Tours - Rouen (29 novembre 2003)

 

Match comptant pour la onzième journée du Super 16, poule ouest.

En prenant place dans les travées de la patinoire, la plupart des Tourangeaux pensent assister à un grand match entre les Diables noirs et les Dragons rouennais. L'armada normande et sa pléthore de stars internationales, c'est toujours au moins un motif de déplacement. La partie qui va se jouer devant leurs yeux dépassera largement, dans le suspense et le spectacle, l'espoir des plus optimistes d'entre eux.

Au match aller, les Tourangeaux étaient déjà revenus avec le point du match nul (finalement défaite 4-3 a.p.). Millette, dans sa causerie d'avant-match, a sûrement dû dire à ses joueurs qu'il y avait un coup à jouer.

Toujours est-il que les Diables noirs entamèrent la rencontre sur un rythme d'enfer. Jan Simko teste Éric Raymond dès les premières secondes. Le portier rouennais, pas encore chaud, cafouille un peu mais évite le pire. Julien Desrosiers donne le tournis aux défenseurs adverses et les oblige à commettre une faute (3'06). Un avantage numérique presque aussitôt annulé sur une pénalité écopée par Tours pour retard de jeu. Mais l'ASGT continue sur sa lancée : Simko de nouveau, Sabol puis Pulscak lancent sur Raymond, désormais bien dans le match.

Il faut attendre presque la sixième minute du match pour voir la première occasion dangereuse des Rouennais avec un bon lancer de Benoît Pourtanel. Benoît Paillet se crée un grosse occasion à sont tour et ponctue ainsi une première moitié largement dominée par les Diables noirs. En face, le physique et le collectif des Rouennais est franchement impressionnant. Karjalainen répond aux assauts tourangeaux (bonne défense de Peter Bartek), juste avant qu'Igor Boriskov ne parte seul en break-away face à Raymond. Pourtant habile dans ce genre d'exercice, il rate son occasion (12'). Le premier tiers commence à s'équilibrer. Tours semble avoir besoin de souffler un peu et les Normands restent prudents, jouant sans vraiment se livrer. La fin de la période est sifflée sur ce 0-0 mal payé pour des Tourangeaux agressifs.

C'est avec le deuxième tiers-temps que le match décolle enfin. Après une minute de jeu, Arnaud Briand s'en va rejoindre le banc de la prison. Sur la supériorité qui s'ensuit, Desrosiers part seul, profite des écrans de ses coéquipiers et s'en va battre Raymond (1-0, 21'37). La réaction rouennaise ne tarde pas. Physiquement d'abord : Pulscak se fait bien secouer. Au jeu physique des Rouennais, les Tourangeaux veulent répliquer mais Desrosiers prend deux minutes de pénalité. Et, en jeu de puissance, Rouen n'est pas mal non plus. À peine installé dans la zone offensive, Alain Vogin shoote sur Hiadlovsky, gêné par le trafic devant lui, et égalise (1-1, 23'51).

Loin de s'arrêter en si bon chemin, les attaquants tourangeaux se ruent de nouveau sur les cages de Raymond. Mais ils ne négocient pas toujours au mieux leurs occasions comme ce deux contre un, gâché par une mauvaise passe (27'18). Decaens, Pulscak, puis Simko sont tout près de permettre à l'ASGT de reprendre l'avantage mais la finition manque. Et les Rouennais, bien plus expérimentés, laissent venir, sûrs de leur défense et de leur dernier rempart. Et ils misent sur leur rapidité de patinage pour procéder par contres.

Sur une nouvelle supériorité numérique rouennaise, une combinaison Rozenthal, Karjalainen et Carlsson, à la conclusion, donne l'avantage aux visiteurs pour la première fois du match (1-2, 35'12). Dur pour le moral des Tourangeaux, qui font l'essentiel du jeu, d'autant plus qu'une nouvelle faute imputable à la seule indiscipline des hommes de Millette offre une occasion supplémentaire aux Dragons d'aggraver le score à moindres frais : Miikka Rousu négocie au mieux son duel face à Hiadlovsky, bien servi par Veli-Pekka Hård (1-3, 37'58). Les affaires tourangelles semblent bien mal engagées : la domination des Diables noirs, stérile, profite au jeu rouennais, plus prudent et opportuniste. Toutefois, devant son public, l'ASGT ne veut rien lâcher. Le deuxième tiers-temps se termine sur deux occasions nettes pour Maros Bartek en situation de supériorité.

À la reprise de la dernière période, l'espoir regagne les travées de la patinoire sur un but de Sébastien Decaens après vingt-six secondes de jeu, mais l'arbitre le refuse pour une crosse haute. Énervés par ce manque de réussite, les Diables noirs commettent trop de fautes et se font pénaliser à juste titre. Et pour la quatrième fois de la soirée (!), Rouen déroule son jeu de puissance : Rousu est sur sa rampe de lancement, et quand le missile part, c'est Hiadlovsky qui déguste. Le portier ne peut que freiner le slap puissant, et le palet file quand même entre ses bottes (1-4, 41'26). À partir de ce moment là, l'affaire semble entendue. La bonne volonté tourangelle ne peut pas s'opposer au réalisme et à la force tranquille qui semblent se dégager de l'armada normande. Rouen domine désormais la partie et l'ASGT subit. Et c'est finalement ce qui va être le mieux pour les Diables noirs. Un des points forts de l'équipe tourangelle est de posséder des joueurs rapides qui aiment bien les espaces.

