Clermont-Ferrand - Lyon (5 octobre 2003)

 

Match comptant pour la deuxième journée du championnat de France Espoirs Élite, poule sud.

Fort d'une dynamique de développement bien canalisée depuis la mise en place d'une structure autonome sous l'égide de Luc Tardif (le Directoire), le hockey sur glace hexagonal s'est doté cette année d'une solide structure de formation : le championnat Espoirs Élite. Il s'agit désormais d'un championnat pour les moins de 22 ans, élargi à seize clubs répartis en deux poules. Dans la poule nord, Amiens, Rouen, Viry et Anglet partent favoris, les Français Volants et Cergy paraissant un ton en dessous. Le nouveau venu mulhousien pourrait créer quelques grosses surprises, avec des recrues de premier choix comme Luc Tardif jr ou Francis Ballet. Le chemin sera long pour Tours : les Diablotins se sont inclinés 13-2 et 12-0 pour leurs deux premiers matchs en déplacement...

La poule sud semble beaucoup plus équilibrée : si Grenoble, champion en titre, s'annonce comme le grandissime favori, Gap, Clermont et Villard, qui comptent sur leurs réserves de jeunes joueurs pour s'affirmer dans les joutes du Super 16, peuvent nourrir de glorieuses ambitions. Mont-Blanc, Lyon et Chambéry présentent tous le potentiel de prendre une posture d'outsider.

À l'orée de la saison 2003-2004, le Clermont Auvergne Hockey Club a impulsé un tournant unique dans l'histoire du club : le recrutement a été avant tout orienté vers de jeunes joueurs français, et l'équipe Espoirs qui a vu le jour est la plus compétitive que le club ait connu dans cette catégorie. La filière amiénoise a marché à plein cette année, en espérant que ce type de recrutement puisse être reconduit d'année en année : trois joueurs débarquent directement de la Somme, auréolés d'une troisième place au meilleur niveau national, deux autres y ont passé leur première année junior.

Dans les buts, Alric Brison, formé à Amiens, deuxième gardien de l'équipe de France des moins de 18 ans durant les derniers championnats du monde de division 1 à Briançon, souffle la place de titulaire à Camille Vigier, produit du club. En défense, Cyrille Gaby et Léo Rivon, deux joueurs formés au CAHC, forts de quatre matchs chacun en Super 16, montrent la voie à Sylvain Messier et Lilian Puech, qui ne devraient pas tarder à goûter à leur tour aux joies du hockey senior. Ces quatre auvergnats sont rejoints par Mathieu Caron, joueur amiénois aligné sur la troisième ligne durant le tournoi final junior de Grenoble en avril. Un peu plus en retrait, Jonathan Douherg, Mickaël Vallarcher et Alexandre Paul auront, grâce au championnat, beaucoup de temps de glace pour s'affirmer au sein de la défense auvergnate.

En attaque, les Sangliers ont pu constituer cette année une première ligne de feu, comme rarement les paisibles volcans qui surplombent Clermont ont eu l'occasion d'en admirer : Cyril Gavalda, le surdoué du CAHC, confirme chaque semaine son statut de symbole de la formation clermontoise. Il prendra certainement une dimension insoupçonnée cette saison au plus haut niveau français. À ses côtés, Hugues Voyer, de retour au pays : aux cotés de Kevin Hecquefeuille, Mickaël Brodin ou encore Lionel Wiotte et Élie Marcos, cet attaquant né le 28 mai 1984 a joué cinq matchs en juniors élite avec Amiens en 2002-2003, inscrivant deux buts et une assistance. Troisième attaquant de feu, Anthony Cozette. Même si sa place de titulaire chez les juniors amiénois n'était pas aussi évidente que celle de Mathieu Caron, Anthony Cozette a lui aussi participé au tournoi final de Grenoble. Il a même joué un match sur la ligne de Kévin Hecquefeuille et Romain Masson. Sur la deuxième ligne, Martin Jeannette fait figure de cadre indiscutable de l'équipe : il revient d'une saison en Suède, à Västerås, et a joué les quatre premiers matchs de l'année en Super 16, récoltant même une assistance. Parmi la pléthore d'attaquants formés au club (Laurent Guillaud, Baptiste Letessier, Marc Dupuylolier, Clément Brajon, Pierre Méallet, Valentin D'Arzac), notons la surprise causée par Nams Souchon, auteur d'un but et une assistance contre Chamonix.

