Match comptant pour la quatorzième et dernière journée du Super 16, poule est.

C'est avec un derby chaud bouillant que les deux équipes iséroises terminaient leur première phase sur la glace de Pôle sud. Un derby sans enjeu majeur, si ce n'est la suprématie régionale, puisque les deux équipes entraient sur la glace avec leur billet pour la poule Magnus déjà en poche. Peu d'enjeu mais forcément du jeu entre les deux voisins qui jouaient de nouveau devant une patinoire comble. Les deux défaites 5-0 concédées à Villard et en coupe restaient gravées dans la mémoire des Ours qui voulaient enfin prendre leur revanche sur leur puissant voisin (privé de Podlaha pour l'occasion).

Nicolas Nogaretto était préféré à Favarin dans les buts villardiens pour débuter le match. Les Ours montraient leurs intentions d'entrée en pressant les Grenoblois très haut dans leur zone. Bousculés, les Brûleurs de Loups étaient poussés à la faute : deux pénalités pour accrocher à une minute d'intervalle infligées à Gachet et Meunier plaçaient les Villardiens en double supériorité numérique pendant plus d'une minute. Une situation de jeu dont ils ne profitèrent pas, ayant visiblement beaucoup de mal à poser le jeu dans la zone d'attaque grenobloise. Les Ours bénéficiaient d'une seconde chance avec une nouvelle supériorité pour une prison d'Antonoff. Là encore, les Brûleurs s'en tiraient sans trop de dommage. Après avoir dû se replier dans leur zone pendant cinq des dix premières minutes, les Grenoblois montraient enfin le bout de la crosse dans la zone villardienne. Une première supériorité (prison de Gillings) était parfaitement négociée, mais les différentes tentatives de tir se heurtaient à un Nogaretto en pleine forme. Le jeu se rééquilibrait petit à petit mais les Villardiens pouvaient enfin se targuer de ne pas avoir raté leur entame de match. Une pénalité infligée à Guillot-Diat donnait un second jeu de puissance aux Grenoblois. Comme lors de la première occasion, les Brûleurs s'installaient en zone offensive. Enselme décalait Bonnard qui passait à Agnel, et le diablotin grenoblois feintait Nogaretto pour ouvrir le score (1-0, 18'37") ! Un but marqué au meilleur moment pour Grenoble, juste avant le retour aux vestiaires, et un coup de poignard pour Villard qui ne méritait pas ça.

Les Ours n'avaient pas pour autant abandonné leurs bonnes résolutions à la reprise. Ils proposaient un jeu intense et plein d'envie qui gênait les Brûleurs de Loups. Ceux-ci, fidèles à leur système de jeu, ne s'exposaient pas et se contentaient de bloquer les Villardiens en zone neutre, tout en plaçant quelques banderilles à l'image de ce slalom plein de culot du jeune Kevin Enselme qui échouait de peu. Grenoble se retrouvait une nouvelle fois en danger sur une infériorité numérique. Mais Villard n'en profitait pas. Les pénalités se succédaient de part et d'autre et Murphy prit alors la décision surprenante de remplacer à la mi-match Nogaretto, pourtant excellent jusque là, par Favarin. Le turn-over était visiblement prévu, mais les circonstances du match auraient dû permettre à Nogaretto de poursuivre la rencontre. La tension montait d'un cran lorsque Jean-François Bonnard et James Cruz s'accrochaient. Bonnard était pénalisé pour un coup de poing sur son vis-à-vis et ses efforts pour emmener Cruz en prison avec lui eurent pour seul effet de lui voir infliger dix minutes de prison supplémentaires. Heureusement pour les Brûleurs, les Villardiens se montraient toujours aussi stériles en supériorité numérique. Ce qui était loin d'être leur cas : au moment où Enselme (qui avait purgé les deux premières minutes de la prison de Bonnard) sortait de prison, les Grenoblois se trouvaient en supériorité, Billieras ayant écopé d'une prison entre-temps. Forsell en contre lançait Enselme à la ligne bleue qui prenait la défense villardienne à revers et s'en allait défier victorieusement Favarin d'un tir entre les jambes (2-0, 38'45") ! Déjà auteur d'un but à Briançon en coupe, Kevin Enselme suppléait à merveille Podlaha sur la première ligne et faisait preuve d'une belle réussite pour son troisième match seulement chez les seniors. Nouveau coup dur pour des Ours qui avaient l'impression de revivre le même scénario qu'au premier tiers en encaissant un but en infériorité numérique en toute fin de période.

