Strasbourg - Amiens (18 décembre 2002)

 

Huitièmes de finale de la Coupe de France.

Petite affluence au Wacken pour ce duel très attendu. Déprogrammé dans des conditions pas forcément très claires, ce match aura, dans un premier temps, répondu à beaucoup d'attentes. Du côté alsacien, on rêvait d'une surprise similaire à celle de l'année dernière, quand le (futur) champion de France Elite, Reims, était tombé, de façon pas très glorieuse. Cette fois-ci, Amiens avait pu faire le plein de ses internationaux et courait moins de risques de se faire piéger à son tour.

Œil pour œil

Après des débuts timides, on s'observe, les deux protagonistes placent leurs banderilles, notamment Strasbourg, qui bénéficie de deux largesses amiénoises. Himler est même à deux doigts d'ouvrir la marque quand Mindjimba sort de sa zone et, tout comme sa défense, cherche le palet. Amiens se repositionne, en supériorité, en tirant sur le poteau. Mais revenue à égalité numérique, l'Etoile Noire remonte significativement à l'attaque, avant de manquer de se faire tromper, en supériorité, quand le duo Mortas-Rozenthal effectue un joli une-deux qu'Aikää ne laisse pas conclure.

De nouveau à égalité, les équipes se livrent à de nombreux et rapides contres, mais Amiens prend sensiblement la maîtrise du match et heurte une deuxième fois le poteau sur un slap de Frédéric Brodin. Strasbourg tient insolemment la route et parvient à poser une nouvelle supériorité, le palet circule bien, on cherche à faire parler le missile Flinck, mais Mindjimba tient les locaux en respect.

Dans l'ensemble, Amiens pousse assez haut, ce qui les met à la merci des contres de Schuchewytsch ou Saint-Marc qui attendent très loin de leur zone. La rentrée aux vestiaires est donc bienvenue pour les deux équipes qui se sont déjà bien livrées.

Surprise pas si surprenante

Nous sommes à la fin du deuxième tiers, et le public alsacien, qui est venu doucement participer à la fête, se prend à rêver quand il voit ce tableau de marque annoncer son équipe en avance de deux buts... La première réalisation, assez rapide, vient de Saarinen en supériorité. Après un premier tir repoussé, le Finlandais réarme aussitôt et loge la rondelle entre les jambières du gardien picard. Coup de froid chez les blancs et rouges, qui venaient juste de semer le trouble par le duo Mortas-Rozenthal devant le "Sami" toujours impeccable.

Strasbourg sort encore de sa zone et chahute Amiens, qui répond par un peu trop d'agressivité. Frédéric Brodin part en prison mais c'est toujours le duo Mortas-Rozi qui sème le trouble, en partant en deux contre un. Sur cette action, Aikää, battu, est bien suppléé par un Flinck revenu à toute allure. Puis Kulmala de partir en contre, le face-à-face entre Finlandais est chaud, le Gothique allume l'Alsacien, mais son tir heurte le dessous de la transversale, du moins c'est ce qu'estime l'arbitrage, malgré les protestations de son réalisateur. Pas le temps de discuter, d'ailleurs, qu'Himler part à toute allure en contre et perd son duel face à Mindjimba. La tension est palpable car Amiens commence sérieusement à accélérer, mais Strasbourg résiste héroïquement, et envoie même une deuxième flèche : Hohnadel se prend une boîte, réglementaire, mais n'a pas le temps de se lamenter sur son sort. Un palet adressé par sa défense va bientôt croiser sa route... Il se met debout, récupère du palet, s'échappe face à Mindjimba pour une deuxième réalisation incroyable de... réalisme !

Amiens commence à douter, même si l'accélération est de plus en plus évidente, avec encore un essai, du remuant Brodin (Mikaël, cette fois-ci), ce à quoi Himler répond par un nouveau contre. Si le sens offensif du Slovaque est évident, son sens de la provocation l'est encore plus, et Mindjimba, dont on connaît le sang-froid légendaire, tombe dans le piège, en sanctionnant son équipe par la même occasion. Pourtant, malgré d'évidents signes de fébrilité dus au doute, Amiens essaie plus que de remonter la tête hors de l'eau. Son emprise sur le match est bien réelle, mais Strasbourg s'arc-boute devant son Sami, une nouvelle fois aidé par son poteau sur une salve de Dewolf. Retour aux vestiaires mitigé donc. D'un côté, des locaux qui résistent de plus en plus héroïquement, de l'autre, Amiens qui pousse, qui pousse, mais qui bute sur une mitaine, un poteau, un corps jeté... Une nouvelle bataille s'annonce en dernière période.