En face, les Lions sont, pour beaucoup, intégrés à l'équipe senior, promue cette année en Nationale 1. Cependant, pour ce déplacement, l'équipe ne peut se présenter au complet. Trois "stars" du LHC sont absentes : Patrice Vichier-Cerf, auteur d'un but et deux assistances lors des quatre premiers matchs de la saison en Division 1, Xavier Simoni, le défenseur toulonnais qui a participé à deux championnats du monde des moins de 18 ans, et Julien Leconte, venu de Grenoble.

Le match commence sur un rythme peu élevé, avec beaucoup d'approximations de part et d'autre. Les Clermontois ont quand même le monopole du palet, et présentent des séquences de jeu collectives beaucoup plus huilées que lors du match nul arraché à domicile face à Chamonix. Les actions restent rares des deux côtés, il faut attendre 2'46" pour qu'un tir lyonnais de faible puissance serve la réplique des Rhodaniens à deux lancers auvergnats. Le premier bon enchaînement offensif clermontois échoue de peu (4'25), et un slap de la ligne bleue signé Lilian Puech, décidément très bon sur son couloir défensif gauche, accentue la pression des Sangliers (5'48). De manière très étrange, c'est sur une pénalité sifflée contre Souchon (7'55) que les Sangliers obtiennent l'une des occasions les plus franches de ce premier tiers : un breakaway de Martin Jeannette, que Sylvain Lerch bloque sans trop de difficultés (8'55). Moins d'une minute plus tard, la ligne de feu fait enfin sa rentrée dans le championnat Espoirs Élite, et Cyril Gavalda, qui s'était déjà illustré par des dribbles à répétition en pleine défense lyonnaise, débloque son compteur sur un très beau mouvement collectif initié par Mathieu Caron et relayé par Anthony Cozette (1-0, 9'40).

Sur l'engagement qui suit, les Lyonnais réagissent par leur meilleure occasion de ce premier tiers, et trouvent le poteau. Leurs attaquants lancent à nouveau sans trouver la faille (10'11). Le jeu est rapide, sans être vraiment rugueux, mais deux blessures surviennent : Mathieu Caron et Sylvain Messier semblent assez durement touchés et doivent quitter la glace. Ils sont ensuite emmenés directement à la clinique en observation. Dès lors, le match prend un tout autre visage : en effet, ces deux joueurs sont considérés comme les piliers de la défense clermontoise, et leurs sorties génèrent des boulevards pour les attaquants rhodaniens. Malgré un raid solitaire du marcassin Nams Souchon (12'37), les Lions, réorganisés, se lancent à l'assaut de Sangliers affaiblis. Durant ces minutes de flottement dans la défense clermontoise, Alric Brison se met en évidence, et montre qu'il a un avenir radieux au meilleur niveau national. Ce gardien de dix-huit ans formé à l'école amiénoise effectue d'abord un magnifique arrêt de la mitaine (13'55), avant de réitérer quelques secondes plus tard (14'22 et 14'34). La défense, rassurée par ce gardien d'exception, se jette plus résolument dans la bataille, et Léo Rivon sonne le réveil de ses coéquipiers (17'11). Ainsi, le tiers se clôt sur une énorme action clermontoise (18'43).

