Villard-de-Lans - Grenoble (25 janvier 2003)

 

Match comptant pour la cinquième journée de la poule Magnus du Super 16.

Et revoilà le fameux derby de l'Isère : le troisième chapitre s'écrivait ce soir et Grenoble remettait en jeu sa suprématie régionale après s'être imposé lors des deux matches de la première phase (sur le même score de 4-2). Pourtant les Ours n'ont jamais semblé en aussi bonne position pour gagner le derby que ce soir : la prestation convaincante face à Amiens et surtout la victoire face à Brest ont rassuré les Villardiens sur leurs moyens et leur capacité à tenir le choc face aux puissances du Nord. Dès lors, Grenoble ne semble pas un obstacle insurmontable. D'autant que les Brûleurs de Loups viennent d'enchaîner les mauvaises performances (quatre défaites consécutives dont deux en prolongation) et la crise semble couver entre entraîneur, dirigeants et joueurs. Heureusement les retours de Podlaha et Deschaume renforcent considérablement l'attaque.

Le match partait sur un rythme très rapide, le palet allant d'une cage à l'autre et les gardiens étaient mis à contribution d'entrée. Le nombreux public (derby oblige !) pouvait s'enthousiasmer devant le jeu produit. La partie était équilibrée jusqu'à cette incursion de Shevelev (promu sur la première ligne) côté droit dont le tir instantané trouvait la lucarne opposée des buts de Favarin. Un joli but presque marqué contre le cours de jeu car les Ours venaient de se montrer menaçants à plusieurs reprises par leur duo Millar-Metro. Et comme lors des deux premiers derbys, les Villardiens étaient menés au score. Grenoble profita de cette ouverture du score pour laisser venir les leurs hôtes d'autant qu'ils durent faire le dos rond pendant deux minutes d'infériorité dont ils se sortaient sans dommage. Quelques minutes plus tard Vuoti débordait du même côté que Shevelev et avec la même réussite que son coéquipier trompait Favarin cette fois d'un tir en finesse entre les jambes. Murphy sentant son gardien pas vraiment dans le match prit le parti de le remplacer après seulement douze minutes par Nicolas Nogaretto. Le signe du réveil pour une équipe pas bien en place défensivement et qui comme à chaque fois face à Grenoble était en train de rater son début de match. Heureusement pour les Ours, les prisons grenobloises allait les remettre dans la partie : les deux frères Bachelet étaient envoyés coup sur coup en prison et Villard se trouvait dans un situation intéressante à cinq contre trois. Rolland avait beau se démener, deux joueurs villardiens étaient forcément libres sur chaque action et c'est ainsi que Millar se trouvait tout seul pour reprendre un rebond consécutif à un tir de Martin Roh. Un but synonyme de bouffée d'oxygène pour une équipe qui stoppait ainsi l'hémorragie. Avec un score de 2-1 à la fin du premier tiers tout restait encore possible.

Malheureusement pour les locaux les choses allaient vite se dégrader après dix premières minutes cauchemardesques : Vuoti tout d'abord, décidément en forme, exploitait tout comme Millar l'avait fait auparavant, une situation de double supériorité numérique. Sur un bon service de Saarinen, il adressait une reprise de volée hors de portée de Nogaretto. À 1-3 les choses se compliquaient pour Villard d'autant qu'une supériorité numérique qui aurait pu leur permettre de revenir leur fut fatale : Vuoti récupérait le palet et lançait Benoît Bachelet qui attendait intelligemment son coéquipier pour le servir sur un plateau. Vuoti marquait en finesse son troisième but de la soirée : voilà une belle réaction pour un joueur dont le rendement avait été jugé par beaucoup insuffisant depuis le début du Top 8. À 4-1, le handicap devenait lourd pour Villard. L'intensité était montée d'un cran depuis quelques minutes à l'image de De Murcia et Favarin qui se frictionnaient derrière la cage de Nogaretto. Agnel jouait son rôle d'agitateur et les Villardiens perdaient leur concentration. Pendant que Rolland arrêtait toutes les velléités villardiennes, les Brûleurs de Loups continuaient à se montrer efficaces : Podlaha y allait à son tour de son petit but en signant d'un joli revers le 5-1 qui enterrait quasi définitivement les espoirs villardiens. Le reste du deuxième tiers ne fut qu'une succession de mauvais coups et de pénalités de part et d'autre avec en point d'orgue la bagarre en règle entre Gachet et Pereira à l'issue de laquelle chaque protagoniste allait écoper de dix minutes de méconduite pour se calmer. C'est sous ce climat très tendu que s'achevait le deuxième tiers remporté par les Brûleurs 3-0.

À 5-1, on ne voyait plus tellement ce qui pouvait se passer encore dans ce match. Grenoble contrôlait tranquillement le match et les Villardiens faisaient ce qu'ils pouvaient pour faire enfin bonne figure. Et s'ils dominèrent les débats au troisième tiers, c'est principalement à cause des nombreuses pénalités (quatre en tout dans le tiers) infligées aux Grenoblois. Villard était totalement inefficace en jeu de puissance, incapable de tromper la vigilance d'une défense grenobloise qui pliait mais ne rompait pas. Shevelev eut même l'occasion d'inscrire son deuxième but de la soirée sur un pénalty accordé suite à une faute sur Benoît Bachelet parti seul en contre. Mais il manquait sa tentative buttant sur un Nogaretto inspiré. Qu'à cela ne tienne, le capitaine grenoblois remettait ça et cette fois allait jusqu'au bout de son action pour loger le palet sous la barre (6-1). Dans la foulée, Sinkkonen ramenait l'écart à quatre buts rendant l'addition un peu moins salée pour des Ours qui s'inclinaient sans qu'il y ait eu vraiment photo.

