République Tchèque - États-Unis (4 mai 2002)

 

Match comptant pour le deuxième tour du Championnat du monde 2002.

Pour affronter les tenants du titre, Lou Vairo lance dans le grand bain son troisième gardien Gregg Naumenko, qui a immédiatement fort à faire avec une échappée de Procházka dès la deuxième minute. La République Tchèque concrétise sa première supériorité numérique par un jeu en triangle Procházka-Moravec-Patera exécuté à la perfection. En à peine sept minutes, les Tchèques doublent la mise par un lancer désespéré en bout de course de Moravec qui passe entre les jambes du pauvre Naumenko. Les Américains sont à la rue, surclassés tactiquement, mais ont encore de l'orgueil : DeWolf surprend Kubina en lui enlevant le palet par derrière, et Chris Clark, qui se retrouve seul face au but, se saisit de l'aubaine. Mais les approximations ne sont pas l'apanage de la défense tchèque. Le dernier arrivé de l'équipe américaine Eric Weinrich n'est pas en reste et provoque un contre tchèque en infériorité. Finalement, c'est la passe transversale devant le but qui semble être l'arme fatale, puisqu'elle donne le tournis à la défense américaine et ouvre idéalement la cage. Après Moravec pour Patera au premier but, c'est cette fois Vlašák qui sert Cajánek de cette manière pour le 3-1. Globalement, les deux arrière-gardes font un premier tiers assez médiocre, et se mettent en danger par des relances trop hardies. En attaque, par contre, il n'y a pas photo entre des Tchèques en démonstration et des Américains incapables de construire du jeu et obligés d'attendre les erreurs adverses.

Ceux qui se plaignaient de trop peu voir Jágr dans ces championnats du monde en sont pour leur argent à la reprise : il prend le palet derrière sa ligne de but, traverse la glace de part en part, s'infiltre au milieu de deux défenseurs et feinte Naumenko comme s'il se jouait d'un enfant. L'avalanche offensive ne semble pas pouvoir s'arrêter dans ce match, et le joueur américain le plus persévérant, Chris Clark, est récompensé par son deuxième but personnel. Il serait d'ailleurs temps de fermer les vannes, car Lacouture, tranquillement posté devant la cage, ramène les États-Unis à un but en déviant un tir de Plante juste devant Hnilicka qui ne peut strictement rien faire. La République Tchèque redécouvre alors une friche laissée depuis longtemps à l'abandon : la défense. La bataille pour le palet devient acharnée face à des Américains qui pressent très haut.

Les États-Unis sont sûrs d'être qualifiés depuis hier soir mais ne cracheraient pas sur un bon résultat. Lou Vairo commence à y croire et fait sortir Naumenko au profit de Dieter Kochan. Les Américains se sentent pousser des ailes, ils gagnent les mises au jeu, contrôlent le palet, prennent des tirs et des rebonds, au point de semer la panique dans la défense tchèque fébrile, où Hnilicka perd même deux fois sa crosse en l'espace d'une minute. Au moment où les Tchèques semblent enfin réagir, Mowers prend le palet à Jágr, déborde le long de la balustrade et centre en retrait devant la cage pour Murphy, qui dévie la rondelle avec son corps ou le manche de sa crosse pour l'égalisation. En fin de tiers, les Tchèques font le spectacle en jeu de puissance avec une merveilleuse circulation du palet, mais manquent de précision à l'heure de porter le coup fatal. On retrouve le même scénario que dans le match contre l'Allemagne, où la République Tchèque emballe le jeu par moments et emballe les spectateurs. Mais, pour avoir oublié les fondamentaux du jeu, elle a vu fondre une marge de trois buts.

En début de troisième tiers-temps, les Américains maîtrisent bien une infériorité numérique et partent ensuite à l'attaque. Mais Moravec intercepte une passe et lance Procházka vers un breakaway qui refait passer les Tchèques devant (5-4). La rencontre flirte à partir de ce moment entre KO et égalisation, les occasions se succédant de part et d'autre. La défense tchèque toujours aussi peu sereine ne paraît pas capable de calmer le jeu pour conserver son avantage. Elle préfère s'en remettre à ses attaquants pour assurer la victoire, par exemple à Výborný qui, à deux minutes de la fin, se débarrasse en toute facilité de son défenseur et passe en retrait à Hlinka dont le tir échoue sur la transversale. La République Tchèque est donc astreinte à frémir dans les dernières secondes quand les Américains créent le surnombre en sortant Kochan.