Le deuxième tiers reprend sur une infériorité lyonnaise et une pression clermontoise de tous les instants. Un premier lancer de Cyrille Gaby s'écrase contre le plexiglas sans inquiéter Lerch (20'26). Mais les Sangliers ont tous compris le message et Cyril Gavalda multiplie les remontées de palet, étonnant de facilité lors de ses entrées de zone ou quand il s'agit de semer les défenseurs adverses. Le garçon aux seize matchs de S16 organise une superbe action offensive, avec pénétration de la défensive adverse, remise sur Cozette devant le but qui transmet à Hugues Voyer pour un caviar immanquable (2-0, 12'17). Avec cette ligne d'attaque, Clermont n'a pas grand-chose à craindre devant. Une nouvelle pénalité contre Baptiste Letessier est facilement tuée par une défense à nouveau impeccable malgré l'absence de Sylvain Messier et Mathieu Caron (22'47). Trois grosses actions lyonnaises permettent à Alric Brison de faire étalage de sa technique (28'20, puis breakaway à 30'35 et arrêt du patin face à Franckie Vidal à 31'58). Baissant le rythme, les Clermontois se contentent de quelques coups d'éclat personnels : Anthony Cozette contourne la cage lyonnaise sans trouver l'ouverture (32'50), Martin Jeannette perce la défense sans succès (33'39).

Relâchés, les Sangliers Arvernes sont surpris par des Lions soudain plus incisifs. Sur une suite d'actions que les Clermontois ne parviennent pas à endiguer, Brison multiplie les arrêts, mais il semble bien seul face à la furia lyonnaise. À l'énergie, les Lions réduisent le score par l'un de leurs leaders, Mickaël Rommevaux, assisté de Jocelyn Marie et Franckie Vidal, excellents depuis le début de la partie (2-1, 34'44). Comme toujours lorsque l'équipe est en danger, la ligne de feu Cozette-Gavalda-Voyer est envoyée au charbon, et Cyril Gavalda donne un coup d'accélérateur (35'51). Mais les Lyonnais sont entrés pour de bon dans le match, et leur hargne paie sur un magnifique slap de la bleue... Cependant, le but est refusé à cause d'une présence lyonnaise dans la zone du gardien (37'49). Les Clermontois, désorganisés en cette fin de tiers, sont incapables de bousculer l'excellente défense lyonnaise. Brison doit encore faire montre de son talent pour stopper les ardeurs rhodaniennes, avec un régal d'arrêt de la mitaine (39'05). Une échauffourée éclate au crépuscule de ce deuxième tiers, entre Jocelyn Marie et Hugues Voyer.

À la troisième reprise, le match redémarre sur les chapeaux de roues, le rythme est étonnamment élevé, la tension grimpe d'un cran, et la demi-douzaine de Lyonnais présents dans les gradins donne de la voix, alors que le Kop clermontois (quatre ans de moyenne d'âge) avait largement pris le dessus au premier tiers. Né sous la bonne étoile de l'antique Mercure Domus (nom antique du Puy-de-Dôme, mont sacré pour les Arvernes puis pour les Romains, au pied duquel s'étale l'agglomération clermontoise), Cyril Gavalda ne perd pas une minute pour mettre en difficulté Lerch (40'29). Dans la première minute, les Clermontois ne sont pas en reste et produisent deux tirs, dont un bon lancer de Léo Rivon (40'46 et 40'55). Les Lyonnais réagissent et Alric Brison s'illustre à nouveau par un formidable arrêt (41'36). Le rythme est très rapide, les actions s'enchaînent : le défenseur gauche clermontois Lilian Puech pénètre à toute vitesse la zone d'attaque, transmet à Léo Rivon, son acolyte de défense, monté lui aussi aux avant-postes. Rivon contourne la cage de Lerch et le fusille après s'être joué de la défense lyonnaise (3-1, 41'36).

