Slovaquie - Suisse (7 mai 2003)

 

Quart de finale des Championnats du monde 2003.

La défense suisse passe son plus grand test face à la merveilleuse attaque slovaque, qui marque d'entrée son territoire avec un second rebond pris par Majeský qui trouve le poteau de la cage ouverte. La chance semble choisir le camp helvétique puisqu'un slap à mi-distance de Bondra en supériorité numérique heurte lui aussi le montant. Sur l'action suivante, Valentin Wirz part en contre, mais il n'y a aucun Suisse pour reprendre le rebond que Lašák a perdu de vue. Martin Steinegger se couche sur une passe de Pálffy en deux contre un, et c'est déjà une première victoire pour la Suisse que d'avoir résisté à la puissance offensive slovaque pendant le premier quart d'heure.

Mais il y a mieux : à neuf secondes d'intervalle, les Slovaques commettent deux fautes sur Patrik Bärtschi. Si la première, un faire trébucher de Štrbak sur le joueur qui s'échappait contre la bande, est compréhensible, la seconde est extrêmement stupide et malvenue, puisque Demitra assène un petit coup de crosse sur le casque du jeune buteur de Kloten alors que son équipe est déjà en infériorité. Si on se souvient que Frantisek Hossa avait décidé de prendre comme joker Pavol Demitra, forfait dans un premier temps à cause d'un doigt cassé, pour amener de l'expérience à sa deuxième ligne, ce n'est certainement à ce genre de gestes qu'il pensait... En double supériorité numérique, Martin Plüss, qui a encore montré l'étendue de son talent dans ces Mondiaux, ne se fait pas prier pour ouvrir le score (0-1 à 14'28"). Et la réaction slovaque est pour le moins timide...

Clin d'śil, c'est Richard Kapuš, l'homme qui avait perdu sa place sur le deuxième bloc à l'arrivée de Demitra, qui redresse la situation compromise par son remplaçant de luxe en égalisant en infériorité numérique (1-1 à 27'36"). Martin Steinegger a tout d'abord perdu un palet en zone neutre devant Višnovský, avant que Beat Forster se fasse transpercer en un contre un par l'attaquant du Slovan Bratislava. Une scène presque humiliante pour le défenseur zurichois, léthargique aujourd'hui et qui a terminé en demi-teinte son solide championnat du monde.

La Slovaquie continue de dominer mais elle bute sur la défense suisse et sur un très bon Marco Bührer. Elle n'est pas non plus à l'abri d'une contre-attaque comme ce deux contre un d'Aeschlimann et Jeannin. Mais en fin de tiers, Bondra exagère un retenir de Seger, et le terrible jeu de puissance slovaque fait le reste. Jozef Stumpel récupère un rebond et nous gratifie d'une nouvelle passe lumineuse. Šatan n'a qu'à mettre sa crosse pour pousser le palet dans la cage (2-1 à 39'13").

Miroslav Šatan retrouve son statut d'homme providentiel dès le début de la troisième période, avec un tir en pivot de l'enclave que Bührer ne fait que toucher (3-1 à 41'03"). La Suisse ne s'en laisse pas compter car elle a encore de belles ressources. Elle part à l'attaque comme jamais, et Jan Lašák doit multiplier les réflexes de grande classe, pendant deux infériorités numériques ou encore sur une déviation de Conne juste devant lui. Mais plus rien ne sera marqué malgré une pénalité slovaque à l'avant-dernière minute et une situation de jeu à six contre quatre, au cours de laquelle Pálffy manque l'immanquable dans les filets déserts, bredouille pour la première fois du tournoi face à cette coriace équipe helvétique. Mais même Šatan redevenu décisif ne trouve pas cette "satanée" cage vide, car son lob finit sur le poteau. La Slovaquie est quand même qualifiée, mais elle n'a pas eu la partie facile.

Élus meilleurs joueurs du match : Miroslav Šatan pour la Slovaquie et Luca Cereda pour la Suisse.

Meilleurs joueurs suisses de la compétition : Marco Bührer, Jean-Jacques Aeschlimann et Mathias Seger.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Miroslav Šatan (capitaine de la Slovaquie) : "Nous avons eu des possibilités en première période, mais ça n'est pas rentré. Quand on joue un quart de finale des Mondiaux, ça fait toujours mal d'être mené au score, c'est pourquoi nous étions si nerveux. Mais nous avons montré du caractère pour réussir à renverser la situation. Certes, si les Suisses avaient marqué un deuxième but dans le dernier tiers, on aurait encore pu en voir de toutes les couleurs..."

