Russie - Finlande (9 mai 2002)

 

Demi-finale des Championnats du monde de hockey sur glace 2002.

So-ko-lov. Retenez bien son nom. Les Tchèques s'en souviennent encore après qu'il a arrêté 36 de leurs 37 tirs en quarts de finale mettant ainsi un terme à leur série en cours au sommet du hockey mondial. Les Finlandais vont maintenant s'en souvenir également. A priori cette demi-finale semblait déséquilibrée. Les Finlandais partaient avec les faveurs des pronostics avec leur jeu toujours aussi rapide et technique. Ils n'avaient été battus que par leurs voisins suédois mais ils avaient aussi montré certains signes d'inefficacité offensive. Le quarts de finale contre les États-Unis fut laborieux mais la victoire était là. Quant aux Russes les revoilà en demi-finale avec l'espoir d'accrocher leur première médaille depuis 1993. Une qualification quasi inespérée si l'on se réfère aux médiocres matches de poule qu'ils ont réalisés (2 victoires, 3 défaites, 1 nul). Mais on pouvait se douter qu'après avoir fait le plus dur (éliminer les champions du monde en titre comme à Salt Lake), ils ne comptaient pas s'arrêter en si bon chemin.

Les Russes commençaient très bien le match, mettant la pression sur les Finlandais dans ce qui fut une de leur rares périodes de domination. Mais ils durent freiner rapidement leurs élans, étant rapidement pénalisés (surnombre puis obstruction de Prokopiev). Les Finlandais se trouvaient alors en double supériorité numérique. Une occasion à ne pas rater : Timonen servait Karalahti dont le one-timer transperçait Sokolov. Le duo de Nashville permettait aux Finlandais de prendre les devants après moins de cinq minutes de jeu. Mais Miettinen et Pärssinen partaient en prison. Comme les Finlandais, les Russes ne laissaient pas passer l'occasion en double supériorité numérique. Une passe de Ryabykin parvenait à Sushinsky mais ce dernier manquait sa frappe. Le palet se retrouva dans les patins de Zatonsky, tout heureux de le contrôler puis de l'envoyer dans la cage laissée vide par Markkanen, trompé par la trajectoire du palet. Les Finlandais bénéficiaient de deux nouvelles supériorités numériques dans ce premier tiers mais les Russes s'en sortaient à chaque fois, Sokolov sortant notamment le grand jeu devant Timonen. Avec 14 tirs à 3 en faveur des Finlandais, les Russes s'en sortaient plutôt bien avec un score de parité (1-1).

Une pénalité de Prokopiev en fin de période ne fut pas sans incidence sur le début du deuxième tiers : les Finlandais installaient rapidement le jeu de puissance en mettant à contribution le puissant slap de Timonen. Son tir fut dévié et, dans un trou de souris, Miettinen parvenait à servir Hagman qui redonnait l'avantage à la Finlande après seulement quarante-huit secondes de jeu. Les Russes réagissaient timidement pendant pénalité de Niinimää. Ils parvinrent tout de même à leurs fins juste avant la mi-match sur un tir de Savchenkov mal repoussé par Markkanen. Afinogenov saisit alors l'occasion et égalisa tout en tombant. L'essentiel était acquis : les Russes revenaient à 2-2. Ils auraient même pu prendre l'avantage quelques minutes plus tard sur une supériorité numérique mais celle-ci ne donna rien.

En troisième période, les Finlandais étaient bien décidés à en finir avec ces Russes qui s'accrochaient tant bien que mal. On assista alors à une déferlante bleue et blanche sur les buts de Sokolov mais celui-ci sortit le grand jeu. Pärssinen de près, Lydman de loin, Hagman suite à un revers de Timonen, Kapanen d'un tir du poignet, Niinimää dans une forêt de jambes : Sokolov arrêtait tout et rien ne rentrait. Le tournant du match aurait pu survenir à six minutes de la fin du temps réglementaire lorsque Prokopiev reçut 2'+2' pour crosse haute après une mêlée devant Sokolov. Mais les Finlandais ne surent pas tirer profit de cet avantage et les dernières tentatives de Tuulola et Timonen connurent le même sort que les précédentes. Malgré vingt tirs sur Sokolov au troisième tiers (!), le score était toujours de 2-2 et on devait donc jouer dix minutes de prolongation.

Une prolongation qui comme souvent se joua surtout en zone neutre avec des Russes qui plaçaient systématiquement quatre joueurs en défense dans l'attente des tirs au but. Sokolov devait tout de même s'employer sur des tentatives de Tuulola et Hagman mais le score en resta là.

Rintanen manquait le premier penalty en tirant au-dessus de la cage. Karpov en revanche convertissait son tir après une série de feintes qui laissèrent Markkanen pantois. Koivisto et Lyashenko rataient tous deux. Sokolov s'interposait devant Pirjetä alors que Kovalenko transformait une deuxième tentative russe. Le tir au but décisif était tiré par Ojanen mais une fois encore Sokolov sauvait les Russes et les qualifiait pour la finale ! Le gardien du Severstal Cherepovets était bien entendu le héros de ce match, comme il fut celui du quart de finale contre les Tchèques. Avec 79 arrêts sur 82 tirs en deux matches, ce gardien de trente ans sort de l'ombre et éclate au grand jour après (déjà) de bons Mondiaux l'an dernier. Mais il ne faut pas oublier non plus l'efficacité des attaquants russes qui ont su concrétiser le peu d'occasions qu'ils avaient (4 buts sur 29 tirs sur l'ensemble des deux matches). Quant aux Finlandais, ils devront une nouvelle fois se contenter des places d'honneur à défaut d'or...

