Belfast - Rouen (23 novembre 2002)

 

Match comptant pour la deuxième journée du troisième tour de la coupe Continentale 2002/2003.

Arnaud

L'Odyssey Arena est aujourd'hui un magnifique palais des glaces de 7000 places qui se trouve au milieu du quartier portuaire de Belfast. Mais c'est aussi un lieu historique. Avant de devenir un complexe de spectacles sportifs et musicaux, c'était un chantier naval dans lequel, il y a 90 ans, le "Titanic" fut construit. Fallait-il y voir un signe du destin ?

Comme Dave Whistle, le coach des Giants de Belfast, leur avait dit qu'un jour son équipe battrait les meilleures équipes d'Europe. Sans connaissances et références élémentaires, les journalistes britanniques de Belfast ont présenté Rouen, sans doute à cause de la prestigieuse carte de visite européenne du RHC, comme favoris du tournoi... Les Dragons, privés d'Alain Vogin blessé, n'ont pas dû lire la foisonnante presse nord-irlandaise et n'ont pas été au dixième de la hauteur de la réputation usurpée qu'on leur prêtait en Ulster. Evidemment, il leur était permis de perdre mais pas de rendre les armes aussi facilement et aussi tôt dans la rencontre. Si prématurément et si volontiers qu'ils ont semblé partir battus... Un état d'esprit indigne de Dragons ! C'est une équipe sans envie et sans solidarité qui est montée sur la glace. Des joueurs, et non des moindres, semblaient perdus et sans caractère. Jamais trois attaquants ne sont entrés ensemble en zone offensive ! D'autres étaient mal placés, d'autres encore faisaient des passes à l'adversaire ou ne parvenaient même pas à dégager au loin. Finalement, les Rouennais ont uniquement joué avec leurs vrais valeurs sur les infériorités numériques où ils n'ont encaissé qu'un seul but en six jeux spéciaux.

Incontestablement, les Giants étaient plus forts mais le véritable Rouen aurait trouvé à faire plier ces géants. Les joueurs locaux ont usé de leur puissant et rapide patinage, l'alliant à un maniement habille de la rondelle. Ils ont rapidement surpris la défensive française quand Rod Stevens d'une passe magnifique a trouvé Kevin Riehl au second poteau. L'ailier n'a eu qu'à pousser le caoutchouc au fond des filets (1-0 à 3'42). Six minutes plus tard, Sean Selmser justifiait son recrutement de dernière minute (hors délai ?), inscrivant son deuxième but en deux matches, glissant le palet sous Eric Raymond après une passe de l'arrière Robby Sandrock (2-0 à 9'29). Ensuite, le vétéran Rob Stewart, de la bleue, envoyait un projectile féroce et précis dans la lucarne. Le gardien de Rouen n'a même pas bougé, resté en papillon au milieu de son but (3-0 à 15'03). Entre temps, les Rouennais avaient réussi à tuer une infériorité, mais n'ont pas lancé sur la cage adverse en quatre minutes de jeu de puissance !

Au repos, le message de Franck Pajonkowski devait être de ne plus prendre de but et de jouer avec générosité, mais il n'a pas été écouté. Vingt-quatre secondes après la remise en jeu, Kevin Riehl avait frappé pour la deuxième fois. De la "blueline", il envoyait le puck qu'Eric Raymond ne pouvait qu'accompagner dans ses filets (4-0 à 20'24). Ensuite, l'arbitre suisse devait siffler une série de quatre fautes consécutives de part et d'autre qui coupait le rythme explosif donné par les Giants à la rencontre. Les Rouennais, plus unis sur les jeux spéciaux défensifs, résistaient à une première pénalité mais pas à la deuxième du tiers médian. L'assistant-capitaine Colin Ward trouvait seul l'ouverture (5-0 à 31'22). Devant une telle déculottée, les Rouennais perdaient leur plaisir de jouer et le sixième but ne tardait pas. Paul Kruse, le "skilled player" aux 11 saisons de NHL plantait Eric Raymond (6-0 à 37'43).

A la reprise du calvaire, Landry Macrez remplaçait Eric Raymond avec un certain cran et surtout un meilleur rendement. Simon Doreille lui aussi faisait son apparition. Un baptême difficile mais très compréhensif compte tenu du contexte. Rentrer ainsi, c'était un vrai guet-apens pour le junior qui aura pourtant su tirer son épingle du jeu après dix minutes d'adaptation nécessaires pendant lesquelles l'arrière, le "killer" Todd Kelman, jouant devant ses parents venus spécialement de Calgary, expédiait dans la lunette un slap imparable (7-0 à 47'53), avant que la coqueluche de toute l'Odyssey Arena, Paxton Schulte, frappât une rondelle partiellement sauvée par Landry Macrez qui a lentement franchi la ligne de but (8-0 à 50'27).