Guennelon faisait entrer Bayon au début du dernier tiers pour suppléer Bonnard pendant sa méconduite. À 0-2, les choses se présentaient un peu moins bien pour Villard. Grenoble était en train de gagner le match à l'usure. Les Ours n'avaient pas abandonné pour autant, et un but leur était logiquement refusé pour cause de présence de joueurs dans la zone. Avertissement sans frais qui montrait la détermination villardienne lors d'une supériorité numérique. Un action similaire quelques secondes plus tard avait un dénouement plus heureux pour les visiteurs : Metro profitait de la confusion régnant devant les cages de Rolland pour glisser le palet au fond. Après plus de 170 minutes de jeu contre Grenoble cette saison, les Villardiens avaient enfin trompé la vigilance du dernier rempart grenoblois (2-1, 51'10"). Ce but relançait immédiatement la partie. Grenoble se montrait plus offensif et tentait de reprendre un avantage plus confortable : une déviation de Shchevelev s'écrasait sur les montants de Favarin, Forsell trouvait la transversale. Pour ne rien arranger aux affaires grenobloises, Gachet quittait ses partenaires après s'être jeté pour contrer un tir villardien. Bayon terminait donc le match sur la troisième ligne défensive aux côtés de Fougère. Le match aurait pu basculer à 2'30" de la fin de la rencontre lorsqu'Agnel était envoyé en prison pour accrocher. Une pénalité bien mal venue qui permettait aux Ours de tenter le tout pour le tout : après une minute de supériorité au cours de laquelle Villard mit à l'épreuve la vigilance de Rolland, Dennis Murphy demandait un temps mort et faisait sortir Favarin pour jouer à six contre quatre. Une tactique qui aurait pu s'avérer payante sans le brio de Rolland qui sortait un arrêt d'extra-terrestre devant Pierre Bourgey alors que l'attaquant villardien pensait bien avoir égalisé. La patinoire retenait son souffle en cette dernière minute de jeu. Agnel en sortant de prison aurait pu trouver la cage vide, mais les défenseurs villardiens l'empêchaient de tirer. Saarinen qui reprenait le palet se faisait contrer. S'ensuivit alors une sérieuse échauffourée entre Agnel, très remonté, et Lepers. Les deux joueurs étaient envoyés pour la fin de match en prison, d'où ils continuaient à s'expliquer. Pascal Favarin était forcé de revenir dans sa cage pour un engagement en zone défensive villardienne. A peine de retour en zone neutre, le palet revenait dans la crosse de Meunier échappé qui se jouait en finesse du portier villardien à... deux secondes du coup de sirène (3-1, 59'58") !

Les Brûleurs préservaient ainsi leur invincibilité sur leur glace au cours de cette première phase et s'assuraient de la première place de la poule est. Mais le derby avait cette fois bien porté son nom en terme d'intensité. Grenoble a dû s'employer et monter toute sa sérénité défensive pour contrer les attaques villardiennes. Mention spéciale au jeune Kévin Enselme qui a remplacé Podlaha au delà de toute espérance en récoltant un but et une assistance ce soir. On devrait le revoir au plus haut niveau cette saison. Du côté villardien, on pouvait être satisfait du comportement malgré la défaite. Villard s'est donné cette fois les moyens de disputer la victoire aux Grenoblois jusqu'au bout des soixante minutes, en particulier grâce à un Nogaretto très inspiré. Villard a retrouvé ses vertus d'engagement et de volonté face à Grenoble, et cela s'est vu sur la glace. Voilà qui promet pour la poule Magnus car les deux équipes s'affronteront à nouveau pour un quatrième et un cinquième derby. Chaud devant !

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré)

Jean-Luc Blâche (président de Grenoble) : "C'est une satisfaction générale. Et je tiens à mettre en avant le travail réalisé par l'entraîneur. Son discours et sa mise en application ont porté leurs fruits. Je le félicite, mais aussi les joueurs et l'intégration des jeunes. À placer dans un contexte plus général de succès public. Il s'agissait ce soir de la troisième rencontre à guichets fermés, ça traduit l'évolution du club."

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "On a eu du mal à contourner ces Villardiens qui avaient pour intention de réaliser un gros match, avec une bonne agressivité. On a su contrôler ce match, malgré de nombreuses prisons. Forcément, le bilan est extrêmement positif. La prudence était de mise en début de saison, le groupe était à construire et il a répondu à mes attentes. La deuxième phase ? Nous ne nous considérons pas comme un favori, mais avec l'ambiance qui règne dans l'équipe, pourquoi ne pas aller le plus loin possible ? On verra toutefois comment les joueurs réagiront en cas de revers, on verra aussi quel est le niveau et l'intensité des qualifiés de la poule ouest. Quant aux Rouennais, s'ils sont éliminés, et bien... c'est le sport. Si on était à leur place, personne ne pleurerait sur notre sort."

Christophe Negro (capitaine de Villard) : "Grenoble, c'est une grosse cylindrée, et lors des deux premiers matches, on était intimidé, il faut bien l'avouer. Enfin, on s'est libéré, on a prouvé qu'on pouvait rivaliser. Notre objectif, c'était la qualification, c'est fait. On passe à un niveau supérieur en janvier, mais on confirme et on progresse. On veut finir mieux que l'an passé."

Grenoble - Villard-de-Lans 3-1 (1-0, 1-0, 1-1)

Samedi 13 décembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Cyril Carlin et Gwilherm Margry.

Pénalités : Grenoble 40' (6', 18', 16'), Villard 26' (4', 10', 12').

Évolution du score :

1-0 à 18'37" : Agnel assisté de Bonnard et Enselme (sup. num.)

2-0 à 38'45" : Enselme assisté de Forsell et Saarinen (sup. num.)

2-1 à 51'10" : Metro assisté de Marakhovski (sup. num.)

3-1 à 59'58" : Meunier assisté de S. Bachelet

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Stéphane Gachet - Roland Fougère ; Timo Bayon (à partir de 40'00").

Attaquants : Benjamin Agnel (A) - Tero Forsell - Kevin Enselme ; Nicolas Antonoff - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Xavier De Murcia - Laurent Deschaume - Andrei Shchevelev.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Pierrick Bazin, Vincent Mary et Romain Laugier. Absents : Cyril Papa, Martin Millerioux et Christophe Tartari (mondial 20 ans), Josef Podlaha et Romain Bachelet (blessés).

Gardien : Nicolas Nogaretto puis Pascal Favarin à 29'51".

Défenseurs : Nicolas Favarin - Jean-Marc Girard (A) ; Martin Roh - Roman Marakhovski ; Stéphane Guillot-Diat - Christopher Lepers.

Attaquants : Franck Billieras - Kent Gillings - Christophe Negro (C) ; Rob Millar - Alexandre Goncalves - Rich Metro ; James Cruz - James Duval - Pierre Bourgey (A) ; Rudy Billieras.

Remplaçant : Fabrice Gornisecz. Absents : Mathieu Guidoux, Damiens Châlons.

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