République Tchèque - Slovaquie (10 mai 2003)

 

Demi-finales des championnats du monde 2003.

Avant ce dernier match, la République Tchèque remplit finalement les deux places auxquelles elle avait droit dans son effectif. L'une, pour le troisième gardien Jirí Trvaj, est de pure forme, puisque comme d'habitude Vokoun est sur la glace et Málek sur le banc. L'autre, pour Milan Michálek, permet d'intégrer ce jeune talent que l'on aurait aimé voir à l'śuvre plus tôt dans la compétition.

Bien sûr, dans ce genre de duels pour la médaille de bronze, les équipes sont encore sous le choc de leur défaite en demi-finale et de leurs rêves d'or envolés. Il faut ainsi dix bonnes minutes pour que passe la gueule de bois. Mais quand le match part, il part vraiment.

Ce qui le lance, c'est une grosse erreur de Pavel Kolarík qui fait une passe directement à Sejna et se fait ensuite dribbler en un contre un par le jeune Slovaque qui échoue sur Vokoun. Dans la suite de l'action, Martin Straka fait trébucher Radivojevic derrière la cage et se fait pénaliser, mais au lieu de prendre la direction de la prison, il prend celle des vestiaires, visiblement blessé. Les Tchèques vont donc devoir jouer sans leur meilleur marqueur dans cette compétition.

En tout cas, les Slovaques concrétisent la supériorité numérique quand un rebond parvient à Šatan. Puis c'est le brutal Majeský qui prend une pénalité. Malgré l'avantage numérique, les Tchèques ne paraissent par au mieux et perdent un palet en zone neutre, ce qui offre un breakaway à Zedník qui perd son face-à-face avec Vokoun. Mais ils repartent de l'avant et un dégagement raté de Stümpel leur permet de bien s'installer, ce dont profite Jan Hlavac pour récupérer un rebond. La quatrième ligne slovaque se fait une spécialité d'obtenir des pénalités par son travail dans les coins, et Hlinka fait trébucher Sejna. Quant à exploiter cette opportunité, c'est Stümpel qui s'en charge d'un bon tir du poignet.

Mais le jeune Michálek a lui aussi obtenu une pénalité à la sirène, un cross-check de Demitra, pendant que l'autre prodige Jirí Hudler étant en action devant Lašák. Le deuxième tiers reprend donc comme le premier avait fini, par un but en supériorité numérique, un lancer de la bleue de Robert Reichel. Les joueurs sont prévenus, la moindre incartade est lourde de conséquences, puisqu'on en serait à 100% de chaque côté en jeu de puissance s'il n'y avait eu une occasion slovaque manquée en début de match, à l'époque lointaine du round d'observation. Pálffy n'a pas retenu la leçon avec sa crosse haute involontaire sur Špacek, mais la Slovaquie parvient elle aussi à tuer enfin une pénalité grâce à deux fantastiques arrêts de Ján Lašák. De retour à égalité numérique, un slap de Bondra prend Vokoun à contre-pied et redonne l'avantage aux Slovaques, qui le conservent jusqu'à la fin du tiers-temps.

Il faut que les Tchèques se réveillent s'ils veulent rétablir l'ancienne hiérarchie avec leur voisin. C'est sans doute pour ça que Slavomír Lener demande un temps mort très tôt, après seulement deux minutes de jeu, alors que Špacek vient d'être sanctionné pour une obstruction bien peu active. La République Tchèque tue certes la pénalité face à des Slovaques peu entreprenants, mais elle ne fait guère plus quand elle est à son tour en supériorité. Pourtant, Lener a dû ajouter un effet retard à son discours, car son équipe emballe le match au fil des minutes. Mais les Slovaques suivent. Le jeu passe d'une cage à l'autre entre l'égalisation et un possible KO, qu'évite Kadlec sur un 2 contre 1 de Pálffy et Stümpel.

On continue à accélérer de part et d'autre et le rythme devient échevelé. Ce crescendo est un bras de fer dans lequel personne ne veut céder le premier. Mais ce sont les Tchèques qui atteignent d'abord le sur-régime. Šatan entre en zone sur la gauche et centre pour Demitra, tout seul, qui feinte pour que Vokoun écarte les jambières et glisse le palet dans la porte gentiment ouverte.

Cette médaille de bronze, les Slovaques la voulaient vraiment, et ils ont joué à fond cette "petite finale", qui a (presque) tout d'une grande. Même si elle n'a pas étanché sa soif d'or, la Slovaquie a réussi à confirmer deux années de suite qu'elle a pris pied parmi les meilleurs, ce qu'elle n'avait pas su faire en 2001, un an après sa première finale. Quant au défenseur Robert Svehla, salué pour l'occasion par un titre de meilleur joueur surtout destiné à lui valoir des acclamations supplémentaires, il tire sa révérence sur une victoire. Malgré un contrat d'un million de dollars proposé par Toronto, il a en effet décidé il y a quelques jours de prendre sa retraite à trente-quatre ans. Il rentrera en Slovaquie auprès de sa famille et intégrera le staff du Dukla Trencín pour développer le hockey mineur.

