République Tchèque - Russie (20 février 2002)

 

Quart de finale des Jeux Olympiques 2002.

Rencontre chargée d'histoire, revanche de la finale des derniers Jeux Olympiques, ce quart de finale est le plus attendu. Les Tchèques dominent dès l'entame, et proposent quelques tirs à mi-distance, notamment par Reichel, et un jeu intéressant derrière la cage adverse, ce qui libère par exemple Hrdina qui, à trop convoiter le but qui s'offre devant lui, en oublie de réceptionner correctement le palet. Mais le jeu s'équilibre quand Reichel retient Nikolishin et concède la première pénalité de la partie. Les Russes cherchent la déviation, même si Hašek montre déjà son bon lancer de jambières. Ils reprennent du poil de la bête dans un match où chacun tient à montrer qu'il est le patron, quitte à exagérer certains gestes. On voit ainsi Jágr laisser partir son coude, puis Bure en faire de même avec de surcroît une crosse baladeuse. Comme Zhamnov avait fait trébucher un adversaire entre-temps, les Tchèques se retrouvent à quatre, puis à cinq contre trois. Les Russes n'en ont pas fini avec les ennuis judiciaires, car Nikolishin perd son casque et le remet sans l'attacher. Il est alors pénalisé pour équipement illégal comme l'avait été Brett Hull dans les mêmes circonstances. C'est une minute de plus que la Russie doit passer avec deux hommes de moins.

Coupés dans leur élan par l'interruption de séance, venue à temps pour accorder un sursis aux Russes, les Tchèques ne font pas grand-chose de leur jeu de puissance. Pour l'instant, le match ressemble à la finale de Nagano, les défenseurs ont le dernier mot et les Russes n'arrivent pas à tromper la vigilance de Hašek. Pour ce faire, il faut au moins deux changements de trajectoire, et les Russes relèvent le défi : Malakhov lance de la bleue, Nikolishin dévie la course du palet et la reprise toute en puissance d'Afinogenov vainc le signe indien. L'enfant de Pardubice transpercé, c'est Khabibulin qui s'affirme de son côté par un arrêt-réflexe devant Lang, alors que l'équipe russe purge une pénalité pour surnombre. Les Tchèques mettent la pression, mais se font prendre en contre par Kovalev, qui tire sur la transversale. Dopita n'est pas en reste et trouve lui aussi barre en supériorité. Ce jeu de puissance tchèque peine à retrouver l'efficacité trompeuse qu'il n'a connue que contre l'Allemagne, où son rendement était de 80 %. Aujourd'hui, il se contenterait d'un tout petit but qu'il est incapable de marquer.

C'est toute l'attaque tchèque qui est en proie au doute et qui cherche encore en troisième période le Svoboda qui saura lui rendre la liberté. Ce ne sera pas Dopita qui prend encore un bon lancer, ce ne sera pas Havlat malgré un superbe déboulé, ce ne sera pas non plus Lang, joliment servi du revers par Reichel en supériorité, qui cherche la lucarne mais trouve la mitaine de Khabibulin, ce sera encore moins Jágr, auteur d'un ultime effort dans les dernières secondes alors que Hašek est sorti pour créer le surnombre. Il contourne la cage et remet dans l'enclave à Sýkora dont le tir est repoussé. Tout le monde se jette, l'arbitre doit même escalader le filet pour voir quelque chose dans la mêlée. Quand il arrête le jeu, il reste quatre secondes, trop peu pour dévier la roue du destin.

Un à zéro : la revanche de Nagano est presque trop parfaite. Le mérite en revient à Nikolaï Khabibulin, qui a multiplié les parades miraculeuses dans les dernières minutes, et qui a toujours su interposer quelque chose entre le palet et la ligne de but, que ce soit un gant, une botte, etc. Ce qui compte, c'est l'efficacité, pas les moyens mis en œuvre. Cela ne vous rappelle-t-il pas un certain... Hašek ? Khabibulin a pris sa revanche sur tous ses détracteurs, et notamment sur son propre entraîneur Slava Fetisov, qui disait de lui après ses erreurs contre le Belarus : "Nous n'avons pas d'autre choix". Mais aujourd'hui, Nabokov est oublié et tout le monde n'a d'yeux que pour "The Wall" (qui porte un joli casque en hommage à Pink Floyd), le timide troisième gardien frustré de sa médaille d'or à Albertville devenu le héros de toute la Russie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

République Tchèque - Russie 0-1 (0-0, 0-1, 0-0)

Mercredi 20 février 2002 à 13h30 à la Seven Peaks Ice Arena de Provo. 5219 spectateurs.

Arbitrage de Stephan Walkom assisté de Johan Norrman et Tim Nowak.

Pénalités : République Tchèque 6' (4', 0', 2'), Russie 22' (6', 4', 12').

Tirs : République Tchèque 41 (16, 9, 16), Russie 27 (8, 10, 9).

Évolution du score :

0-1 à 24'48" : Afinogenov assisté de Nikolishin et Malakhov.

 

République Tchèque

Gardiens : Dominik Hašek (sorti de sa cage à 59'47").

Défenseurs : Martin Skoula - Roman Hamrlík ; Richard Smehlík - Tomáš Kaberle ; Pavel Kubina - Jaroslav Spacek ; Michal Sýkora.

Attaquants : Martin Havlat - Robert Lang - Jaromír Jágr ; Milan Hejduk - Robert Reichel - Martin Rucinský ; Patrik Elias - Jirí Dopita - Petr Sýkora ; Petr Cajánek - Jan Hrdina - Radek Dvorák ; Pavel Patera.

Entraîneur : Josef Augusta.

Russie

Gardien : Nikolaï Khabibulin.

Défenseurs : Boris Mironov - Vladimir Malakhov ; Sergueï Gonchar - Darius Kasparaitis ; Oleg Tverdovsky - Daniil Markov ; Igor Kravtchouk.

Attaquants : Pavel Bure - Alexeï Zhamnov - Valeri Bure ; Maxim Afinogenov - Alexeï Yashin - Andreï Nikolishin ; Ilya Kovaltchouk - Sergueï Fedorov - Sergueï Samsonov ; Alexeï Kovalev - Igor Larionov - Pavel Datsyuk ; Oleg Kvasha.

Entraîneur : Vyacheslav Fetisov

 

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