Grenoble remporte donc son troisième derby cette année et fournit un des ses meilleurs matches de la saison au moment le club semblait glisser vers la crise... Un tremplin idéal pour la suite des événements avec notamment deux rencontres capitales dans la lutte pour le quatrième place (désormais de nouveau d'actualité !) à Brest et face à Anglet. Quant aux Villardiens, ils commencent à être victimes du syndrome grenoblois. Brillants et volontaires face à Amiens et Brest ils passent une nouvelle fois à côté du derby en montrant des lacunes défensives inquiétantes. Il faudra se ressaisir rapidement du côté du Vercors sous peine d'abandonner toute ambition pour la fin de saison.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après match (sur France Bleu Isère et dans le DL) :

Denis Murphy (entraîneur de Villard) : "Grenoble, j'ai trouvé qu'ils avaient plus envie que nous ce soir. Je crois que tout le monde l'a vu. Il faut qu'on remette les choses en place et qu'on retrouve l'envie. Avec l'équipe qu'on a, on n'a pas de vedettes et c'est simplement le travail qui fait la différence, donc si on ne travaille pas plus que l'équipe adverse, c'est sûr qu'on ne va pas gagner des matches. Quand les occasions sont arrivées, on n'arrivait pas à les mettre au fond. Ici, tous les gars veulent distribuer et jouer ensemble, c'est très bien, mais il y a des moments devant les cages où il faut frapper vite pour que le gardien en mouvement ne soit pas prêt pour le tir. Eux ne se gênent pas, ils balancent, et ça part vite et pas mal placé. Et puis on a pris des prisons qu'on devait pas prendre... 3 contre 5 ! On est mené 3-1, il faut qu'on revienne dans le match et on prend deux prisons, c'est là qu'ils mettent le quatrième."

Nicolas Nogaretto (gardien de Villard) : "J'ai fait de mon mieux, j'ai essayé de limiter la casse mais ils ont beaucoup tourné, beaucoup shooté. J'ai fait mon possible pour les arrêter. C'est toujours difficile de rentrer dans un match, on a toujours un peu d'appréhension. Après deux, trois tirs, c'est bon. Grenoble, c'est mon ancien club, et j'avais quand même un petit stress. La différence entre les deux équipes, c'est la lucidité."

Jean-Marc Girard (défenseur de Villard) : "D'après ce qu'on a entendu de leurs matches précédents, on n'a pas vu la même équipe de Grenoble qu'on nous présentait. On les a trouvés solidaires, plus que nous en tout cas, et ça a largement suffi pour nous battre. Le score ne reflète pas forcément la physionomie mais ils ont eu plus de réussite. La victoire leur revient largement."

Stéphane Gachet (défenseur de Grenoble) : "On a bien bossé, tous ensemble. On s'est rassuré en fournissant une grosse réaction, après avoir mis les choses au clair entre nous cette semaine. Ce n'était pas un problème individuel de tel ou tel joueur mais un souci collectif. Notre performance à Rouen n'était pas révélatrice, il a fallu se recentrer sur la base. Il faut garder cette attitude pour la suite."

Jean-Luc Blache (président de Grenoble) : "J'avais et j'ai toujours confiance en mon groupe, dans son ensemble. Nous n'étions pas si bas avant la rencontre, nous ne sommes pas si haut aujourd'hui, gardons la mesure. Prenons les matches par étape, mêmes si les positions ne sont pas simples. Nous (dirigeants) allons nous donner les moyens d'être plus présents dans la vie de l'équipe. Il y a un besoin manifeste exprimé par tout le club d'une mobilisation plus importante. Ce qui m'importe aujourd'hui, plus que le classement, c'est que chacun, à sa place, donne son maximum."

 

Villard-de-Lans - Grenoble 2-6 (1-2, 0-3, 1-1)

Samedi 25 janvier 2003 à 20h00 à la patinoire André-Ravix de Villard-de-Lans. 1500 spectateurs.

Arbitrage de M. Durand

Pénalités : Villard 43', Grenoble 36'. 

Évolution du score :

0-1 à 08'38" : Shevelev assisté de S. Bachelet

0-2 à 12'51" : Vuoti assisté de Saarinen

1-2 à 16'07" : Millar assisté de Roh et Hitze (sup. num.)

1-3 à 24'14" : Vuoti assisté de Saarinen et B. Bachelet (sup. num.)

1-4 à 28'46" : Vuoti assisté de B. Bachelet (inf. num.)

1-5 à 31'19" : Podlaha assisté de Saarinen

1-6 à 55'29" : B. Bachelet

2-6 à 56'15" : Sinkkonen assisté de Bourgey

 

Villard-de-Lans

Gardien : Pascal Favarin (puis Nicolas Nogaretto à 12'51").

Défenseurs : Martin Roh - Jean-François Piché ; Nicolas Favarin - Jean-Marc Girard (C) ; Christopher Lepers - Mathieu Guidoux ; Rémi Enselme.

Attaquants : Rich Metro - Rob Millar - Antti Karhula ; Janne Sinkkonen - Tomi-Pekka Kolu - Pierre Bourgey ; Franck Billieras - Alexandre Goncalves - Yves Cruz ; David Pereira - Pierre Carabalona.

Absents : James Cruz, Christophe Negro (blessés).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Simon Bachelet - Stéphane Gachet ; Jean-François Bonnard - Jesse Saarinen ; Christian Élian - Roland Fougère.

Attaquants : Andrei Shevelev - Franck Guillemard - Josef Podlaha ; Arto Vuoti - Benjamin Agnel - Benoit Bachelet (C) ; Marc Billieras - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Arnaud Goetz (G), Cyril Papa, Romain Bachelet, Martin Millerioux. Absents : Nicolas Antonoff et Christophe Tartari (blessés).

 

 

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