République Tchèque - Canada (18 février 2002)

 

Match comptant pour les Jeux Olympiques 2002.

Malgré leurs étonnantes déclarations d'autosatisfaction après leur piteuse prestation contre l'Allemagne, les Canadiens semblent avoir changé d'état d'esprit et pris la mesure du tournoi. Menés par un Lemieux bien rétabli, ils impriment immédiatement un haut rythme physique et finissent toutes leurs mises en échec. Les Tchèques répondent par un duel tactique, Augusta semblant décidé à répondre ligne par ligne à chacun des blocs canadiens. La première occasion est pour Rucinský qui prend de vitesse la lente défense canadienne. Battu, MacInnis l'accroche par derrière pour l'empêcher de tirer et peut s'estimer heureux de n'être sanctionné que de deux minutes et non d'un penalty. Les Canadiens tuent la pénalité et partent en contre-attaque : Kariya adresse une bonne passe de la droite à Lemieux pour un but tout fait... mais c'est sans compter avec l'exceptionnel réflexe de la jambière du Dominator. Dans le duel qui oppose les deux plus grands joueurs encore en activité, Lemieux égalise à une manche partout une minute plus tard en trouvant le trou entre les bottes de Hašek. Mais en fin de tiers, la ténacité de Havlat lui permet de récupérer le palet dans la défense canadienne et de l'envoyer dans la lucarne de Brodeur. Le Canada réagit avec un nouveau deux contre un, mais Iginla ne cadre pas son tir. Adam Foote est pénalisé dans les dernières secondes pour avoir cassé sa crosse sur le bras de Jágr, ce qui assure à son équipe une reprise difficile.

Les Canadiens tuent cette pénalité, mais peu après, Kubina voit Havlat démarqué dans l'enclave et lui offre ainsi un doublé. Les Tchèques posent désormais leur patte sur le match et les Canadiens retombent dans leurs travers. Ils mettent moins d'intensité, n'ont plus la même vivacité, et ne se coordonnent plus collectivement, commettant deux hors-jeu consécutifs en supériorité numérique. Mais à l'avant-dernière minute, Lemieux adresse un lancer puissant qui fait reculer Hašek. Le gardien tchèque retombe partiellement dans sa cage, et on décide de faire appel au juge vidéo. Ce dernier a de quoi se gratter la tête car il est bien impossible de voir où est le palet, même au ralenti. On peut cependant présumer qu'il est quelque part contre le corps de Hašek du côté gauche et qu'il est donc rentré à l'intérieur des buts. Après quelques minutes d'intense bouillonnement intérieur passées à s'abîmer les yeux devant l'écran, le juge signifie sa décision à l'arbitre : l'égalisation est accordée.

En ce début de troisième tiers-temps, Hrdina a la cage offerte sur un rebond. Il ne s'applique pas assez à placer son tir car il ne s'attendait pas sûrement pas à ce que Brodeur effectue un tel plongeon acrobatique, à la manière d'un gardien de football, pour revenir intercepter le palet. C'est ensuite la barre transversale qui sauve les Canadiens sur un lancer de Spacek. Le résultat nul assure la deuxième place du groupe aux Tchèques, mais ils continuent quand même à mettre la pression. A huit minutes de la fin, Sýkora prend la rondelle dans son gant et le pose pour un lancer de la bleue. MacInnis contre le palet... directement sur Dopita, qui se délecte du cadeau et donne l'avantage aux siens. Lemieux a le triplé au bout de la crosse, mais ne cadre pas son tir en excellente position. À un peu plus de trois minutes de la sirène, Nieuwendyk, servi dans l'enclave par Fleury, parvient cependant à égaliser. Hašek est ainsi contraint à un arrêt déterminant dans les trente dernières secondes, avant d'être bousculé par Theoren Fleury, qui ne lésine pas ensuite sur les petits coups de patin au sol. Le joueur le plus petit du tournoi, et probablement aussi le plus agaçant pour ses adversaires, est puni par un violent cross-check de Hamrlík. La République Tchèque préserve le nul et sa deuxième place, qui ne lui réserve pas un adversaire facile, puisqu'elle retrouvera la Russie pour une revanche de la finale de Nagano.