Miroslav Hlinka (Slovaquie) : "La Suisse m'a surpris positivement en jouant avec une grande discipline défensive. Il n'a pas été facile de la battre, parce que nous avons fait beaucoup d'erreurs dans notre zone en première période, et que nous avons manqué de lucidité. Nous ne nous sommes pas exprimés à notre meilleur niveau, il faudra jouer mieux que ça pour atteindre la finale. Nous voulons remporter le titre et nous pouvons le faire."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Je suis très fier de mes joueurs, de ce qu'ils ont fait aujourd'hui et dans tout ce tournoi. La Slovaquie est selon moi la meilleure équipe de ces Mondiaux, et elle peut répéter son succès de l'an passé. Nous avons été parfaits au premier tiers, mais nous avons encaissé ce but en infériorité qui nous a coupé les jambes. L'équipe a pourtant su réagir et a été à la hauteur de la situation physiquement."

Goran Bezina (Suisse) : "Nous avons fait un premier tiers-temps parfait mais nous avons perdu le contrôle de la situation en deuxième période. Nous avons commis une erreur impardonnable, on ne doit pas concéder de but contre un adversaire de genre alors qu'on joue avec un homme de plus. C'est dommage, car aussi bien avant qu'après nous avons fait de grandes choses. C'était une belle expérience, mais sur le plan personnel, je ne suis pas satisfait : jouer en défense puis en attaque ne m'a pas aidé à trouver le rythme, et je crois que j'aurais pu offrir une contribution plus grande."

Jean-Jacques Aeschlimann (Suisse) : "J'annonce ma retraite de l'équipe nationale. Seul Krueger était au courant de ma décision, je la lui avais communiquée lors du dernier stage de préparation en Lettonie. Le cśur me pousserait à continuer, mais la raison me dicte que c'est le choix le plus sage. Le plus grand moment de cette carrière internationale aura été la victoire contre la Russie à Saint-Pétersbourg en 2000, un match énorme."

 

Slovaquie - Suisse 3-1 (0-1, 2-0, 1-0)

Mercredi 7 mai 2003 à 17h00 à la Hartwall Areena de Helsinki. 12723 spectateurs.

Arbitrage de Rob Matsuoka (CAN) assisté de Kevin Redding (USA) et Joacim Karlsson (SUE).

Pénalités : Slovaquie 14' (4', 4', 6'), Suisse 8' (4', 4', 0').

Tirs : Slovaquie 29 (14, 10, 5), Suisse 32 (10, 8, 14).

Évolution du score :

0-1 à 14'28" : Plüss assisté de Seger (double sup. num.)

1-1 à 27'36" : Kapuš assisté de Višnovský (inf. num.)

2-1 à 39'13" : Šatan assisté de Stumpel et Pálffy (sup. num.)

3-1 à 41'03" : Šatan assisté de Svehla

 

Slovaquie

Gardien : Jan Lašák.

Défenseurs : Martin Štrbák - Lubomír Višnovský ; Radoslav Suchý - Robert Svehla ; Ivan Majeský - Richard Lintner ; Dušan Milo - Ladislav Cierny.

Attaquants : Richard Zedník - Jozef Stumpel - Zigmund Pálffy ; Peter Bondra - Pavol Demitra - Miroslav Šatan ; Ladislav Nagy - Miroslav Hlinka - Vladimír Országh ; Lubomír Vaic - Richard Kapuš - Branko Radivojevic.

Remplaçant : Rastislav Stana (G). Surnuméraires : Zdeno Cíger, Peter Sejna, Pavol Rybár (G).

Suisse

Gardien : Marco Bührer (sorti de sa cage à 58'11").

Défenseurs : - Beat Forster - Mathias Seger ; Mark Streit - Olivier Keller ; Martin Steinegger - Severin Blindenbacher.

Attaquants : Thierry Paterlini - Jean-Jacques Aeschlimann - Sandy Jeannin ; Patrick Fischer - Luca Cereda - Goran Bezina ; Patric Della Rossa - Martin Plüss - Patrik Bärtschi ; Adrian Wichser - Flavien Conne - Björn Christen ; Valentin Wirz.

Remplaçants : Lars Weibel (G), Lukas Gerber. Surnuméraires : Marcel Jenni (maux de dos), Tobias Stephan (G), Patrick Fischer II.

 

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