Russie - Slovaquie (6 mai 2002)

 

Match comptant pour le tour intermédiaire du Championnat du monde 2002.

Ján Filc préfère mettre Lašák au repos pour ce match programmé la veille des quarts de finale, un match sans enjeu : la Russie est en effet quasiment assurée de terminer quatrième de poule, et la Slovaquie troisième même en cas de victoire, puisqu'elle est devancée par la Suède et la Finlande au goal-average direct.

On sent d'ailleurs rapidement que les deux formations ne veulent pas puiser outre mesure dans leurs réserves. On joue à un rythme assez doux. Les Russes se signalent surtout par leurs passes imprécises et leurs contrôles ratés. Face à une opposition aussi faible, les Slovaques se rendent bien vite compte qu'ils peuvent aller battre la campagne. Šatan se promène devant le but russe et pousse le palet dans la lucarne d'un revers tranquille. La balade slovaque se poursuit par une reprise au second poteau de Nagy. Et encore les Russes peuvent-ils s'estimer heureux qu'un troisième but soit refusé à cause de la présence d'un joueur dans la zone du gardien... On en vient à vérifier le classement en se rappelant que la Russie peut encore être devancée par l'Ukraine si elle se prend une dizaine de pions ! Les Slovaques donnent généreusement un peu de répit à leurs adversaires en s'infligeant un handicap : Handzus effectue une mise en échec après avoir perdu son casque, Lintner accroche légèrement un adversaire, puis Baca déplace sa cage sous la pression. Avec un ou deux hommes de plus, les Russes arrivent à presque équilibrer le jeu. Sitôt revenus à cinq, ils sont bien incapables d'empêcher Bondra de fusiller Podomatsky. C'est Sokolov qui le relaie alors, certainement ravi d'être ainsi envoyé au front sans défense.

À la reprise, la Russie arrive cependant à tenir en désavantage (il faut dire que Filc procède à des essais au lieu d'aligner Šatan) et à assurer la conservation du palet en jeu de puissance, où Gusmanov marque un but de raccroc. Višnovský est à son tour envoyé en prison pour une faute quelque peu simulée, et Koznev concrétise la supériorité en déviant un tir de la bleue de Ryabykin. Cette incapacité des Slovaques à gérer un avantage de 3-0 - le "score-piège" par excellence - au premier tiers, déjà constatée contre l'Autriche, est franchement inquiétante. Bondra met les choses au point et permet à son équipe de reprendre le large, mais l'étrange remontée russe se poursuit grâce à Prokopiev, un retour immérité au vu du jeu qu'ils ont proposé. Les Russes essaient alors de s'en montrer dignes et obtiennent un 3 contre 1, mais font la passe de trop, plus par manque de certitudes collectives que par altruisme. Le premier bloc du jeu de puissance slovaque fait son retour pendant une phase de double avantage numérique, et Handzuš ne tarde pas à inscrire le but du 5-3. C'est moins convaincant à cinq contre quatre, et Koznev est lancé seul à sa sortie de prison, mais il assure mal son contrôle.

En début de troisième tiers-temps, Sushinsky intercepte un dégagement avec le patin, feinte Milo et décoche un revers entre les jambières de Stana. C'est au tour des Slovaques de multiplier les approximations, mais les Russe ne se saisissent pas de plusieurs palets brûlants devant la cage adverse. Un tir de Sushinsky est ainsi dévié entre les bottes de Stana et ricoche sur le poteau. Les Slovaques creusent alors à nouveau l'écart en supériorité par un lancer frappé de Milo qui trompe Sokolov mal replacé. Cette joute amicale vire de plus en plus à la farce : pénalité slovaque pour surnombre, lancers dans le vide, prisons sifflées toutes les deux ou trois minutes...

