Grenoble - Anglet (13 janvier 2004)

 

Quart de finale de la Coupe de France.

La coupe de France ne fait visiblement pas autant recette que le championnat. À moins que ce soit le fait de jouer en semaine (avec un autre match prévu samedi), toujours est-il que les travées de Pôle Sud étaient inhabituellement clairsemées pour cette revanche entre Grenoble et Anglet. Revanche à double titre : par rapport à la coupe de France de la saison passé où les Angloys avaient éliminé les Brûleurs de Loups à ce stade de la compétition avant de poursuivre leur chemin jusqu'en finale. Mais revanche aussi par rapport au match disputé il y a trois jours seulement en terre basque pour le compte de la poule Magnus qui a vu les Grenoblois infliger à Anglet sa première défaite de la saison sur ses terres (5-1). Chacun avait donc de bonnes raisons d'être motivé ce soir... À noter le retour de Benjamin Agnel dans l'effectif grenoblois.

Le match partait à cent à l'heure et les gardiens étaient mis à contribution dès le début de la rencontre. Les Angloys se montraient les plus dangereux mais ils étaient freinés dans leur élan par une pénalité infligée à Hitze. Les Grenoblois géraient très bien la supériorité numérique en passant quasiment les deux minutes dans la zone angloye, sans concrétiser mais avec une bonne circulation du palet et quelques tirs intéressants. À noter que Gérald Guennelon avait enfin décidé de mettre en place des lignes "spéciales" : Forsell se joignait à Shchevelev et De Murcia tandis que Deschaume patinait avec Meunier et B. Bachelet. Les Brûleurs allaient bénéficier de deux autres supériorités numériques contre une à Anglet. À chaque fois le même constat : une bonne circulation du palet, quelques tirs, mais pas de but. Jean-Ian Filiatrault n'était pas étranger à cela, se plaçant toujours avec à-propos sur la trajectoire du palet. Son seul signe de faiblesse était les nombreux rebonds laissés, mais les attaquants grenoblois ne surent pas en profiter. Malgré une domination relativement nette (en dépit de quelques contres angloys incisifs), les Grenoblois devaient se contenter du score de parité à la pause.

La physionomie du match ne changeait guère en deuxième période. Grenoble prenait un ascendant manifeste sur la cours de la rencontre tandis qu'Anglet se contentait de procéder par contres. Une situation de supériorité numérique de part et d'autre ne changeait rien à l'affaire, les défenses prenaient le pas sur les attaques malgré des bonnes intentions évidentes. La plus belle occasion du tiers était à mettre au crédit de Tero Forsell qui se saisissait du palet à la ligne bleue en pivotant sur lui-même, partait en break mais ne contrôlait pas suffisamment son palet pour jouer sa chance jusqu'au bout face à Filiatrault. Rolland devait s'employer de temps à autre sur des contres angloys toujours dangereux. Le "match dans le match" commençait à la fin du tiers : Laurent Meunier adressait une sévère mise en échec à Jean-Christophe Filippin contre la balustrade. Le capitaine angloy, sonné comme rarement, mettait quelques secondes à retrouver ses esprits puis traversait la patinoire pour rendre la monnaie de sa pièce à Meunier. Première échauffourée entre les deux hommes qui les conduisit droit en prison. La tension montait donc d'un cran, Anglet écopait d'une nouvelle pénalité en fin de tiers mais le score restait vierge après quarante minutes de jeu.

Les Brûleurs de Loups commençaient la dernière période avec deux supériorités numériques consécutives. Deux belles occasions de faire enfin la différence très mal négociées car ils furent incapables d'installer le jeu de puissance dans la zone d'attaque. Curieusement, c'est à cinq contre cinq que la libération allait venir. Après maintes tentatives autour de la cage de Filiatrault, c'est finalement Christophe Tartari qui récupérait un énième rebond et envoyait le palet au fond des filets (1-0, 45'15"). Un but pas spécialement esthétique mais vraiment libérateur de la part du jeune Grenoblois, auteur d'un très bon match sur la ligne de Laurent Meunier et Benoît Bachelet où sa vivacité a fait merveille. Alors qu'il ne restait qu'un quart d'heure à jouer, on pouvait penser que le premier but marqué allait être décisif quand au déroulement de la rencontre. Erreur. Lasalle et Aubry se faufilaient dans la défense grenobloise qui ne parvenait pas à bloquer le jeu en entrée de zone. Julien Aubry se retrouvait du coup esseulé devant Rolland et le contournait pour glisser la rondelle au fond des filets (1-1, 47'00"). Tout était à refaire.

