Strasbourg - Gap (20 octobre 2001)

 

Match comptant pour la cinquième journée du championnat de division 1 2001/2002

Un match dont le score aurait contenté les Strasbourgeois, il y a quelques années, quand l'Etoile Noire débutait en N1 et que les Rapaces étaient à leur apogée. Depuis, les rôles se sont inversés. Strasbourg monte en puissance quand Gap essaye de garder sa place. Le match des extrêmes, en somme : un jeu très offensif pour Strasbourg, très basique, sans fioritures, pour Gap. Un effectif pléthorique pour l'Etoile Noire (en quantité et qualité), beaucoup plus restreint, mais du cru local pour les Rapaces. Et même des maillots bigarrés de sponsors pour les Alsaciens, quand les Alpins ne disposaient que d'un sponsor derrière leur maillot.

Aussi, l'on s'attendait, avant match, à la confirmation des quatre bons résultats de Strasbourg, surtout pour son premier rendez-vous "à la maison".

Et le match commence tambour battant : les Strasbourgeois se ruent dans la zone adverse, étouffant les cinq joueurs gapençais qui ne parviennent pas à dégager hors de leur zone le palet. Schuchewytsch est alors laissé, une seconde de trop, libre, et allume la lucarne de Lukes. Gap se réveille un peu, place une ou deux banderilles, Strasbourg lui laissant un peu plus d'espaces. Et là aussi, une seconde de trop est laissée à Fred Roussin-Bouchard, devant Aikää, et la lucarne du portier est dépoussiérée à son tour. Le doute commence à s'installer côté strasbourgeois, face à des Gapençais qui ne sont pourtant pas impressionnants par la faible qualité de leur jeu. Mais les jaunes et bleus comprennent que Strasbourg n'aime pas être pressé, et ils vont essayer de les gêner en se plaçant le plus loin possible de leur zone, au risque de s'exposer à des contres. Mais leur manque de physique, associé à l'indiscipline, leur fait jouer avec le feu. Et sur une supériorité numérique, Besseyre, de la bleue, slappe. Hohnadel, masquant un Lukes jusqu'ici impeccable, dévie le palet dans le but.

On se dit qu'avec le rythme imposé par les locaux, Gap risque de prendre rapidement l'eau. Et pourtant, le deuxième tiers va se révéler un impressionnant... somnifère. Passes ratées, jeu restant coincé au centre, dégagements interdits à tout va, provocations, échauffourées dès que l'on s'attarde trop "innocemment" devant le gardien, tout l'apanage du hockey moyen. Gap sort très rarement de sa moitié et Strasbourg oublie le mot collectif. À ce titre, une statistique suffit : à la dixième minute du premier tiers, Strasbourg avait déjà tiré plus de 10 fois, et Gap 4-5 fois. À la moitié du deuxième tiers, 10 tirs avaient été échangés au total... Aussi, pas grand chose à se mettre sous la dent, si ce n'est deux face-à-face de Bobillier, puis Medeiros, face à Lukes, qui se soldent par deux tirs à côté. Et aussi ce but de Moussier, au sortir d'un jeu de puissance mal négocié par Strasbourg : Lorenc lance Ravoire qui entre dans la zone adverse, et sert sur un plateau Moussier esseulé. Gap exploite de grossières erreurs de la défense adverse.

Strasbourg rentre la tête basse dans les vestiaires... en se disant que le troisième tiers va être pour eux ! Hélas, deux fois hélas ! Cédant une nouvelle fois au soporifique des Gapençais, l'Etoile Noire va encaisser, coup sur coup, deux buts, par un Patrick Turcotte bien opportuniste devant la cage d'Aikää, un peu délaissé par ses compères (pas assez de ménage devant lui). Il faut quand même souligner qu'à ce moment, Strasbourg n'a pas été en mesure de tirer une seule fois sur Lukes. Evidemment, le quatrième but va montrer une physionomie de match bien différente : Gap, qui n'a plus à faire le jeu, reste arc-bouté devant son gardien, héroïque, alors que Strasbourg sort de trente minutes de léthargie. Il y a le feu devant la cage, mais Lukes tient la baraque, quand ses coéquipiers peinent de plus en plus à sortir le palet de leur zone. Et sur l'une de ces sorties, Bazany remonte un palet à Hohnadel, qui face à deux Rapaces, effectue une jolie pirouette à la Dennis Savard (émérite joueur de NHL bien connu pour ses tourniquets sur lui-même). La manœuvre réussie, le jeune capitaine se retrouve en tête à tête face à Lukes qui doit s'incliner. Il reste alors six minutes à jouer, qui vont sembler bien longues, et pour les visiteurs, et pour le public local, car Strasbourg continue de se ruer sur la cage adverse, Mais la manière est de plus en plus désordonnée, au grand dam de la logique, car les Gapencais arrivent mieux à se débrouiller en un contre un que face à des actions collectives bien amenées. Il reste alors trente secondes à jouer, le score n'a toujours pas évolué, et Aikää n'arrive pas à sortir de sa cage pour créer le surnombre, ses collègues ayant un mal de chien à s'imposer. Vidal choisi mal son moment pour charger un Strasbourgeois. La sanction apparaît sévère, mais logique puisque le joueur bousculé est face à la bande. Le temps mort demandé par Gap va permettre d'engager avec six joueurs de champ pour Strasbourg, qui perd son engagement, mais Saarinen, récupère le palet, remonte le long de la bande, Gap tarde à le marquer, le Finlandais passe derrière la cage de Lukes, puis sert Hohnadel embusqué devant le but. Plus de doutes possibles, il faut la mettre cette rondelle. Ça y est, le public, déjà levé depuis deux minutes, acclame ce but libérateur. Strasbourg revient de loin, Gap peut être déçu de cette faute inutile.

