Villard-de-Lans - Anglet (18 mars 2003)

 

Finale de la Coupe de France 2003.

Cette finale constitue le premier grand évènement de la saison du hockey sur glace. Toutes les conditions sont réunies. Les deux équipes qualifiées sont des outsiders, elles savent d'ores et déjà qu'elles ne pourront pas se qualifier pour les demi-finales du championnat, et elles jouent ce soir leur match de l'année. Annecy, qui accueille la finale, présente en même temps officiellement sa candidature pour organiser les Jeux Olympiques d'hiver de 2014. Et bien sûr, c'est le retour du hockey sur glace à la télévision, devant les caméras de Sport+.

Dennis Murphy surprend en plaçant dans le cinq de départ non pas son trio d'étrangers Metro-Millar-Karhula, mais la ligne Billieras-Goncalves-Bourgey. Faut-il y voir un désir d'éviter le bloc Solaux-Garbocz-Dostal, dont on connaît l'importance pour Anglet, afin de placer la ligne de Millar face à la deuxième ligne angloye ? En tout cas, il faut se méfier des valeurs préconçues. Car Billieras & co malmèneront leurs vis-à-vis, au moins pendant le premier quart d'heure, période pendant laquelle les actions basques viendront surtout de la deuxième ligne emmenée par Daramy.

Dernière remarque au passage : Villard-de-Lans joue à quatre lignes, et ce dès le début de match, on connaît des "gros" qui ne peuvent pas en dire autant.

La première combinaison est villardienne avec Billieras à la conclusion qui échoue sur Filiatraut après trente secondes de jeu, puis Anglet réagit par Raphaël Larrieu qui tire juste à côté (1'23"). Une passe manquée en zone défensive de Filippin offre le palet à Sinkkonen, mais Grégory Dubois se couche pour bloquer le tir. Yves Cruz prend la première pénalité pour avoir fait trébucher Daramy (4'56"). La supériorité numérique entraîne deux lancers de la bleue de Mille et une déviation hors cadre de Lassalle. La pénalité angloye contre Larrieu, qui accroche Lepers (14'40"), aboutit pour sa part à un dangereux déboulé de Goncalves.

Le jeu est toujours équilibré. Le compteur des prisons penche à nouveau quand Karhula accroche Michal Garbocz qui avait bien percé la défense villardienne, mais cette pénalité est sans effet. La dernière action est donc pour Rich Metro qui repique devant le but au lieu de repasser derrière la cage, mais Filiatrault avait bouché l'angle. Ce premier tiers-temps, même s'il a été vierge de buts, a été rapide, intense et riche en occasions. Du beau spectacle pour la promotion du hockey. Côté tribunes, si les supporters villardiens sont les plus nombreux, ce sont les Basques qui sont les plus bruyants.

C'est en début de deuxième période que l'on assiste pour la première fois à quelques minutes de franche domination d'une équipe, en l'occurrence Anglet. La conséquence en est un tir croisé de Xavier Daramy qui heurte le poteau (27'42"). Villard réagit dans la minute qui suit, Carabalona centre pour Negro, seul face à Filiatrault. Mais le gardien québécois ne se laisse pas démonter par la feinte du capitaine villardien et pose le bouclier là où il faut pour arrêter l'action.

Les offensives de Villard sont toujours tranchantes, comme ce raid de Franck Billieras fauché par un plongeon de Wiart alors qu'il armait son tir. Le tir de pénalité aurait été possible, mais ce sera deux minutes d'avantage numérique, ponctuées par un lancer de Lepers dévié par Sinkkonen.

Trente-cinq minutes et toujours pas de but. Mais ça ne saurait tarder... Pereira relance l'action de derrière sa cage, mais il se fait intercepter le palet par Olivier Courally, qui décale David Dostal, dans son élan depuis le banc, qui décoche un missile dans la lucarne (0-1 à 35'03"). Malgré une occasion pour Xavier Lasalle en supériorité numérique côté angloy et pour Franck Billieras dans les dernières secondes, côté villardien, le deuxième tiers-temps s'achève avec un avantage pour l'Hormadi.

Jean-Ian Filiatrault effectue plusieurs bons arrêts au troisième tiers-temps, mais les attaquants villardiens rôdent de plus en plus autour de lui. Finalement, une remise en retrait de Karhula permet à Metro d'égaliser de près (1-1 à 47'13"). Alors que Negro est en prison pour crosse haute, Billieras est sonné par une violente charge dans le dos de Solaux, qui écope logiquement de 2'+10'. Une fois à cinq contre quatre, Villard saisit sa chance : Filiatraut effectue un arrêt de l'épaule sur le lancer de la bleue de Julien Hitze, le palet rebondit deux fois sur la glace avec une trajectoire qui surprend les défenseurs, et Karhula surgit à toute berzingue pour l'envoyer au fond (1-2 à 50'41").

Jean-Christophe Filippin est accroché alors qu'il s'approche du but villardien, et plonge pour que tout le monde voie bien la faute. Le jeu de puissance est immédiatement transformé par David Dostal, d'une percée conclue par un puissant tir en lucarne (2-2 à 53'01"). Deux superbes tirs de Dostal auront fait mouche ce soir.

On en vient par conséquent à la prolongation, qui se joue pendant dix minutes à quatre contre quatre, selon le règlement propre à la Coupe de France. Les deux équipes savent à quoi s'en tenir, Villard en a fait l'expérience en quart de finale et Anglet en demi-finale. Il y a des actions de part et d'autre, par Daramy qui prend son propre rebond ou par Billieras qui tente de glisser le palet dans un angle toujours très bien fermé par Filiatrault.

