Rouen - Dunkerque (13 janvier 2004)
Quart de finale de la coupe de France 2004.
Retour sur terre, réussi
C'est pratiquement devant le même nombre de spectateurs qu'en championnat, lors de la première phase, que les Dragons ont accueilli Dunkerque ce soir pour le compte d'une compétition de patronage : la coupe de France. C'est sans doute une bonne surprise pour le premier match à domicile après la désillusion de la rétrogradation historique au second niveau national de l'illustre club rouennais.
Les Dragons devaient négocier cette rencontre après leurs terribles débauches d'efforts physiques et de tensions nerveuses sur la glace d'une autre planète, celle de la finale de la coupe Continentale. Une journée, à peine, après les fatigues d'un interminable voyage retour (19 heures effectives) dans une "journée" - comprenant un match face à Minsk - longue d'une quarantaine d'heures sans repos réparateur.
Pourtant, les Dragons iront au-delà de leurs difficultés pour vaincre et contenter au mieux un public certes difficile mais fidèle. Après une bonne entame, où les occasions étaient tranchantes - Niko Kantelinen en break (1'20), Veli-Pekka Hård (3'14) et Tristan Lemoine idéalement servi par Niko Kantelinen (3'40) - les joueurs normands bafouillent un peu pendant quelques instants. Puis, sous l'impulsion de la jeune garde, les "Noirs et Jaunes" réagissent en ouvrant la marque de bonne manière. Pierre-Édouard Bellemare manie parfaitement la rondelle en revenant de la bande et sert dans l'enclave Thibault Geffroy démarqué (1-0 à 5'44). C'était le cinquième lancer des coéquipiers d'Arnaud Briand. À peine plus de trente secondes plus tard, les Corsaires en plein carnaval égalisent d'un but singulier. Laissé libre à la suite d'une relance malencontreuse, Karl Dewolf avance à sa guise sur la gauche et décoche un lancer croisé à ras la glace qui après être passé entre les jambières d'Éric Raymond, avancé pour boucher les angles, ricoche sur le montant gauche des buts puis rebondit sur la crosse d'un arrière normand inattentif avant, enfin, d'entrer dans la cage grande ouverte (1-1 à 6'16). C'était le troisième tir ch'ti ! Le rapide retour à parité bloquera l'inspiration des joueurs du duo Guy Fournier - Franck Pajonkowski pendant plus de cinq minutes. Et, c'est de nouveau la deuxième ligne rouennaise qui débloque la situation. Une combinaison à trois du trident Alain Vogin, Thibault Geffroy, Pierre-Édouard Bellemare, vue lors de la Conti-Cup à Gomel, jouée un peu beaucoup moins vite que les joueurs de Lugano, du Slovan ou du Severstal, et terminée par le dernier nommé dans l'angle droit, a magnifiquement raison de Julien Peyre (2-1 à 11'33). Les Dragons sont remis sur la route. Niko Kantelinen à qui Tristan Lemoine rend la pareille (13'05), Alain Vogin (16'24), Tristan Lemoine (16'44) et Thibault Geffroy (17'48) auraient créé la cassure si Julien Peyre s'était montré moins brillant à trois reprises devant la cage dunkerquoise. Puis, c'est encore le trigone susnommé qui s'illustrait. En fin de tiers, à la suite d'une accélération de Thibault Geffroy, la panique et le trafic qui s'ensuivait permit à Alain Vogin après un relais de Pierre-Édouard Bellemare d'envoyer le caoutchouc dans les filets adverses (3-1 à 17'52).
Les Dragons échappés au score, la fatigue aidant et les patins se faisant de plus en plus lourds, montrent un peu moins d'enthousiasme, ce qui est bien compréhensible, lors de la deuxième période à l'image des cinq jeux de puissance infructueux qu'ils négocient. Néanmoins, le public local a tout de même de quoi se rassasier. Maurice Rozenthal (24'58) et Sami Karjalainen (32'31 & 37ème) se heurteront au talent du gardien des Corsaires. Alors que Pierre-Édouard Bellemare (25'07) et Maurice Rozenthal (28'30) manquent de précision ou de lucidité pour achever leurs occasions.
