Rouen - Reims (17 novembre 2001)
Match comptant pour la dix-septième journée du championnat Elite 2001/2002.
Quelle douche froide ! C'est une leçon d'opportunisme que les Rémois ont donné aux champions de France. Les Flammes bleues ont maîtrisé tous les aspects technico-tactique de cette partie. Que l'on aime ou n'aime pas le jeu cadenassé et sans envergure des joueurs de Pekka Laksola, nous sommes forcés d'admettre sa redoutable efficacité. Il faut dire qu'à Reims, il y a un système auxquels tous les joueurs adhèrent et travaillent sans se cacher derrière ses coéquipiers. Ce n'était pas le cas de tous les Rouennais hier soir.
Pourtant, les Dragons ont dominé le premier tiers comme rarement cette saison. Franck Pajonkowski (3'27 et 3'52) et Guillaume Besse (3'29) ont été les premiers a lancer dangereusement sur la cage rémoise. Cependant Markus Hätinen commençait son festival en exécutant trois parades hallucinantes. Puis, c'était au tour d'Heikki Riihijärvi d'envoyer (5'17). Les Normands ne laissaient aucun répit à la défensive adverse. Les Rouennais démarraient sur les chapeaux de roues ce "gros game". Mais ils ne marquaient pas. Là où nous aurions dû nous poser quelques questions, c'est sur la première supériorité numérique en faveur du RHE. Aucune véritable chance rouennaise ne fut remarquable. De plus, quand les Dragons se retrouvaient à cinq contre trois pendant quarante et une secondes, Jean-François Jodoin voyait son tir dérouté par le gardien champenois (6'02) et Paradis vendangeait, comme c'est à son habitude depuis qu'il est sur les bords de Seine, le bon travail de ses coéquipiers d'unité spéciale (6'12). Eric Doucet, à son tour, ne trouvait pas l'ouverture en dépit d'une bonne opportunité sur la fin de cette supériorité redevenue d'un seul homme (7'37). Markus Hätinen venait d'éviter le pire à sa défensive solidaire certes mais quelque peu dépassée sur cette fusillade canado-normande de haute volée. L'orage "noir et jaune" était passé. Petit à petit, les contres rémois franchissaient la ligne bleue. Daniel Carlsson devait s'interposer pour anéantir une offensive des "bleus" (8'28). Les Rouennais étaient nerveux et fébriles à l'image de Phil Groeneveld distribuant un coup de crosse irraisonnable (8'47) et Heikki Riihijärvi un coup de coude malencontreux (9'58). Heureusement, les joueurs de Guy Fournier faisaient preuve d'une grande abnégation sur cette double infériorité de quarante neuf secondes et remettaient à plus tard l'ouverture du score des Rémois. Plus tard, nous y voici justement. Après une faute offensive inutile, curieusement attribuée à Franck Pajonkowski, alors quelle était "l'œuvre" de Paradis le Canadien totalement dépassé dans cette partie. Anthony Mortas lançait, de loin à gauche, sitôt franchi la bleue, à ras la glace sous une jambière de Phil Groeneveld peut-être pas assez prompt sur le coup (0-1 à 14'56). Ensuite, les coéquipiers d'Eric Doucet reprenaient la direction de la cage d'en face. Paradis, l'ex-joueur, paraît-il, de DEL, montra, une fois de plus, qu'il n'est pas le buteur escompté. Il manquait derechef ce qu'un joueur de sa réputation devait transformer en but, bien contraint par un Markus Hätinen infranchissable (16'55). Les Dragons allaient toujours de l'avant mais ils n'avaient plus de percussion et ne trouvèrent pas leur second souffle. Puis Paradis était à l'origine d'une escarmouche qui donnait un nouvel avantage d'un homme aux Rémois (19'28). La proximité de la pause était salvatrice, du moins le croyait-on.
