Grenoble - Rouen (28 mars 2003)
Demi-finale du championnat de France 2003, troisième manche.
Troisième volet de cette demi-finale entre Rouen et Grenoble, à Pôle Sud cette fois. La patinoire grenobloise n'avait pas fait le plein pour l'occasion. Les deux premiers scores de la série (8-2 et 5-2 pour Rouen) avaient sans doute refroidi le public grenoblois qui n'avait plus beaucoup d'espoir de voir les siens l'emporter. Pourtant on se plaisait à répéter sur les bords de l'Isère que Grenoble avait réussi à renverser une situation similaire en 2001 pour finalement s'incliner seulement au cinquième match en Normandie. Alors, le miracle pouvait-il se reproduire ? À noter que le défenseur rouennais Nicolas Pousset était suspendu pour ce match suite à son expulsion lors de la deuxième manche.
Les Brûleurs de Loups montraient beaucoup de volonté au début du match, s'imposant physiquement face à des adversaires qui relevaient le défi. Pourtant on jouait depuis moins d'une minute lorsqu'une mauvaise relance grenobloise conduisait à la première occasion du match pour les Dragons : Doucet récupérait le palet, préférait le donner à Saint-Pierre plutôt que de tenter sa chance mais ce dernier butait sur Rolland. Une nouvelle combinaison de la première ligne rouennaise, cette fois avec Doucet et Besse, mettait une nouvelle fois à contribution Rolland, mais Besse manquait de peu le cadre. Ces deux occasions donnaient le ton du match : des Grenoblois courageux et volontaires face à des Rouennais plus prudents mais aussi beaucoup plus tranchants dans leurs attaques. Un premier jeu de puissance (prison de Carriou) ne donnait rien pour Grenoble. Au contraire, Doucet s'offrait peu après la fin de la pénalité un nouveau break mais Rolland, très en vue, remportait le duel. Les deux équipes restaient prudentes et le match n'atteignait pas des sommets comme en témoignent les nombreux dégagements interdits concédés par les uns et les autres. Les Dragons allaient pouvoir enfin concrétiser au tableau d'affichage toutes ces occasions : De Murcia partait bêtement en prison pour un coup de coude inutile et Besse se chargeait de convertir le power-play d'un tir que Rolland avait capté dans un premier temps avant de le relâcher dans ses filets. 1-0 pour Rouen, l'avantage acquis tardivement par Rouen était amplement mérité et les Brûleurs pouvaient remercier leur gardien de ne pas rentrer au vestiaire avec plus d'un but de retard.
Les partenaires de Bachelet n'avaient pas abdiqué au deuxième tiers et revenaient sur la glace avec de bonnes intentions. Combatifs à souhait mais bien maîtrisés par la défense rouennaise, ils n'arrivaient pas à se montrer réellement dangereux contrairement à leurs adversaires. Briand se créait d'ailleurs deux belles occasions mais ne parvenait pas à concrétiser. Grenoble allait bénéficier de trois supériorités numériques dans ce tiers, l'occasion pour les Brûleurs de poser un peu plus leur jeu dans la zone rouennaise mais sans véritable succès. La stérilité offensive grenobloise était inquiétante à l'image d'un Podlaha transparent qui a été blanchi sur les trois matches des demi-finales.
On se demandait bien comment les Brûleurs allaient pouvoir marquer dans ce match qui restait pourtant (au moins au score) à leur portée. Le scénario du premier tiers se reproduisait et les ramenaient à la dure réalité de l'efficacité rouennaise : supériorité numérique rouennaise (prison de Podlaha) et but cette fois-ci de Saint-Pierre lancé par Carlsson entre les deux défenseurs grenoblois qui n'avaient pas assez resserré les rangs. Saint-Pierre s'en va loger le palet sous la lucarne de Rolland prenant de vitesse un défense grenobloise bien naïve. Un but par tiers, à chaque fois en supériorité numérique, les Dragons mettaient doucement mais sûrement leur emprise sur ce match et on ne voyait pas tellement comment les Grenoblois pouvaient revenir.
