France - Danemark (21 avril 2001)

 

Quatrième journée des championnats du monde 2001 de division 1, groupe A.

Entre deux équipes désormais certaines d'avoir manqué la marche menant à l'élite, l'enjeu se résume à une question d'honneur, mais aussi à se placer le plus haut possible dans la hiérarchie mondiale en prévision de l'an prochain. Pour l'équipe de France, la quête est plus large : il s'agit surtout de se racheter et de reconquérir la confiance de ses supporters. Elle connaît maintenant bien cet adversaire, mais c'est réciproque, d'autant que l'assistant de l'entraîneur danois Jim Brithen n'est autre que le Suédois Mikael Lundström, ancien entraîneur des Bleus.

Laurent Gras donne le ton dès la première minute en réussissant une superbe entrée de zone et Laurent Meunier est vaillant au rebond, mais Peter Hirsch parvient à ramener le palet contre son corps. Malheureusement, l'Amiénois est pénalisé sur l'engagement suivant pour accrocher, mais les Bleus se sortent bien du jeu de puissance danois, jusque là le meilleur du tournoi, mais qui a été passé sous l'éteignoir ce soir. Les Danois ont leur lot de punitions : on joue à 4 contre 4 (altercation entre Kjærgaard et Dermigny) quand Andreasen accroche un attaquant français. Pour le punir d'avoir voulu lui disputer le palet, Peter Hirsch vient alors donner un petit coup à Denis Perez à terre, geste d'énervement inutile qui lui vaut deux minutes de prison. Et ce n'est pas fini, Damgaard est ensuite pénalisé pour dureté (et Grey l'imitera plus tard). Au bilan, les Bleus vont jouer une véritable éternité à 5 contre 3 (plus de deux minutes au total, qui ne seront abrégées que par un cinglage de Besse). Et, tout ce temps, Bozon et Pouget jouent les indéracinables en restant tout le temps sur la glace. Cette longue double supériorité numérique est mise à profit petitement, et encore une fois, c'est d'un tir de la bleue de Bozon mal capté par Hirsch que vient la délivrance. Laurent Meunier a pourtant une superbe occasion de doubler la mise : d'une belle feinte de lancer, il fait se coucher Hirsch mais ne parvient pas ensuite à tirer dans les filets offerts et doit se contenter de faire le tour de la cage. En fin de tiers, Professeur Bozon lui présentera l'exercice détaillé après une interception en zone neutre : même feinte, même gardien se couchant précipitamment, mais l'ailier de Lugano ne manque évidemment pas la conclusion du 2-0.

En début de deuxième période, la France est pénalisée pour retard de jeu. Mais au cours de l'infériorité, c'est François Rozenthal qui intercepte et part en contre. Il centre pour le parfait 2 contre 1 avec Bozon, mais c'est le malheureux capitaine danois Jesper Damgaard qui prive le seul Français à avoir joué en NHL du hat-trick en déviant lui-même du patin gauche le palet vers ses propres cages. Le jeu est terriblement haché par les multiples pénalités (M.  Simic siffle 2' contre Treille pour avoir envoyé le palet dans les tribunes, mais l'arbitre mériterait lui aussi un blâme pour retard de jeu tant ce match s'éternise), mais les deux équipes n'en profitent pas, même si Nicolas Monberg trouve le poteau sur une déviation en supériorité numérique.

Sans Pouget, victime d'un léger malaise, les Français abordent le troisième tiers-temps de la pire des façons, par deux cinglages de Carriou et Treille. Leur double infériorité numérique est interrompue un long moment car la cage de Huet n'arrive plus à être fixée et qu'il faut repercer un trou dans la glace. C'est au tour des Français de se retrouver à 5 contre 3, les Danois s'énervant de plus en plus et donnant des coups gratuits, ce qui permet à Yorick Treille de conclure une belle combinaison par un quatrième but. Le match devient de plus en plus tendu, et Treille et Staal prennent une pénalité de match pour avoir manifesté l'intention de se battre (Treille a jeté les gants, mais pas Staal, très nerveux dans cette rencontre, qui préfère les provocations incessantes et autres coups par-derrière). La fin de match, où les pénalités ne cessent de se succéder, ne laissera pas un grand souvenir.

