Anglet - Amiens (29 novembre 2003)

 

Match comptant pour la onzième journée du Super 16, poule ouest.

Quelle soirée de folie à la patinoire de la Barre, la douleur a transcendé l'Hormadi, quel plus bel hommage à la mémoire de Bronco aurait-on pu rêver. L'émotion était bien palpable ce soir à la Barre lors de la minute de silence à la mémoire de Jean-Marc Bronchart, alias Bronco, le responsable du matériel du club angloy qui a mis fin à ses jours cette semaine.

Deux coups de semonce consécutifs de Laurent Gras (0'29 et 0'33), démontrent la volonté des vice-champions de France. Pas découragés un instant, les locaux profitent d'un break de Solaux (01'53) paradé in extremis par Antoine Mindjimba, qui fait un arrêt de grande classe sur le rebond. Pas de répit, Vincent Bachet adresse un tir lointain à Filiatrault, masqué par un trafic important devant ses buts mais qui nous gratifie d'un arrêt réflexe (04'54). Anglet domine mais Amiens ne faiblit pas, pourtant l'international Xavier Daramy trouve l'ouverture dans un angle impossible. Sur un tir en pivot, il trompe le portier picard pas exempt de tout reproche ce coup-ci (1-0). La patinoire exulte.

Les Angloys poussent encore, et sur une transversale lumineuse de David Dostal, le missile de Daniel Sedlak est dévié par la bottine de Minjimba (06'27). Le Gothiques ne sont pas en reste, Frederick Brodin sur une belle entrée de zone fait une magnifique passe vers Aimonetto qui est bien repris par Lubomir Duda (10'44). Le meilleur espoir 2003 Kévin Hecquefeuille démontre qu'il n'a pas usurpé son titre. Il enrhume le défenseur angloy et fait une nouvelle feinte sur Filiatrault mais le gardien de l'Hormadi pourtant à terre trouve le moyen de faire l'arrêt alors que le but était grand ouvert (14'11).

Amiens reprends l'initiative, le tir de Laurent Gras passe au-dessus (15'04), celui de François Rozenthal plus puissant connaît le même sort (15'54). Hecquefeuille remet le couvert mais Filiatrault dans un grand soir est à la parade (16'06). S'ensuit un festival de François Rozenthal qui feinte magnifiquement son défenseur mais Jonathan Zwikel est un peu court pour réceptionner la passe (17'15). Le jeu s'équilibre un peu dans les deux dernières minutes mais rien de plus n'est inscrit. Fin d'un premier tiers-temps époustouflant ou Anglet et Amiens nous ont livré du très beau jeu.

Tout en regardant la surfaceuse faire des allers et venues sur la glace, une question germait dans l'esprit de beaucoup : est-ce que l'Hormadi tiendra physiquement face à l'engagement physique et la pression des avants Gothiques ? Une indication pouvait rassurer, le jeu sobre, construit, et la solidité défensive des Orques. Tout juste le temps de se poser ces questions que le jeu reprend. Amiens part en deux contre un avec à la conclusion un missile de Perez (qui a dit qu'il était vieillissant, déjà ?) qui passe à côté.

Les arbitres pénalisent d'un 2'+10' Daniel Sedlak (24'03) pour une charge dans le dos, alors que Pascal Bédard se reposait déjà en prison. Une occasion en or pour les Gothiques, et là Jean-Ian Filiatrault doit faire face à un bombardement qui ne déplairait pas aux va-t'en-guerre comme Bush junior. Un poteau de Jonathan Zwikel (24'15) et un missile non cadré de Denis Perez sont les actions les plus marquantes de cette supériorité, jusqu'à ce que Filippin dégage en catastrophe un palet de la zone défensive. Michal Garbocz, le TGV polonais, se lance dans une course folle, enrhume son défenseur, capte le palet, fait un café crème sur Mindjimba (qui se demande encore comment) et marque (2-0 à 25'18). Incroyable explosion de joie à la Barre, tout le monde est debout.

Joie d'assez courte durée, car fort logiquement les Gothiques ont raison de Filiatrault dans la suite de cette supériorité numérique. Anthony Mortas, à la conclusion d'une action menée à cent à l'heure, réduit le score (2-1 à 25'57). Les pénalités se succèdent pour les Basques, les Amiénois accentuent la pression. Un missile de François Rozenthal trouve l'intérieur de la transversale puis ressort, l'international lève les bras, mais les officiels ne sifflent pas (29'57). Objectivement, il est difficile de se prononcer tant le tir a été rapide.

Antoine Mindjimba, jusque là relativement correct, fond un plomb. Sur la fin d'une action de Garbocz, il porte un coup de crosse au visage du Polonais qui s'écroule avec quatre dents en moins (bizarrement, pas ou peu de sang sur la glace), mais les arbitres ne sifflent pas. Si ce n'est l'arbitre, le sort sanctionne l'inqualifiable comportement de Mindjimba, en effet sur une action chaude, Antoine Ansellem le trompe d'un tir assez vicieux (3-1 à 38'46), tel est pris qui croyait prendre. Petit chambrage de Duda et nouveau mauvais geste, le gardien d'Amiens donne un coup de crosse au visage du défenseur slovaque sous les yeux des arbitres. Bien trop cléments, ils sanctionnent les deux joueurs de deux minutes. La deuxième période s'achève dans un climat rendu pitoyable par les gestes de Mindjimba.