Il faut quand même resituer le débat. Strasbourg a frôlé la correctionnelle ce soir. Sur le papier, et sur la glace, ils étaient les plus forts. D'ailleurs, l'entame de match semblait en leur faveur, et l'on s'attendait à un déluge de buts, face à l'une des plus faibles équipes de ce championnat de N1. Il va falloir apprendre, dans les vestiaires du Wacken, à moins snober son adversaire, à jouer son collectif. Ce soir, comme beaucoup d'équipes, Strasbourg a perdu son hockey, en doutant. Dans ces cas de doutes, un minimum de cohésion permet de s'en sortir. L'effectif de Strasbourg ayant enregistré quatorze arrivées, cette cohésion n'est pas encore terminée. Mais elle était pourtant là il y a trois semaines à Epinal... Il va falloir se ressaisir car des équipes telles que Villard ou Nantes ne se poseront pas de questions, face à ce prétendu candidat au podium.

Gap, de son côté, risque de passer une saison bien difficile. Ils ont osé faire le pari des jeunes (peut-être n'ont-ils pas le choix, financièrement parlant, Gap n'ayant pas, non plus, d'université digne d'accueillir des "étudiants venus d'horizons divers" !). Avec de "vieux briscards" pour les encadrer, tels Turcotte, Liberman, Lallemand ou Roussin-Bouchard, on peut espérer voir les jeunes pousses locales évoluer de manière encourageante. Il leur manque néanmoins une grosse dose d'engagement physique bien choisi (un deuxième Roussin par exemple), ainsi qu'un deuxième rôdeur de surface (type Turcotte). Mais le plus gros problème semble venir du fonds de jeu, quasi inexistant : l'attentisme est une chose, mais les rares contres étaient sans véritables actions construites... Inquiétant pour l'un des "bastions" traditionnels du hockey français. Reste le cœur à l'ouvrage, et les Gapençais n'en ont pas manqué, pas forcément dans le bon sens (pas mal d'énervement) mais voir Fabrice Aye (1,63m) essayer de contrer le géant Flinck (1,95m) était cocasse, sinon symbolique de la volonté des Alpins.

J'ai bien aimé :

- Pour Strasbourg : Desrosiers (le seul qui ait toujours tenté quelque chose, constamment dangereux et créateur), Hohnadel (trois buts quand même, et une jolie pirouette).

- Pour Gap : Lukes (gros match, très bon en puck-checking), Lorenc (stable derrière) et Lallemand (beaucoup de volonté)

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Strasbourg - Gap 4-4 (2-1, 0-1, 2-2)

Pénalités : Strasbourg 12' (Walter 2' ; Hohnadel 2', Bobillier 2'+2' ; Cadoret 2', Sevcik 2'), Gap 24' (Lallemand 2', Roy 2', Moussier 2' ; Lukes 2', Parra 2', Vidal 2', Ravoire 2', Lallemand 2'+2', Amouricq 2' ; Lorenc 2', Vidal 2').

Tirs : Strasbourg 46 (18, 14, 14), Gap 20 (6, 5, 9).

Évolution du score :

1-0 à 04'38" : Schuchewytsch assisté de Desrosiers et Hohnadel.

1-1 à 08'43" : Roussin-Bouchard assisté de Turcotte et Lallemand.

2-1 à 17'10" : Hohnadel assisté de Besseyre (sup. num.).

2-2 à 38'06" : Moussier assisté de Ravoire et Lorenc.

2-3 à 42'29" : Turcotte assisté d'Amouricq (sup. num.).

2-4 à 44'58" : Turcotte assisté de Vidal et Aye.

3-4 à 53'59" : Hohnadel assisté de Bazany.

4-4 à 59'35" : Hohnadel assisté de Saarinen (sup. num.).

 

Strasbourg :

Gardien : Aikää

Défenseurs : Saarinen - Cadoret ; Besseyre - Bazany ; Dumuis.

Attaquants : Sevcik - Flinck - MacLennan ; Schuchewytsch - Hohnadel - Desrosiers ; Walter - Bobillier - Medeiros ; Saint-Marc - D. Mehl - Escuder

Remplaçants : Vincent (G), Goulinok, Frand.

Gap :

Gardien : Lukes

Défenseurs : Lorenc - Meyssirel ; Amouricq - Gautier ; Roy - Ariey-Bonnet.

Attaquants : Turcotte - Libermann - Lallemand ; Vidal - Moussier - S. Ravoire, Aye - Parra (puis Perez) - Roussin-Bouchard

Remplaçant : Brière (G).

 

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