Canada - Bélarus (22 février 2002)

 

Demi-finale des Jeux Olympiques 2002.

De son point de vue habituel, le Canada rencontre en demi-finale une équipe composée d'un seul joueur : Ruslan Saleï. C'est en effet le seul à évoluer en NHL, et comme chacun sait que le reste du monde compte pour des prunes pour les observateurs nord-américains, les autres ne resteront que d'illustres inconnus (hormis Tsyplalov, qui avait porté un temps les couleurs de Los Angeles et Buffalo). Mais des inconnus qui ont éliminé les Suédois, ce qui suffit à susciter la méfiance des Canadiens.

Ils abordent donc la rencontre avec sérieux et ont la chance d'évoluer rapidement en avantage numérique. MacInnis lance ainsi une première fois sur la transversale. Même s'ils sont évidemment dominés, les Biélorusses font bonne figure, mais concèdent l'ouverture du score de Steve Yzerman. Les Canadiens sont très vigilants sur les contre-attaques biélorusses, mais commettent leur première erreur défensive à la quatorzième minute. À la lutte dans le coin, MacInnis dégage le palet qui ricoche sur le patin d'un coéquipier et parvient à Saleï, complètement oublié à la bleue, qui égalise à la surprise générale sur un des tout premiers lancers biélorusses. Le salut canadien vient d'une grosse boulette de Mezin : après avoir arrêté un tir de Brewer, il fait un geste trop brusque pour tenter de geler le palet et propulse la vicieuse rondelle ses propres jambières. Le Bélarus est bien malheureux sur ce coup-là, mais Dame Fortune fait joue la compensation quand un tir de près de Fleury atteint la transversale puis le poteau.

Comme au premier tiers, les Canadiens obtiennent dès la reprise une supériorité numérique, au cours de laquelle Andrievski perd le palet au centre de la glace face à Kariya. Les Canadiens peuvent alors partir à trois contre un, et Niedermayr inscrit le troisième but. Les Biélorusses multiplient les erreurs individuelles, et Khmyl offre le palet sur un plateau à Nolan, qui échoue sur Mezin. Ce dernier ne peut cependant que dévier un tir de Kariya, et est alors remplacé par Chabanov après ce quatrième but, sans avoir démérité. Le deuxième gardien biélorusse sauve in extremis le palet sur sa ligne en toute fin de période alors qu'il n'avait pu l'arrêter complètement auparavant.

À 4-1, le résultat est acquis et les Biélorusses décident de se faire plaisir en troisième période en attaquant crânement les Canadiens. Mais, alors qu'ils sont en infériorité numérique, Antonenko fait une passe-abandon mal assurée derrière lui. Ce n'est pas un coéquipier qui la récupère, mais Mike Peca, tout heureux de l'aubaine, qui envoie Simon Gagné tromper Chabanov en un contre un. Il reste neuf minutes à jouer quand un surnombre est sifflé contre les Biélorusses, récidivistes en la matière puisqu'on se souvient de leurs deux pénalités concédées pour la même raison il y a quatre ans à Nagano contre les États-Unis. Smyth, posté à côté du filet, sert de relais pour un Lindros très heureux de connaître enfin la réussite. Il est un autre joueur qui était resté bredouille dans le tournoi malgré une prestation globale bien meilleure que celle de Lindros, c'est le meilleur marqueur de NHL, Jarome Iginla, qui met fin à la série noire après un bon travail à la bande de Fleury derrière le filet. Sept buts à un, le résultat final ne souffre aucune discussion, les Canadiens ayant fait ce qu'il fallait pour l'emporter. Wayne Gretzky peut être satisfait de cette rencontre rondement menée contre le pays d'origine de son grand-père.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Pat Quinn (entraîneur du Canada) : "En dépit de la victoire, des problèmes subsistent. Tout le monde n'est pas prêt à se coucher devant le palet pour la cause commune. Il y a tellement de grands marqueurs dans notre équipe que certains dévient du plan collectif pour leurs statistiques personnes. Néanmoins, nous progressons à chaque match. Par rapport à Nagano, de vrais leaders sont apparus, prêts à mener leurs partenaires même dans les situations les plus difficiles. Ce sont Steve Yzerman, dont l'opinion n'est pas écoutée que sur la glace, Mario Lemieux, Joe Sakic, Paul Kariya. Le Bélarus n'a pas de tels leaders. C'est une équipe bonne et technique, mais ses joueurs sont tous approximativement du même niveau. Mezin, Saleï ou Pankov peuvent certes se distinguer, mais seulement de façon irrégulière. Il y a quelques jours, je pensais que la Suède était la meilleure équipe du tournoi, mais elle se croyait déjà en demi-finale et a craqué sous la pression. Il faut lutter contre ce genre d'émotions. Moi par exemple, j'aime fumer le cigare avant les matches importants. Ça calme..."