Le "hourra-hockey" a payé une fois de plus, mais peut-on raisonnablement envisager que les Tchèques puissent battre la Suède ou la Finlande de cette manière ? Assurément non, et ils devront retrouver une solidité défensive pour ne pas être dépendants de l'efficacité de leur attaque, certes majestueuse, mais qui ne pourra probablement pas faire preuve d'autant de facilité contre les gros calibres, face à qui on pourra difficilement lui demander de marquer cinq ou six buts pour compenser les absences défensives.

Élus meilleurs joueurs du match : David Moravec pour la République Tchèque et Chris Clark pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Jaromír Jágr (attaquant de la République Tchèque) : "Ce fut un match serré. Nous avons réellement bien joué et marqué de beaux buts sur de bonnes actions. Quant à mon but, il est plus facile d'en marquer des comme ça sur une grande glace. Quand vous prenez assez de vitesse, il est très dur pour les défenseurs de vous arrêter. Mais, à 4-1, on s'est arrêté de jouer. On ne peut pas se permettre ça contre les Américains. Ils en ont profité et ça été juste. Mener de deux ou trois buts est la situation la plus difficile à gérer en hockey sur glace, dit-on, parce qu'on ne sait jamais s'il faut jouer offensif ou défensif. Je ne dis pas que nous prenons de mauvaises habitudes, mais je n'aime pas non plus que cela se passe ainsi."

Derek Plante (attaquant des États-Unis) : "Je ne pense pas que Naumenko ait mal joué. Il y a eu des passes qui ont ouvert la cage, et il n'y pouvait rien. Il y a beaucoup de caractère dans notre équipe et nous n'avons jamais laissé tomber."

 

République Tchèque - États-Unis 5-4 (3-1, 1-3, 1-0)
Le 4 mai 2002 à 15h15 à la Kinnarps Arena de Jönköping. 4923 spectateurs.
Arbitrage de Christer Lärking (SUE) assisté de Marco Coenen (HOL) et Joachim Karlsson (SUE).
Pénalités : République Tchèque 2' (2', 0', 0'), États-Unis 6' (2', 2', 2').
Tirs : République Tchèque 33 (12, 9, 12), États-Unis 24 (4, 12, 8).
Engagements : République Tchèque 31 (10, 11, 10), États-Unis 35 (7, 17, 11).

Évolution du score :
1-0 à 03'26" : Patera assisté de Moravec et Procházka (sup. num.)
2-0 à 06'38" : Moravec assisté de Patera et Kuba
2-1 à 07'49" : Clark
3-1 à 14'25" : Cajánek assisté de Vlašák et Ujcík
4-1 à 20'45" : Jágr assisté de Kubina
4-2 à 22'33" : Clark assisté de Reasoner et Weinrich
4-3 à 25'35" : Lacouture assisté de Plante et Park
4-4 à 35'23" : Murphy assisté de Mowers
5-4 à 44'58" : Procházka assisté de Moravec
 

République Tchèque

Attaquants :
Jaroslav Hlinka - Ján Hrdina - Jaromír Jágr
Martin Procházka - Pavel Patera - David Moravec
Tomáš Vlasák - Petr Cajánek - Viktor Ujcík
Zdenek Sedlák - Michal Broš - David Výborný

Défenseurs :
Jaroslav Špacek - Pavel Kubina
Frantisek Kaberle - Michal Sýkora
Rostislav Klesla - Filip Kuba
Ondrej Kratena - Martin Richter

Gardien :
Milan Hnilicka

Remplaçant : Dušan Salfický (G).

États-Unis

Attaquants :
Joe Sacco - Ted Donato - Steve Konowalchuk
Richard Park  - Derek Plante - Dan LaCouture
Christopher Clark - Marty Reasoner - Andy Hilbert
Mark Murphy - Mark Mowers - Erik Rasmussen

Défenseurs :
Chris O'Sullivan - Derian Hatcher
Mark Eaton - Todd Rohloff
Eric Weinrich - Chris Tamer
Jordan Leopold - Joshua De Wolf

Gardien :
Gregg Naumenko puis à 29'15" par Dieter Kochan [sorti à 59'28"]

 

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