Strasbourg - Megève (26 janvier 2002)
Match comptant pour la dix-septième journée du championnat de division 1 2001/2002.
Le match promettait un bel enjeu : Strasbourg restait sur une défaite à domicile, alors que Megève avec sa récente victoire sur Cergy, est encore en course pour la huitième place qualificative pour les play-offs. Un peu de couleur aussi, avec les maillots blancs et verts de Megève, qui changent de la tendance actuelle au noir.
La match commence doucement, Strasbourg montant progressivement vers le but adverse. L'ouverture du score se fait d'ailleurs, très rapidement, sur une longue passe de Flinck (assigné défenseur pour ce match) pour Desrosiers qui sert Hohnadel délaissé de marquage ; le capitaine alsacien conclut d'une petite feinte du revers. Un petit but pour se mettre en confiance, rien de tel pour inspirer G. Mehl, qui lance puissamment de la bleue. Fougère pense avoir bloqué, mais le palet sort doucement derrière lui, sans aucun Strasbourgeois pour exploiter la faille. Megève joue timidement, ses premières grosses banderilles vont venir sur une supériorité, où Äikää est pris de vitesse, le palet fuse vers le but grand ouvert mais "ricoche" sur quelque vaillant défenseur local. L'alerte semble passée pour le moment, la partie s'équilibre un peu, jusqu'à un beau mouvement de supériorité alpine, qui se conclut par un slap d'Hornak.
Le jeu commence à se muscler, Megève ouvrant les hostilités par Charlet, mais Strasbourg est loin de laisser sa part (notamment par l'intermédiaire de Sevcik). Les Alpins jouent un peu le contre, alors que Strasbourg essaie les longues passes, de manière assez maladroite d'ailleurs. C'est d'ailleurs sur une de ces relances hasardeuses que Carry intercepte un palet et l'adresse pour Laprun qui part en contre, contourne Äikää et loge le palet au fond des filets. L'avantage de Megève est quelque peu réaliste, mais Strasbourg semble vexé par ce score un peu à contre-courant. Hélas, déjà, l'énervement est perceptible, Megève muscle ses boîtes, l'Etoile Noire répond de manière encore plus musclée. D'où une bonne échauffourée entre Saarinen et F. Socquet. Dans la mêlée s'ajouteront aussi Charlet et Desrosiers. Le match, quant à lui, est assez inconstant. De bonnes choses quand même, notamment une lumineuse passe de Medeiros pour MacLennan, qui se retrouve seul face à Fougère. On imagine déjà le but, mais le Canadien, dans un excès d'altruisme, redonne le palet à Sevcik qui tire au dessus. Megève attend, et exploite le moindre palet mal servi, notamment avec la vigilance de Beaule ou Trabichet. Strasbourg va avoir encore une excellente occasion par Escuder, parti seul face à Fougère mais le portier mégevan capte magistralement de la mitaine. Et c'est Megève qui enfonce le clou sur une nouvelle supériorité, par l'intermédiaire de Beaule qui tire victorieusement. La fin du tiers est tendue, malsaine des deux côtés, Strasbourg balbutie son hockey, Megève attend... On peut se poser des questions sur la suite d'un match que l'arbitre a bien du mal à gérer, de nombreuses fautes de part et d'autre restent impunies, ainsi que quelques hors-jeu ou dégagements interdits non sifflés au grand dam de Daniel Bourdages ou Christophe Ville.
