Grande-Bretagne - France (14 avril 2003)

 

Première journée des championnats du monde 2003 de division I, groupe B.

La Grande-Bretagne est traditionnellement un adversaire très prenable en ouverture de tournoi. Il n'est pas rare d'avoir vu les formations d'outre-Manche débarquer la veille du tournoi tard dans la soirée, souvent à cause d'une concordance de dates défavorables avec les compétitions de clubs, organisées sans souci de l'équipe nationale. Mais ce temps semble révolu, et le hockey britannique a maintenant mis les moyens pour offrir un minimum de soutien à l'équipe confiée à Chris McSorley. Celle-ci est donc arrivée à Zagreb il y a quatre jours et y a disputé deux matches amicaux contre la Croatie. À l'inverse, les Bleus, arrivés un jour plus tard en Croatie, ont eu une préparation plus anarchique, regroupant des joueurs aux états de forme divers pour des matches amicaux à Varsovie, avant lesquels ils n'ont pu s'entraîner car leur équipement était arrivé en retard.

Les Britanniques ont donc de quoi être rassérénés, même si la victoire de l'Estonie sur l'Italie a inquiété Chris McSorley, qui voit dans l'étonnante performance de l'équipe balte un éventuel danger pour le maintien. De son côté, la France doit soigner ses bobos, mais on est d'emblée rassuré sur l'état des blessés : Fabrice Lhenry doit en avoir terminé avec sa légère tendinite derrière l'épaule puisqu'il est titularisé dès ce premier match alors qu'il ne s'entraîne que depuis avant-hier, et Arnaud Briand, qui souffre toujours du coude, prend le premier bon lancer des Bleus dans cette rencontre.

Les dix premières minutes sont dominées par les Français, avec deux avantages numériques au passage, mais la première pénalité contre Karl Dewolf met le feu dans la maison bleue, avec une soudaine avalanche de tirs pour les Britanniques qui gagnent toutes les mises au jeu. Cette pression sans répit provoque une autre faute de Yorick Treille. Une minute de double infériorité numérique, l'heure est grave, et Chris McSorley le sent bien qui se permet de sortir son gardien pour jouer à six contre trois, puis de demander un temps mort. Quand on agit ainsi si tôt dans la partie, c'est qu'on connaît l'importance du moment. Les trois Bleus sortent enfin de leur zone, mais ils sont happés par le piège de la cage ouverte et la Grande-Bretagne contre-attaque. Le tir de Jeff Hoad touche le bas de la mitaine de Lhenry, pas innocent sur ce but (1-0 à 12'50").

Cette équipe britannique a tout de même une faiblesse coupable, elle prend des pénalités stupides. Après l'accrocher de Clarke en zone offensive, voilà le buteur Hoad qui propulse Daramy contre la bande, alors que le palet était presque gelé, contesté par deux autres joueurs dans le coin. Mais, si le jeu de puissance français tient son adversaire en respect, il ne l'étouffe pas, contrairement à ce qu'avaient réussi les Britanniques.

Menée au score, cette équipe de France manque de sérénité, et elle se fait une frayeur en début de deuxième tiers-temps sur un dégagement raté de Fabrice Lhenry. Sur un nouvel engagement perdu dans sa zone, elle encaisse un deuxième but par Jonathan Weaver (2-0 à 23'49"). Heureusement, les Français rendent immédiatement la monnaie de sa pièce à la perfide Albion. Xavier Daramy montre la voie par un bon lancer qui, s'il n'inquiète pas vraiment Cavallin, permet d'obtenir une mise au jeu en zone offensive. Les Bleus la gagnent, et la pression de Mortas, Treille et Meunier amène la réduction du score (2-1 à 24'26"). La France est relancée, et Karl Dewolf trouve le poteau peu après.

Mais la bonne période bleue ne dure pas. L'emprise française sur le jeu n'est jamais réelle et les Britanniques restent dangereux avec leur jeu simple et direct. En troisième période, une contre-attaque de Steve Thornton en infériorité échoue même sur la transversale. Hormis cette estocade anglaise, il est vrai que les Français dominent nettement, et atteignent bientôt la cinquantaine de tirs sur Mark Cavallin. Des tirs pas toujours très précis, car le gardien n'a pas eu à effectuer d'arrêts exceptionnels pendant longtemps. Néanmoins, ses interventions sont de plus en plus convaincantes quand la menace française se précise, il anticipe de mieux en mieux et reste placé même sur les déviations.

