Rouen - Grenoble (8 janvier 2002)

 

Match comptant pour la treizième journée de la deuxième phase du championnat Elite 2001/2002.

C'est dans une patinoire qui a tardé à se remplir que le match des derniers espoirs rouennais allait se jouer. Une curieuse ambiance de résignation, d'illusion et d'aspiration planait chez des supporters désappointés par les derniers résultats de leurs favoris. Les Dragons ont dominé les dix premières minutes de cette rencontre. Aux tentatives de Guillaume Besse (2'30), Alexis Billard (6'08), Eric Doucet (7'), Franck Pajonkowski (9'32) et Simon Lacroix (10'15), seul Bruno Maynard répondait (8'45). Cette entame de match rouennaise était agréable à suivre. Le jeu des Normands était beaucoup plus limpide qu'à Amiens. Les charges étaient plus appuyées et surtout appliquées avec parcimonie. La rencontre allait gagner en attrait car les Brûleurs montraient désormais le bout de leurs crosses sans que les champions de France ne se désunissent. Josef Podlaha démontrait ses bonnes dispositions (11'02) et surtout Marc Billieras, lancé, héritait d'une chance. Bien servit, alors qu'il était seul dans le haut de l'enclave, il voyait Phil Groeneveld parader sa reprise instantanée (12'48). Pour répondre au jeune ailier dauphinois, Guillaume Besse s'illustrait magnifiquement mais le meilleur buteur du championnat ne pouvait cadrer (13'42). En fin de tiers, les joueurs des bords de Seine étaient en retard sur certains duels et commettaient des fautes (17'04). Ils ne devaient leur salut qu'à l'indiscipline grenobloise (18'38) et à une nouvelle faute salvatrice leur évitant un breakaway (19'03). À ce petit jeu, Arto Vuoti aurait pu ouvrir en supériorité (18'27). Tout comme Simon Lacroix en infériorité (19'21) et particulièrement Daniel Carlsson (19'57) pendant que le RHE jouait toujours à un homme de moins. Cette incapacité rouennaise à marquer des buts au plus fort de leur domination allait-elle encore leur coûter un ou plusieurs points ce soir ?

Au retour sur la glace, Josef Podlaha servait Bruno Maynard démarqué au second poteau. Phil Groeneveld détournait le palet (20'21). Le jeu était plus calme. Cette baisse d'intensité allait desservir les visiteurs qui ne se méfiaient pas assez des petits Dragons. Alexis Billard jouait dans les coins et récupérait le puck à gauche le long de la balustrade. Il le confiait à Geffroy Bessard du Parc, qui l'envoyait à Aram Kevorkian, qui malgré un adversaire sur le paletot déviait la rondelle dans le filet désormais garni de Patrick Rolland (1-0 à 24'11). L'ouverture du score engendrait une vive réaction grenobloise. Les Brûleurs de Loups allaient démontrer de réelles qualités offensives collectives et techniques. Il eurent quatre occasions. A chaque fois, ils se heurtaient au "Philnoménal" Groeneveld. D'abord, c'est devant Sébastien Oprandi que le gardien faisait l'arrêt (25'47). Puis il déroutait une échappée solitaire d'Arto Vuoti (26'29). Ensuite, Harri Suvanto testait les réflexes du portier qui stoppait le disque (26'35). Enfin, de nouveau Arto Vuoti était frustré par l'éblouissant cerbère "noir et jaune" (28'15). Les joueurs de Guy Fournier allaient réagir, à leur tour, en installant la panique chez les visiteurs, au point que ceux-ci dé-soclaient volontairement leur cage (29'09). Sur la supériorité, Allan Carriou reprenait le caoutchouc d'un lancer frappé plein de force et de précision pour créer la cassure (2-0 à 29'37). Plus tard, les joueurs des Alpes ne profitaient pas d'un jeu de puissance sur lequel ils faillirent encaisser un troisième but quand Alain Vogin lançait Aram Kevorkian (33'10). Peu après, Guillaume Besse, très en verve, se créait une occasion qui échoua encore hors du cadre (34'55). Derrière, Bruno Maynard fit briller Phil Groeneveld (35'33). Puis, Marc Billieras décalait Bruno Maynard sur la droite. L'arrière remisait au centre où figurait le Finlandais Arto Vuoti qui reprenait au second poteau dans le haut des filets (2-1 à 36'58). La fin du tiers médian fut atteinte sur ce score logique à la vue des deux premiers tiers.