L'Etoile Noire semble pourtant revenue avec de bonnes intentions, et pousse vers Fougère. Mais leur tactique de jeu, toujours basée sur de longues passes de Flinck, ou Saarinen, va les trahir une nouvelle fois. "Jojo" Fleutot intercepte une de ces relances et lance Trabichet. L'ancien Castelvirois part seul et gagne son duel face à Äikää. L'avantage est déjà de trois buts, pourtant Megève est prenable, ses passes sont elles aussi plutôt approximatives. Il faut que Strasbourg puisse en profiter. L'arbitre va alors aider indirectement les locaux en sanctionnant, durement, un retenir de Hornak. Les noir et jaune s'installent en zone adverse, et l'un des artilleurs de service, Jesse Saarinen, d'envoyer un missile qui perfore la défense adverse, MacLennan déviant le palet dans les filets. L'espoir revient un peu, mais pas longtemps. Le temps pour les locaux de remonter une nouvelle fois, que Laprun exploite une mauvaise passe, et remonte vers Äikää pour le tromper, malgré la présence de deux Strasbourgeois aux trousses. Le pauvre portier finlandais est alors remplacé par sa doublure, Raphaël Vincent. Mais le jeu retombe dans la médiocrité, les passes de chaque côté sont hasardeuses, mal ajustées. Tout juste peut-on noter un exploit individuel de Cerioli, au milieu de deux Strasbourgeois, mais la finition est négligée, le palet part au-dessus. Strasbourg mise maintenant son salut soit sur ces intempestives passes longues, ou sur un slap de ses deux canonniers, Saarinen ou Flinck, sans grand succès. Jusqu'au but relativement curieux de Sevcik : il reste une minute à jouer, on sent que les deux équipes commencent à s'essouffler. Le palet est dans la zone mégevane, on gratte un palet, Dumuis tire, Fougère pense avoir capté, mais laisse filer le palet ralenti, Sevcik, laissé libre de tout marquage exploite alors le filon. Si la manière est anodine, le but est surtout arrivé alors que les deux protagonistes semblaient attendre la fin de la période...
Un bon cadeau, qui va redonner un net coup de fouet aux Alsaciens, pour l'entame de ce dernier tiers. Surtout que Megève commence à fatiguer sérieusement, avec ses deux seules lignes défensives notamment. Aussi, les Savoyards ne sont pas avares en "absences", ces nombreuses passes qui ne trouvent personne. Saarinen, esseulé, a une bonne occasion de s'illustrer, mais son tir passe au-dessus. Ce n'est que partie remise lorsqu'une bonne combinaison de Sevcik et Flinck échoue sur Fougère et que Saarinen ressert Medeiros. Un but un peu limite quand même, les Mégevans prétextant, il est vrai, un placement statique du petit Canadien dans la zone "interdite".
Dès lors, Strasbourg va pousser sur Fougère, qui essaie d'endiguer les coups de boutoir. Il y a pourtant de quoi exploiter, car il laisse beaucoup de rebonds mais ses défenseurs repoussent le danger. Charlet va avoir une belle occasion de contre-attaque, mais il est séché avec plus ou moins de bonheur par un Strasbourgeois. Dans la continuité de l'action, MacLennan se retrouve aussi en position de un contre un contre Fougère, mais le jeune savoyard capte impeccablement. Megève va alors vexer son adversaire : par un bon travail de Carry derrière la cage, Sedlak capte le palet et tire sur Vincent qui repousse, mais il est excentré et ne peut revenir assez vite pour capter la reprise de Fleutot. Autant dire que ce genre de but va tout d'abord couper les jambes des Alsaciens, qui vont quand même rapidement remonter à l'assaut des cages vertes et blanches. Une pluie de tirs s'abattent sur la cage, Fougère tient toujours, avec brio, notamment sur deux missiles de Flinck et Saarinen. Il ne pourra pas grand chose, par contre, sur... la charge délibérée, et plus que limite, de Desrosiers. Le temps de requinquer le gardien de but, et Fleutot démarque Beaule qui part seul, mais il manque sa feinte. Il est temps pour Daniel Bourdages de demander un temps mort, et de faire sortir son gardien. Strasbourg engage dans le camp adverse et l'orage continue sur le portier alpin. Pas longtemps, Sedlak prend possession de cette rondelle si convoitée, dribble un Strasbourgeois, puis, de sa bleue, envoie le palet dans les buts vides. La délivrance est évidente pour les Savoyards, qui manquent d'étouffer le Slovaque. Fini, rideau, le public quitte rapidement la patinoire, laissant ses joueurs saluer une grosse poignée de spectateurs.
