Grenoble - Mulhouse (2 décembre 2003)

 

Match comptant pour la douzième journée du Super 16, poule est.

Ce match au sommet de la poule avait attiré la grande foule à Pôle Sud. L'enjeu de la rencontre était relativement simple : la suprématie de la poule entre deux équipes qui dominent outrageusement les débats et qui cherchaient à se tester avant d'en découdre avec les formations de l'ouest. Le match aller à Mulhouse (victoire 1-0 des Scorpions après prolongation) avait donné le ton.

La rencontre partait sur un rythme très élevé. On vit rapidement dès les premières mises en échec que l'engagement allait être bien plus important que lors des précédentes rencontres à Pôle Sud. Le jeu partait d'une cage à l'autre et les deux gardiens étaient testés sur plusieurs tirs de loin sans être véritablement inquiétés. Les Scorpions ne fermaient pas le jeu en ce début de rencontre et se montraient plus dangereux que leurs adversaires. Un faute de Rolland donnait la première supériorité du match à Mulhouse, très vite annulée par une pénalité de Prunet. Le jeu à quatre contre quatre accélérait le rythme d'une rencontre de très bonne qualité. Les premières amabilités étaient échangées entre Mathieu Mille et Benoît Bachelet. Les Brûleurs de Loups mettaient peu à peu leur emprise sur la rencontre et Lhenry était sollicité plus régulièrement que son vis-à-vis. Une pénalité infligée à Brincko donnait à Grenoble l'occasion d'ouvrir le score. Mais le jeu de puissance grenoblois avait du mal à bouger une défense bien regroupée autour de son dernier rempart. À la fin du tiers, le 0-0 semblait finalement assez logique mais le score aurait pu être tout autre si Steve Michou n'avait pas vendangé la plus belle occasion à quelques secondes de la fin : une relance mal inspirée de Simon Bachelet plein axe qu'il intercepte juste devant Rolland. L'attaquant mulhousien hésite, Rolland ne fait pas le premier geste et le tir finit sa course dans le plexi. Les Brûleurs ont eu très chaud.

La domination grenobloise se fait plus nette au deuxième tiers-temps. Par vagues successives, les Grenoblois mettent la pression sur les cages de Lhenry. Sans beaucoup de succès. À l'image de Deschaume qui tire trois fois de suite sur le gardien alsacien. Les tirs grenoblois avaient parfois plus tendance à faire briller le portier de l'équipe de France qu'à le mettre vraiment en danger. De là à dire que les attaquant grenoblois font un "complexe" Lhenry... Il faut dire aussi que la défense mulhousienne ne laissait que peu d'espace. Toutes les tentatives individuelles étaient forcément vouées à l'échec, et malgré quelques bonnes combinaisons, les Brûleurs de Loups ne parvenaient pas à déséquilibrer une défense maître en la matière. La consolation venait de la... défense grenobloise justement, attentive aux moindres contres dont les attaquants mulhousiens adorent saisir le moindre opportunité. Cette fois, pas de mauvais placement, pas de contre laissé : Rolland fait face à de moins en moins de tirs. De l'autre côté de la glace, les supériorités ne sont pas toujours bien exploitées et les situations confuses devant les cages de Lhenry paraissent être les seules possibilités de marquer. Benoît Bachelet, décidément remonté, se brassait avec Chassard, mais le score ne se débloquait pas pour autant. Histoire d'être complètement à égalité, Lhenry imitait Rolland et prenait à son tour deux minutes de pénalité. Dernier épisode d'un deuxiàme tiers qui fut plaisant malgré un score toujours vierge.

Après deux périodes nulles et vierges, le spectre du match aller commençait à roder sur Pôle Sud. Ces deux équipes inséparables allaient-elles pouvoir se départager dans les vingt dernières minutes ? Les contacts le long des balustrades se faisaient de plus en plus rugueux : Kazda parvenait à emmener Gachet avec lui en prison. Les Brûleurs vendangeaient une nouvelle supériorité numérique. Les Scorpions allaient enfin se créer l'occasion de contre qu'ils attendaient. Mais par trop de précipitation, ils gâchaient un 3 contre 1 par un hors-jeu bien malvenu. La défense grenobloise n'allait pas laisser d'autres occasions de ce type. Meunier envoyait une charge que l'arbitre jugeait un peu trop appuyée. La tension montait d'un cran avec le suspense au fur et à mesure que le temps s'écoulait. De mort subite, il en était déjà question, tant il semblait que si une équipe parvenait à marquer, elle saurait conserver cet avantage jusqu'au bout. Lhenry continuait de frustrer les attaquants grenoblois, Andreï Shchevelev et Benoît Bachelet notamment. Les dernières minutes étaient riches en pénalités, ce qui multipliait les phases de jeu à quatre contre quatre ou même quatre contre trois, pourtant propices aux espaces. En vain. Aucune des deux équipes ne parvenait à déjouer le gardien adverse, et comme à Mulhouse, les deux équipes étaient blanchies au bout de soixante minutes.