Au début de cette dernière période, les Dragons maîtrisaient défensivement leurs adversaires. Si bien que sur leur jeu de puissance, les Grenoblois offrirent une opportunité à Guillaume Besse toujours imprécis (40'45). Après, les coéquipiers de Benoît Bachelet jouaient un jeu à risque et ils libéraient des espaces dès la zone neutre. Déjà Guillaume Besse faillit en profiter (42'47). Cette prise de risque allait coûter aux Grenoblois un lancer de pénalité bien sévère qui était très bien stoppé par Patrick Rolland (43'42). Le jeu très offensif des Brûleurs de Loups commençait à être payant. Christian Pouget, jouant depuis le début de la rencontre au centre du premier trio se montrait enfin en évidence. Son "pétard" fut éteint d'une mitaine sûre (44'06). Cette offensive à outrance, on l'a vu, laissait un axe sans encombre où s'engouffrait la ligne lilliputienne normande. Alain Vogin reprenait victorieusement un rebond d'Eric Doucet... Ce but était refusé pour un hors-jeu fantasmé par un arbitre de ligne jouisseur de frustrer les joueurs et partisans rouennais (45'26). Abasourdis, K.O., les Dragons encaissaient deux buts en à peine plus d'une minute. Le premier, à mi-distance, de la gauche à ras le glaçon, était l'œuvre d'un Bonnard rigolard bien trouvé par Christian Pouget (2-2 à 46'41). Le suivant était inscrit de belle manière au second poteau par Arto Vuoti, son second du match, passant devant la cage après un bon travail de Harri Suvanto (2-3 à 47'48). Patatras ! Les Normands payaient très cher leur naïve immaturité. Heureusement, volontaires ils allaient connaître la réussite, qu'ils n'ont pas beaucoup eue depuis le début de saison, après un lancer anodin dévié d'Heikki Riihijärvi qui surprenait Patrick Rolland, les Dragons égalisaient (3-3 à 50'47). Des lors, les spectateurs allaient assister à dix minutes de folie... Dix minutes de hockey. Daniel Paradis, idéalement servit par Guillaume Besse, partait en breakaway. L'ailier canadien attendait patiemment le geste du gardien... L'attaquant glissait la rondelle entre les jambières du portier. La recrue québécoise marquait ainsi son troisième but en quatre matches (4-3 à 51'46). Juste après que Harri Suvanto échoue face à Phil Groeneveld qui sauvegardait sans le savoir encore la victoire normande (52'17), Jean-François Jodoin crucifiait les Grenoblois d'un slap percutant adressé de la ligne bleue (5-3 à 52'59). Ces trois nouveaux buts rouennais ont été inscrits en un tout petit peu plus de deux minutes ! Quel revirement de scénario ! Ce n'était peut-être pas fini. Le hockey plus fort qu'Harry Potter. Christian Pouget en supériorité faisait revenir les Brûleurs de Loups à une portée de bâton (5-4 à 56'06) Alors qu'il ne restait plus que 3'03 à jouer dans le dernier vingt, Patrick Rolland quittait sa cage après un temps mort demandé par Dimitri Fokine. Sur cette cage vide, en zone d'attaque, les Dragons allaient toucher un montant et avoir trois autres chances énormes d'en finir plus tôt. Mais, imprécis, ils durent attendre leur cinquième lancer sur cette cage déserte pour obtenir à coup sûr le gain du match (6-4 à 59'15).