On pensait assister au réveil tant attendu des Canadiens en première période, mais ils se sont encore contentés d'être des intermittents du spectacle. On a pourtant vu un excellent Lemieux trouver en Kariya un parfait partenaire, mais toutes les lignes n'atteignent pas une telle virtuosité. Le Canada attend-il les phases finales à élimination directe pour effectuer enfin un match plein ? C'est tout un pays qui s'impatiente, surtout quand il observe le voisin américain se régaler du brio de son équipe.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Wayne Gretzky (manager du Canada) : "Hamrlík devrait être suspendu pour le reste du tournoi pour son cross-check sur Fleury. Si un joueur canadien avait fait quelque chose comme ça à un Européen, la première chose dont les journalistes me parleraient seraient sa suspension et le hooliganisme des Canadiens. Mais dans l'autre sens, personne ne dit rien. Les gens ne comprennent pas la pression que nous subissons, elle est bien supérieure à celle de n'importe quelle autre équipe. Cela me rend presque malade quand j'allume la télé d'entendre ce qui peut se dire sur le hockey canadien. On n'a pas idée de combien les autres pays nous haïssent et veulent nous battre. Je le sais car ils me le disaient tout le temps sur la glace. Les Américains s'amusent de notre mauvais départ. Ils aiment nous voir mal jouer. Les seules personnes qui veulent nous voir gagner sont les joueurs et les supporters canadiens. Nous sommes très fiers et je vous garantis que nous y arriverons."

Mario Lemieux (capitaine du Canada) : "J'ai mieux patiné aujourd'hui parce que j'ai joué au centre et j'ai pu utiliser la glace au lieu de simplement rester le long des bandes. Tout jour de repos supplémentaire que l'on peut prendre à cette période de l'année est également bien utile."

 

République Tchèque - Canada 3-3 (1-1, 1-1, 1-1)

Lundi 18 février 2002 à 16h10 au E-Center de West Valley City. 8599 spectateurs.

Arbitrage de Bill McCreary assisté de Dan Schachte et Sergueï Kulakov.

Pénalités : République Tchèque 6' (2', 4', 0'), Canada 4' (4', 0', 0').

Tirs : République Tchèque 23 (6, 7, 10), Canada 36 (13, 15, 8).

Évolution du score :

0-1 à 09'11" : Lemieux assisté de Niedermayr.

1-1 à 18'23" : Havlat assisté de Jágr.

2-1 à 23'08" : Havlat assisté de Kubina.

2-2 à 38'49" : Lemieux assisté d'Yzerman.

3-2 à 53'17" : Dopita assisté de Hamrlík.

3-3 à 56'36" : Nieuwendyk assisté de Fleury et Jovanovski.

 

République Tchèque

Gardien : Dominik Hašek.

Défenseurs : Martin Skoula - Roman Hamrlík ; Richard Smehlík - Tomáš Kaberle ; Pavel Kubina - Jaroslav Spacek ; Michal Sýkora.

Attaquants : Jaromír Jágr - Robert Lang - Martin Havlat ; Martin Rucinský - Milan Hejduk - Robert Reichel ; Petr Sýkora - Jirí Dopita - Patrik Elias ; Radek Dvorák - Petr Cajánek - Pavel Patera ; Jan Hrdina.

Entraîneur : Josef Augusta.

Canada

Gardien : Martin Brodeur.

Défenseurs : Chris Pronger - Al MacInnis ; Adam Foote - Scott Niedermayer ; Rob Blake - Eric Brewer ; Ed Jovanovski.

Attaquants : Ryan Smyth - Eric Lindros - Owen Nolan ; Joe Sakic - Mario Lemieux - Paul Kariya ; Jarome Iginla - Steve Yzerman - Simon Gagné ; Mike Peca - Joe Nieuwendyk - Brendan Shanahan ; Theoren Fleury.

Entraîneur : Pat Quinn.

 

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