Rouen - Angers (6 janvier 2001)

 

Match comptant pour la vingt-deuxième journée du Championnat de France Elite.

Les Dragons après avoir passé l'orage du premier tiers temps et du début du deuxième, grâce à un formidable Phil Groeneveld, ont illuminé de tout leur brio la première rencontre du XXIème siècle les opposant aux outsiders Angevins. Il y a cinq siècles, les Ducs, fidèles du roi Henri IV, assiégèrent la bonne ville de Rouen rebelle aux mains des calvinistes. Ce soir, les Ducs, sans Martineau et Makela, étaient de retour pour assaillir les cages rouennaises. Mais cette fois, ils ne parvenaient pas à prendre le territoire de Phil Groeneveld le "protestant".

Les uns et les autres recherchant le rythme de la compétition et leurs automatismes, les débats ne s'engagèrent véritablement qu'après cinq minutes de jeu où l'on apercevait le premier tir cadré de la partie. Petit à petit Angers pressait très haut et à trois des Rouennais un peu perdus. C'est Christian Elian qui héritait de la première chance déviée par Phil Groeneveld (7'05). Ensuite, un poteau contre son camp devait être subi par la défensive fébrile de l'île Lacroix (7'38). Puis, Alain Vogin, en grande forme internationale, vit sa tentative stoppée par le portier local (8'12). Les Dragons subissaient difficilement les assauts et la pression opposée. Dominic Rheaume, cependant, donnait un peu d'air frais à ses coéquipiers. Toutefois, son tir, frappé fort, était imprécis (8'52). Les Ducs, encouragés par tout un car de supporters, remontaient de plus belle le palet vers le but Normand. Julien Pihant, à son tour, eût l'occasion d'ouvrir. Mais, c'était sans compter avec le cerbère d'en face qui sauvegardait sa virginité (9'04). Plus tard, Phil Groeneveld se montrait encore intraitable, sur un violent shoot d'Eerikki Koivu (10'35). Les cinq minutes de l'orage angevin était passé, maîtrisé par Phil, le Docteur es météorologie ! Présentement, les Ducs cherchant leur second souffle, les Dragons surmontaient leurs difficultés. Le don des grandes équipes est de vaincre dans l'adversité, de créer l'exploit. Pour cela il faut des joueurs illustres. A Rouen, l'un d'eux porte le chasuble floqué du n°20 ! Le fameux Franck Pajonkowski, légendaire héros du XXème siècle, premier buteur du XXIème... le temps passe, Pajon reste ! De loin, un adversaire sur le paletot, le vétéran joueur de centre, exécute, à l'arrêt, un lancer balayé qui, incroyable, accélère en vol. Pan ! Pleine lucarne au-dessus de la plaque du meilleur (?) gardien de l'Elite, impuissant face à la maestria de l'emblématique grand'Paj. Révérence, s'il vous plait (1-0 à 15'01). Peu après, les Dragons et Eric Doucet en particulier ne profiteront pas d'un premier avantage numérique (16'15). Une fois leur prison "tuée", les Ducs repartaient à l'abordage. Julien Pihant se montrait en évidence, mais maladroit dans sa conclusion, il n'égalisait pas (18'20). Pour terminer les premières vingt, Francis Couturier ne pouvait égaliser sur une bonne tentative enrayée par Phil Groeneveld (18'27). Les deux équipes allaient se reposer sur une marque totalement contre le cour du jeu. L'opportunisme d'un Pajonkowski ayant fait défaut, à l'image d'un Dubé bâillonné, aux Ducs, irréprochables jusqu'à lors.

A la reprise, Eric Doucet était le premier à lancer (20'21). Les joueurs des bords du Maine étaient remontés sur le glaçon avec un jeu plus engagé et moins basé sur la rapidité d'exécution comme lors du premier tiers, mais toujours avec un forchecking haut. A ce petit jeu, ils prenaient aussi l'ascendant sur des Dragons disciplinés, attentifs et sur d'eux, mis en confiance par leur avance au tableau. Tandis que la défensive Normande se montrait royale, tel Allan Carriou intervenant magistralement (22'08), Phil Groeneveld paradait tout aussi brillamment les essais de Benoît Pourtanel (23'42), Dubé (24'04), Toni Kaukiainen (24'35) et Alain Vogin (26'29). Derrière, les Ducs se montraient plus efficaces, comme Benoît Pourtanel qui surgit à temps pour sauver son équipe (27'01). Toujours entreprenant, les Ducs créaient la panique dans l'arrière garde des leaders du championnat. La protection normande, sous la menace d'Alain Vogin, devait en déplacer volontairement son igloo sans que l'arbitre ne s'en aperçoive (28'59). Oppressée, la défensive du RHE commettait une faute répréhensible (29'18). L'unité spéciale d'Angers manquait le coche à la faveur d'un tir de son capitaine, Alain Vogin, que Phil Groeneveld déviait adroitement (30'36). Stupidement, les Dragons subissaient une nouvelle sanction mineure (30'47). Présentement, ils leur fallaient résister à 31 secondes d'un double désavantage, puis à 1'29 à quatre contre cinq ! Les visiteurs laissaient filer leurs chances les une après les autres... Néanmoins, il fallait que les Rouennais se réveillent. Cling ! C'est sans doute le slap instantané, sur le poteau, de Stephen Dugas, qui sonnait le renouveau des joueurs de Guy Fournier (33'45). En bon capitaine, Eric Doucet montrait l'exemple (34'40). Le ciel se dégageait. La pluie de palets Angevins faisait place à la douceur "Doucette" du club de l'ancienne ville "drapante". Après un tir sur le casque de Sylvain Rodrigue, Julien Pihant, épuisé, commettait une faute (35'26). Comme Dubé faisait son cinéma, son coach, trompé par la scène du franco canadien, prenait une pénalité inepte de banc mineur (35'40). A cinq contre trois, l'escouade des Dragons allait magnifiquement créer la cassure. Une fois installé, Heikki Riihijarvi, à la bleue, transmettait à Juha Jokiharju positionné le long de la bande à droite. Le métronome Suomi, faisait une feinte de passe à Simon Lacroix dans l'enclave. Les Ducs s'y jetaient. Laissant l'espace libre pour une passe millimétrée du maître à jouer Finlandais en direction d'Eric Doucet au poteau gauche. Le petit Canadien reprenait le puck victorieusement (2-0 à 36'21). Merci Roger ! Les Ducs étaient anéantis par ce deuxième but toujours contre le court du jeu. Alain Vogin ne profitait même pas d'une très grossière erreur de relance normande laissant la cage vide (36'34). "Il ne pouvait rien arriver, ce soir, à Phil Groeneveld." Moins d'une minute plus tard, Simon Lacroix allait se montrer en évidence en fin de supériorité. Cependant, Sylvain Rodrigue montrait son talent (37'30). Sur cette action, l'arbitre envoyait un Dragon sur le banc de la tôle. Les Normands allaient annihiler l'infériorité à la faveur d'une débauche d'efforts effarante de Baptiste Amar, qui faisait bien terminer la deuxième période à son équipe (38'06).