Enfin un bon match de hockey sur l'île Lacroix cette saison. Plein et spectaculaire où les buts sont tous des buts construits Au cours de ce match, nous aurons aperçu toute la gamme du hockey, toute la gamme d'un sport enchanteur grâce à deux équipes offensives et disposant de gardiens de haut vol. Les deux équipes auront bien joué et même si Rouen fait une affaire remarquable - au moment de l'ouverture des soldes c'était bien normal - en reprenant deux points à ses trois concurrents directs, Grenoble reste un adversaire redoutable au vu de sa prestation. En récupérant Agnel et Gachet, elle devrait gagner en constance sur les soixante minutes d'un match. De son coté le RHE y croit de nouveau. Son jeu offensif recouvré, devant un adversaire ouvert, les Dragons devront pourtant confirmer, dès samedi, à Anglet, sur la petite glace de la Barre, où les Rouennais ont toujours d'énormes difficultés à s'exprimer.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Rouen - Grenoble 6-4 (0-0, 2-1, 4-3).

Arbitrage de M. Bocquet. 3000 spectateurs.

Pénalités : Rouen 10' (4', 4', 2'), Grenoble 10' (4', 2', 4' dont un penalty).

Tirs : Rouen 40 (11, 12, 17), Grenoble 43 (9, 16, 18).

Supériorités : Rouen 1/5 dont un penalty (0/2, 1/1, 0/2 dont un penalty), Grenoble 1/5 (0/2, 0/2, 1/1).

Arrêts : Groeneveld (90,7%) 39/43 (9/9, 15/16, 15/18), Rolland (86,8%) 33/37 (11/11, 10/12, 12/15).

Occasions à 5/5 : Rouen (22,0%) 4/18 (0/7, 1/4, 3/7), Grenoble (19,0%) 3/16 (0/4, 1/7, 2/5)

Évolution du score :

1-0 à 24'11" : Kevorkian assisté de Bessard du Parc et Billard.

2-0 à 29'37" : Carriou assisté de Doucet et Lacroix (sup. num.).

2-1 à 36'58" : Vuoti assisté de Maynard et Billieras.

2-2 à 46'41" : Bonnard assisté de Pouget.

2-3 à 47'48" : Vuoti assisté de Suvanto et B.Bachelet.

3-3 à 50'47" : Riihijärvi assisté de Besse et Paradis.

4-3 à 51'46" : Paradis assisté de Besse et Bellier.

5-3 à 52'59" : Jodoin assisté de Besse.

5-4 à 56'06" : Pouget assisté de Elian et Podlaha (sup.num.).

6-4 à 59'15" : Riihijärvi (cage vide).

 

Rouen

Gardien : Phil Groeneveld.

Défenseurs : Daniel Carlsson - Jean-François Jodoin ; Patrice Bellier - Heikki Riihijärvi ; Allan Carriou - Geoffroy Bessard du Parc.

Attaquants : Guillaume Besse - Franck Pajonkowski - Daniel Paradis ; Éric Doucet - Alain Vogin - Simon Lacroix ; Thomas Bussat - Alexis Billard - Aram Kevorkian.

Remplaçants : Paul Charret (G), Nicolas Besch, Thibault Geffroy et Rodolphe Bretault.

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Bruno Maynard - Simon Bachelet ; Roland Fougère - Jean-François Bonnard ; Christian Elian. 

Attaquants : Joseph Podlaha - Christian Pouget - Sébastien Oprandi ; Harri Suvanto - Benoît Bachelet - Arto Vuoti ; Marc Billieras - Franck Guillemard - Thomas Bergamelli ;.

Remplaçants : Arnaud Goetz (G).

Absents : Nicolas Antonoff et Xavier De Murcia (?), Benjamin Agnel, Stéphane Gachet et Laurent Deschaumes (blessés).

 

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