Mulhouse - Rouen (15 mars 2003)

 

Match comptant pour la treizième journée de la poule Magnus du championnat de France 2002/2003 (Super 16).

Le match au sommet entre les deux principaux protagonistes de ce championnat. Bien qu'elles soient qualifiées pour les demi-finales, les deux équipes ont besoin de points pour remonter un peu à la surface après une période assez floue et des défaites. Ne serait-ce, aussi, que pour déterminer leur place finale au classement, afin de mieux envisager la suite. Ce soir, Rouen peut rester, une fois pour toutes, premier, tandis que Mulhouse, en cas de défaite, risque de rétrograder au troisième rang. Dernière nouvelle, de taille : Rouen enregistre le retour de "Yaume" Besse, le buteur maison, un atout de poids, face à une équipe mulhousienne encore privée d'atouts majeurs en attaque. L'Illberg est plein à craquer, le spectacle peut commencer.

À fond

Le premier tiers est de toute beauté, commencé promptement par les artilleurs locaux, et notamment Aimonetto qui chauffe la mitaine de Raymond. Rouen met un peu de temps à prendre les choses en main, mais quelle prise de commandement : dureté sanctionnée d'Ollila, on installe le jeu de puissance, le palet circule comme à l'entraînement, Vogin décentre pour Briand, démarqué sur la gauche de Lhenry pour un bref dépoussiérage de la lucarne locale.

Puis la première ligne normande accélère, Saint-Pierre sert Allard, et le rebond est pour Saint-Pierre... ça chauffe devant la cage locale, à tous les points de vue. Encore une poussée, avec un Saint-Pierre qui virevolte, passe en arrière, essai repoussé mais le rebond hasardeux est exploité de près par Lacroix. À ce moment de la partie, on ne donne pas cher des Scorpions, acculés devant la force de frappe des Dragons. Encore un essai turbo de Kevorkian en retrait pour Briand, mais Lhenry capte de la mitaine.

Les Mulhousiens ont un petit répit et recommencent à monter, notamment sur un essai de Larroque illicitement stoppé alors qu'il partait seul. Monsieur Bachelet joint et lève ses deux bras : tir de pénalité, validé par le "top-scorer" Aimonetto. Le but a le mérite de relancer les locaux, même si leur méthode, plus individuelle, éprouve des difficultés à s'imposer. Jusqu'à cette jolie remontée collective : Michou, sur la droite, entre en zone, donne pour Chassard à l'opposé, qui centre pour Larsson devant la cage. L'essai est repoussé mais Chassard en embuscade renvoie victorieusement au fond des filets. Ouf, on respire, Mulhouse, avec les tripes, vient de se relancer, Rouen apparaît moins conquérant, même si le jeu est toujours très agréable à regarder, entre défi physique et contres turbo de part et d'autre.

Plus crispé

La deuxième période est relativement plus calme. Pourtant, les acteurs viennent tout juste de remonter sur la glace que Carlsson envoie un centre micrométré pour Capitaine Doucet qui rate son contrôle face à Lhenry. Le début du tiers se joue alternativement en supériorité, d'abord pour Rouen puis pour Mulhouse. Les Scorpions peinent à s'installer et voient Besse partir inquiéter le portier local par deux fois. Enfin, le jeu de puissance alsacien s'installe, Raymond utilise alors tout ce qu'il peut pour repousser les assauts adverses, y compris son casque... Quelques moments de récupération sont les bienvenus avant de subir de nouveau des essais d'Aimonetto ou d'Ollila. L'alerte est chaude, le palet est insaisissable, passe sous une, puis deux, paires de patins, malheureusement aucune crosse mulhousienne ne récupère la rondelle.

On arrive à la mi-match, la partie s'équilibre. Rouen marque alors, de nouveau en supériorité, encore sur un excellent travail collectif, avec de nouveau Briand laissé seul. Les Rouennais repoussent les Alsaciens dans leur zone. Mais la partie a perdu en intensité, les deux équipes sont moins précises, il est temps de souffler un peu.

