Grenoble - Amiens (27 avril 2003)

 

Tournoi final junior élite - Troisième journée.

Dernière journée de ce final four et le suspense reste à son maximum quant à l'attribution du titre de champion de France. En effet, selon le résultat de ce Grenoble-Amiens, trois équipes (Rouen, Grenoble et Amiens) peuvent encore prétendre au titre de champion de France junior élite. Seule l'équipe du Mont-Blanc est mathématiquement éliminée. Les Brûleurs de Loups ont frappé un grand coup en battant Rouen la veille mais les Gothiques étaient bien décidés à saisir une chance inespérée de garder leur titre alors qu'ils croyaient devoir renoncer à toute ambition après leur défaite contre Rouen.

Les Gothiques allaient d'ailleurs prendre le meilleur départ : les frères Wiotte combinaient bien et surprenaient une défense grenobloise pas encore rentrée dans le match. Amiens menait 1-0 alors qu'on jouait depuis moins de deux minutes ! Une pénalité infligée à Leroy allait éviter aux Grenoblois de gamberger trop longtemps. Cette supériorité numérique leur permettait de s'installer dans la zone amiénoise et de menacer Fricke. Finalement il ne fallait que vingt secondes à Millerioux pour faire fructifier l'avantage numérique d'un slap de la bleu plein axe que Fricke ne pouvait capter. À 1-1, les protégés de Bonnard respiraient nettement mieux et pouvaient reprendre le contrôle du match sans trop de pression. D'autant que c'était au tour de Brodin de regagner la prison. Mais le jeu de puissance ne donnait rien cette fois et la partie s'équilibrait. Amiens avait également l'occasion de reprendre l'avantage au score sur une prison de Tartari. C'est alors que l'incroyable se produisit : Peyer récupérait le palet dans sa zone, dégageait sur sa ligne bleue et... trompait Fricke qui s'emmêlait complètement les patins. Le but-gag par excellence bien malvenu pour les Gothiques, et un joli coup de pouce du destin pour Grenoble. Car cet avantage de 2-1, les Brûleurs de Loups allaient le conserver précieusement grâce à une défense tout aussi efficace que la veille face à Rouen. Grabit puis Enselme par deux fois étaient envoyés en prison mais les jeunes grenoblois tenaient bons grâce à une très bonne organisation en infériorité numérique. Six minutes de powerplay amiénois étaient totalement stériles et les joueurs de Denis Perez regagnaient le vestiaire avec un but de retard (2-1).

La tension était toujours palpable au deuxième tiers. Le match pouvait basculer à tout moment et le prochain but allait être capital pour la suite de la rencontre. Les Brûleurs devaient défendre une nouvelle fois à quatre contre cinq lorsque Peyer était envoyé en prison. Comme lors du premier tiers, ils s'en sortaient sans dommage et Romain Bachelet se payait même le luxe d'une échappée bien arrêtée cette fois par Fricke. La différence allait finalement se faire sur les jeux de puissance. Là où Amiens avait tant buté, Grenoble allait connaître une réussite insolente. Une faute de Caron permettait aux Brûleurs de s'installer dans la zone amiénoise. Après plusieurs tentatives, le slap de Laugier était repoussé par Fricke mais Sangiorgio avait bien suivi et catapultait le rebond dans les filets amiénois (3-1). Le break était fait et les Gothiques se jetaient désespérément à l'assaut des buts d'Agnel pour revenir dans le match. Le temps de laisser passer une supériorité numérique grenobloise et la pression amiénoise reprenait. La prison de Rudy Billieras à 1'30" de la fin du tiers allait donner des idées à Denis Perez : sortir Fricke et jouer à 6 contre 4 pour forcer la décision. Une tactique risquée déjà tentée la veille par Bonnard (à 6 contre 5, sans casse) mais qui cette fois allait s'avérer catastrophique : Tartari chipait le palet aux amiénois à la bleue et lançait Papa tout seul en contre qui marquait dans une cage déserte (4-1). Les juniors grenoblois n'étaient plus qu'à vingt minutes d'un sacre qui leur tendait les bras.

La dernière période n'allait être qu'une formalité pour eux. La réussite du champion, dira-t-on. Amiens grillait ses dernières cartouches en début de tiers mais la première action dangereuse du tiers côté grenoblois était convertie en but par le tandem Billieras-Sangiorgio. À 5-1 le match était définitivement plié, et les Gothiques, désabusés, allaient même encaisser un sixième but quelques minutes plus tard, cette fois par Rudy Billieras. La frustration allait alors gagner les rangs picards puisque les juniors amiénois multipliaient les fautes. À 5 contre 4 pendant une bonne partie du tiers, les Brûleurs de Loups se contentaient de gérer leur avantage et d'attendre que le chronomètre les libère. Amiens marqua tout de même un second but lors d'une supériorité numérique grâce à Marcos qui glissait le palet au fond des cages d'Agnel. Un but bien anecdotique d'autant plus que Millerioux parachevait le succès grenoblois d'un septième but inscrit dans la dernière minute. Les juniors grenoblois pouvaient alors laisser éclater leur joie : huit ans après son dernier titre junior, Grenoble était champion de France !