Décidément, le hockey alpin ne semble pas gêné par la froideur du Wacken : après Gap, Villard et Briançon, c'est à Megève de faire une bonne opération en terre alsacienne. Au vu de l'effectif, on pouvait s'attendre à mieux, car beaucoup viennent de l'Elite (Boisson, Charlet, Fleutot, Trabichet, Beaule, Laprun), et pourtant, les passes étaient souvent téléphonées, plutôt hasardeuses. Mais ils semblent redoutables en jeu de puissance, ainsi que dans l'art du contre. Si l'on ajoute une grosse volonté à aller gratter tout ce qui ressemble à un palet, on peut penser que les points acquis ce soir ne sont pas immérités. Face à une équipe plus rigoureuse, par contre, ils auront plus de mal. J'ai trouvé que leur ambiance sur le banc est excellente, mais quand on gagne, tout est plus facile. Néanmoins, on sent une équipe de copains qui aime jouer ensemble.
C'est peut-être ce qui manque à Strasbourg, de la cohésion. Une fois de plus, le moindre grain de sable dérègle sensiblement la machine, qui retombe alors dans ses éternels travers, à savoir un individualisme suicidaire, et un manque de lucidité flagrant, face à la moindre vanne adverse (charges gratuites, et en dehors de l'action). Äikää n'a pas vraiment eu beaucoup de chance sur ce match, et n'a pas été gâté par sa défense. Flinck, en défenseur-artilleur, a par contre montré quelques facultés intéressantes.
J'ai bien aimé :
- Pour Megève : Laprun et Charlet (pour leur gros travail de "grattage") et Boisson (pour son "expérience" défensive - Aaaahhh, ces fautes ni vu ni connu !).
- Pour Strasbourg : Flinck (agréablement serein derrière) et MacLennan (beaucoup de boulot dans les deux sens de la patinoire)
Compte-rendu Stéphane Rault
Strasbourg - Megève 4-7 (1-3, 2-2, 1-2)
Patinoire du Wacken. Environ 750 spectateurs.
Pénalités : Strasbourg 20' (2' Dumuis, 4' Sevcik, 2'+2' Saarinen, 2'+2' Desrosiers, 2' Besseyre / 2' Hohnadel / 2' Cadoret ) ; Megève 38' (2' Perinet, 2' Beaule, 2' Boisson, 2'+2'+10' F. Socquet, 2' Charlet, 2' Hornak / 2' Carry, 2' Hornak, 2' retard de jeu / 4' F. Socquet, 2' Charlet, 2' Fleutot).
Tirs : Strasbourg 43 (11, 13, 19) ; Megève 26 (11, 5, 10).
Evolution du score :
1-0 à 02'34" : Hohnadel assisté de Desrosiers et Saarinen.
1-1 à 05'15" : Hornak assisté de Beaule et Charlet (sup. num.).
1-2 à 09'30" : Laprun assisté de Carry.
1-3 à 16'26" : Beaule assisté de Périnet (sup. num.).
1-4 à 25'10" : Trabichet assisté de Fleutot.
2-4 à 28'20" : MacLennan assisté de Saarinen (sup. num.).
2-5 à 28'39" : Laprun.
3-5 à 38'49" : Sevcik assisté de Dumuis.
4-5 à 44'43" : Medeiros assisté de Saarinen (sup. num.).
4-6 à 52'41" : Fleutot assisté de Sedlak et Carry.
4-7 à 59'22" : Sedlak (cage vide).
Strasbourg :
Gardien : Äikää (puis Vincent à 28'39")
Défenseurs : Saarinen - Cadoret ; Besseyre - Flinck (A) ; G. Mehl - Dumuis.
Attaquants : Sevcik - MacLennan - Medeiros ; Desrosiers - Hohnadel (C) - Schuchewytsch ; D. Mehl - Escuder (ou Bobillier) - Walter (A).
Remplaçant : St-Marc
Absents : Goulenok, Frand, Bazany
Megève :
Gardien : Fougère.
Défenseurs : Boisson (A) -Hornak ; Sedlak - F. Socquet (A).
Attaquants : Charlet - Beaule - Perinet ; Cerioli - Fleutot (C) - Carry ; J.-Y. Socquet - Laprun - Trabichet.
Remplacant : Lebas (G)
Absents : Tapia, Durr, Leoty, Grignon.