Brest - Dijon (17 janvier 2004)

 

Match comptant pour la troisième journée du Super 16, poule Magnus.

Il y a des jours sans et des jours avec, c'est bien connu... Et aujourd'hui c'était un jour sans. Ce genre de jour qu'on aimerait oublier au plus vite. Ce genre de jour où rien ne se passe comme on l'aurait souhaité. Ce genre de jour où tous les facteurs aggravants s'accumulent, malchance, manque de réussite, maladresse et blessures. Ce genre de jour où on n'est pas forcément au mieux de sa forme et où le jeu se perd dans un dédale de passes ratées et d'accélérations désorganisées. Bref, ce genre de jour où on aurait sans doute préféré, voire mieux fait de, rester chez soi tant on balbutie son hockey. C'était ce genre de jour, aujourd'hui face à Dijon, pour les Albatros qui se seront inclinés dans leur antre 1-4 sans panache. Mais au-delà du score, il faut bien se l'avouer, c'est la manière qui aura suscité le plus d'inquiétudes, coté Breton, à l'aube d'un double déplacement isérois pourtant autrement plus risqué.

Quand ça veut pas, ça veut pas

Tout avait si bien commencé... On peut même dire, tout avait idéalement commencé pour les Albatros. En effet, alors que Gabriel Bounoure faisait son grand retour en tant que titulaire des cages brestoises ce soir, les hommes de Toukmatchev, après avoir laissé l'honneur du premier tir à Gentilleau à la bleue (01'53), débloquaient le compteur grâce à Maksim Tikhonov qui concrétisait un jolie débordement du joker au n°17 Gianluca Tomasello (1-0 à 02'00). Malheureusement, la suite s'annonce, sinon apocalyptique, au moins inattendue... Encore loin de se douter du scénario qui les attend, les Dijonnais font tout de même quelques appels du pied par Tekel qui, de la bleue, allume Bounoure, contraint de laisser fuir un rebond avant de revenir en vitesse dans sa cage pour fermer la porte à Vavroch pour dévier sa reprise (05'11). Chaude alerte au moins aussi bien compensée par la pointe envoyée par Maynard sur le montant droit de Neckar (07'00) et par Tsyplakov à bout portant sur une reprise d'une passe de derrière la cage de Grossi (07'24). L'échéance que personne ne veut voir arriver s'approche de plus en plus des filets bretons, à l'instar de Miroslav Pazak en contre qui trouvera pour le coup Gaby Bounoure sur sa route (07'50). Néanmoins, l'instant fatidique ne peut plus être repoussé et la pression grandissante des Bourguignons paye enfin grâce à l'inévitable Pazak, reprenant de volée un centre de Dugas, directement dans la lunette de Bounoure (1-1 à 09'13), le tout dans un silence de cathédrale.

Coup de bambou sans grande importance, se dit-on alors, d'autant plus que les deux équipes continuent de se répondre du tac au tac. Bruno Maynard, aligné en attaque à cause des absences, adresse une passe lumineuse à l'autre bout de la patinoire pour Loïc Sadoun, qui perd son face-à-face avec Neckar (11'13), ce qui répond au breakaway de Jiri Cihlar brillamment avorté par Gaby Bounoure (09'30). Toutefois le jeu se déconfit peu à peu malgré la bonne tentative de contournement de la cage de Maynard (14'10) en réponse à un pétard de Guéguen à la bleue (13'09). Et cette lente déconfiture, c'est Dijon qui va en faire son affaire par l'intermédiaire de Robert Vavroch qui parvient à déborder pour re-centrer vers Joshua Allison qui ne fait pas de cadeau et fusille directement le cerbère brestois (1-2 à 14'41). Second coup de tonnerre dans le Rïnkla Stadium au grand dam des Brestois qui balbutient de plus en plus leur jeu. La réaction ne se fait pas attendre même si le duo Sadoun ne parvient pas à extirper la rondelle d'une forêt de jambes et de crosses devant le but de Franta Neckar. À l'inverse, c'est Pazak qui hérite de la relance pour partir depuis la ligne médiane seul, vraiment seul, en 1 contre 1 avec Gaby Bounoure qui ne se fait pas prendre par la feinte, désormais connue, de Miroslav (15'58). Les coups de pression sur Neckar (17'05) n'y font rien puisque le compteur brestois reste inchangé tandis que les Dijonnais assénaient le but du K.O. grâce à une incompréhension fatale entre Maynard et son gardien, un moment de confusion devant le but finistérien qui permettait à Pazak d'inscrire un but "casquette" (1-3 à 17'58). Une relance manquée de Timo Kulonen a failli permettre à Pazak de s'en aller seul marquer un quatrième but dans la foulée (19'35), le tiers s'achevant finalement sur ce score aussi inattendu qu'incompréhensible.