On commence donc à céder au découragement, d'autant qu'une deuxième pénalité de Dewolf, habilement obtenue par un Britannique, retarde encore les ambitions des Bleus, qui ne se retrouvent au complet qu'avec trois minutes à jouer. Heikki Leime prend son temps mort à deux minutes de la fin et sort Lhenry sur un engagement gagné en zone offensive trente secondes plus tard.

Il faut absolument marquer. Avec une défaite, la France ne serait plus maîtresse de son destin. Même s'il n'est vraiment pas évident que la Grande-Bretagne gagne toutes ses autres rencontres, il vaut mieux ne pas prendre ce risque. Sous la pression, Rob Wilson commet une faute et les Bleus jouent à six contre quatre. Sur un lancer de la bleue de Yorick Treille, une déviation de Laurent Meunier amène l'égalisation salvatrice. Le duo nord-américain, qui avait déjà provoqué la pénalité a donc enfin été décisif en équipe nationale.

Heureusement d'ailleurs qu'il a été là. La première ligne du jour, Aimonetto-Gras-Bachelet a peiné. Ces trois excellents patineurs, en quelque sorte les All-Stars du championnat de France, ont souvent été bloqués par les gros gabarits britanniques. La ligne Treille-Mortas-Meunier a été plus en mesure de rivaliser physiquement avec les Britanniques et a abattu un gros travail. Parmi les quatre débutants en sélection en match officiel (avec Chauvel, Dostal et Prunet), c'est le jeune Xavier Daramy qui a été le plus en vue grâce à une belle ténacité.

Élus meilleurs joueurs du match : Mark Cavallin pour la Grande-Bretagne et Yorick Treille pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

 

Grande-Bretagne - France 2-2 (1-0, 1-1, 0-1)

Lundi 14 avril 2003 à 16h00 au Dom Sportova de Zagreb. 310 spectateurs.

Arbitrage de Reto Bertolotti (SUI) assisté de Vedran Krcelic et Christian Neubert.

Pénalités : Grande-Bretagne 16' (6', 4', 6'), France 10' (4', 2', 4').

Tirs : Grande-Bretagne 22 (10, 9, 3), France 53 (17, 16, 20).

Engagements : Grande-Bretagne 51 (18, 21, 12), France 40 (11, 12, 17).

Évolution du score :

1-0 à 12'50" : Hoad assisté de Thornton et Longstaff (double sup. num.)

2-0 à 23'49" : Weaver assisté de Thornton

2-1 à 24'26" : Treille assisté de Meunier et Mortas

2-2 à 59'03" : Meunier assisté de Treille (sup. num.)

 

Grande-Bretagne

Gardien : Mark Cavallin (sorti de sa cage de 12'21" à 12'50").

Défenseurs : Rob Wilson - Jonathan Weaver ; Michael Ellis - Scott Campbell ; Brent Pope - Scott Moody ; Christopher Bailey - Kyle Horne.

Attaquants : David Longstaff - Steve Thornton - David Clarke ; Ashley Tait - Jeff Hoad - Colin Shields ; Jonathan Phillips - Paul Berrington - Darren Hurley ; Mark Galazzi - Greg Owen - Russell Cowley.

Remplaçant : Joe Watkins (G).

France

Gardien : Fabrice Lhenry (sorti de sa cage de 58'38" à 59'03").

Défenseurs : Vincent Bachet - Karl Dewolf ; Baptiste Amar - Jean-François Bonnard ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Lilian Prunet.

Attaquants : Richard Aimonetto - Laurent Gras - Benoît Bachelet ; François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Brice Chauvel ; Xavier Daramy - Arnaud Briand - David Dostal ; Laurent Meunier - Anthony Mortas - Yorick Treille.

Remplaçants : Patrick Rolland (G), Yven Sadoun.

 

 

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