Rideau

Forts de leur avantage, les Rouennais ont alors tendance à empêcher les locaux de rentrer dans leur zone. Le jeu est long à se mettre en route, et on note peu de tirs cadrés dans les dix premières minutes, juste une échappée de Kevorkian à laquelle Mulhouse ne peut répondre. Les Scorpions, pressés assez haut, se retrouvent souvent seuls en contre, et se font "bouffer" en entrée de zone rouennaise, même en supériorité, hormis cette alerte de Michou.

Avertissement pour Mulhouse, Prunet écope d'une pénalité pour un monumental cinglage sur Provencher. Lhenry repousse, à défaut d'arrêter, l'artillerie à cinq attaquants de Rouen (Saint-Pierre, Doucet, Besse, Vogin et Briand). Wikström ne peut qu'utiliser, à son tour, des moyens illicites pour ralentir la progression normande. À cinq contre trois, les espaces sont plus importants, et une nouvelle fois, "Nono" Briand se retrouve décentré sur la gauche de Lhenry pour sa troisième réalisation de la soirée.

La réaction mulhousienne est saine, c'est la révolte. Malgré de récurrentes difficultés à franchir collectivement le rideau rouennais, Chassard, Bringuet, Lindgren ou Aimonetto essaient de s'imposer, tout comme cette remontée de Capitaine Jukka, mais Raymond ferme bien son angle.

Il reste une poignée de secondes, Carriou part en prison pour une charge dans le dos, Lhenry est sorti de ses cages, mais Rouen récupère, Carlsson envoie loin, loin... 5-2 ? Non, le palet rate sa cible, Karjalainen part lui aussi en prison, il reste environ vingt secondes, ça cafouille devant Raymond, avant que Michou n'envoie une troisième rondelle dans les filets... pour l'honneur.

Commencée à fond la caisse, la partie a perdu progressivement en intensité. Ce fut quand même un beau match des deux adversaires, qui n'ont pas évolué de la même manière

Rouen, au complet, a fait étalage de trois lignes bien inspirées. Jeu rapide, défi physique incessant, collectif offensif diabolique, notamment de la première ligne, gardien convaincant, il n'y a pas grand-chose à leur reprocher, sinon, peut-être, une relative inconstance dans la prise en main du jeu et des petits moments de relâchement.

Mulhouse, de son côté, n'a pas à rougir de cette défaite. L'ambition affichée d'Arnaud Vaillant, qui dirige son dernier match avant le retour de Christer Eriksson parti aux championnats du monde féminins avec l'équipe de France, était de retrouver des bases, avec un collectif mis à mal par les blessures depuis quelques temps. Mission relativement réussie. En fait, les Scorpions ont surtout peiné physiquement. Pressés assez hauts par les Rouennais, ils étaient souvent obligés de partir seuls, avant de se faire refouler en entrée de zone. Il y a peut-être eu aussi un manque flagrant de joueurs au centre, devant Raymond.

S'il est une preuve en tout cas que Rouen craignait ce Mulhouse amoindri, c'est le rideau défensif des Dragons, à 2-3, qui ont évolué un peu moins hardiment en attaque.

En tout cas, les Alsaciens se sont vidés les tripes, et même plus, avec des boîtes bien senties, des attaques turbo, des Chassard, Ollila, Croz, Bringuet, Brincko avec un cœur gros comme ça, devant comme derrière... La rentrée prochaine d'un ou deux attaquants (on parle de Faith, voire de Bilbao) fera du bien.

Récompensés à la fin du match : Arnaud Briand pour Rouen et Richard Aimonetto pour Mulhouse.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaires d'après-match (dans L'Alsace, le PN et les DNA)

Arnaud Vaillant (entraîneur de Mulhouse en l'absence d'Eriksson) : "Ça fait un bon bout de temps que Mulhouse n'avait pas joué comme ça. Nous avons commis moins d'erreurs techniques et tactiques et nous étions plus disciplinés. C'est ce que l'on voulait absolument retrouver ce week-end. Contrairement au match aller où c'était un peu du hourra hockey, la rencontre fut bien plus sérieuse. Les deux équipes ont limité les prises de risques. C'était un avant-goût des play-offs."

