Suède - Belarus (20 février 2002)

 

Quart de finale des Jeux Olympiques 2002.

L'intérêt de ce match n'était a priori pas le résultat, puisque personne ne pensait qu'une équipe biélorusse à bout de souffle inquiéterait l'équipe suédoise, mais plutôt la manière avec laquelle les Scandinaves feraient une nouvelle démonstration de leur collectif. Dès le début du match, la Suède déroule : première supériorité numérique, et premier but de Lindström entre les jambières de Mezin. Cependant, la machine s'enraye. À quatre contre trois, les Suédois ont un engagement dans leur zone et laissent Romanov se déporter seul sur la droite et égaliser dans la lucarne de Salo. Deux pénalités stupides les laissent ensuite en double infériorité. L'occasion est trop belle pour le Belarus, qui prend l'avantage par Dudik, sur une passe de derrière le but de Kovalev. Les Scandinaves corrigeront par la suite cette indiscipline et ne se laisseront plus prendre au piège des pénalités. En attendant, les voilà contraints de courir après le score. Malgré un bombardement intensif, Mezin ne bronche pas, et leur domination a pour contrepartie quelques contre-attaques dangereuses. Et, comme face aux Etats-Unis, les Biélorusses bouclent la première période en tête.

Ils sont pourtant souvent dépassés dans le jeu, contraints de commettre des fautes. L'une d'entre elles profite ainsi à Nylander, qui égalise en supériorité numérique. Mais il a fait la différence individuellement sur ce but, signe inquiétant d'un collectif suédois grippé. Le jeu de puissance suédois est en effet globalement inefficace. En début de troisième période, Kovalev intercepte le palet en entrée de zone et redonne l'avantage aux siens. Le Belarus n'est pas en reste en ce qui concerne les erreurs défensives, et le capitaine Mats Sundin montre ainsi la voie en égalisant. Mais la Suède s'enlise face à une équipe biélorusse bien regroupée qui attend son heure. Celle-ci arrive à un peu plus de deux minutes de la fin, de la manière la plus incroyable qui soit. Les Biélorusses ne semblent plus capables de construire grand-chose offensivement dans ce troisième tiers-temps, et voilà que Kopat tire de la zone neutre. Le palet atterrit sur le casque de Salo, qui ne s'y attendait pas et s'en protège comme il peut. La rondelle retombe alors lentement dans le but suédois...

C'est probablement la plus grosse surprise de l'histoire des Jeux Olympiques, cela dépasse le Miracle sur Glace de Lake Placid ou la médaille de bronze allemande de 1976 : une nation qui vient de descendre en division I mondiale, qui ne figure plus dans les seize meilleures au monde, vient de se glisser dans le dernier carré d'un sport dont la hiérarchie est par nature très cadenassée. C'est le match le plus catastrophique de l'histoire du hockey suédois, et c'est évidemment le plus grand jour du hockey biélorusse. Dominés, ils ont su exploiter à merveille les opportunités qui se présentaient à eux.

Maudits, la Suède peut se sentir maudite. Déjà sortie en quarts de finale il y a quatre ans, elle a de nouveau chuté, cette fois face à une nation qu'elle est censée battre aisément. Ils se voyaient déjà trop beaux, ces Suédois, dont on ne cessait de chanter les louanges. Ils ont le talent, mais la réussite semble les fuir ces dernières années, depuis Lillehammer et ce tir au but gagnant de Forsberg, le grand absent de la compétition. Ils ont depuis connu la douleur de voir leurs voisins finlandais empocher leur premier titre mondial sur le sol suédois en 1995, puis celle d'être privés par les Canadiens d'une parfaite revanche deux ans plus tard à Helsinki. Ils n'ont remporté dans l'intervalle qu'un seul trophée, le titre mondial de 1998, l'année du malaise de Nagano, qui ne restera dans les annales que comme la finale la plus ennuyeuse de l'histoire des championnats du monde. Ils en viendraient presque à regretter ce bon vieux temps, ces Suédois au hockey devenu chatoyant et enthousiasmant, qu'on n'aura plus l'occasion de voir dans ce tournoi, puisqu'il n'y aura même pas de matches de classement pour nous consoler. Adieu, Tre Kronor, on t'aimait bien...

