Rouen - Anglet (25 octobre 2003)

 

Match comptant pour la septième journée du Super 16, poule ouest.

Double Face !

Quel est le vrai visage de l'équipe rouennaise ? Est-ce celui aperçu le week-end dernier, organisé, rigoureux et déterminé contre Amiens ? Ou celui montré ce soir face à Anglet, naïf, déstructuré et suffisant ? Les Dragons s'intéressent-ils au championnat ? Ne démontrent-ils pas peu de respect envers la première phase du Super 16 et indirectement pour leur fidèle public ? L'année fondamentale, d'après le président Thierry Chaix, pour que le hockey prenne le leadership sur les évènements sportifs rouennais face au basket et au football, est d'ores et déjà bien mal amorcée. Bien sûr, nous ne remettons pas en cause le droit à la défaite, subie dans l'honnêteté professionnelle et avec une détermination irréprochable. Mais désormais, il y a trop d'accidents pour ne pas éveiller les doutes. Les accrocs normands s'enchaînent dans une spirale agaçante (avant d'être fatale ?), dans les résultats comme dans la forme, à Brest, contre Tours, Amsterdam et le "summum" contre Anglet.

Des Angloys pourtant privés, ce soir, de deux de leurs fers de lance, Stanislas Solaux et Xavier Daramy. Du côté rouennais, on note les absences de Steven Low et d'Arnaud Briand, respectivement remplacés par Simon Doreille et Thibault Geffroy.

Rattrapés

Démontrant une certaine apathie rouennaise, le premier tir cadré des Dragons était décoché après trois longues minutes de jeu. Néanmoins, le patinage était rapide des deux cotés et les Dragons démontraient, enfin, leur envie dans un début de match déjà bien entamé. Benoît Pourtanel se voyait refuser l'ouverture du score parce que son lancer avait heurté le casque de Jean-Ian Filiatrault (3'19). Quelques secondes plus tard, Miikka Rousu envoyait la rondelle sur le poteau du gardien de l'Hormadi (3'39). La défensive d'Anglet éprouvait de plus en plus de difficultés à contrecarrer les attaques des joueurs de Franck Pajonkowski. Les Basques cédèrent sur un slalom de Miikka Rousu dont profitait Maurice Rozenthal, capitaine d'un soir, pour facilement glisser du revers le palet dans une cage ouverte (1-0 à 6'01).

Tranquillisés par ce but, les "Noirs et Jaunes" tombaient dans la suffisance. Sur un premier jeu de puissance, ils laissaient s'échapper David Dostal. Seul un retour in extremis et expéditif de Sami Karjalainen pouvait l'empêcher de marquer, au détriment d'une prison au bord du lancer de pénalité (9'07). Après ce jeu à quatre contre quatre, les Dragons n'en faisaient qu'à leur tête. Ils subissaient une infériorité stupide (11'54) sans dommage. Puis, ils se reposaient sur leurs lauriers. Alors, Antoine Amsellem en profitait. L'Angloy jouait parfaitement un trois contre deux, détourné par un Éric Raymond bien concentré en dépit d'un très faible nombre de tirs à négocier (15'18). Après une tentative de Mikka Rousu qui s'est beaucoup démené (18'00), l'ailier basque remettait le couvert quelques minutes plus tard avec plus de réussite. Seul cette fois. Avec plus de volonté que son défenseur direct, il prenait le meilleur sur son arrière brimbalé qui le laissait finalement jouer dans la zone de vérité. Surpris par ce laxisme étonnant, Éric Raymond s'inclinait sur le petit lancer d'Antoine Amsellem (1-1 à 18'23).