Élus joueurs du match : Dmitri Ryabykin pour la Russie et Tom Koivisto pour la Finlande.

Meilleurs joueurs de la compétition : Markkanen, Niinimää et Hagman pour la Finlande, Sokolov, Ryabykin et Prokopiev pour la Russie.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Boris Mikhailov (entraîneur de la Russie) : "Aujourd'hui nous avons joué notre jeu en essayant de neutraliser la puissante attaque finlandaise. Cela n'a peut-être pas été un jeu passionnant pour vous, mais nous jouons pour le résultat, tant pis pour la méthode."

Andreï Kovalenko (capitaine de la Russie) : "Nous ne pensions pas au résultat final, seulement à ce qu'il fallait faire à chaque seconde : écarter l'adversaire vers la bande, dégager le palet, ne pas les laisser entrer dans la zone. Quand ils étaient en état de faiblesse, le message était simple : en avant, en avant. [...] Nous pensions que si nous arrivions à résister pendant la prolongation, nous aurions de bonnes chances de l'emporter aux tirs au but. Nous avions vu la flamme s'éteindre dans les yeux finlandais. Ils avaient compris qu'ils ne battraient pas Sokolov aujourd'hui. [...] Nous devons jouer en équipe. Un pour tous et tous pour un, comme les mousquetaires"

Hannu Aravirta (entraîneur de la Finlande) : "C'est triste quand vous pouvez gagner seulement en défendant votre propre but. Je ne suis pas sûr qu'une telle stratégie serve l'image du hockey."

Niklas Hagman (attaquant de la Finlande) : "L'arbitrage a été incroyable ici. L'arbitrage est quasiment le même à chaque match. Cela n'a plus d'importance mais lorsqu'on a eu un 5 contre 3, je savais par expérience des autres matches qu'ils feraient la même chose pour eux."

Janne Ojanen (attaquant de la Finlande) : "J'ai essayé de me concentrer sur mon tir mais la chance n'était pas avec nous aujourd'hui. Il y avait de la glace en mauvais état et cela n'avait pas beaucoup de sens d'essayer de faire trop de mouvements"

Kimmo Rintanen (attaquant de la Finlande) : "À chaque match nous avons eu beaucoup de tirs mais de la difficulté à les convertir en buts. La Russie nous a joués finement. Il est difficile de battre ce système. Dites ce que vous voulez sur le fait que c'est la meilleure équipe qui l'emporte mais je n'ai rien à en dire."

 

Russie - Finlande 2-2 (1-1, 1-1, 0-0, 0-0) / 2-0 aux tirs au but
Le 9 mai 2002 à 16h00 au Scandinavium de Göteborg. 9797 spectateurs.
Arbitrage de Scott Hutchinson (CAN) assisté de Marco Coenen (HOL) et Joachim Karlsson (SUE).
Pénalités : Russie 20' (12', 0', 6', 2', 0'), Finlande 12' (4', 4', 2', 2', 0').
Tirs : Russie 11 (3, 4, 3, 1, 0), Finlande 45 (14, 6, 20, 5, 0).

Évolution du score :
0-1 à 04'37" : Karalahti assisté de Helminen et Timonen (sup. num.)
1-1 à 10'19" : Zatonsky assisté de Suchinsky (sup. num.)
1-2 à 20'48" : Hagman assisté de Timonen et Miettinen (sup. num)
2-2 à 29'40" : Afinogenov assisté de Koznev

Tirs aux buts :
Finlande : Rintanen (manqué), Koivisto (manqué), Pirjetä (manqué), Ojanen (manqué).
Russie : Karpov (réussi), Lyachenko (manqué), Kovalenko (réussi).
 

Russie

Attaquants :
Valeri Karpov - Vyacheslav Butsayev - Andrei Kovalenko
Dmitri Zatonsky - Aleksandr Prokopiev - Maksim Sushinsky
Aleksandr Savchenkov - Roman Lyachenko - Maksim Afinogenov
Ivan Tkachenko - Aleksei Koznev - Vladimir Antipov

Défenseurs :
Dmitri Kalinin - Sergei Zhukov
Dmitri Ryabykin - Sergei Gusev
Sergei Vyshedkevich - Aleksandr Yudin
Anton Volchenkov - Aleksandr Guskov

Gardien :
Maksim Sokolov

Remplaçant : Egor Podomatski (G). Absent : Ravil Gusmanov.

Finlande

Attaquants :
Niklas Hagman - Olli Jokinen - Antti Aalto
Kimmo Rintanen - Janne Ojanen - Tomi Kallio
Timo Pärssinen - Niko Kapanen - Antti Miettinen
Vesa Viitakoski - Raimo Helminen - Juha Lind
Lasse Pirjetä

Défenseurs :
Janne Niinimää - Tom Koivisto
Marko Tuulola - Toni Lydman
Kimmo Timonen - Jere Karalahti

Gardien :
Jussi Markkanen

Remplaçant : Fredrik Norrena (G). Absent : Petteri Nummelin.

 

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