République Tchèque - Finlande (7 mai 2000)
Championnats du monde 2000 à Saint-Pétersbourg, deuxième tour, groupe F.
À la recherche de leur hockey et de la confiance, les Finlandais alignent Vesa Toskala dans les buts à la place d'Ari Sulander qui avait accumulé les bourdes face aux Canadiens. Mais le nouveau gardien est crucifié sur le premier rebond qu'il lâche par František Kaberle qui, démarqué, loge le palet dans la cage grand ouverte. Un but encaissé à la deuxième minute, ce n'est pas cela qui va apaiser les doutes chroniques des Finlandais. Ils paraissent capables de réagir et frappent la transversale en supériorité numérique, mais le jeu de puissance tchèque se démontre plus efficace, et Prospal double la mise à l'issue d'un bon travail de Hlavac. Même les 2'+2' sifflées contre Spanhel ne libèrent pas les Finlandais. Entre un des jeux de puissance les plus médiocres de tournoi et des Tchèques qui n'ont jamais encaissé de but en infériorité, l'issue ne saurait guère nous surprendre. Mais de voir quelqu'un comme Niko Kapanen aligner successivement un mauvais contrôle et une passe en retrait qui se perd dans sa propre zone est proprement désolant. Il y a un ressort psychologique cassé dans cette équipe finlandaise. Il lui manque certes une figure charismatique et rassembleuse comme Koivu ou Selänne, mais il reste des joueurs talentueux aux capacités indéniables. Le vent de la révolte commence heureusement à souffler avec un tir qui atterrit sur l'épaule de Cechmánek et retombe hors du cadre. Finalement, Lind trouve la faille, aidé par une déviation involontaire du patin de Nummelin.
Les Finlandais abordent la deuxième période avec le même esprit et égalisent sur un centre au second poteau de Rintanen pour Petteri Nummelin, contraignant ainsi les Tchèques, qui avaient bénéficier d'une réussite maximale dans le premier tiers, à refaire le jeu. Mais ces derniers n'ont pas besoin de se donner tant de peine, exploitant parfaitement une pénalité de Lydman pour reprendre l'avantage. Le spécialiste de la charge dans le dos, Jiri Dopita, refait des siennes et est pénalisé de 2'+10'. Les Finlandais ne laissent cette fois pas passer l'occasion de marquer leur deuxième but en avantage numérique depuis le début des championnats grâce à un slap de la bleue de Jyrki Lumme qui lobe Cechmánek. Celui-ci se plaint d'avoir été gêné par Tuomainen, mais l'arbitre, qui avait remarqué les petits coups de crosse que le gardien tchèque prenait un malin plaisir à distribuer à ses adversaires, l'ignore. La rencontre gagne encore en intensité et se dispute à un rythme très élevé, ne laissant aucun répit aux deux défenseurs.
Dans un match de si haut niveau, les passes sont précises, les erreurs se font rares, et en conséquence, les deux équipes se neutralisent. L'engagement est total, et peut-être même au-dessus de la limite en ce qui concerne les Tchèques, qui provoquent quelques fautes et échauffourées dans lesquelles les deux équipes sont également pénalisées. Cela permet de diminuer le nombre d'hommes sur la glace, et de voir la première échappée du tiers, au cours de laquelle Procházka échoue sur Toskala. Ce n'est que partie remise, puisque Dopita reprend un centre au second poteau de Kaberle et redonne l'avantage aux siens. Ce but ne met pas fin au suspense, mais éveille au contraire les vocations, tandis que les Tchèques se relâchent imperceptiblement : Kallio égalise dans la foulée et, grâce à Lind, les Finlandais passent devant pour la première fois du match. Jokinen a même un instant d'hésitation coupable alors qu'il a le K.O. au bout de la crosse. Mais Rintanen s'en charge en contournant la cage face à un Cechmánek qui paraît comme englué d'un côté de la cage, et qui se débat vainement.
Ce match de haute volée, probablement le plus plein depuis le début du Mondial, a été digne d'une finale au niveau de l'engagement. Les Finlandais prennent au passage leur revanche sur celle de l'an dernier. Cela leur a permis de reprendre confiance dans leur jeu et d'oublier leur fixation sur leur problème de gardien pour se concentrer sur la résolution de leurs carences offensives, spectaculairement réussie ce soir.
Désignés joueurs du match : František Kaberle pour la République Tchèque et Petteri Nummelin pour la Finlande.
Marc Branchu
Commentaires d'après-match
Josef Augusta (entraîneur de la République Tchèque) : "Nous sommes dans le tournoi aussi bien que n'importe qui, donc nous ne sommes pas immunisés contre la défaite. C'était une leçon pour nous. Le troisième but, de mon point de vue, était une décision de l'arbitre. Cela fait partie du jeu. Le match a été impartialement arbitré. Nos gars ont parfois inutilement commenté certaines des décisions. J'ai toujours pensé que les joueurs étaient là pour jouer et les arbitres pour arbitrer. Pour ce qui est de notre défaite, c'était principalement une panne défensive générale, et pas seulement individuelle. Ce n'était pas aussi serré défensivement que contre le Canada, mais je pense que ces deux buts de suite nous ont achevés."