Mais le fait saillant de la prolongation est ce débordement sur la droite de Sinkkonen qui centre au second poteau pour une reprise dans les filets... Certains Villardiens sont déjà montés sur la glace pour célébrer leur titre, mais M. Bachelet leur signale immédiatement que le but a été marqué du patin.

Ce sont donc les tirs au but qui décideront du sort de la rencontre. Villard gagne le tirage au sort et Christophe Negro choisit que son équipe tire la première. Millar manque sa tentative, alors que Dostal réussit sa feinte mais tire sur le poteau. Jean-François Piché fait se coucher son compatriote Filiatrault et lève le palet du revers. 1-0, Garbocz ne peut répondre. Goncalves marque à son tour tandis que Pascal Favarin arrête également la tentative de Mathieu Mille.

Villard-de-Lans a deux tirs au but d'avance et chaque tentative est désormais à quitte ou double. Bourgey manque la sienne, et Xavier Daramy fait face à la pression pour garder son équipe dans le match. Comme Filiatrault s'interpose devant Kolu, le suspense dure donc jusqu'au bout. Mais Pascal Favarin est solide et n'a pas l'intention de laisser Anglet renverser la situation. Héros de la finale, le gardien villardien reste impassible devant les feintes de Solaux et emmène son équipe à la victoire.

Villard-de-Lans remporte la Coupe de France, la deuxième de son histoire après celle de 1977, mais la plus importante car elle couronne une superbe saison. Pour une entrée en matière dans le Super 16, Villard pouvait difficilement espérer mieux. Il eût été difficile de faire plus en championnat, et cette coupe constitue donc le coup parfait pour le village du Vercors, si riche en champions.

Élus meilleurs joueurs du match : Pierre Bourgey pour Villard-de-Lans et Xavier Daramy pour Anglet.

Compte-rendu signé Marc Branchu / Photos de Francis Larrede

 

Commentaires d'après-match (au micro de Sport+)

Dennis Murphy (entraîneur de Villard-de-Lans) : "C'est une très belle récompense pour notre saison. Jamais je n'aurais cru que nous irions au bout. Ils ont un gros cœur, ils ne lâchent jamais, ça c'est Villard !"

Pascal Favarin (gardien de Villard-de-Lans) : "Cela fait un mois et demi que l'on aligne deux matches par semaine et que l'on fait des performances tout le temps, on en tire les fruits aujourd'hui. Je suis en confiance, ça va bien depuis quelques semaines, et je n'ai pas ressenti de pression."

Jean-Christophe Filippin (capitaine d'Anglet>) : "On a marqué les premiers, je pensais que ce serait plus décisif que ça. Mais ils ont pris l'avantage, on a au la force d'égaliser, chacun a eu ses occasions en prolongations, et ensuite les tirs au but sont toujours une loterie. Ce qu'on retiendra de cette soirée, c'est que c'était une grande fête du hockey, une finale entre deux clubs formateurs. J'espère que ça donnera du courage à tous les clubs qui misent plus sur la formation que sur le recrutement de plein d'étrangers. Bravo Villard, c'est un petit club et ils gagnent la Coupe de France. C'est la preuve que, quand on mise sur la formation, on peut avoir des résultats, c'est l'enseignement qu'il faut en tirer."

 

Villard-de-Lans - Anglet 2-2 a.p. (0-0, 1-0, 1-2, 0-0) / 2-1 aux tirs au but
Mardi 18 mars 2003 à 20h00 à la patinoire des Fins, à Annecy. 1600 spectateurs.
Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Gwilherm Margry et Damien Velay.

Pénalités : Villard-de-Lans 12' (4', 4', 4', 0'), Anglet 18' (2', 4', 2'+10', 0').
Tirs cadrés : Villard-de-Lans 37 (10, 11, 12, 4), Anglet 35 (8, 14, 9, 4).
Engagements : Villard-de-Lans 45 (16, 9, 14, 6), Anglet 39 (8, 14, 11, 6).

Évolution du score :
0-1 à 35'03" : Dostal assisté de Courally et Larrieu
1-1 à 47'13" : Metro assisté de Karhula et Bourgey
2-1 à 50'41" : Karhula assisté de Hitze
2-2 à 53'01" : Dostal assisté de Patard

Tirs au but :
Villard-de-Lans : Millar (manqué), Piché (réussi), Goncalves (réussi), Bourgey (manqué), Kolu (arrêté).
Anglet : Dostal (poteau), Garbocz (arrêté), Mille (arrêté), Daramy (réussi), Solaux (arrêté).
 

Villard-de-Lans

Attaquants :
Franck Billieras - Alexandre Goncalves - Pierre Bourgey
Rich Metro - Rob Millar - Antti Karhula
Janne Sinkkonen - Tomi-Pekka Kolu - Yves Cruz
Christophe Negro (C) - Pierre Carabalona - David Pereira

Défenseurs :
Nicolas Favarin - Jean-Marc Girard
Christopher Lepers - Martin Roh
Jean-François Piché - Julien Hitze
Stéphane Guillot-Diat - Rémy Enselme

Gardien :
Pascal Favarin

Remplaçant : Nicolas Nogaretto (G).

Anglet

Attaquants :
Stanislas Solaux - Michal Garbocz - David Dostal
Géraud Maréchal - Jérôme Patard - Xavier Daramy
Raphaël Larrieu - Nicolas Courally - Xavier Lasalle
Antoine Amsellem

Défenseurs :
Jean-Christophe Filippin (C) - Grégory Dubois
Mathieu Mille - Pascal Bédard
David Saint-Onge - Michaël Wiart

Gardien :
Jean-Ian Filiatrault

Remplaçants : Guillaume Drouot (G), Christophe Cantos, Thomas Molia, Jean-François Ladonne, Jérémy Borie.

 

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