Au retour des vestiaires on s'imagine, que les Brestois ont compris la leçon, à savoir qu'il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, et que leur réaction n'en sera que plus terrible... Certes, les prétendants se bousculent au portillon de Neckar à l'image de Grossi en entrée de zone pour un shoot pleine tête (21'39) ou d'Yven Sadoun qui manque sa feinte face au gardien après avoir été remarquablement servi par son frère (23'05) ou encore de ce palet vicieux à la bleue de Mikel (24'22). Mais le jeu n'en finit pas de sombrer, et c'est encore et toujours Dijon qui en profite pour se mettre en avant, par Tekel d'un tir à la bleue obligeant Bounoure à un arrêt en grand écart (27'20) ou encore par Romain Gentilleau qui intercepte une relance hasardeuse de Bounoure hors de ses cages mais n'atteint pas le cadre par la faute de Christian Élian (29'59). Les quelques pénalités distribuées par-ci par-là ne font que ralentir et hacher le jeu un peu plus encore, avant que Dijon manque à nouveau le K.O. sur un tir puissant de Tekel (36'35) et sur un contre de Pazak avorté non sans mal par le berger finistérien (37'50)

Dès lors, le constat d'échec et l'aveu d'impuissance est cinglant pour les Albatros qui se trouvent au pied du mur au sortir des vestiaires. Mais les premiers à se remettre à l'attaque sont une fois de plus les Dijonnais grâce à leur flèche débordante Jiri Cihlar, dont le centre à destination de son acolyte Vavroch est dévié sur Gaby (41'52). Malheureusement, quand ce n'est pas l'absence de construction, c'est le manque de réussite qui s'y met contre les Albatros. En effet, ni Maynard par deux fois, ni Tsyplakov, ni Mikel, ni Grossi ne parviendront à trouver la faille à bout portant sur le but de Neckar assiégé pendant près de deux minutes (44'03). Mais comme la chance n'est pas brestoise en ce samedi 17 janvier, elle va bien évidemment rajouter son petit grain de sel en expédiant Stéphane Arcangeloni directement à l'hôpital suite à une vilaine boîte (45'24) à deux mètres de la bande, pourtant non sanctionnée par M. Bachelet. Arcan est contraint à l'évacuation sur civière tant la douleur à l'épaule et au dos est insoutenable. Une blessure qui devrait malheureusement nous empêcher vraisemblablement de revoir Stéphane Arcangeloni sur des patins cette saison... Quand le mauvais sort s'y met... Toujours est-il que le jeu continue quand même, et c'est Tikhonov qui se remet au travail le premier, mais ni Ijäs ni Tomasello ne sauront reprendre son centre devant le but (45'41). Malheureusement, le chrono tourne, inversement proportionnel à la vitesse de défilement du compteur brestois, et ce n'est pas Pazak à courte distance (50'15), ni Gentilleau d'un tir très lourd (51'31), ni même Gueguen en contre face à Tsyplakov (52'19), encore moins Dugas s'engouffrant dans une brèche béante dans la défense brestoise pour aller toiser en duel Bounoure, en vain heureusement (54'49), qui tendent à rassurer les Albatros... L'ultime solution du désespoir reste donc la sortie de Gabriel Bounoure à trois minutes de la fin du match alors que les Brestois évoluent en supériorité numérique (57'00). La pression se fait bien entendu grandissante mais la malchance n'a pas quitté les oiseaux de mer et Loïc Sadoun n'en finit plus de buter sur un Neckar allongé mais tout heureux de voir les nombreux tirs s'écraser sur sa jambière (57'22 & 58'49). À l'inverse, c'est Tiphaigne qui parvient à s'extraire de l'étau muet des Albatros pour affronter Janne Ijäs en position de dernier rempart. Ijäs repousse une première fois mais ne peut rien sur le rebond que Tiphaigne reprend (1-4 à 59'12). L'estocade finale est désormais livrée, les Dijonnais ont droit à des applaudissements à tout rompre, tandis que les Brestois sortent sous quelques sifflets inédits au Rïnkla Stadium. C'est dire...