Sur l'engagement qui suit, Gavalda chipe le palet aux Lyonnais pour se créer une nouvelle occasion franche (41'50). Cependant, le génie du jeune attaquant clermontois ne suffit plus face à des Lyonnais remontés comme des pendules, et qui sentent que, en l'absence des deux piliers de la défense clermontoise, sortis sur blessure, tout est possible. Souchon à nouveau pénalisé (43'53), Brison doit encore montrer tout son talent (arrêt d'extra-terrestre à 45'12). Un bon lancer de Cyrille Gaby (46'22) ne peut masquer une fin de match pénible pour les Clermontois, mis à rude épreuve. Jocelyn Marie, en breakaway, trompe Brison et remet son équipe en selle (3-2). Cependant, la défense clermontoise tient bon jusqu'à la fin du match.

Cette deuxième rencontre d'Espoirs Élite, d'excellente facture, est très encourageante pour l'ensemble de cette compétition. Disputée, jouée sur un tempo alerte, pleine d'engagement, elle permet de jeter un regard optimiste sur l'immense chantier de restructuration engagé par le hockey hexagonal. Personnellement, j'ai été séduit par la qualité de jeu, malgré un début de match très approximatif de part et d'autre. Si certains joueurs survolent les débats, chaque équipe présente cependant une allure homogène, et tous ceux qui montent sur la glace se dépensent à fond. Un très beau spectacle, plein d'espoir, qui met en lumière un sacré réservoir de hockeyeurs français jusqu'à présent délaissé. Les joueurs présents sur le glaçon clermontois devront bientôt décider s'ils poursuivent le hockey ou non. Au-delà des questions d'avenir professionnel ou d'études, tous ont certainement pris un plaisir intense durant ce beau match, et le fait de pouvoir participer à un championnat bien structuré, équilibré, sérieux, pèsera sans doute dans leur motivation. Pour les spectateurs, c'est un régal, et je m'étonne que si peu de personnes aient l'idée de venir assister gratuitement à un spectacle de cette qualité... Pour l'instant, le championnat Espoirs Élite ne suscite pas encore l'intérêt qui lui revient de plein droit.

Compte-rendu signé Jocelyn Parot

 

Clermont-Ferrand - Lyon 3-2 (1-0, 1-1, 1-1)

Dimanche 5 octobre 2003 à 18h15 à la patinoire de Clermont-Communauté. 50 spectateurs.

Évolution du score :

1-0 à 09'40" : Gavalda assisté de Cozette et Caron

2-0 à 22'17" : Voyer assisté de Cozette et Gavalda

2-1 à 34'44" : Rommevaux assisté de Vidal et Marie

3-1 à 41'36" : Rivon assisté de Puech

3-2 à ??'??" : Marie

 

Clermont Auvergne Hockey Club

Gardien : Alric Brison.

Défenseurs : Sylvain Messier - Mathieu Caron ; Lilian Puech - Léo Rivon ; Cyrille Gaby - Jonathan Douherg ; Mickaël Vallarcher - Alexandre Paul.

Attaquants : Cyril Gavalda - Hugues Voyer - Anthony Cozette ; Laurent Guillaud - Nams Souchon - Martin Jeannette ; Baptiste Letessier - Marc Dupuylolier - Clément Brajon ; Pierre Méallet - Valentin D'Arzac.

Remplaçant : Camille Vigier (G). Absent : Laurent Bellet. Entraîneurs : Frédéric Nilly et Serge Messier.

Lyon Hockey Club

Gardien : Sylvain Lerch.

Défenseurs : Fabrice Quirant - Thibault Camus ; Florian Robert - Damien Croux ; Antoine Floirac.

Attaquants : Franckie Vidal - Mickaël Rommevaux - Jocelyn Marie ; Sullivan Aubry - Sébastien Richard - Hugo Picard ; Fabien Guilloux - Alexandre Poirot - Gaël Rulland.

Remplaçants : Frédéric Tiercelet (G) et Yann Coya (G). Absents : Patrice Vichier-Cerf, Xavier Simoni, Julien Leconte. Entraîneur : Roger Dubé.

 

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