Le coup de massue

Ce but avant la pause donnait confiance aux joueurs de Karlos Gordovil qui dans le deuxième tiers faisaient jeu égal avec des Rouennais mi-figue mi-raisin et la défense à la crème. Ainsi, Antoine Amsellem (23'23) répondait à Benoît Pourtanel (22'50). Néanmoins, après qu'Alain Vogin eut manqué une bonne chance (26'39), les Dragons se dépêtraient de leur mollesse à la faveur d'une supériorité salvatrice. Benoît Pourtanel, de près, exploitait une action déconcertante d'Alain Vogin (2-1 à 26'54). Ce but remit les Normands un peu plus en selle. Cependant, ils étaient toujours aussi approximatifs dans le dernier geste à l'image de Maurice Rozenthal, idéalement servi par Sami Karjalainen, manquant une occasion de tuer le match (31'39). Ensuite, les Rouennais s'installaient dans un faux rythme. Ne jouant pas à fond, sans appui individuel ni solidarité collective, ils étaient surpris par la rapidité - toute relative - de Basques assez intrépides. Sur un jeu de puissance des visiteurs, l'arbitre M. Calamoneri, qui n'est plus à une bévue près, accorda un lancer de pénalité à l'Hormadi sur une faute inexistante et où, dans la mesure factice du contraire, il ne pouvait pas y avoir penalty, les deux joueurs étant sur la même ligne. Bref, passons sur l'incompétence atavique des arbitres français tant démontrée par M. Bachelet lors du tournoi de qualification de la Coupe Continentale de Rouen en fin de semaine dernière. Le Canadien Pascal Bédard, chargé de la sanction, démontra, lui, toute sa compétence à enfiler les buts en mano à mano. L'arrière égalisait en trouvant magnifiquement le haut des filets (2-2 à 33'35).

Après cet épisode tragi-comique - qui vit le prisonnier normand s'évader de prison, contre toutes les règles en place mais avec l'aval du directeur de jeu (!) - les joueurs locaux tombaient dans des travers inopportuns. Attaques de types "à l'abordage", chacun voulant faire son show sans le réussir faute de condition adéquate. Montées simultanées des arrières, non couvertes de surcroît, etc ! Alors, la fin du tiers fut logiquement au profit d'Anglet. Géraud Maréchal crut bien qu'il avait marqué en reprenant, de plein fouet, démarqué devant le but, une passe venue d'un bon débordement à droite. Éric Raymond, en stoppant miraculeusement le palet, sauvait littéralement son équipe (34'52). Moins de deux minutes derrière, c'est Nicolas Courally qui, dans le haut de l'enclave, faisait encore briller le portier rouennais (36'23). Un peu plus tard, David Dostal échouait de très peu sur une occasion en or (39'35). En toute fin de tiers, Rouen eut tout de même un sursaut. Benoît Pourtanel, dans le slot, eut une opportunité qu'il ne put maîtriser (39'50). Frustrés, les Dragons prenaient même une nouvelle pénalité antisportive stupide.

La douche froide

Au retour sur la glace, d'une part, on notait le passage de Simon Lacroix à l'arrière, remplacé par Gautier Lafrancesca (44'46) devant, pour jouer le cinquième défenseur car Simon Doreille et Nicolas Besch avaient fait les frais du mauvais rendement de l'équipe au cours de la deuxième période en étant laissés sur le banc. D'autre part, Niko Kantelinen était sanctionné et assis à leurs cotés, remplacé par Alexandre Lefebvre (44'46) puis par Damien Raux (56'02)... Une réorganisation qui désorganisait passablement le peu de rouages offensifs des Dragons... Tout juste étaient-ils capables de provoquer des fautes chez leurs adversaires. Cependant, en dépit de tout de même six tirs cadrés, aucune de leurs deux attaques à cinq n'étaient dangereuses ! Et puis, sur une action anodine, le Basque d'adoption Jean-Christophe Filippin, forcé, lançait sans conviction de la ligne bleue sur la cage et trompait Éric Raymond sans doute masqué (2-3 à 51'27).

Après avoir annihilé une infériorité (54'30), Franck Pajonkowski, demandant un temps mort (57'10), faisait sortir son gardien sur une dernière supériorité. L'attaquant supplémentaire, faute de maîtrise et de confiance collective n'apportait rien. Dans une récupération de palet angloye, Daniel Sedlak envoyait de son camp vers... le poteau du but désert d'Éric Raymond (59'19). Peu après, dans son immense bonté malhabile, l'animateur zébré accorda aux Rouennais une dernière chance, compensatrice (?), d'égaliser. L'arbitre accordait un lancer de pénalité aux Dragons pour une faute sur Pierre-Édouard Bellemare (59'47). Rouen allait égaliser et sauver son honneur car l'homme aux mille abonnements, le joueur qui devait faire gagner Rouen cette saison, l'homme providentiel de tout un public, ou presque, s'élançait sous les acclamations "Mau-rice... Mau-rice...". Pas de chance, Jean-Ian Filiatrault paradait le capitaine intérimaire, faisant monter l'Hormadi au septième ciel et redescendre sur terre toute une patinoire circonspecte de la première victoire d'Anglet à Rouen, dont l'histoire retiendra qu'elle eut lieu sous le premier (et le dernier, svp) capitanat de Maurice Rozenthal.