Richard Aimonetto (attaquant de Mulhouse) : "Le but du jeu est désormais de ne pas terminer à la quatrième place. Il faudrait éviter Rouen lors des demi-finales car on a pu voir que cette formation était vraiment redoutable. Pour moi, il est clair que Grenoble et Amiens sont des équipes évoluant légèrement en dessous. Nous avons payé le tarif d'une équipe qui marque sept fois sur dix en jeu de puissance. Il va bien falloir que l'on travaille ces situations d'infériorité. En play-offs, ces faiblesses ne pardonnent pas, il faut que tout soit parfaitement rôdé. Il faudra prendre l'exemple de Rouen qui combinait très bien chaque mouvement."

Arnaud Briand (attaquant de Rouen) : "J'avais observé Fabrice à l'échauffement. Il a un peu tendance à s'abaisser sur ses appuis, j'ai sorti mon spécial, un tir qui monte soudainement grâce à un dernier petit coup de poignet. Quand je l'ai, je peux le faire les yeux fermés. [Au sujet des incidents entre les Ultras et Allan Carriou, qui a donné un coup de crosse dans le plexiglas après avoir été visé par du papier toilette :] Le club des supporters doit canaliser ses troupes. Il ne faut pas qu'un ou deux énergumènes puissent agir de la sorte. il faudra absolument que ce problème soit réglé pour les play-offs. Il n'y aucun endroit où cela se passe comme cela. La réaction de Carriou est explicable : il s'est senti menacé."

Claude Bauer (président de Mulhouse) : "Après le match, je suis allé voir les supporteurs. Leurs chansons, c'est bien. Mais qu'ils arrêtent le PQ. Ils sont comme les joueurs : qu'ils arrêtent de tomber dans la provocation et se tiennent à carreaux. Que les supporteurs acceptent que les joueurs jouent aussi leur show, en tapant sur le plexiglas ou autre... Il faut savoir se retenir. Un jour, on aura match perdu et tout gagné. J'ai prévenu les Ultras. J'irai les revoir avant chaque match : ils seront provoqués. Samedi, c'était fête, la patinoire était pleine. J'étais fâché."

 

Mulhouse - Rouen 3-4 (2-2, 0-1, 1-1)

Samedi 15 mars 2003 à 17h40 à la patinoire de l'Illberg. 1513 spectateurs.

Arbitrage de M. Bachelet assisté de MM. Hauchart et Bataillie.

Pénalités : Mulhouse 14' (4', 6', 4'), Rouen 22' (4', 2', 6'+10').

Tirs : Mulhouse 36 (18, 12, 6), Rouen 33 (13, 11, 9).

Évolution du score :

0-1 à 05'29" : Briand assisté de Vogin et Carriou (sup. num.)

0-2 à 07'04" : Saint-Pierre assisté de Lacroix et Doucet

1-2 à 09'45" : Aimonetto (tir de pénalité)

2-2 à 13'07" : Chassard assisté de Larsson

2-3 à 30'38" : Briand assisté de Vogin et Karjalainen (sup. num.)

2-4 à 53'31" : Briand assisté de Besse (double sup. num.)

3-4 à 59'58" : Michou assisté de Lindgren (double sup. num.)

 

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Jukka Ollila (C) ; Anders Strandberg - Tobias Ablad ; Dusan Brincko - John Wikström.

Attaquants : Thomas Bergamelli - Richard Aimonetto (A) - Johan Lindgren ; Guillaume Chassard - Shin Yahata-Larsson - Steve Michou ; Vincent Bringuet - Étienne Croz - Jean-Michel Larroque.

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Francis Ballet. Absents : Olivier Coqueux (clavicule, saison terminée), Miikka Ruokonen (saison terminée), Lionel Bilbao (déchirure ligamentaire à la hanche), Juraj Faith (élongation aux adducteurs, retour prochain), Jérôme Catil.

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Daniel Carlsson - Simon Lacroix ; Allan Carriou - Nicolas Besch ; Simon Doreille - Nicolas Pousset.

Attaquants : Pierre Allard (puis Besse) - David Saint-Pierre - Eric Doucet (C) ; Guillaume Besse (A) (puis Allard) - Sami Karjalainen - Jimmy Provencher ; Aram Kevorkian - Arnaud Briand (A) - Alain Vogin.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Thibault Geffroy.

 

 

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