Julien Peyre persévère dans ses bons travaux dans l'ultime temps de jeu. Un poke-check salvateur face à Pierre-Édouard Bellemare (44'03), trois déviations sur des tirs de Benoît Pourtanel (44'31), Tristan Lemoine (47'19) et Maurice Rozenthal (47'40) et un lancer de pénalité non encaissé (58'07) sont à créditer au portier des Boucaniers. Son bon comportement prive les Dragons d'une victoire plus importante. Il faut attendre la sortie du gardienau profit d'un attaquant dunkerquois supplémentaire, après un temps mort (59'17), pour voir les Dragons marquer de nouveau, mais en cage vide, par l'intermédiaire de Maurice Rozenthal (4-1 à 59'29).
Cette victoire qualificative pour les demi-finale est moyennement accueillie par le public normand. Un témoignage que la frustration de la relégation subite n'est au mieux pas digérée, au pire pas acceptée, entraînant une mauvaise foi (ignorance d'une fatigue pourtant légitime ce soir) et une cassure entre les Dragons et leurs partisans que l'explication du changement à la tête de l'équipe, ou que celui-là même, ne semble pas convaincre.
Compte-rendu signé Thierry Frechon
Commentaires d'après-match (dans Paris Normandie)
Guy Fournier (manager et maintenant entraîneur de Rouen) : "Coacher à deux, c'est complètement différent. J'ai tendance à prendre beaucoup de place. J'ai été obligé de me freiner. On travaille en duo, je veux le respecter. Mon apport tactique, c'est que je veux qu'on soit plus agressifs. Pendant la rencontre, je m'occupe des défenseurs et lui des attaquants. J'ai eu beaucoup de travail pour les différents tours de Coupe d'Europe. Maintenant, on va réorganiser un peu dans les bureaux, en haut, pour que j'ai plus de temps pour le coaching. En bas, il n'y a plus de hiérarchie, juste deux entraîneurs qui ont la même vision du hockey. Ça peut durer ainsi au-delà de cette saison."
Franck Pajonkowski (co-entraîneur de Rouen) : "Il y a maintenant deux entraîneurs au RHE. C'est plus facile de prendre des décisions à deux. Avec tout le travail qu'il y a à faire pour préparer l'avenir, on n'est pas trop de deux. On veut vendre à Thierry Chaix un ticket Fournier-Pajonkowski."
Rouen - Dunkerque 4-1 (3-1, 0-0, 1-0)
Mardi 13 janvier 2004 à 20h00 sur l'Île Lacroix. 1998 spectateurs.
Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté d'Alexandre Hauchart et Damien Bliek.
Pénalités : Rouen 6' (0', 4', 2'), Dunkerque 12' (2', 10', 0').
Tirs : Rouen 39 (14, 9, 16), Dunkerque 18 (4, 6, 8).
Occasions : Rouen 18 (7, 5, 6), Dunkerque 0 (0, 0, 0).
Évolution du score :
1-0 à 05'44" : Geffroy assisté de Bellemare et Vogin
1-1 à 06'16" : Dewolf
2-1 à 11'33" : Bellemare assisté de Geffroy et Vogin
3-1 à 17'52" : Vogin assisté de Bellemare et Geffroy
4-1 à 59'29" : Rozenthal (cage vide)
Rouen
Gardien : Éric Raymond.
Défenseurs : Daniel Carlsson - Simon Lacroix ; Nicolas Besch - Veli-Pekka Hård ; Nicolas Pousset - Benoît Pourtanel.
Attaquants : Damien Raux - Arnaud Briand (C) - Maurice Rozenthal (A) ; Thibault Geffroy - Alain Vogin - Pierre-Édouard Bellemare ; Niko Kantelinen - Sami Karjalainen (A) - Tristan Lemoine.
Remplaçants : Landry Macrez (G), Simon Doreille, Benoît Quessandier, Gautier Lafrancesca, Adrien Dufournet et Alexandre Lefebvre. Absents : Miikka Rousu (adducteurs), Kimmo Salminen (fracture de l'annulaire).
Dunkerque
Gardien : Julien Peyre (sorti de sa cage à 59'17").
Défenseurs : Grégory Dubois (C) - Benjamin Louf ; Ghislain Folcke - Philippe Tanghe ; Karl Dewolf.
Attaquants : Mickaël Bardet - Julian Marcos - Arnaud Péan ; Mathieu Becuwe (A) - Daniel Saint Amant (A) - Clément Thomas ; Frédéric Pena - Benjamin Nguyen - Erik Bochna.
Remplaçants : Rémy Caillou (G) et Thomas Becuwe. Absents : Lukas Schramek (viré à la trêve), Alexis Thomas, Benoît Guillemot, Maxime Boschetti et François Leniere.