Suisse - France (1er mai 2000)

 

Match comptant pour le premier tour, groupe D, des Championnats du Monde A 2000 à Saint-Pétersbourg.

Cette rencontre est capitale pour les deux équipes qu'une défaite enverrait probablement en poule de relégation. Les Français ne partent pas favoris, mais ils ont à cœur de venger la claque subie l'année passée contre la Suisse (0-6). Le différentiel d'engagement entre les deux équipes dans cette entame de match se traduit parfaitement sur les premières supériorités numériques. Pendant la prison de Della Rossa pour faire trébucher, les Français sont incapables d'installer leur jeu de puissance, tandis que les Suisses profitent des pénalités de Perez (une charge avec la crosse inutile sur un joueur qui avait glissé sur le palet et qui était à terre alors qu'un Français allait partir en contre) et de Dewolf pour faire le siège des buts de Cristobal Huet. On craint que les Français ne retombent dans leurs vieux travers en fréquentant un peu trop assidûment le banc des prisons, mais ce sont les Suisses qui font preuve d'une agressivité excessive, offrant une chance en or aux Bleus. Alors que Crameri est en prison, Laurent Meunier a le nez superficiellement coupé par une crosse haute de Keller, qui prend 2'+2'. Mais, même pendant deux minutes à cinq contre trois, les Français ne parviennent pas à prendre de vitesse la défense suisse, ni à surprendre Gerber. Malgré les nombreuses pénalités de part et d'autre, le score restera vierge dans ce tiers où les occasions franches, souvent cantonnées aux jeux de puissance, font figure de denrée rare chez les deux équipes, d'abord soucieuses de ne pas se faire piéger et hypothéquer leurs chances.

Les Français, après avoir laissé passer une infériorité numérique héritée de la première période, réalisent de bonnes séquences et se mettent à porter le danger dans la zone suisse, récompensés par l'ouverture du score de Maurice Rozenthal. Comme un malheur n'arrive jamais seul pour les Suisses, un palet contré en zone neutre par Denis Perez permet à Arnaud Briand de se présenter seul face à Gerber, qu'il surpasse aisément. Mais les pénalités vont coûter cher aux Français. La Suisse se relance d'abord grâce à une erreur de Huet, qui place mal sa crosse sur un slap d'Edgar Salis. En effectuant une obstruction en marge du jeu, Maurice Rozenthal offre sur un plateau aux Suisses un avantage numérique, qu'ils ne tardent pas à concrétiser par une égalisation de Marcel Jenni. Les Français ont ainsi vu fondre comme neige au soleil leur avantage conséquent, qui s'était formé de manière providentielle. Mais force est de constater que ce score de parité reflète fidèlement un match équilibré qui peut basculer à tout moment sur un coup du sort.

Après ce tiers plus débridé, on revient à une physionomie plus proche de celle de la première période avec un jeu plus tendu. Mais l'épée de Damoclès tombe du côté suisse quand Arnaud Briand part en contre et gagne une nouvelle fois son duel en levant le palet dans la lucarne de Gerber. À nouveau, ils confortent immédiatement leur avance : Stéphane Barin vient prendre la rondelle à un Salis paniqué derrière ses buts, et passe en retrait à Benoît Bachelet, qui conclut victorieusement (4-2). Les Bleus n'ont pas cette fois l'intention de laisser échapper la victoire, et continuent à faire le jeu, même si Marcel Jenni glisse (peut-être aidé en cela par un défenseur) au moment d'amorcer une contre-attaque. Alors qu'ils voient leurs espoirs s'amincir, les Suisses s'énervent et des pénalités contre Suter et Salis leur ôtent toute chance de revenir.

Les Français assurent d'ores et déjà leur maintien (sauf improbable exploit de la Suisse face à la Russie) et vont peut-être regagner auprès des Suisses leur réputation perdue de bête noire de l'équipe helvète. L'objectif haut annoncé par Sabourin et Pourtier est en passe d'être atteint, mais il faudra absolument travailler les supériorités numériques, car on ne peut pas se permettre de gâcher des opportunités de cinq contre trois en championnat du monde.