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match

Gabriel Bounoure (gardien de Brest) : "On est bien sûr déçu de perdre à la maison contre Dijon. On s'attendait à ce que ce soit plus facile que contre des équipes comme Mulhouse ou Grenoble, et puis on s'est fait prendre au piège. On a inscrit le premier but, et après on s'est peut-être un peu reposé sur nos lauriers. On a mis du temps à se réveiller mais on est quand même parvenu à produire quelques bonnes phases. Ce n'est pas un manque de motivation mais plutôt un manque de vivacité et d'envie, et également de concentration, je pense. C'est sûr qu'on a souvent été brouillon. De mon côté, il y a un ou deux buts que j'aurais aimé arrêter, donc je ne veux pas jeter la pierre à mes coéquipiers car je crois que nous avons tous été très moyens ce soir. Le gardien de Dijon a également fait un très gros match, associé à un manque de réussite très net de notre part."

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "L'année dernière déjà, nous avions fait quatre matchs contre Brest et nous n'étions pas si loin d'eux à deux-trois petites erreurs près. On aurait dû en gagner au moins un selon moi. On ne l'avait pas fait à cause de l'indiscipline, surtout le deuxième match ici où des joueurs avaient passé plus de temps en prison que dehors. Ce soir, on a évité de prendre des pénalités, et même si on prend le premier but, on est vite revenu. On a eu un paquet d'occasions dans le premier tiers et on en a concrétisé pas mal. Après, on est devant donc on attend l'adversaire qui peine à trouver la solution. Ce que je retiens, c'est que quand nous sommes complets et que notre gardien fait un bon match, on peut faire de grosses performances comme celle-là. C'est simple, à Tours, si Neckar avait fait le même match, on gagnait."

 

Brest - Dijon 1-4 (1-3, 0-0, 0-1)

Samedi 17 janvier 2004 à 20h00 au Rïnkla Stadium. 450 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Steve Bataillie et Damien Bliek.

Pénalités : Brest 14' (2', 6', 6'), Dijon 10' (2', 2', 6').

Tirs : Brest 32 (13, 4, 15), Dijon 40 (18, 10, 12).

Évolution du score :

1-0 à 02'00" : Tikhonov assisté de Tomasello et Élian

1-1 à 09'13" : Pazak assisté de Dugas

1-2 à 14'41" : Allison assisté de Vavroch et Abrahamsson

1-3 à 17'58" : Pazak

1-4 à 59'12" : Tiphaigne (cage vide)

 

Brest

Gardien : Gabriel Bounoure (sorti de sa cage de 57'00" à 59'12").

Défenseurs : Ivan Borzik - Tadeusz Pulawski ; Jan Mikel - Aleksandr Tsyplakov ; Christian Élian - Timo Kulonen.

Attaquants : Loïc Sadoun (A) - Bruno Maynard (A) - Yven Sadoun ; Dino Grossi (C) - Stéphane Arcangeloni - Jimmy Provencher ; Maksim Tikhonov - Janne Ijäs - Gianluca Tomasello ; Sébastien Oprandi.

Remplaçant : Julien Figved (G). Absents : Ludek Broz (définitivement rentré en République Tchèque car sa famille supportait mal son absence), Jérôme Veret.

Dijon

Gardien : Frantisek Neckar.

Défenseurs : Marcus Abrahamsson - Joshua Allison ; Matthieu Bouché - Milan Tekel (A) ; Aymeric Gillet - Wilfried Molmy.

Attaquants : Miroslav Pazak - Julien Tiphaigne (C) - Stephen Dugas (A) ; Robert Vavroch - Thomas Bergamelli - Jiri Cihlar ; Thomas Gueguen - Aurélien Albano - Romain Gentilleau.

Remplaçants : Grégory Fougère (G), Ludovic Duranceau, Jean-Michel Bortino, Thomas Bussat.

 

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