Et le début du troisième tiers allait anéantir le peu d'espoirs qui leur restait. La première ligne rouennaise allait à nouveau frapper, Saint-Pierre ajustant à mi-distance un Rolland pas très inspiré sur le coup. Avec trois buts de retard, les Brûleurs étaient résignés. La flamme ne brûlait plus, ni dans le public, ni sur la glace. S'ensuivit donc quinze minutes bien pénibles ou très joyeuses suivant son camp. Agnel trouvait quand même le moyen de sauver l'honneur des siens en inscrivant sur un rebond en supériorité numérique, un but auquel plus grand monde ne croyait. Un but qui aurait pu ranimer l'espoir dans d'autres conditions. Mais pas avec une équipe rouennaise aussi sûre de son fait et une équipe grenobloise aussi brouillonne. Le déshabillage d'Elian par Besse (un modèle du genre dont le défenseur grenoblois se souviendra longtemps) pour le quatrième but rouennais parachevait d'ailleurs le succès des Dragons (4-1).
Les Dragons poursuivent leur route vers la coupe Magnus à peine gênés par des Grenoblois qui ont atteint leur limite et qui sont passés à côté de leur demi-finale. Des Brûleurs de Loups qui ont montré des carences défensives et une impuissance offensive chronique face à des joueurs plus rapides et supérieurs techniquement. Pas beaucoup de regret donc côté grenoblois, on se satisfera de cette place en demi-finale pas évidente en début de saison. Les Grenoblois ont pu mesurer le chemin qu'il leur reste à parcourir...
Compte-rendu signé Christophe Laparra
Commentaires d'après-match :
Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "Ils étaient au-dessus. On espérait les titiller même si on savait que cela allait être très dur. Leurs deux victoires à Rouen leur ont permis de serrer la défense et de jouer les contres. Face à une équipe très disciplinée, nous avons proposé un jeu trop brouillon et pas assez efficace, surtout en jeu de puissance. Le jeu à l'américaine passe cinq minutes, mais le hockey a évolué en France. Mais il ne nous a pas manqué de combativité ce soir. Quelque part, on est à notre place. Il y a une troisième place à aller chercher. On fera le bilan après. Accrocher Rouen aurait été un vrai exploit. Si début janvier on nous avait dit qu'on jouerait la troisième place, on ne l'aurait pas forcément cru. Il faut rester lucide."
Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "Je pense que l'on a été éliminé par le futur champion de France. C'est décevant parce que nous n'avons pas l'habitude d'être sorti en trois manches. Mais le coup est d'autant plus encaissable que nous avons mouillé le maillot et essayé. Nous avons fait bonne figure. C'est à Rouen que nous avons manqué de combativité. Maintenant il faut rebondir. Il y a une troisième place à jouer. Il ne faut pas se morfondre. Ils étaient bien plus forts que nous. Il ne faut pas tirer sur l'ambulance. La vie et le sport continuent."
Grenoble - Rouen 1-4 (0-1, 0-1, 1-2)
Vendredi 28 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2600 spectateurs
Arbitrage de M. Mendlowitcz assisté de MM. Barbez et Carlin.
Pénalités : Grenoble 24', Rouen 42'.
Évolution du score :
0-1 à 16'43" : Besse assisté de Carlsson (sup. num.)
0-2 à 37'49" : Saint-Pierre assisté de Lacroix (sup. num.)
0-3 à 43'15" : Saint-Pierre assisté de Doucet et Besse
1-3 à 52'12" : Agnel assisté de S. Bachelet et Bonnard
1-4 à 56'32" : Besse assisté de Doucet
Grenoble
Gardien : Patrick Rolland
Défenseurs : Simon Bachelet - Stéphane Gachet ; Jean-François Bonnard - Jesse Saarinen ; Christian Élian - Roland Fougère.
Attaquants : Andrei Shevelev - Franck Guillemard - Josef Podlaha ; Arto Vuoti - Benjamin Agnel - Benoît Bachelet (C) ; Romain Bachelet - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.
Remplaçants : Arnaud Goetz (G), Marc Billieras, Christophe Tartari, Martin Millerioux et Cyril Papa. Absent : Nicolas Antonoff (blessé).
Rouen
Gardien : Éric Raymond.
Défenseurs : Daniel Carlsson - Simon Lacroix ; Allan Carriou - Nicolas Besch ; Simon Doreille.
Attaquants : Éric Doucet - David Saint-Pierre - Guillaume Besse ; Pierre Allard - Sami Karjalainen - Jimmy Provencher ; Arnaud Briand - Alain Vogin - Adrien Dufournet.
Remplaçants : Landry Macrez (G), Damien Raux, Terry Prunier, Thibault Geffroy. Absents : Nicolas Pousset (suspendu), Aram Kevorkian (blessé).
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