Compte-rendu signé Thierry Frechon / Photo de Francis Larrede

 

Commentaires d'après-match (dans Paris Normandie et Sud Ouest)

Maurice Rozenthal (capitaine de Rouen) : "Les absences de Briand et Low ne sont pas une excuse. Quand on commence à perdre, on est une équipe qui a du mal à gérer la pression. C'est dur à expliquer. On ressent la pression qu'il y a autour du club. Avant la Coupe d'Europe, c'était une pression saine qui nous a motivés. En championnat, avec l'obligation d'un résultat, c'est une pression malsaine qui s'installe sur la glace. Mais nous sommes les premiers responsables."

Jean-Christophe Filippin (capitaine d'Anglet) : "On avait annoncé qu'on voulait faire ce résultat. On avait besoin de points et cette victoire confirme le très bon match que l'on avait fait à Amiens malgré la défaite. C'est un match référence pour nous. Pour le club, c'est historique, puisque jamais Anglet n'avait gagné à Rouen. Cette victoire est méritée sur l'ensemble du jeu. La différence s'est faite sur des petits riens mais on a su être constants et solidaires. Maintenant, j'espère que la patinoire de la Barre va être pleine samedi prochain pour la venue de Brest."

 

Rouen - Anglet 2-3 (1-1, 1-1, 0-1)

Samedi 25 octobre 2003 à 20h00 sur l'Île Lacroix. 2500 spectateurs.

Arbitrage de Thierry Calamoneri assisté de Damien Bliek et Éric Bouguin.

Pénalités : Rouen 12' (4', 4', 4'), Anglet 12' (4', 2', 6').

Tirs : Rouen 39 (11, 14, 14), Anglet 31 (9, 11, 11).

Occasions : Rouen 8 (3, 4, 1), Anglet 7 (2, 4, 1).

Arrêts : Raymond 28/31 (90%), Filiatrault 37/39 (95%).

Évolution du score :

1-0 à 06'01" : M. Rozenthal assisté de Karjalainen

1-1 à 18'23" : Amsellem

2-1 à 26'54" : Pourtanel assisté de Vogin et Rousu (sup. num.)

2-2 à 33'35" : Bédard (tir de pénalité)

2-3 à 51'27" : Filippin assisté de Dostal

 

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Daniel Carlsson - Nicolas Besch ; Nicolas Pousset - Veli-Pekka Hård ; Simon Doreille - Benoît Pourtanel ; puis Simon Lacroix (40'00).

Attaquants : Maurice Rozenthal - Sami Karjalainen - Miikka Rousu ; Thibault Geffroy - Alain Vogin - Pierre-Édouard Bellemare ; Niko Kantelinen puis Alexandre Lefebvre (44'46) et Damien Raux (56'02) - Martin Lacroix - Simon Lacroix puis Gautier Lafrancesca (44'46).

Remplaçant : Landry Macrez (G). Absents : Steven Low (douleurs au dos), Arnaud Briand (grippé).

Anglet

Gardien : Jean-Ian Filiatrault.

Défenseurs : Pascal Bédard - Lubomir Duda ; David Saint-Onge - Jean-Christophe Filippin ; Mickaël Wiart - Daniel Sedlak.

Attaquants : Antoine Amsellem - Jérôme Patard - Raphaël Larrieu ; David Dostal - Michal Garbocz - Xavier Lasalle ; Nicolas Courally - Julien Aubry - Géraud Maréchal.

Remplaçants : Christophe Bigot (G), Julien Hitze et Stanislas Solaux. Absents : Xavier Daramy (suspendu), Jean-François Ladonne, Christophe Cantos et Julien Pousset (?).

 

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