Norvège - République Tchèque (29 avril 2000)

 

Championnats du monde 2000 à Saint-Pétersbourg, premier tour, groupe C.

Champions olympiques, champions du monde et champions du monde juniors en titre, les Tchèques trônent au sommet du hockey mondial. Et pourtant, personne ne mise un kopek sur eux dans un tournoi dont la Russie est la grande favorite ! Raison majeure de cette défiance : le grand architecte des succès tchèques, l'entraîneur Ivan Hlinka, est parti vers Pittsburgh et la NHL en février. Après un an et demi comme adjoint, Josef Augusta doit plonger dans le grand bain et démontrer que le disciple peut faire aussi bien que le maître. L'autre argument contre les Tchèques est qu'ils ont une majorité de débutants en championnat du monde. Ils ne s'appuient donc que partiellement sur les habituels vainqueurs.

Une douzaine de joueurs ont en effet décliné la sélection, ce qui n'avait jamais été le cas sous Hlinka. Le successeur Augusta, qui marche sur des oeufs, dit respecter leurs raisons et ne forcer personne. Le pilier du vestiaire Jiri Dopita a mis moins de gants pour les critiquer, soutenu par le président de la fédération Karel Gut. La plupart des joueurs de NHL, qui ont déjà goûté à l'or et ne veulent peut-être pas associer leur nom à un possible échec, ont fait faux bond. L'attaque est entièrement menée par des joueurs d'Extraliga tchèque, hormis Tomáš Vlasák - qui joue au HPK en Finlande - et deux débutants en sélection qui viennent de NHL, Varada et Prospal. Arrivé directement du Canada avant-hier nanti de ses 55 points en saison régulière NHL (22 buts et 33 assists en amateur des doubles chiffres !), Václav Prospal n'a encore jamais joué en sélection et était très motivé pour prendre sa chance, même si sa femme Monika doit accoucher début juillet. Le centre de 25 ans a toutefois déclaré qu'il avait eu le souffle coupé d'entendre l'assistant-coach Vladimir Martinec lui demander sa position. Il trouve étrange que l'on sélectionne un joueur sans connaître ses caractéristiques, et il n'est pas le seul. L'épisode a donc pu alimenter les doutes sur le nouveau staff. Le malentendu est rétabli : annoncé à l'aile, Prospal a récupéré le poste auquel il a joué toute sa carrière.

Tomáš Vlasák est le plus actif en début de match avec un tir entre les cercles dès la troisième minute. Il ouvre le score après moins de huit minutes, comme il l'avait déjà fait au premier match des Mondiaux l'an passé : un but facile puisqu'il n'a qu'à reprendre en cage vide la passe de Španhel sur un palet gagné par Reichel. Mais les Tchèques n'enchaînent pas. Ils sont perturbés par le jeu dur et les petits coups de crosse des Norvégiens, qui ne se révèlent pas des adversaires faciles.

La Norvège se met même à dominer et à patiner mieux que les champions du monde. Ceux-ci n'arrivent pas à déployer de combinaisons en jeu de puissance, et provoquent même des rires du public russe quand Dopita et Výborný se rentrent dedans. Lorsque Ketil Wold sort de prison après 34 minutes de jeu, les Norvégiens se retrouvent même en contre-attaque à trois. C'est le gardien Roman Cechmánek qui rattrape les confusions de sa défense et sauve son équipe à ce moment-clé.

En début de troisième période, le lancer puissant de Michal Sýkora remet sur les rails une partie qui semblait mal engagée pour les Tchèques. Výborný marque dans la foulée et il n'y a plus de suspense. Quelques attitudes moins responsables en défense ont été fatales à la Norvège. Le novice Prospal marque au passage son premier but en équipe nationale, même s'il est déçu d'entendre l'annonceur de la patinoire l'attribuer à Dopita. Robert Reichel remplit alors son rôle de capitaine en allant vers l'arbitre pour faire rectifier la feuille de match.

Désignés joueurs du match : Vidar Wold pour la Norvège et Roman Cechmánek pour la République Tchèque.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Václav Prospal (attaquant de la République Tchèque) : "J'attendais de voir ce que le gardien ferait. Il a bougé, donc j'ai tenté une feinte, et ensuite cela aurait été un péché de ne pas marquer dans la cage ouverte. Cela a grondé à l'intérieur de moi [en entendant le but attribué à Dopita], je marque un but et puis rien. J'ai complètement oublié de demander à conserver le palet, je me suis tout de suite remis à jouer. Outre-Atlantique, les lignes changent beaucoup, donc peu importe avec qui je joue. Les gars sont parfaits, Vašek [Varada] patine bien et Petr [Cajánek] fait attention à la défense. Je vais appeler ma femme, elle sera certainement heureuse. Mais ce n'était pas facile du tout, les Norvégiens patinaient étonnamment bien."

Leif Boork (entraîneur de la Norvège) : "Même si nous avons perdu, c'était un match important poiur nous. Nous savons que les Tchèques sont une bonne équipe, mais nous ne voulions pas jouer défensivement. Nous voulions les challenger dans le jeu. C'est le seul moyen de développer le hockey norvégien. Si nous avions été plus forts pour marquer un but dans les deux premières périodes, nous aurions pu mieux nous comporter dans la troisième."

 

Norvège - République Tchèque 0-4 (0-1, 0-0, 0-3)
Samedi 29 avril 2000 à 20h30 au Yubileyni de Saint-Pétersbourg. 1600 spectateurs.
Arbitrage de Scott Hansen (USA) assisté de Serge Carpentier (CAN) et John Costello (USA).
Pénalités : Norvège 10' (2', 4', 4'), République Tchèque 6' (0', 4', 2').
Tirs : Norvège 34 (7, 16, 11), République Tchèque 30 (11, 11, 8).

Évolution du score :
0-1 à 07'58" : Vlasák assisté de Španhel et Reichel
0-2 à 42'56" : Sýkora assisté de Prospal
0-3 à 44'33" : Výborný assisté de Dopita et Vlasák
0-4 à 54'27" : Prospal assisté de Varada
 

Norvège

Attaquants :
Trond Magnussen (C, 2') - Tore Vikingstad (2') - Per-Åge Skrøder
Sjur Robert Nilsen (A, -2) - Ole Eskild Dahlstrøm (-2) - Morten Fjeld (-3)
Marius Trygg - Pål Johnsen - Geir Svendsberget
Mads Hansen (-2) - Anders Fredriksen (-1) - Joakim Sæther (-1, 2')
Stig Vesterheim (-1)

Défenseurs :
Martin Knold (-3) - Svein Enok Nørstebø (A, -2)
Ketil Wold (-1, 4') - Mats Trygg (-2)
Johnny Nilsen - Tommy Jakobsen

Gardien :
Vidar Wold

Remplaçants : Robert Schistad (G), Martin Sellgren. En réserve : Bjorge Josefsen (G).

République Tchèque

Attaquants :
Jan Tomajko - Jirí Dopita (A, +2) - David Výborný (+1)
Tomáš Vlasák (+2) - Robert Reichel (C, +1) - Martin Španhel (+1)
Martin Procházka - Pavel Patera - Martin Havlát
Petr Cajánek (+1) - Václav Prospal (+2) - Václav Varada (+2)

Défenseurs :
František Kucera (A, +2) - Michal Sýkora (+2, 2')
František Kaberle (+2, 2') - Petr Buzek (+2)
Ladislav Benýšek - Radek Martínek (2')

Gardien :
Roman Cechmánek (2')

Remplaçants : Dušan Salfický (G), Martin Štepánek, Michal Broš. En réserve : Vladimír Hudácek (G).

 

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