On assista ensuite au deuxième acte de la passe d'armes entre Meunier et Filippin qui s'avéra décisive sur le suite des événements. Accrochage entre les deux hommes après le coup de sifflet, bousculade, Filippin provoque bien Meunier qui tombe dans le panneau et part en prison pour un cinglage. Une infériorité numérique sans dommage pour Grenoble d'autant plus que Pascal Bédard y mettra terme après seulement cinquante secondes en stoppant irrégulièrement un rush de Benoît Bachelet. Le jeu à quatre contre quatre profite à Grenoble. À son retour sur la glace, Meunier entre dans la zone d'attaque, se fait accrocher par... Filippin et s'écroule (en en rajoutant en peu). L'arbitre sanctionne Filippin pour une crosse haute, Meunier se faisant ainsi pardonner de son cinglage bien inutile. Filippin est fou de rage, car non seulement il conteste la décision de l'arbitre, mais en plus il laisse son équipe à trois contre cinq sur la glace. Et la sanction ne se fait pas attendre : après seulement douze secondes, Amar envoie un missile dans la lucarne de Filatrault (2-1, 51'42"). Et comme si cela ne suffisait pas, une minute plus tard, alors que Grenoble évolue toujours en supériorité, Shchevelev glisse le palet au milieu d'une forêt de jambes (3-1, 52'26"). La pénalité de Filippin avait donc été payée au prix fort et l'avance de deux buts des Brûleurs de Loups à moins de huit minutes de la fin semblait décisive.

Visiblement frustrés par la tournure des événements, les Angloys durcissaient le jeu et une charge d'Aubry sur Millerioux après le coup de sifflet mettait le feu aux poudres. Simon Bachelet volait au secours de son coéquipier et expliquait sa façon de penser à l'attaquant angloy. Un mêlée générale s'ensuivit avec comme principaux protagonistes... Meunier et Filippin évidemment ! Après s'être cherché tout le match, les deux hommes s'expliquaient aux poings cette fois, et malgré le déficit de taille, Meunier donnait plus que du fil à retordre à son adversaire. Il pouvait rejoindre la prison les bras en l'air sous les ovations d'un public tout acquis à sa cause. La soirée des deux hommes s'arrêtait là puisque les quatre principaux protagonistes de la bagarre étaient priés de rejoindre les vestiaires. Après une longue interruption, le jeu pouvait reprendre. Et alors qu'on pensait que plus rien d'important ne pouvait vraiment arriver dans les dernières minutes, trois buts furent inscrits pour clore ce troisième tiers complètement fou. C'est d'abord Agnel qui débordait la défense sur son aile gauche avant de repiquer au centre et tromper en finesse Filiatrault. Un but qui sera finalement bien plus important que ce qu'on put croire à ce moment-là (4-1, 56'58"). Car les Angloys ont des ressources et se sont montrés fidèles à leur réputation d'équipe accrocheuse qui n'abandonne jamais. Courally (4-2, 58'26") et Dostal (4-3 à 59'29") inscrivaient deux buts au terme d'actions rondement menées, au grand dam d'une défense grenobloise bien légère tout d'un coup. Oui, Anglet y a cru jusqu'au bout en sortant Filiatrault pour les trente dernières secondes du match. Sans succès mais avec les honneurs.

Drôle de match finalement, stérile pendant quarante minutes et prolifique dans le dernier vingt (sept buts !). Un match rythmé, engagé et animé, bref un bon match de coupe qui a connu bien des rebondissements même si Grenoble a toujours mené au score. Un Grenoble retrouvé qui a été bien plus convaincant que face à Villard et pas seulement à cause du retour d'Agnel (bien en jambes). Les intentions étaient bonnes et on regrettera seulement le coupable relâchement défensif des dernières minutes qui aurait pu coûter cher. À confirmer samedi contre Tours. Quant aux Angloys, ils repartiront au Pays Basque en se disant que Grenoble est bel et bien leur bête noire. Il s'agit en tout cas d'une équipe jeune et enthousiaste qui a montré beaucoup d'envie et de détermination en s'accrochant jusqu'au bout. À défaut de bon parcours en coupe, ils devraient jouer un rôle d'outsider intéressant en championnat.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Anglet 4-3 (0-0, 0-0, 4-3)

Mardi 13 janvier à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 1418 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowitcz assisté de Nicolas Barbez et Cyril Carlin.

Pénalités : Grenoble 62' (2', 6', 4'+5'+20'+5'+20'), Anglet 72' (6', 8', 8'+5'+20'+5'+20').

Évolution du score :

1-0 à 45'15" : Tartari

1-1 à 47'00" : Aubry assisté de Lassalle et Larrieu

2-1 à 51'42" : Amar assisté de S. Bachelet (double sup. num.)

3-1 à 52'26" : Shchevelev (sup. num.)

4-1 à 56'58" : Agnel assisté de Saarinen

4-2 à 58'26" : Courally assisté de Patard

4-3 à 59'29" : Dostal assisté de Solaux

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (A) ; Baptiste Amar - Simon Bachelet ; Martin Millerioux - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) - Tero Forsell - Cyril Papa ; Christophe Tartari - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Pierrick Bazin, Vincent Mary, Kévin Enselme. Absents : Stéphane Gachet, Nicolas Antonoff, Josef Podlaha, Timo Bayon et Romain Bachelet (blessés).

Anglet

Gardien : Jean-Ian Filiatrault (sorti de sa cage à 59'43").

Défenseurs : Pascal Bédard - David Saint-Onge ; Daniel Sedlak - Lubomir Duda ; Julien Hitze - Jean-Christophe Filippin (C).

Attaquants : Jérôme Patard - Xavier Daramy (A) - Stanislas Solaux ; Antoine Amsellem - Michal Garbocz - David Dostal ; Raphaël Larrieu - Julien Aubry - Nicolas Courally ; Xavier Lasalle.

Remplaçants : Benoît Sanchez (G). Absents : Géraud Maréchal, Mickaël Wiart.


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