Élus joueurs du match : Tomáš Kaberle pour la République Tchèque et Robert Svehla pour la Slovaquie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Slavomír Lener (entraîneur de la République Tchèque) : "La Slovaquie a mérité sa médaille par son jeu et sa puissance offensive. Avant le début de la compétition, je pensais sincèrement qu'ils étaient même capables de mieux compte tenu du talent de leur effectif. Nous avons dépensé beaucoup d'énergie dans notre décevante défaite contre le Canada, et ça a eu une grande influence sur le match de ce soir. Nous avons affronté deux fois les Slovaques dans ce tournoi, et les deux rencontres ont été très serrées. Nous visions une médaille, il nous a manqué une victoire."

Tomáš Vokoun (gardien de la République Tchèque) : "C'est dur de jouer pour le bronze au lieu de l'or, mais c'est toujours une médaille, et c'est ce que nous étions venus chercher. Quand on l'a vécu, on sait ce qu'on ressent. C'est terrible de rester debout pendant dix minutes après le match pendant que l'équipe adverse reçoit les médailles. Au bout de deux semaines de compétitions, nous échouons d'un rien. Ils ont eu une bonne défense, nous n'avons pas su passer leur trappe, même si nous avons eu quelques occasions. Peu importe l'identité de l'adversaire ou l'ampleur du score, c'est un match qu'on veut gagner parce qu'il y a une médaille à la clé, et cette défaite est douloureuse."

František Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "C'était un match très difficile parce que nos deux équipes ont perdu de dures rencontres hier. Nous avons toutes deux d'excellents joueurs, mais la victoire a été obtenue grâce à notre discipline. Je pense que le classement des marqueurs reflète bien les capacités offensives de cette équipe. J'ai encore un an de contrat, rendez-vous à Ostrava !"

Branko Radivojevic (attaquant de la Slovaquie) : "Entre les Tchèques et les Slovaques, c'est toujours un grand match, comme entre la Finlande et la Suède. C'est important pour nos deux peuples. Cette médaille de bronze est une bonne expérience, et j'espère que nous continuerons à être aussi bons que ces deux dernières années. Nous étions évidemment amers de notre défaite face aux Suédois, mais il n'y avait rien d'autre à faire qu'à se regrouper pour gagner aujourd'hui. Notre jeu de puissance a marqué deux buts et il a été énorme tout au long du tournoi, ce qui était un devoir vu le talent dont nous disposions. Nous n'avons pas été aussi bons en infériorité numérique ce soir, mais nous avons gagné, c'est l'essentiel."

 

République Tchèque - Slovaquie 2-4 (1-2, 1-1, 0-1)

Samedi 10 mai 2003 à 17h00 à la Hartwall Areena de Helsinki. 13324 spectateurs.

Arbitrage de Rob Matsuoka (CAN) assisté de Kevin Redding (USA) et Joacim Karlsson (SUE).

Pénalités : République Tchèque 8' (6', 0', 2'), Slovaquie 8' (4', 2', 2').

Tirs : République Tchèque 21 (4, 9, 8), Slovaquie 25 (10, 7, 8).

Évolution du score :

0-1 à 13'18" : Šatan assisté de Zedník (sup. num.)

1-1 à 15'31" : Hlavac assisté de Kaberle (sup. num.)

1-2 à 19'03" : Stümpel assisté de Štrbak et Višnovský (sup. num.)

2-2 à 20'37" : Reichel assisté de Kaberle (sup. num.)

2-3 à 25'20" : Bondra assisté de Demitra et Višnovský

2-4 à 57'31" : Demitra assisté de Šatan et Suchý

 

République Tchèque

Gardien : Tomáš Vokoun.

Défenseurs : Jan Hejda - Petr Kadlec ; Tomáš Kaberle - Jaroslav Modrý ; Jaroslav Špacek - Pavel Kolarík ; Martin Richter.

Attaquants : Jan Hlavác - Martin Straka - Milan Hejduk ; David Výborný - Robert Reichel - Jaroslav Hlinka ; Michal Sup - Jirí Hudler - Milan Michálek ; Jindrich Kotrla - Josef Vašícek - Jaroslav Balaštík ; Radim Vrbata.

Remplaçant : Roman Málek (G). Surnuméraires : Pavel Trnka, Radek Duda, Jirí Trvaj (G).

Slovaquie

Gardien : Jan Lašák.

Défenseurs : Radoslav Suchý - Robert Svehla ; Martin Štrbák - Lubomír Višnovský ; Dušan Milo - Richard Lintner ; Ivan Majeský - Ladislav Cierny.

Attaquants : Richard Zedník - Pavol Demitra - Miroslav Šatan ; Peter Bondra - Jozef Stumpel - Zigmund Pálffy ; Ladislav Nagy - Miroslav Hlinka - Vladimír Országh ; Peter Sejna - Richard Kapuš - Branko Radivojevic.

Remplaçant : Rastislav Stana (G). Surnuméraires : Zdeno Cíger, Lubomír Vaic, Pavol Rybár (G).

 

Retour aux championnats du monde