Italie - France (20 avril 2003)

 

Match comptant pour la cinquième journée des championnats du monde 2003 de division I, groupe B.

Pour remonter dans l'élite mondiale et coiffer au poteau la Norvège, l'équipe de France doit obtenir au moins un match nul face à l'Italie, une nation qui a longtemps fait figure de bête noire dans la décennie passée. Mais cette équipe d'Italie est bien différente de ce que l'on a pu connaître. Seuls quatre "oriundi" ont accepté de la rejoindre, dont John Parco, qui s'occupe des jeunes à Asiago et dépanne l'équipe première au besoin, sélectionné car Pat Cortina avait cruellement besoin de centres d'expérience. Privée de la plupart de ses Italo-Canadiens, la formation transalpine rajeunie est la plus légère du tournoi, et elle n'a donc plus vraiment les moyens de pratiquer son jeu physique. Le sélectionneur Cortina a cherché à exploiter les autres capacités techniques de ses joueurs, mais ce n'est pas évident car ceux-ci ont rarement l'occasion de se mettre en valeur dans leur championnat très "canadianisé" dans tous les sens du terme.

De toute manière, Cortina va bientôt devoir remballer ses affaires parce que sa fédération va organiser un camp de sélection dans l'Ontario pour recruter ses futurs internationaux et se dotera d'un staff favorable à cette politique artificielle. Les joueurs actuels seront encore les dindons de la farce d'un hockey italien qui ne semble pas prêt de grandir. En attendant, c'est un adversaire abordable pour une équipe de France dont le moral est au beau fixe et qui évolue au grand complet. Même Yorick Treille, le recordman des pénalités du tournoi, est là, il n'a pas été suspendu même si son cas a été étudié en commission de discipline le soir de son exclusion contre l'Estonie.

La première occasion est pour les Italiens qui partent en deux contre un en infériorité numérique, mais Lhenry sauve devant Roland Ramoser dont la reprise avait de toute façon été effectuée avec le patin. Les transalpins bénéficient ensuite de deux supériorités numériques, et sur la seconde, Justin Peca se retrouve seul face à Fabrice Lhenry qui tient à bout de bras l'équipe de France dans un début de match difficile. Les Bleus sont de plus en plus entreprenants au fil des minutes, avec Brice Chauvel sur une passe de derrière la cage de Briand, et surtout en fin de période avec Treille en jeu de puissance, où le palet semble peut-être franchir la ligne mais où l'arbitre n'accorde pas de but. Malgré un jeu ouvert, le premier tiers-temps s'achève donc sur un score vierge.

La France est à la peine, Lhenry doit encore réaliser un sauvetage devant Lino De Toni, et les supporters norvégiens commencent à y croire. Mais à la mi-match, Benoît Bachelet intercepte le palet, déborde sur la gauche et centre pour Aimonetto qui reprend du bout de la crosse juste avant que son défenseur ne le renverse. Voilà un but qui fait du bien... sauf aux joueurs norvégiens dans les tribunes qui commencent à comprendre que la montée est compromise pour eux.

La France n'est pourtant pas encore sortie d'affaire, puisqu'elle n'est guère convaincante pendant une minute quinze de double supériorité en début de troisième période. Ce match s'enlise, manquant d'intensité et de piment. Il ne vaut plus que par son enjeu, et les spectateurs neutres s'ennuient franchement. Certes, les Français patinent mieux que leurs adversaires, mais ils ne font pas la différence.

Meunier commet une faute en voulant récupérer un palet qu'il venait de se faire subtiliser et les Bleus sont en infériorité. Mais Treille s'échappe, et pour l'empêcher de conclure son action, Armin Helfer, auteur un peu plus tôt d'un coup de coude sur Mortas passé inaperçu pour l'arbitre, se permet carrément une cravate. Le tailleur part en prison, on revient à égalité numérique et on évite donc se faire peur, même si, pour ce qui est de la manière, la vision du semi-retraité John Parco en train de dribbler trois Français pour se présenter seul devant Lhenry ne plaide franchement pas pour la cause bleue. Finalement, la France tue une dernière pénalité et tient jusqu'à la sirène... mais que ce fut laborieux pour en arriver là !