Au dernier engagement, les "Rouges" encaissaient, d'entrée, un but marqué par Patrick Genest, seul devant Sylvain Rodrigue abandonné par ses coéquipiers (3-0 à 41'49). Patatras ! Le soleil scintillait, Derek Haas n'y croyait plus et chaussait ses lunettes noires pour ne pas voir la suite. Sous la canicule, le coach faisait rentrer son junior Benjamin Tijou pour reposer les huit attaquants avec lesquels il composait ses trios. Les Dragons, retrouvés, dominaient le jeu devant des Ducs découragés par leurs vains efforts, laissant filer la rencontre. La glace fondait sous les intrusions des trois hordes blanches. Franck Pajonkowski parti en breakaway et, appliqué pour récompenser le travail exemplaire de ses deux jeunes pugnaces acolytes, il glissait la rondelle derrière Sylvain Rodrigue (4-0 à 57'21). 33 secondes plus tard, Guillaume Besse décalait Dominic Rheaume qui, fort altruiste sur un deux contre un, orchestrait une passe lumineuse au second poteau à destination de Patrick Genest. L'ailier bougeait les filets Angevins une dernière fois (5-0 à 57'54). Pour la petite histoire, François Ferrari sauvait l'honneur sur une mauvaise relance de la jeune pousse Rouennaise (5-1 à 58'22).

Cette reprise de la compétition aura surtout prouvée que les Dragons n'ont pas laissé leurs qualités offensives au siècle dernier. De même, ce changement d'ère et les festins qui vont avec n'ont pas perturbé leurs conditions physiques. Maintenant, il ne faut pas crier victoire trop rapidement car, ce match, les Dragons l'auront beaucoup moins dominé que le score pourrait le faire croire. Sans un Phil Groeneveld souverain, sans la patte intacte du vétéran Franck Pajonkowski et sans la naïveté angevine sur la pénalité de banc mineur donnant le break, le match aurait pu tourner autrement. Malgré tout, c'est sur leur talent et leur expérience que les Dragons, très bien coaché par un Guy Fournier du meilleur cru, auront acquis une victoire qui les met sous les meilleurs auspices en ce début de nouveau millénaire. Avec d'autres succès de ce type, ils devront être "sous le soleil exactement, juste en dessous" pour l'atteindre au firmament.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

En savoir plus ? Les réactions d'après match et des photos : http://www.7emedragon.com

 

Rouen - Angers 5-1 (1-0, 1-0, 3-1).

Arbitres : M. Colléoni assisté de MM. Juret et Baude.

Pénalités : Rouen 10' (2', 6',2'), Angers 8' (4', 4', 0').

Tirs : Rouen 40 (11, 13, 16), Angers 39 (18, 10, 11).

Engagements : Rouen 42, Angers 15.

Évolution du score :

1-0 à 15'01" : Pajonkowski assisté de Doucet et Dugas.

2-0 à 36'21" : Doucet (double sup.num.) assisté de Jokiharju et Riihijarvi.

3-0 à 41'49" : Genest assisté de Carlsson et Besse.

4-0 à 57'21" : Pajonkowski assisté de Dugas et Bussat.

5-0 à 57'54" : Genest assisté de Rheaume et Besse.

5-1 à 58'22" : Ferrari assisté de Veret.

Rouen :

Gardiens : Phil Groeneveld, Christophe Burnet.

Défenseurs : Heikki Riihijarvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Daniel Carlsson.

Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Eric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rheaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Franck Pajonkowski - Thomas Bussat. 

Angers :

Gardiens : Sylvain Rodrigue, Yvan Mevel.

Défenseurs : Francis Couturier - Benoît Pourtanel ; Eerikki Koivu - Jani Ojala ; Christian Elian - Thomas Ouillade.

Attaquants : Roger Dubé - Alain Vogin - Juha Jokinen ; Julien Pihant - Sébastien Oprandi - Toni Kaukiainen ; Jérôme Veret - François Ferrari .

 

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