De peu...

Les locaux se lancent d'ailleurs en premier dans la lutte, mieux vaut tirer les premiers, un troisième but pourrait sûrement achever toute velléité picarde. Saint-Marc ou Medeiros jouent des coudes pour semer le doute, mais Amiens reprend significativement le match en mains. Pourtant, on note chez eux une tendance à vouloir partir seul à la charge, ce qui n'est pas bon signe quant à leur lucidité : Perez, Bachet, Rozenthal, Gras vont de nouveau buter sur Aikää, décidément de plus en plus écœurant. Les esprits ne se calment pas non plus, les charges restent appuyées, et Amiens devient de plus en plus fébrile à ce sujet. Qu'importe, il faut pousser, on s'installe bien dans la zone strasbourgeoise, le palet circule et une énième slave de Dewolf est repoussée par Aikää qui ne peut revenir assez vite pour capter le rebond exploité par Kulmala.

Aussitôt après ce but, Amiens repart à l'assaut du gardien finlandais et Coulombeix est sanctionné pour un coude trop "généreux". Une tentative d'égalisation de Berqvist, bien déviée par Perez, est refusée pour un stationnement illicite du "Pépé" dans la zone d'Aikää... Ce n'est que repousser l'échéance. Mortas fait circuler pour Dewolf, puis pour Rozenthal qui ressert aussitôt Dewolf pour le tir victorieux. L'égalisation rassure sensiblement le banc amiénois. Il reste encore huit minutes pour inscrire un troisième but, et le déluge sur Aikää va continuer, avec des essais bien amenés par Gras, Mortas ou Kulmala, déchaînés. Strasbourg est acculé dans sa zone, et tente tout ce qui peut stopper les assauts visiteurs : Aikää se couche sur cet essai de Paillet, Flinck est à gauche, à droite, devant, derrière, à gratter tout ce qui ressemble à du plastique noir, Hohnadel s'agrippe à tout ce qu'il peut, la fin du match est éprouvante, surtout que Dumuis est sanctionné pour charge incorrecte. Il reste trois minutes à jouer, mais Amiens gâche sa supériorité par une obstruction de Bachet. Petits doutes aussi chez Amiens, qui sait qu'un but strasbourgeois, maintenant, sera impossible à remonter, face à un adversaire qui s'accroche à tout. Derniers essais tout de même pour Rozenthal et Chauvel, avant que l'arbitre ne siffle le fin du temps réglementaire.

Maintenant, les deux protagonistes ont leur chance. La partie continuera à quatre contre quatre. Pas longtemps d'ailleurs... Deux salves de Mortas, le palet redescend vers la partie médiane, mais Brice Chauvel récupère, part le long de la bande, résiste au marquage de son adversaire, et centre pour Mortas qui reprend aussitôt en pleine lucarne. La bande à Richer se congratule, assez "pudiquement" d'ailleurs, alors qu'une nuée de noirs et jaunes va féliciter son gardien, malgré une déception légitime.

Bilan

Amiens aura eu quand même une partie difficile à jouer. Leur supériorité fut pourtant évidente. Des actions de jeu rapides, de belles envolées collectives, un pressing progressivement étouffant, mais quelques signes de fébrilité, notamment en début de match, avec des placements défensifs pas toujours très concluants. L'honneur est sauf, surtout que l'effectif était au complet, et donc qu'on ne pouvait se prémunir de l'excuse d'une équipe partielle. Énorme match de Mortas, distribuant un nombre ahurissant d'excellents palets, de Bachet, omniprésent à tous les étages de jeu, et bonne fin de match de Kulmala et Gras.

