Grenoble - Amiens (31 janvier 2004)

 

Match comptant pour la sixième journée de la poule Magnus.

Grenoble-Amiens n'est jamais un match comme les autres. Cela fait partie de ces classiques du championnat qui attirent les foules (la rencontre se jouait à guichets fermés ce soir !) principalement à cause d'une rivalité qui s'est bâtie au fil des années. Mais ce soir il y avait un enjeu supplémentaire : la première place de la poule Magnus. Une confrontation également intéressante afin de mesurer la différence de niveau entre le premier la poule est et le premier de la poule ouest.

Au coup d'envoi, surprise côté grenoblois avec l'absence de Simon Bachelet, blessé. Les débats commençaient sans round d'observation. Les premiers contacts le long des balustrades laissaient augurer d'un match intense. Benjamin Agnel partait d'ailleurs en prison pour un cinglage après seulement deux minutes de jeu. Une première occasion de faire la différence en supériorité numérique pour les visiteurs. Sans succès. Au contraire, alors que les deux équipes évoluaient à nouveau à cinq contre cinq, Podlaha entrait tout en puissance en zone offensive amiénoise et parvenait à tirer malgré l'intervention des défenseurs des Gothiques. Son tir, repoussé par Mindjimba, était dévié par Bonnard pour Tero Forsell qui du revers ouvrait le score (1-0 à 05'33"). Emportés par leur élan, les Brûleurs de Loups avaient par deux fois l'occasion d'aggraver le score en supériorité numérique alors qu'Amiens avait durci le jeu. Malgré quelques situations intéressantes, ils ne pouvaient conclure. Au contraire, ce sont les Gothiques qui étaient tout près d'égaliser sur un breakaway de François Rozenthal stoppé de la botte par Rolland. Les Brûleurs pensaient ensuite avoir doublé la mise mais le but grenoblois était logiquement refusé par l'arbitre pour cause de hors-jeu préalablement sifflé. Le score ne bougeait plus et la fin du tiers était marqué par la blessure de Benjamin Agnel, touché au dos et évacué sur une civière. C'est donc avec une certaine tension dans l'air que les deux équipes regagnaient les vestiaires.

Le deuxième tiers voyait le duel physique monter encore d'un cran. Les pénalités se succédaient de part et d'autre avec une étonnante régularité. Le jeu à cinq contre cinq se faisait très rare et la partie devenait particulièrement hachée. Aucune des deux équipes ne parvenait à tirer profit des supériorités numériques. Les Brûleurs de Loups étaient plus à l'aise dans cet exercice, tandis que les Gothiques avaient beaucoup de mal à installer leur jeu de puissance. Mindjimba devait s'employer dans ses buts, les contacts devant lui se faisaient de plus en plus nombreux à l'image de ce coup de poing d'énervement de Jean-François Bonnard ou ce cinglage de Frédéric Brodin sur Meunier. Stéphane Gachet allait être la nouvelle victime de l'âpreté des débats et quittait le match après une charge plus que limite de Denis Perez. Les Brûleurs se voyaient refuser un nouveau but alors que l'arbitre avait sifflé un peu hâtivement un palet gelé (qui en fait ne l'était pas). Bien que dominés et souvent neutralisés dans leurs attaques, les Gothiques parvenaient à allumer quelques brèches qui pouvaient faire mouche. Sur l'une d'entre elles, ils étaient même persuadés d'avoir marqué, mais le palet étant revenu en jeu, l'arbitre ne bronchait pas et ne validait pas le but. Comme il n'y a pas de ralenti vidéo en Super 16 (!), on ne saura jamais si les Gothiques avaient bien marqué ou non à ce moment-là. Un but qui aurait pu changer le cours de la rencontre. Amiens reprenait l'initiative du jeu en fin de tiers, signe que les Brûleurs accusaient le coup physiquement et relâchaient quelque peu leur étreinte.