Millette demande un temps mort. Sur un jeu de puissance, Frantisek Pulscak combine remarquablement avec Desrosiers et trompe Raymond pour le but de l'espoir (2-4, 46'47). Le jeu devient de plus en plus haché par les fautes, de part et d'autre. À une occasion nette de Maurice Rozenthal (53'30) succède un déboulé de Radek Stepan. Rouen accuse le coup et devient soudainement plus fébrile, commettant des fautes inhabituelles pour une équipe de cette valeur. Pierre-Édouard Bellemare part en prison pour crosse haute, et Steven Low pour accrocher, ce qui laisse son équipe à trois contre cinq. C'est alors que le grand Marcel Simak envoie un missile énorme dans la lucarne de Raymond (3-4, 55'03), toujours aussi "discrètement". Mine de rien, l'ASGT est revenu à un but alors que les Dragons pensaient tenir le match.

Et ce n'est pas fini. Le coach rouennais demande à son tour un temps mort. On imagine sans peine les consignes reçues par les joueurs. Seulement, c'est sans compter sur l'énergie fantastique déployée par les Diables noirs. À peine le palet gagné sur la mise au jeu, Boriskov sert sur un plateau Frantisek Pulscak qui venait de rater une belle occasion quelques secondes auparavant ; son slap puissant ne laisse aucune chance à Éric Raymond qui s'incline pour la quatrième fois (4-4, 57'29) pour l'égalisation, dans une patinoire qui chavire de bonheur. Les Dragons sont touchés au moral. Ils semblaient ne pas s'attendre à voir le match leur échapper ainsi.

Il reste deux minutes. Sur l'engagement, Igor Boriskov, auteur d'un de ses meilleurs matches, parvient à glisser le palet à Zdenek Novosad qui déjoue le portier normand, moins de quinze secondes après l'égalisation (5-4, 57'43). Rouen est touché, mais dans les ultimes secondes de la partie, en bénéficiant d'une supériorité numérique suite à une faute de Pulscak, Rouen jette toutes ses forces dans la bataille. Hård (48'05) lance sur Hiadlovsky qui capte de la mitaine, puis c'est au tour de Karjalainen de tirer à bout portant, mais Hiadlovsky fait encore obstacle.

Les joueurs de Bob Millette font corps pour donner une victoire fabuleuse, grâce notamment à un troisième tiers de folie (4-1) ; la sortie de Raymond dans les ultimes secondes ne donnera rien. L'ASGT signe l'une de ses plus belles performances dans sa patinoire depuis quelques années. Rouen, qui pourtant avait largement le match en main, a sans doute sous-estimé le potentiel offensif et la volonté des Diables noirs ce soir.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Tours - Rouen 5-4 (0-0, 1-3, 4-1)

Samedi 29 novembre 2003 à 20h00 sur l'Île Lacroix. 1600 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté d'Alexandre Hauchart et Gilles Magnier.

Pénalités : Tours 24' (4', 12', 8'), Rouen 34' (6'+10', 10', 8').

Évolution du score :

1-0 à 21'37" : Desrosiers (sup. num.)

1-1 à 23'51" : Vogin assisté de Hård (sup. num.)

1-2 à 35'12" : Carlsson assisté de Karjalainen et Rozenthal (sup. num.)

1-3 à 37'58" : Rousu assisté de Hård et Salminen (sup. num.)

1-4 à 41'26" : Rousu assisté de Karjalainen et Hård (sup. num.)

2-4 à 46'47" : Pulscak assisté de Desrosiers (sup. num.)

3-4 à 55'03" : Simak assisté de Pulscak et Boriskov (double sup. num.)

4-4 à 57'29" : Pulscak assisté de Boriskov

5-4 à 57'43" : Novosad assisté de Boriskov

 

Tours

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Marcel Simak - Frantisek Pulscak (A) ; Vladimir Sabol - Peter Bartek ; Radek Stepan - Olivier Vandecandelaere.

Attaquants : Igor Boriskov - Sébastien Decaens (C) - Julien Desrosiers ; Jan Simko - Zdenek Novosad - Maros Bartek ; Benoît Paillet (A) - Jaroslav Balaz - François Gleize ; Taras Bega.

Remplaçants : Guillaume Papillon (G), Norbert Périnet et Valère Falck.

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Daniel Carlsson - Veli-Pekka Hård ; Nicolas Besch - Steven Low ; Nicolas Pousset - Benoît Pourtanel.

Attaquants : Miikka Rousu - Sami Karjalainen (A) - Kimmo Salminen ; Pierre-Édouard Bellemare - Arnaud Briand (C) - Maurice Rozenthal (A) ; Martin Lacroix - Alain Vogin - Niko Kantelinen.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Damien Raux, Thibaut Geffroy. Absent : Simon Lacroix (blessé à la jambe).

 

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