Les Bleus ont montré à ceux qui, à chaud, les décrivaient comme une nation du groupe C, que le hockey français n'avait pas sombré dans les abysses en un jour. Face à une équipe d'un meilleur niveau que les précédentes, la France a retrouvé son jeu et maîtrisé son affaire. Cristobal Huet, qui avait jusqu'ici le pire pourcentage d'arrêts du tournoi (logique dans la mesure où il s'était retrouvé démuni face à des breakaways adverses), a fait un match de grande classe et a bien mérité ce blanchissage. Pour affronter les Polonais demain, il faudra en revanche commettre beaucoup moins de fautes. Les Danois le savent bien, eux qui, comme ce soir, ont vite été menés par les Polonais pour avoir offert à leurs adversaires une longue double supériorité numérique.

Désignés joueurs du match : Laurent Meunier pour la France et Peter Hirsch pour le Danemark.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Laurent Gras (attaquant de la France) : "Il est plus simple d'appliquer le système de jeu contre les Danois qui ont un style moins brouillon. Et puis on a arrêté de presser comme des fous, on s'est beaucoup moins livré. Avant ce Mondial on n'a joué que contre des grosses équipes et contre des formations comme la Hongrie et les Pays-Bas on s'est retrouvé dans le flou."

Philippe Bozon (attaquant de la France) : "Ce qui est passé est passé. Des regrets, on peut toujours en avoir, mais ça ne fera pas remonter l'équipe de France en élite. Il y a eu réaction de tout le groupe, joueurs et staff. Et on veut continuer contre la Pologne. [...] Il y a longtemps que je ne suis pas revenu dans le championnat de France, mais de ce que m'ont dit les joueurs, le niveau a beaucoup baissé. Il y a des joueurs qui ont beaucoup de talent dans cette équipe de France et même si ça ne fait pas une bonne publicité au hockey français je ne peux que leur donner un conseil : il faut qu'ils partent à l'étranger."

 

France - Danemark 4-0 (2-0, 1-0, 1-0)
Samedi 21 avril 2001 à 20h00 à Grenoble. 3902 spectateurs.
Arbitres : Mladen Simic (SUI) assisté de Matthew Wilson Folka (CAN/GBR) et Ingo Schäfer (ALL).
Pénalités : France 57' (10', 12', 10'+5'+20'), Danemark 59' (16', 8', 10'+5'+20').
Tirs : France 34 (12, 5, 17), Danemark 31 (12, 9, 10)

Évolution du score :
1-0 à 07'30" : Bozon assisté de Treille (double sup. num.)
2-0 à 17'33" : Bozon assisté de Bachet
3-0 à 25'17" : F. Rozenthal (inf. num.)
4-0 à 46'05" : Treille assisté de F. Rozenthal et Gras (double sup. num.)
 

France (4' pour retard de jeu)

Attaquants :
Philippe Bozon (A, 6') - Christian Pouget - Maurice Rozenthal
Laurent Meunier (A) - Laurent Gras (2') - Yorick Treille (2'+5'+20')
Guillaume Besse (2') - Richard Aimonetto - François Rozenthal (2')
Yven Sadoun - Alain Vogin - Pierre Allard

Défenseurs :
Vincent Bachet (2') - Allan Carriou (2')
Denis Perez (C, 4') - Nicolas Pousset (2')
Baptiste Amar - Sébastien Dermigny (4')
Karl Dewolf - Jean-Christophe Filippin

Gardien :
Cristobal Huet

Entraîneur : Heikki Leime.

Danemark

Attaquants :
Nicolas Monberg - Kim Staal (2'+5'+20') - Morten Green
Søren True (2') - Mike Grey (2') - Michael Sauffaus
Ronny Larsen (6') - Lasse Degn - Alexander Sundberg
Mads True - Christoffer Kjærgaard (4') - Jens Nielsen (2')

Défenseurs :
Jesper Damgaard (6') - Kristian Just-Petersen (2')
Jesper Duus (2') - Frederik Åkesson (2')
Thomas Johnsen - Søren Lykke-Jorgensen
Andreas Andreasen (2')

Gardien :
Peter Hirsch (2')

Entraîneur : Jim Brithen.

 

Les autres matches :

Comme prévu, cette avant-dernière journée aura délivré les ultimes enseignements et désigné l'équipe promue et l'équipe reléguées, même si leurs noms ne faisaient plus guère de doutes. Tout a commencé par la superbe victoire des Hongrois contre les Pays-Bas (8-2) : ils ont ainsi confirmé leurs nets progrès et assuré définitivement leur maintien. Ensuite, la Pologne a effectué une balade de santé face à la Lituanie (13-2), se dirigeant vers l'élite et envoyant leurs adversaires vers la division II. Pour fêter ça, leur entraîneur leur donne des consignes strictes : une bière et demi par personne. On ne plaisante pas avec la préparation du dernier match contre la France.

 

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