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Hardy Nilsson (entraîneur de la Suède) : "Remplacer le gardien ? Il ne m'a pas donné de motif de le faire, et quand il a encaissé ce but bizarre, il était déjà trop tard. On ne peut pas dire que l'on n'ait pas préparé ce match et étudié les vidéos du Bélarus. Mais il a joué différemment et son gardien a été excellent, ce qui n'a pas été le cas du nôtre. Nous avons joué pareil qu'avant, mais la réussite n'a pas été la même. Avant la troisième période, à 2-2, j'ai dit aux joueurs d'être plus attentifs en défense, car les contre-attaques du Bélarus étaient dangereuses. Je ne doutais pas que nous marquerions. J'étais probablement trop confiant."

Mats Sundin (meilleur joueur de la Suède) : "Nous avions tous un rêve olympique. Perdre contre une équipe qui n'était pas meilleure que nous, que nous devrions battre à chaque fois, c'est dur à avaler."

Daniel Alfredsson (attaquant de la Suède) : "Ils n'ont pas essayé de jouer au hockey. Ils ont attendu à cinq à leur ligne bleue. Ce qui s'est passé est difficile à expliquer. Poteaux, transversales, nous avons tout connu, sauf le but."

Vladimir Krikunov (entraîneur du Belarus) : "Aujourd'hui est un jour de fête pour le Belarus. Nous n'avons jamais réussi un tel résultat. Les trois défaites en match de poule étaient amères, mais nous étions parfaitement préparés pour ce match. Les trois défaites en match de poule étaient amères, mais nous visions ce match et nous avons tout donné. En plus, nous avons modifié notre tactique. Nous avons joué en 2-1-2 dans le tour préliminaire, et ça a marché. Mais face à de meilleurs adversaires, nous manquions de forces. Nous avons tout changé et joué strictement en défense."

Andreï Mezin (gardien du Belarus, 44 arrêts) : "Désolé pour les Suédois, je ne m'étais absolument pas attendu à ce que nous gagnions. Je pensais qu'ils atteindraient la finale. Ils étaient nettement supérieurs, mais ils ne s'attendaient pas à ce que l'on se donne autant. J'ai certes eu beaucoup de tirs, mais ils n'étaient pas assez décidés. Nous avons fait beaucoup pour notre pays, c'est encourageant pour le futur."

 

Suède - Belarus 3-4 (1-2, 1-0, 1-2)

Mercredi 20 février 2002 à 11h30 à la Seven Peaks Ice Arena de Provo. 7240 spectateurs.

Arbitrage de Bill McCreary assisté de Dan Schachte et Petr Blumel.

Pénalités : Suède 8' (4', 2', 2'), Belarus 14' (6', 4', 4').

Tirs : Suède 47 (22, 12, 13), Belarus 19 (10, 5, 4).

Évolution du score :

1-0 à 03'10" : Lidström assisté de Johnsson et Nylander.

1-1 à 07'47" : Romanov assisté de Matushkin et Kalyuzhny (inf. num.).

1-2 à 09'33" : Dudik assisté de Kovalev et Rasolko (double sup. num.).

2-2 à 30'14" : Nylander assisté de Sundin et Lidström (sup. num.).

2-3 à 42'47" : Kovalev.

3-3 à 47'54" : Sundin.

3-4 à 57'36" : Kopat assisté d'Antonenko et Bekboulatov.

 

Suède

Gardien : Tommy Salo.

Défenseurs : Fredrik Olausson - Nicklas Lidström ; Kim Johnsson - Mattias Norström ; Marcus Ragnarsson - Kenny Jönsson ; Mattias Öhlund.

Attaquants : Daniel Alfredsson - Mats Sundin - Ulf Dahlén ; Markus Näslund - Michael Nylander - Niklas Sundström ; Mikael Renberg - Jörgen Jönsson - Henrik Zetterberg ; Mathias Johansson - Magnus Arvedsson - Tomas Holmström ; P.J. Axelsson.

Entraîneur : Hardy Nilsson.

Belarus

Gardien : Andreï Mezin.

Défenseurs : Oleg Khmyl - Ruslan Saleï ; Aleksandr Zhurik - Vladimir Kopat ; Oleg Romanov - Igor Matushkin ; Oleg Mikulchik - Aleksandr Makritski.

Attaquants : Vladimir Tsyplakov - Alekseï Kalyuzhny - Dmitri Pankov ; Dmitri Dudik - Andreï Rassolko - Andreï Kovalev ; Aleksandr Andrievski - Vadim Bekboulatov - Oleg Antonenko ; Vassili Pankov - Eduard Zankavets - Sergueï Stas.

Entraîneur : Vladimir Krikunov.

 

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