Le retour allait être bien difficile. Toujours à un de moins, les champions de France s'inclinaient une nouvelle fois, sur un lancer presque anodin d'Yven Sadoun, de loin sur la droite, sitôt franchi la bleue, à ras la glace sous les jambières de Phil Groeneveld cette fois pas assez prompt (0-2 à 20'39). Ce but, à lui seul, cassait non seulement le moral des troupes de Guy Fournier mais aussi leur savoir-faire. Totalement désunis, sans patron, les Dragons commettaient des erreurs incroyables. Anthony Mortas slalomait efficacement dans leur défense. Le capitaine rémois réussissait un véritable plateau. Un motard entre les quilles normandes (0-3 à 24'19). Tactiquement un temps mort s'imposait pour remettre à flot une armada normande à la dérive. Non, l'addition et le supplice n'étaient pas assez lourd. La troisième ligne de l'équipe du président Chaix était la seule à se battre hors de la médiocrité. Geoffroy Bessard du Parc, grâce au bon travail de son bloc pouvait bien monter dans le slot, mais l'arrière international junior voyait son tir dévié (27'46). Les rares autres joueurs encore dans le coup, d'habitude exemplaires (Riihijärvi et Carlsson), devaient commettre des fautes pour réparer les déficiences de leurs partenaires (28'51 et 34'21). Heureusement, les Rémois toujours sous l'emprise d'une grande prudence ne se jetaient pas à corps perdus dans ce premier jeu de puissance et permettaient aux locaux de tenir le score à trois buts d'écart. Mieux, les Rouennais se sont présentés à deux contre un sur la première infériorité... Enfin, deux n'est pas le nombre exact car l'un des Dragons était Paradis... On connaît la donc la fin de l'action : vendangée (29'16) ! Alors que sur la deuxième supériorité numérique, Anthony Mortas et Loïc Sadoun s'amusaient à redoubler de passes pour ridiculiser techniquement leur adversaire. Mortas réussissait le tour du chapeau (0-4 à 36'02). Nul doute que si la tradition avait perduré jusqu'à nos jours, le capitaine rémois aurait amassé une sacré cagnotte tant il aura illuminé cette rencontre de son talent tout en n'en rajoutant pas. Trop méconnu, talentueux et fair-play, Anthony Mortas impose le respect. Pour laver l'affront de ce but irrésistible, l'arbitre accordera un jeu de puissance de cinq minutes aux RHC (36'35) Cinq minutes, pendant lesquelles les Rouennais tireront en tout et pour que trois fois au but !
Dans le dernier vingt, tout semblait revenir dans l'ordre. Phil Groeneveld recouvrait ses sensations devant Richard Aimonetto (42'45) et Gérald Guennelon (48'57), en effectuant des arrêts qualifiés de déterminant si le gain de la rencontre n'était joué. Cependant, la soirée ne pouvait être plus noire pour les champions de France. D'abord, Markus Hätinen repoussait un bon lancer d'Alexis Billard (42'10). Ensuite, le directeur de jeu allait refuser un but parfaitement valable à Guillaume Besse (44'42). Puis, devant Heikki Riihijärvi, Markus Hätinen héroïque déroutait la plus grosse chance du match (52'08). Enfin, le poteau, sur un tir d'Alain Vogin, ne permettait même pas aux Rouennais de simplement sauver l'honneur (57'00) ! Cet honneur et le titre ne seront saufs que si les Dragons triomphent dans un mois à Bocquaine désormais.
Compte-rendu signé Thierry Frechon
Rouen - Reims 0-4 (0-1, 0-3, 0-0).
Arbitres : MM. Mendlowicz, Bataillie et Baude.
Spectateurs : 3500 environ.
Pénalités : Rouen 14' (10', 4', 0'), Reims 17+10' (6+10', 5', 6').
Tirs : Rouen 33 (20, 5, 8), Reims 23 (8, 5, 10).
Supériorités : Rouen 0/6 (0/2, 0/1, 0/3), Reims 3/6 (1/3, 1/1, 1/2).
Arrêts : Groeneveld 19/23 (7/8, 2/5, 9/10), Hätinen 33/33 (20/20, 5/5, 8/8).
Évolution du score :
0-1 à 14'56" : Mortas assisté de L. Sadoun et Laflamme (sup.num.).
0-2 à 20'39" : Y. Sadoun assisté de Marcelle (sup.num.)
0-3 à 24'19" : Mortas assisté de L. Sadoun.
0-4 à 36'02" : Mortas assisté de L. Sadoun (sup.num.).
Rouen
Gardien : Phil Groeneveld.
Défenseurs : Patrice Bellier - Heikki Riihijärvi ; Daniel Carlsson - Jean-François Jodoin ; Allan Carriou - Geoffroy Bessard du Parc.
Attaquants : Éric Doucet - Alain Vogin - Simon Lacroix ; Guillaume Besse - Franck Pajonkowski - Daniel Paradis ; Thomas Bussat - Alexis Billard - Aram Kevorkian.
Remplaçants : Paul Charret (G), Nicolas Besch, Thibault Geffroy et Damien Ribourg.
Reims
Gardiens : Markus Hätinen
Défenseurs : Daniel Laflamme - Christophe Marcelle ; Mathieu Bouché - Nicolas Pousset ; Vincent Bachet - Gérald Guennelon.
Attaquants : Yven Sadoun - Richard Aimonetto - Romain Carrara ; Lionel Orsolini - Jonathan Zwikel - Miikka Rousu ; Loïc Sadoun - Anthony Mortas - David Ribanelli.
Remplaçants : Godefroy (G), Guilhem, Brodin, Molmy, Leveque, Ballet.