Václav Prospal (attaquant de la République Tchèque) : "Quand il y avait 2-0, je pense que nous leur avons un peu trop aiguisé l'appétit parce que nous nous sommes relâchés un moment et ils en ont profité. Ils ont véritablement creusé leur sillon dans ce match, et nous ne les avons pas arrêtés. Le point crucial a eu lieu à la toute fin de la première période. Je pense que c'est là que nous devrions commencer à chercher nos erreurs."
Roman Cechmánek (gardien de la République Tchèque) : "Sur le troisième but, il y avait une charge avec la crosse évidente au niveau de mon cou. Je ne sais pas quel genre le match l'arbitre dirigeait, mais c'était une faute évidente selon moi. C'est tout ce que je peux en dire."
Hannu Aravirta (entraîneur de la Finlande) : "Je pense que nous avions plus besoin de ces points que les Tchèques. Nous avons tenu une réunion d'équipe hier et c'était très important pour notre esprit d'équipe. Un entraîneur peut parler autant qu'il veut, mais l'équipe doit répondre à ses appels. Nous sommes une équipe jeune, avec huit jours en commun, et nous avions besoin de cette victoire. Avant le tournoi, j'avais dit que nous serions la deuxième équipe à domicile, maintenant je crois que nous sommes la première. Dans les rencontres précédentes, nos joueurs ont eu beaucoup d'occasions mais ils n'avaient pas marqué tant de buts que ça, donc c'était important pour nous d'en mettre six aujourd'hui. Nous avons décidé qu'Ari Sulander ne devrait supporter aucune pression aujourd'hui, et c'est pourquoi il ne s'est pas habillé en doublure. Il a eu une deuxième moitié de match difficile contre le Canada, mais je pense toujours à lui à l'heure de déterminer l'équipe. Néanmoins, Vesa Toskala débutera demain."
Juha Lind (attaquant de la Finlande) : "Nous avons bien joué pendant cinquante minutes. Nous avons seulement essayé de nous trouver dans la première période, et c'était un peu plus dur au début. Aujourd'hui le résultat était en notre faveur et demain est un autre jour, un autre match. C'est ce que nous devons garder à l'esprit. Le tournant était notre réveil alors que nous étions menés 2-0. Nous avons alors été un peu chanceux et nous nous sommes créé les occasions pour revenir dans le match. Mais parfois vous avez besoin de chance. Même les bonnes équipes ont besoin de chance."
République Tchèque - Finlande 4-6 (2-1, 1-2, 1-3)
Dimanche 7 mai à 20h30 au Yubileyni de Saint-Pétersbourg. 7182 spectateurs.
Arbitrage de Peter Andersson (SUE) assisté de Serge Carpentier (CAN) et John Costello (USA).
Pénalités : République Tchèque 32' (10', 6'+10', 6'), Finlande 22' (6', 8', 8').
Tirs : République Tchèque 16 (5, 5, 6), Finlande 32 (12, 8, 12).
Évolution du score :
1-0 à 02'14" : Kaberle assisté de Cajánek
2-0 à 07'36" : Prospal assisté de Vlasák (sup. num.)
2-1 à 17'44" : Nummelin assisté de Lind et Kapanen
2-2 à 22'26" : Nummelin assisté de Rintanen et Kallio (sup. num.)
3-2 à 24'56" : Sýkora assisté de Tomajko et Výborný (sup. num.)
3-3 à 28'42" : Lumme assisté de Helminen et Peltonen (sup. num.)
4-3 à 51'31" : Dopita assisté de Varada et Kaberle
4-4 à 52'30" : Kallio assisté de Rintanen et Jokinen
4-5 à 52'49" : Lind assisté de Nummelin et Kapanen
4-6 à 58'37" : Rintanen assisté de Jokinen et Lumme
République Tchèque
Attaquants :
Jan Tomajko - Jirí Dopita (A, +1, 2'+10') - David Výborný (+1, 4')
Tomáš Vlasák - Robert Reichel (C, -1, 2') - Václav Prospal (-1, 4')
Martin Procházka (-1) - Pavel Patera (-1) - Martin Španhel (-1, 4')
Martin Havlát (-1) - Petr Cajánek (-1) - Václav Varada (-1)
Défenseurs :
František Kucera (A, -1) - Michal Sýkora (-2, 2')
Ladislav Benýšek (-1) - Martin Štepánek
František Kaberle - Petr Buzek (4')
Gardien :
Roman Cechmánek
Remplaçants : Dušan Salfický (G), Radek Martínek, Michal Broš.
Finlande
Attaquants :
Ville Peltonen (C, 2') - Raimo Helminen (A) - Antti Aalto (2')
Esa Tikkanen (A, -1, 2') - Toni Sihvonen (-1) - Tony Virta (-1)
Kimmo Rintanen (+1) - Olli Jokinen (+1, 2') - Tomi Kallio (+1)
Juha Lind (+2, 2') - Niko Kapanen (+2) - Jukka Hentunen (+2)
Marko Tuomainen
Défenseurs :
Aki-Petteri Berg - Jere Karalahti (4')
Janne Niinimää (+2, 2') - Jyrki Lumme
Toni Lydman (-1, 6') - Antti-Jussi Niemi (-1)
Petteri Nummelin (+4)
Gardien :
Vesa Toskala
Remplaçant : Pasi Nurminen (G). En réserve : Ari Sulander (G).