Mais que de soulagement aussi ! Rarement Marseillaise n'aura été chantée avec autant de bonheur par les tricolores. Les Bleus ont bâti leur succès sur quelques fondamentaux, et sur beaucoup d'abnégation. Treille et Meunier se sont finalement imposés comme les leaders qu'on attendait, bien servis par le meilleur joueur du tournoi dans les mises au jeu (67,3%), Anthony Mortas. Surtout, à partir du troisième match, Fabrice Lhenry, qui jouait pourtant sous infiltrations, a été extrêmement solide au point de mettre fin à la tournante engagée entre les gardiens et de devenir le meilleur gardien de la compétition.

Non, la France n'a pas enthousiasmé les foules dans ce championnat du monde, mais elle a rempli son objectif. Elle n'a pas produit beaucoup de jeu, mais c'est après tout suffisant pour intégrer les seize meilleures équipes mondiales. Aucune autre équipe ne le méritait plus qu'elle, pas même cette Norvège qui s'est dispersée dans le match décisif. Et les trois années de travail de Heikki Leime trouvent donc leur juste récompense. Il fallait bien que la poisse qui leur collait à la peau finisse par quitter les Bleus. En plus, qui sait si ce n'est pas la meilleure année pour monter : l'an prochain, la qualification d'office du Japon disparaîtra. Il devrait donc être plus aisé de se maintenir, même si tout dépendra en fait de la composition des poules. En tout cas, même si elle n'a pas pratiqué un hockey enchanteur et si elle ne retrouvera pas un nouveau Bozon du jour au lendemain, la France n'a pas non plus à se faire une montagne du Mondial A. Surtout avec Huet, Barin ou Maurice Rozenthal en renfort...

Meilleurs joueurs du match : Mike Rosati pour l'Italie et Fabrice Lhenry pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (au micro de Sport +)

Arnaud Briand (capitaine de la France) : "Ce que l'on vient de réaliser est assez exceptionnel. C'est la première fois que l'on monte de cette façon, on était déjà monté au début de ma carrière mais c'était à la faveur de l'élargissement du groupe A à douze équipes. C'est une équipe rajeunie où tout le monde prend ses responsabilités. On a réussi depuis deux-trois ans à construire quelque chose, et maintenant on vole de nos propres ailes."

Fabrice Lhenry (gardien de la France) : "Ce tournoi s'est bien passé, j'ai eu de la réussite. J'anticipais au bon moment, je voyais bien les shoots partir, ce qui est toujours important pour un gardien. L'équipe a fait un bon travail et m'a facilité la tâche."

 

Italie - France 0-1 (0-0, 0-1, 0-0)

Dimanche 20 avril 2003 à 16h00 au Dom Sportova de Zagreb. 500 spectateurs.

Arbitrage de Reto Bertolotti (SUI) assisté d'Enis Beganovic et Anders Karlberg.

Pénalités : Italie 16' (4', 6', 6'), France 10' (6', 0', 4').

Tirs : Italie 33 (14, 5, 14), France 28 (15, 8, 5).

Engagements : Italie 19, France 32.

Évolution du score :

0-1 à 30'31" : Aimonetto assisté de Bachelet

 

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Vincent Bachet - Karl Dewolf ; Baptiste Amar - Jean-François Bonnard ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Lilian Prunet.

Attaquants : Richard Aimonetto - Laurent Gras - Benoît Bachelet ; Laurent Meunier - Anthony Mortas - Yorick Treille ; François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Brice Chauvel ; David Dostal - Arnaud Briand - Yven Sadoun ; Xavier Daramy.

Remplaçant : Patrick Rolland (G).

Italie

Gardien : Michael Rosati (sorti de sa cage à 59'33").

Défenseurs : Michele Strazzabosco - Carlo Lorenzi ; Alexander Egger - Armin Helfer ; Christian Borgatello - Alexander Avancini ; Giustino Peca.

Attaquants : Stefano Margoni - Armando Chelodi - Christian Timpone ; Giorgio De Bettin - John Parco - Anthony Iob ; Lino De Toni - Manuel De Toni - Luca Rigoni ; Roland Ramoser - Stefan Zisser - Daniele Veggiato ; Enrico Dorigatti.

Remplaçant : Günther Hell (G).

 

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