Le scénario du match aller aurait même pu se reproduire. Une pénalité bien malvenue de Shchevelev juste avant la fin du temps réglementaire mettait les Grenoblois rapidement en infériorité numérique. Plus d'une minute à tenir à trois sans que les Scorpions ne parviennent à déjouer Rolland. La prolongation passait vite. L'arbitre, beaucoup plus laxiste dans la prolongation, ne pouvait que siffler une faute de Segla. Les Grenoblois jetaient leurs dernières forces dans la bataille pour faire la décision dans la dernière minute. Josef Podlaha ne parvenait pas à se mettre en position de tir. Les Brûleurs faisaient même sortir Rolland pour les trois dernières secondes. Rien n'y fit : il était dit que rien ne serait marqué ce soir.

Premier 0-0 à Grenoble de mémoire de supporter, ce Grenoble-Mulhouse fut pourtant beaucoup plus séduisant que ne l'indique le score. Les deux équipes se sont livrées une vraie bataille sur la glace avec une intensité de jeu qui a fait plaisir à voir et qui changeait singulièrement de ce qu'on a pu voir dans les autres rencontres de cette poule est. Les amateurs de jeu défensif auront été servis, ceux qui attendaient des buts un peu moins. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé mais les deux gardiens étaient trop forts, en particulier Fabrice Lhenry qui mériterait sans contestation possible les trois étoiles dans ce match. Nicolas Antonoff a fait bonne impression côté grenoblois, se démenant aux quatre coins de la patinoire. Si les Grenoblois regretteront de ne pas avoir gagné ce match qu'ils ont dominé, ils pourront se satisfaire d'avoir muselé l'intenable duo d'attaque mulhousien Jokinen-Segla. Les deux équipes se retrouveront en poule Magnus pour se départager. Et après cet avant-goût on a hâte d'y être. Car ce soir... il ne manquait que les buts !

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Fabrice Lhenry (gardien de Mulhouse) : "J'ai dû prendre une quarantaine de tirs et c'est rare que je sois aussi sollicité car on ne rencontre pas souvent des équipes du calibre de Grenoble. Cette rencontre ressemblait à notre précédente confrontation, sauf que là on a beaucoup plus défendu et moins attaqué. J'ai eu deux à trois arrêts délicats à effectuer mais la plupart du temps je voyais les shoots arriver. En deuxième phase, on espère être dans le dernier carré et viser plus haut. Ce soir, les Grenoblois nous ont bien fermé le jeu, ils allaient vite et on a pris beaucoup de pénalités au deuxième tiers. On a parfois perdu notre calme car des erreurs stupides ont annulé nos power-plays."

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "C'est un score rare car les deux équipes ont joué un match défensif avec deux gardiens qui sortent un bon match. Chacun aurait pu marquer ce petit but sur ses supériorités. C'était accroché, physique, comme souvent quand la première place est en jeu. Aucune équipe ne s'est vraiment livrée car tous deux un système très défensif et la moindre erreur aurait pu être exploitée par l'adversaire. On assurait derrière et on jouait au mieux les attaques. On a eu des tirs relativement lointains et ainsi guère d'occasions franches. Lhenry n'a pas non plus fait d'exploit et nous ne sommes pas à blâmer."

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Je suis très content du score. Le visage de Grenoble a été à la hauteur de mes attentes. On était au-dessus au nombre d'occasions, d'ailleurs notre gardien a été moins sollicité. Mulhouse, c'est un prétendant au titre et constituait un test intéressant. Nous ne nous sommes pas toujours présentés dans des conditions idéales face au but. On a percé, on même transpercé cette défense mulhousienne mais le seul souci ce fut l'efficacité offensive. Des matches à pression comme ça, on en vit peu, on manquait de lucidité sur certaines situations. Un 0-0 dans ma carrière ? Jamais je n'en ai connu."

Patrick Rolland (gardien de Grenoble) : "Un tel score est rare, on avait failli le faire à Mulhouse. Là ce n'était pas très difficile pour moi. La défense a bien verrouillé le jeu même si j'ai eu une ou deux frayeurs au premier tiers. Je pense franchement qu'on n'est pas loin d'être la meilleure défense du championnat. Maintenant, on se crée un nombre d'occasions incalculable, il faut les concrétiser. Fabrice a aussi fait de bons arrêts."

 

Grenoble - Mulhouse 0-0 a.p. (0-0, 0-0, 0-0, 0-0)

Mardi 2 décembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourrreau assisté de Nicolas Barbez et Gwilherm Margry

Pénalités : Grenoble 20' (4', 4', 12', 0'), Mulhouse 28' (6', 8', 12', 2')

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jean-François Bonnard (A) - Jesse Saarinen ; Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Stéphane Gachet - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Nicolas Antonoff - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Cyril Papa, Christophe Tartari, Timo Bayon et Martin Millerioux. Absent : Romain Bachelet (blessé).

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Miikka Ruokonen (A) - Allan Carriou ; Mathieu Mille - Patrick Scibran ; Dusan Brincko - Lilian Prunet (A).

Attaquants : Pavol Segla - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen ; Pierre Brisard - Étienne Croz - Richard Kazda ; Guillaume Chassard - Francis Ballet - Steve Michou ; Luc Tardif jr - Vincent Bringuet.

Remplaçant : Benjamin Jubien (G).

 

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