Bref, un match à oublier au plus vite pour deux équipes qui ont rivalisé de nonchalance et qui ne se sont pas rassurées avant les quarts de finale. Dans la lignée des saisons de transition, Slovaques et Russes ont inventé les journées de transition. On espère que l'IIHF saura ménager un jour de repos avant les quarts pour éviter ça dans les années à venir.

Élus meilleurs joueurs du match : Roman Lyachenko pour la Russie et Richard Lintner pour la Slovaquie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Boris Mikhaïlov (entraîneur de la Russie) : "Pas grand-chose à commenter. Une équipe a patiné vite, l'autre moins. Nous devons oublier ce match aussi vite que possible."

Vyacheslav Butsaïev (Russie) : "Vous savez quoi ? Je suis bien incapable de vous expliquer ce qui est arrivé ce soir."

Ján Filc (entraîneur de la Slovaquie) : "Nous n'étions tout simplement pas concentrés, bien loin de ce qui est nécessaire à une bonne performance. Mais nous sommes satisfaits d'avoir battu la Russie, et c'est une autre étape vers le match de demain."

Vladimír Országh (Slovaquie) : "Nous avons arrêté de jouer à 3-0 et toute l'équipe pensait déjà au quart de finale contre le Canada. Demain, nous aurons deux renforts avec un bon tempérament offensif, Palffý et Stumpel, arrivés hier. Nous aurons sûrement des occasions, mais nous devrons nous concentrer sur la défense mieux que nous ne l'avons fait aujourd'hui."

 

Russie - Slovaquie 4-6 (0-3, 3-2, 1-1)
Le 6 mai 2002 à 20h00 au Scandinavium de Göteborg. 2867 spectateurs.
Arbitrage de Scott Hutchinson (CAN) assisté de Gregor Brodnicki (USA) et Kevin Redding (USA).
Pénalités : Russie 18' (4', 8', 6'), Slovaquie 22' (10', 8', 4').
Tirs : Russie 33 (11, 10, 12), Slovaquie 30 (13, 5, 12).

Évolution du score :
0-1 à 07'57" : Šatan assisté de Višnovský
0-2 à 09'26" : Nagy assisté de Lintner et Pavlikovský
0-3 à 18'09" : Bondra
1-3 à 25'21" : Gusmanov assisté de Zatonsky
2-3 à 26'24" : Koznev assisté de Ryabykin et Zhukov
2-4 à 27'00" : Bondra assisté de Lintner
3-4 à 31'14" : Prokopiev assisté de Zatonsky et Sushinsky
3-5 à 34'09" : Handzuš assisté de Bondra (double sup. num.)
4-5 à 42'32" : Sushinsky (sup. num.)
4-6 à 47'38" : Milo assisté d'Országh et Nagy (sup. num.)
 

Russie

Attaquants :
Valeri Karpov - Vyacheslav Butsaïev - Andreï Kovalenko
Dmitri Zatonsky - Aleksandr Prokopiev - Maksim Sushinsky
Ravil Gusmanov - Roman Lyashenko - Maksim Afinogenov
Igor Tkachenko - Aleksei Koznev - Vladimir Antipov

Défenseurs :
Dmitri Kalinin - Sergei Zhukov
Dmitri Ryabykin - Aleksandr Guskov
Sergei Vychedkevitch - Aleksandr Yudin
Anton Volchenkov

Gardien :
Igor Podomatski puis Maksim Sokolov à 18'09"

Slovaquie

Attaquants :
Peter Bondra - Michal Handzuš - Miroslav Šatan
Lubomír Bartecko - Peter Pucher - Robert Petrovický
Stanislav Nagy - Rastislav Pavlikovský - Vladimir Országh
Robert Tomík - Miroslav Hlinka - Radovan Somík
Marek Uram

Défenseurs :
Martin Štrbak - Lubomír Višnovský
Ladislav Cierný - Jergus Baca
Peter Smrek - Richard Lintner
Dusan Milo

Gardien :
Rastislav Stana

Remplaçant : Miroslav Simonovic (G).

 

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