Vladimir Krikunov (entraîneur du Bélarus) : "Dès la première seconde, les Canadiens ont joué défensivement. Je ne leur avais jamais vu ce style. Est-ce qu'ils nous craignaient ? Pas vraiment. Entre les joueurs biélorusses et les stars de NHL, il y a une différence qui est connue de tous. Ce sont les mêmes joueurs, sauf qu'ils font tout bien plus vite, ce pour quoi ils sont bien payés. Le rythme était simplement très élevé."

 

Canada - Bélarus 7-1 (2-1, 2-0, 3-0)

Vendredi 22 février 2002 à 12h00 au E-Center de West Valley City. 8599 spectateurs.
Arbitrage de Stephen Walkom (CAN) assisté de Sergei Kulakov (RUS) et Tim Nowak (USA).
Pénalités : Canada 16' (2', 4', 10'), Bélarus 14' (4', 4', 6').
Tirs : Canada 51 (17, 15, 19), Bélarus 14 (3, 6, 5).

Évolution du score :
1-0 à 06'05" : Yzerman assisté de Sakic et Blake
1-1 à 13'24" : Salei
2-1 à 17'25" : Brewer assisté d'Yzerman
3-1 à 22'09" : Niedermayr assisté de Lemieux et Kariya (sup. num.)
4-1 à 33'28" : Kariya assisté d'Yzerman et Lemieux
5-1 à 45'21" : Gagné assisté de Peca (inf. num.)
6-1 à 52'24" : Lindros assisté de Smyth et Nolan (sup. num.)
7-1 à 56'15" : Iginla assisté de Shanahan
 

Canada

Attaquants :
Ryan Smyth - Eric Lindros (4') - Owen Nolan (2')
Paul Kariya (+2) - Mario Lemieux (C, +1) - Steve Yzerman (+3)
Simon Gagné (+1) - Joe Sakic (A, +2) - Jarome Iginla (+1)
Brendan Shanahan - Mike Peca (+1, 2') - Theoren Fleury (-1, 4')
Joe Nieuwendyk

Défenseurs :
Chris Pronger (A) - Al MacInnis
Scott Niedermayer (+1, 2') - Adam Foote
Ed Jovanovski (+2, 2') - Rob Blake (+3)
Eric Brewer (+2)

Gardien :
Martin Brodeur

Remplaçant : Curtis Joseph (G). Non aligné : Ed Belfour (G).

Bélarus (2' pour surnombre)

Attaquants :
Vladimir Tsyplakov (A, 4') - Aleksei Kalyuzhny (-1) - Dmitri Pankov (-1)
Dmitri Dudik - Andrei Rassolko - Andrei Kovalev (2')
Oleg Antonenko (-5) - Vadim Bekbulatov (-2) - Aleksandr Andrievski (C, -3)
Eduard Zankavets - Vassili Pankov

Défenseurs :
Oleg Khmyl (A, +1) - Ruslan Salei
Aleksandr Zhurik - Vladimir Kopat (2')
Oleg Romanov (-4) - Igor Matushkin (-4)
Oleg Mikulchik (-1, 4') - Aleksandr Makritski ou Sergei Stas

Gardien :
Andrei Mezin puis Sergei Shabanov à 33'28"

Non alignés : Leonid Fatikov (G), Konstantin Koltsov, Andreï Skabelka.

 

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