On ne pouvait rêver d'un pareil scénario. Après quarante minutes de folie, l'Hormadi mène logiquement 3-1, le jeu pratiqué par les locaux est transfiguré par l'enjeu, les Amiénois jouant également très bien. C'est certainement l'un des meilleurs spectacles donné à la Barre depuis le début de la saison, mais voilà, la question posée reste d'actualité. Les Angloys vont-ils tenir jusqu'au bout tant la pression gothique est forte ?

Mais dès l'engagement, Pascal Bédard reçoit le palet. L'arrière québécois s'infiltre et rentre dans la zone défense amiénoise comme dans du beurre, mais son tir passe au-dessus (40'10). Le trio offensif gothique réplique avec une belle action, Brice Chauvel laisse filer une passe que récupère François Rozenthal dont le tir passe au-dessus. Xavier Lasalle, dont les présences sur la glace sont enfin dignes de son niveau de jeu, se joue de la défense amiénoise, et seul un exploit de Mindji empêche un quatrième but de l'Hormadi (42'44). Réponse du berger à la bergère avec un festival de Kevin Hecquefeuille, mais la conclusion n'y est pas, son tir passe lui aussi au-dessus du cadre (44'05).

Les Gothiques poussent et réduisent à nouveau le score sur un jeu en triangle à montrer dans toutes les écoles de hockey. Luc Chauvel, seul face à une cage vide, marque le deuxième but picard (3-2 à 50'19). On le sent bien, si Amiens égalise, la victoire échappera à l'Hormadi. Pas de découragement, David Dostal (bien terne jusque là) remet du baume au cœur en deux fois, un missile (51'49) et un breakaway (54'03) sauvé par Mindjimba qui démontre qu'il est malgré tout un grand gardien.

La libération vient du troisième bloc, avec un tir anodin de Jean-Christophe Filippin dévié par Géraud Maréchal. Mindjimba parade mais donne un rebond qu'exploite fort bien Nicolas Courally (4-2 à 54'42). La folie envahit à nouveau les travées de la Barre, encore mieux garnies depuis la fin de Biarritz - Grenoble (Top 16 de rugby), mais rien n'est encore fait car Amiens domine et Anglet fatigue.

Le jeu se durcit, Julien Aubry et Tommi Hämäläinen en viennent aux mains. Alors que la rixe se termine au sol devant le portier picard, ce dernier ne trouve rien de mieux que de flanquer un coup de pied à l'avant angloy. L'arbitre assistant le signale à l'officiel mais ce dernier est bien trop occupé à séparer les deux joueurs. Fort logiquement, les deux protagonistes prennent chacun 5'+20'.

Mais la fin de partie est défavorable aux angloys, car sur une crosse haute de Daniel Sedlak logiquement sifflée, l'arbitre décide de la muer en 5'+20' car l'Amiénois saigne. Bien aidés par ce nouveau coup du sort, les Amiénois reviennent au score dans l'ultime minute par François Rozenthal en supériorité (4-3 à 59'01). L'engament passé, le jeu s'installe en zone défensive basque, et fort logiquement Mindjimba sort pour laisser place à un dixième joueur de champ (59'05). Les Picards ne marquent pas, au contraire Duda par deux fois manque de peu le cadre.

Ce qui est certainement la meilleure rencontre vue depuis le début de saison s'achève sur une victoire méritée de l'Hormadi. On ne pouvait rêver de meilleur hommage pour Bronco.

Compte-rendu signé Hormadiar

 

Anglet - Amiens 4-3 (1-0, 2-1, 1-2)

Samedi 29 novembre 2003 à 20h00 à La Barre. 900 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Laurent Antunes et Guillaume Barthe.

Pénalités : Anglet 64' (0', 12', 2'+5'+20'+5'+20'), Amiens 37' (4', 8', 5'+20').

Évolution du score :

1-0 à 05'59" : Daramy assisté de Patard et Larrieu

2-0 à 25'18" : Garbocz assisté de Filippin (double inf. num.)

3-0 à 25'57" : Mortas assisté d'Aimonetto (sup. num.)

3-1 à 38'46" : Amsellem assisté de Garbocz et Dostal

3-2 à 50'49" : L. Chauvel assisté de B. Chauvel

4-2 à 54'42" : Courally assisté de Maréchal et Filippin

4-3 à 59'01" : Rozenthal assisté de Zwikel et Mortas

 

Anglet

Gardien : Jean-Ian Filiatrault.

Défenseurs : Lubomir Duda - Daniel Sedlak ; Pascal Bédard - David Saint-Onge ; Jean-Christophe Filippin (C) - Mickaël Wiart.

Attaquants : David Dostal - Michal Garbocz - Antoine Amsellem ; Jérôme Patard - Xavier Daramy (A) - Raphaël Larrieu ; Géraud Maréchal - Julien Aubry - Nicolas Courally ; Stanislas Solaux - Xavier Lassalle.

Remplaçants : Benoît Sanchez (G), Jean-François Ladonne. Absent : Julien Hitze.

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba (sorti de sa cage à 59'01").

Défenseurs : Arnaud Mazzone - Tommi Hämäläinen ; Denis Perez - David Hennebert ; Vincent Bachet - Frédéric Brodin.

Attaquants : François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Mickaël Brodin ; Brice Chauvel - Laurent Gras (A) - Anthony Mortas (A) ; Kévin Hecqefeuille - Richard Aimonetto - Luc Chauvel (C).

Remplaçant : Stéphane Burnet (G). Absent : Matthieu Jestin.

 

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