Désignés joueurs du match : Jean-Jacques Aeschlimann pour la Suisse et Cristobal Huet pour la France.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Ralph Krüeger (entraîneur de la Suisse) : "On n'a pas su répondre. C'est très douloureux, mais les Français avaient plus faim et méritaient de gagner. Depuis que je suis à la tête de l'équipe, jamais ne nous étions inclinés face à un adversaire direct. Désormais, nous devons nous préparer à vivre une situation difficile."

Stéphane Sabourin (entraîneur de la France) : "Je vous avais dit que cette victoire contre la Suisse était écrite dans le ciel. J'avais confiance en mes hommes car ils avaient beaucoup souffert contre la Suisse pendant deux ans, et ils avaient l'envie. Croyez-moi, il y a une luminosité dans cette équipe mais les joueurs l'avaient un peu oubliée. Aujourd'hui, le plus important est qu'on ait gagné le respect."

Philippe Bozon (attaquant de la France) : "On s'est dit que, même si on était nerveux, ils l'étaient encore plus que nous. On a maîtrisé tout le match. Sans les pénalités, ils ne revenaient pas. Alors on s'est dit qu'il fallait repartir dans le troisième tiers avec les mêmes intentions, et ça a marché. Ce n'est qu'à partir du troisième but qu'on a arrêté de mettre la pression. On voulait garder le score et tenir derrière. Heureusement, le quatrième but est venu vite."

 

Suisse - France 2-4 (0-0, 2-2, 0-2)
Mercredi 3 mai 2000 à 16h30 au Ledovy dvorets de Saint-Pétersbourg. 3200 spectateurs.
Arbitrage de Pekka Haajanen (FIN) assisté de Václav Ceský (TCH) et Rudolf Lauff (SVK).
Pénalités : Suisse 16' (8', 2', 6'), France 14' (8', 4', 2').
Tirs : Suisse 27 (10, 9, 8), France 33 (10, 13, 10).

Évolution du score :
0-1 à 24'26" : M. Rozenthal assisté de Briand
0-2 à 30'15" : Briand
1-2 à 33'03" : Salis assisté de Crameri et Sutter (sup. num.)
2-2 à 37'52" : Jenni assisté de Crameri et Salis (sup. num.)
2-3 à 51'12" : Briand assisté de M. Rozenthal
2-4 à 54'12" : Bachelet assisté de Barin
 

Suisse (2' pour surnombre)

Attaquants :
Marcel Jenni (-1) - Gian-Marco Crameri (-1, 2') - Patrick Fischer (-2, 2')
Ivo Rüthemann (-3) - Reto von Arx (C, -3) - Alain Demuth (-2)
Flavien Conne - Michel Zeiter - Patric Della Rossa (2')
Claudio Micheli - Jean-Jacques Aeschlimann - Thomas Ziegler

Défenseurs :
Mathias Seger - Martin Steinegger (A)
Julien Vauclair (-3) - Mark Streit (-3)
Patrick Sutter (A, -1, 2') - Edgar Salis (-1, 2')
Olivier Keller (4')

Gardien :
Martin Gerber

Remplaçants : Reto Pavoni (G), Rolf Ziegler.

France

Attaquants :
Maurice Rozenthal (+3, 2') - Arnaud Briand (C, +3) - Philippe Bozon (A, +3, 2')
Stéphane Barin (+1) - Robert Ouellet (+1, 2') - Benoît Bachelet (+1, 2')
Pierre Allard (2') - Laurent Meunier - Yorick Treille
François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Richard Aimonetto
Anthony Mortas

Défenseurs :
Vincent Bachet (+1) - Jean-Christophe Filippin (+1)
Jean-Marc Soghomonian (+3) - Denis Perez (A, +3, 2')
Grégory Dubois - Karl Dewolf (2')
Baptiste Amar

Gardien :
Cristobal Huet

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G).

 

Retour aux championnats du monde 2000