Pour Strasbourg, le rêve aura duré une moitié de match, le temps d'arriver à leurs deux buts d'avance. Le temps de montrer au Wacken qu'ils pouvaient tenir la route malgré l'absence d'Allison, Kyte et Sevcik (pas les moindres quand même)... Un excellent premier tiers, deux buts comme pour mieux prouver leur valeur, avant de se recroqueviller vaillamment pour tenir ce résultat, pendant la seconde moitié de match. Enormément de courage, de cœur quand il s'agissait de mettre une boite dans les coins (on aura rarement l'occasion de voir Damien Mehl mettre en échec, avec chance il est vrai, deux adversaires en même temps). Superbe partie de Flinck, au four et au moulin, l'un des seuls qu'Amiens ne passait pas avec... Sami Aïkaa, "the" gardien hier soir (et quatre poteaux pour le suppléer !).

Compte-rendu signé Sébastien Rault

 

Commentaire d'après-match (dans les DNA)

Daniel Bourdages (entraîneur de Strasbourg) : "On n'avait pas le choix, il fallait mettre de l'intensité dès le début de match. On ne pouvait pas se permettre de les laisser jouer. Ils se sont mis à douter. Ils espéraient un festival de buts, et ils étaient menés au score. Ce soir, on a défendu collectivement, on a vu tout le monde revenir dans la zone. Et notre gardien a fait un gros match. On a un peu baissé de rythme à la fin, c'est le premier match que l'on doit jouer avec trois lignes seulement, et c'est dur d'avoir ` subir ça face à Amiens. Les gars sont tristes car ils ont perdu leur premier match de l'année. Mais c'est formidable ce qu'ils ont fait ! C'est énorme pour leur confiance : ils ont prouvé qu'ils étaient capables de tenir tecirc;te à n'importe qui."

 

Strasbourg - Amiens 2-3 a.p. (0-0, 2-0, 0-2, 1-0)

Mercredi 18 décembre 2002 à 20h00 à la patinoire du Wacken. 1000 spectateurs.

Arbitrage de M. Durand assisté de MM. Bataillie et Magnier.

Pénalités : Strasbourg 12' (2' surnombre, 2' Saarinen / 2' retard de jeu, 2' Dumuis / 2' Coulombeix, 2' Dumuis / 0') ; Amiens 16' (2' M. Brodin, 2' Mazzone, 2' L. Chauvel / 2' F. Brodin, 2' M. Brodin, 2' Mindjimba / 2' Gras, 2' Bachet / 0')

Tirs : Strasbourg 25 (12, 10, 3, 0) ; Amiens 50 (14, 15, 18, 3).

Évolution du score :

1-0 à 21'03" : Saarinen assisté de Himler (sup. num.)

2-0 à 30'14" : Hohnadel assisté de Schuchewytsch

2-1 à 50'36" : Kulmala assisté de Dewolf

2-2 à 52'21" : Dewolf assisté de Rozenthal (sup. num.)

2-3 à 60'40" : Mortas assisté de B. Chauvel et Dewolf

 

Strasbourg

Gardien : Sami Aïkää.

Défenseurs : Jouni Saarinen - Sébastien Lesur ; Thibault Dumuis - François Besseyre ; Damien Brau-Arnauty.

Attaquants : Peter Himler - Tommy Flinck (A) - Mathieu Saint-Marc ; Maxime Schuchewytsh - Stéphane Hohnadel (C) - Eric Medeiros ; Damien Mehl - Pierre-Hervé Coulombeix - Fabrice Aye ; Thomas Frand, Grégoire Mehl.

Remplaçant : Antoine Intsaby (G). Absents : Jeremy Kyte, Daniel Sevcik, Josh Allison (blessé), Olivier Escuder, Gabriel Cadoret.

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Karl Dewolf - Vincent Bachet ; Fredrik Berqvist - Frédéric Brodin ; Denis Perez - Arnaud Mazzone.

Attaquants : Arto Kulmala - Laurent Gras - Brice Chauvel ; François Rozenthal - Anthony Mortas (A) - Mikaël Brodin ; Benoît Paillet - Luc Chauvel (C) - Julian Marcos (A).

Remplaçants : Didier Drif (G), n°4 (Hennebert ?) .

 

 

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