : Miller assisté de Jiranek et Ignatjevs (sup. num.)
0-2 à 32'52" : Cherbayev assisté de Reichel
0-3 à 38'38" : Romaniuk
0-4 à 58'39" : Romaniuk assisté de Reichel

 

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