Le troisième tiers continuait dans la lignée des deux précédents avec des interventions toujours aussi limites, notamment des Gothiques qui avaient semble-t-il décidé de s'imposer physiquement. Laurent Meunier prenait une pénalité d'entrée pour n'avoir pas attaché son casque, une pénalité stupide qui aurait pu coûter cher. Mais les Brûleurs commettaient un sans faute en infériorité numérique et reprenaient leur marche en avant. Ils crurent bien perdre leur troisième joueur de la soirée lorsque Jesse Saarinen prenait un palet en plein visage et regagnait le banc le visage en sang. Mais le défenseur finlandais est un guerrier qui a des ressources, et il allait bientôt le prouver. À peine de retour sur la glace, il se trouvait à point nommé pour reprendre un palet renvoyé par Mindjimba et le déposer dans la lucarne (2-0, 49'20"). Pôle Sud pouvait laisser éclater sa joie : Grenoble avait fait le break. Un avantage qui semblait décisif, d'autant plus que Mortas rejoignait le banc des pénalités à cinq minutes de la fin. Peut-être trop confiants, les Grenoblois oubliaient leurs arrières et un contre des Gothiques aurait pu être synonyme de réduction du score sans l'incroyable brio de Patrick Rolland qui arrêtait son deuxième breakaway de la soirée. Amiens avait laissé passer sa chance et la sortie de Mindjimba à deux minutes de la fin pour créer le surnombre s'avérait vaine. Les Brûleurs étaient même par deux fois à deux doigts de marquer en cage vide mais les tirs de Kaartinen puis De Murcia heurtaient le poteau.

Grenoble pouvait savourer sa victoire synonyme de place de leader. Le choc a tenu toutes ses promesses en terme d'intensité et d'engagement physique. De bonne augure avant les phases finales. Mais les deux équipes y ont laissé des plumes : Gachet et Agnel côté grenoblois, Gras et Aimonetto côté amiénois n'ont pas terminé la rencontre. Amiens s'est parfaitement rassuré sur sa capacité à tenir le défi physique. Ils ont dominé les Grenoblois dans ce domaine mais ces derniers n'ont pas répondu aux agressions parfois gratuites et leur discipline est sans doute une des clés de leur victoire. On retiendra une très bonne prestation de Patrick Rolland qui signe ainsi son troisième blanchissage de la saison (le deuxième en championnat). L'écart entre les deux équipes est mince et le match retour sera certainement tout aussi passionnant. Avant qui sait de se retrouver plus loin dans les phases finales...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "C'est notre plus gros match face à notre plus gros adversaire. Mes joueurs n'ont jamais rien lâché mais on aurait pu concrétiser plus vite pour faire la différence. Je maintiens toutefois que nous restons outsiders. Le favori, c'est Amiens."

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "On a été solides dans tous les secteurs de jeu. On s'attendait à ce que ça joue des coudes. C'est normal pour deux équipes de haut de tableau amenées peut-être à se retrouver en play-offs. On a essayé de ne pas répondre aux coups, de ne pas tomber dans leur jeu. Ne nous croyons pas trop hauts trop vite non plus. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver, les blessures, etc... Mais si on joue comme ça, on peut aller loin."

Jesse Saarinen (défenseur de Grenoble) : "On s'attendait à une rencontre de cette intensité pour un match qui décidait de la première place. En défense, on a bien joué, et notre gardien a été parfait. Sur mon but, Kaartinen fait une bonne passe au milieu de la zone, j'ai fini l'action en mettant le rebond dans la cage. Est-ce que cette rencontre était violente ? Non, de temps en temps, c'est comme ça le hockey... C'était juste un peu plus chaud que d'habitude."

Antoine Mindjimba (gardien d'Amiens) : "Ils nous ont mis une grosse pression offensive et ça nous a surpris. Ils sont solides derrière, neutralisent nos attaques en zone neutre, et Patrick Rolland sort une grosse performance. Physiquement, on l'a peut-être emporté, mais on a été dominé tactiquement. Grenoble est certes leader mais la route est encore très longue. Sans vouloir leur donner de conseils, qu'ils n'oublient pas que de l'eau va encore couler sous les ponts..."

 

Grenoble - Amiens 2-0 (1-0, 0-0, 1-0)

Samedi 31 janvier à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Nicolas Barbez et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 10' (2', 6', 2'), Amiens 16' (4', 8', 4').

Évolution du score :

1-0 à 05'33" : Forsell assisté de Bonnard et Podlaha

2-0 à 49'20" : Saarinen

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (A) ; Baptiste Amar - Martin Millerioux ; Stéphane Gachet - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) puis Christophe Tartari - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Sami Kaartinen - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Cyril Papa, Timo Bayon et Kevin Enselme. Absents : Simon Bachelet, Nicolas Antonoff et Romain Bachelet (blessés).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba (sorti de sa cage à 58'10").

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Arnaud Mazzone ; Denis Perez - Mathieu Jestin ; Vincent Bachet - Frédéric Brodin.

Attaquants : Richard Aimonetto [puis M. Brodin] - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Luc Chauvel (C) - Laurent Gras (A) [puis Aimonetto] - Brice Chauvel ; Mickaël Brodin puis Élie Marcos - Anthony Mortas (A) - Simon Petit puis Kévin Hecquefeuille.

Remplaçant : Stéphane Burnet (G).

 

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