Beau, et pour le moins inattendu, succès de Grenoble dans ce tournoi final. Les grosses écuries du nord annoncées comme grandes favorites ont dû rendre les armes face à une équipe grenobloise volontaire et combative. C'est véritablement un collectif qui a gagné même si des individualités comme Sangiorgio et Agnel ont grandement contribué au succès final. En pratiquant un jeu physique et une défense rigoureuse, les Grenoblois auront considérablement gênés des adversaires pourtant mieux pourvus techniquement. La plupart de ces joueurs connaissent ainsi leur deuxième titre en deux ans puisqu'ils étaient pour la plupart membres de l'équipe championne de division 3 l'an passé ! Des joueurs qui se construisent ainsi un beau palmarès avant de voir, espérons-le pour eux, plus haut l'an prochain.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré)

Jean-François Bonnard (entraîneur de Grenoble) : "Cette équipe a un esprit de solidarité, pas de stars qui pourraient mettre leur grain de sable dans la machine. C'est un groupe de gros travailleurs qui a reçu mon message. Et durant ces trois jours, ils se sont battus comme des fous furieux. Ils ont bossé sur la glace. Et moi, j'ai transpiré sur le banc !"

Fabrice Agnel (gardien de Grenoble) : "C'est bon de rejoindre les grands frères et de montrer que le sud est encore vivant. On avait pris match par match même si on était tendu vendredi contre Chamonix car on sentait qu'on n'avait pas le droit à l'erreur. Après, nous avons tous tirés dans le même sens et le public nous a portés. Grenoble avait son Pôle Sud, on sait désormais qu'il existe un sacré pôle... de formation !"

Fabrice Hurth (président de Grenoble) : "C'est mon premier titre en tant que président et c'est le plus beau. C'est fort car Rouen était un cran au-dessus et sur une saison régulière il n'y aurait sans doute pas eu photo. Mais les jeunes grenoblois ont réussi le match parfait samedi. Début janvier, je leur avait dit qu'on devait viser le titre et on en avait souvent parlé avec Bonnard. Malgré un budget restreint, les entraîneurs (Romain Carry, Antoine Huet) ont accompli un gros travail autour d'une nouvelle équipe de dirigeants. On a tous ré-insufflé un esprit club à ces Brûleurs. Et avec les minimes sur le podium, les féminines vice-championnes et des titres de ligue chez les plus jeunes, notre bilan est vraiment positif."

 

Grenoble - Amiens 7-2 (2-1, 2-0, 3-1)

Dimanche 27 avril 2003 à 12h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 500 spectateurs

Arbitrage de M. Barbez assisté de MM. Mayousse et De Tao

Pénalités : Grenoble 22', Amiens 32'.

Évolution du score :

0-1 à 01'55" : V. Wiotte assisté de L. Wiotte

1-1 à 03'35" : Millerioux assisté de Ghnassia (sup. num.)

2-1 à 08'29" : Peyer (inf. num.)

3-1 à 30'41" : Sangiorgio assisté de Laugier (sup. num.)

4-1 à 38'43" : Papa assisté de Tartari (inf. num., cage vide)

5-1 à 41'18" : Sangiorgio assisté de R. Billieras

6-1 à 45'33" : R. Billieras assisté de Papa

6-2 à 55'53" : Marcos assisté de Hennebert

7-2 à 59'23" : Millerioux assisté de Eynaud et J. Pain

 

Grenoble

Gardien : Fabrice Agnel.

Défenseurs : Christophe Tartari - Boris Peyer ; Arieh Ghnassia - Martin Millerioux ; Kévin Grabit - Julien Leconte.

Attaquants : Julien Grignon - Cyril Papa - Romain Bachelet (C) ; Romain Laugier - Bastien Sangiorgio - Rudy Billieras ; Jonathan Eynaud - Kévin Enselme - Julien Pain ; Fabien Matheron - Maxence Repellin - Erwan Pain.

Remplaçant : Jérémy Valentin (G). Entraîneur : Jean-François Bonnard.

Amiens

Gardien : Stuart Fricke.

Défenseurs : Manuel Eloy - David Hennebert ; Thomas Roussel - Nicolas Roussel ; Mathieu Caron - Fabien Leroy.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Lionel Wiotte - Romain Masson ; Bastien Petit - Élie Marcos (C) - Julien Lefranc ; Vittorio Wiotte - Mickaël Brodin - Christopher Texeira.

Remplaçants : Antoine Loriot (G), Quentin Candelier, Arnaud Grossemy, Anthony Cozette. Entraîneur : Denis Perez.

 

Retour au championnat de France junior élite