Les supporters pour se consoler du naufrage des Dragons - risée de tout le Belfast du hockey - iront se consoler au pub autour d'une stout et d'Irlandaises bienvenues. Le lendemain, ils pouvaient lire dans la presse que le match d'hier soir "était une des exécutions les plus fines que les Giants aient produites dans l'arène de l'odyssée." ou que "ceci est une des plus grandes victoires dans l'histoire des Giants". De quoi avaler de travers leurs breakfasts.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Réaction d'après-match :

David Whistle (entraîneur de Belfast) : "Nous nous attendions à gagner ce match contre Rouen mais sûrement pas aussi facilement. Nous avons exceptionnellement joué. Les joueurs se sont tous donnés à 100%, cela a été reflété dans notre défense. Mais nous devons à présent nous tourner vers Linz. Nous savons que l'opposition va être plus difficile. Nous devons marquer les premiers car après nous sommes difficiles à surprendre. J'attends avec impatience ce dernier match. Je sais que les joueurs sont fatigués mais aussi qu'ils peuvent encore obtenir un résultat. Kory Karlander n'a pu jouer ce soir, il fera un essai demain. Mais notre équipe, même privée de Bach, Kuwabara et Karlander, est capable d'aller à la victoire."

 

Belfast - Rouen 8-0 (3-0, 3-0, 2-0).

Samedi 23 novembre 2002 à 19h00 à l'Odyssey Arena de Belfast. 4000 spectateurs environ.

Arbitres : M. Mandioni assisté de MM. Folka et Staniforth.

Pénalités : Belfast 10' (4', 4', 2') ; Rouen 12' (2', 8', 2').

Tirs : Belfast 33 (10, 12, 11) ; Rouen 23 (4, 6, 13).

Supériorités : Belfast 1/6 (17%) ; Rouen 0/5 (0%).

Arrêts : Ryder 23/23 (100%) ; Raymond 16/22 (73%), Macrez 9/11 (82%).

Évolution du score :

1-0 à 03'42" : Riehl assisté de Stevens.

2-0 à 09'29" : Selmser assisté de Sandrock.

3-0 à 15'03" : Stewart assisté de Riehl.

4-0 à 20'24" : Riehl assisté de Sandrock.

5-0 à 31'22" : Ward (sup. num.)

6-0 à 37'43" : Kruse assisté de MacDonald et Bowen.

7-0 à 47'53" : Kelman assisté de Matsos et Schulte.

8-0 à 50'27" : Schulte assisté de Kelman et Kruse.

 

Rouen

Gardien : Eric Raymond (30 ans, 0 sélection, Canadien), remplacé par Landry Macrez (20, -, Fra) à 40'00"/

Défenseurs : Simon Lacroix (27, -, Can/Fra) - Daniel Carlsson (25, -, Suè) ; Allan Carriou (26, 9s, Fra) - François Bourdeau (30, -, Can) ; Nicolas Pousset (23, 10s, Fra) ; puis Simon Doreille (18, -, Fra).

Attaquants : Pierre Allard (30, 26, Can/Fra) - Sami Karjalainen (28, -, Fin) - Eric Doucet (27, -, Can) ; Thibault Geffroy (18, -, Fra) - Arnaud Briand (32, 71s, Fra) - Guillaume Besse (26, 14s, Fra) ; Aram Kevorkian (20, -, Fra) - Damien Raux (17, -, Fra) - Terry Prunier (18, -, Fra).

Absent : Alain Vogin, Nicolas Besch, Jimmy Provencher, David Saint-Pierre (blessés).

Belfast

Gardien : Colin Ryder (28 ans, 0 sélection, Canadien-Britannique).

Défenseurs : Robby Sandrock (24, -, Can) - Lee Sorochan (27, -, Can) ; Shane Johnson (28, 54, Can) - Todd Kelman (27, -, Can) ; Rob Stewart (36, -, Can).

Attaquants : Colin Ward (32, -, Can) - Rod Stevens (28, 62, Can) - Kevin Riehl (assistant, 32, -, Can) ; Sean Selmser (28, 111, Can) - Dave Matsos (29, 46, Can) - Paxton Schulte (30, -, Can) ; Doug MacDonald (33, -, Can) - Paul Kruse (32, -, Can) - Curtis Bowen (28, 77, Can).

Remplaçant : Mark Cavallin (G). Absent : Kory Karlander (blessé au tendon).

 

 

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