Mulhouse - Grenoble (11 février 2004)

 

Match comptant pour la septième journée de la poule Magnus du Super 16.

Il y a des soirs où on se demande s'il n'aurait pas mieux valu resté couché. Temps gris sur Mulhouse, averses de neige puis de pluie, brouillard, toutes ces mauvaises conditions extérieures n'avaient pourtant pas découragé un nombreux public de venir à l'Illberg, en semaine, pour une affiche assez alléchante entre le leader grenoblois et l'un de ses gros adversaires présumés.

Jusqu'ici, Mulhouse était invaincu chez lui, et avait bien besoin des deux points de ce match pour se requinquer après une cinglante inhalation de moutarde dijonnaise.

Ce ne sera hélas pas après ce triste épisode que les hommes de Christer Eriksson vont pouvoir se refaire une santé, tout au plus voir où le bât a blessé pour mieux le corriger.

Au bout de vingt minutes, et d'une avance de deux buts pour les Isérois, on se dit que le coup est encore jouable pour les locaux. Grenoble a marqué rapidement, quand Laurent Meunier a pu exploiter un flou devant Lhenry (3'23"), puis quand Saarinen a lumineusement lancé Josef Podlaha qui a fusillé Lhenry à bout portant (8'15"). On sent bien que Grenoble est au-dessus de Mulhouse à tous les étages de jeu, mais les locaux jouent encore vaillamment, et il s'en faut d'un rien lorsque Scibran (7'07") et Chassard mettent de peu le palet à côté (9'31"), et quand Tardif de près (14'38") et Mille (14'48") butent sur un excellent Rolland, doté de sérieux réflexes.

Hélas, en trois minutes dans la deuxième période, les Scorpions chutent lourdement par deux fois. Sur une première supériorité bien installée, le joker Sami Kaartinen sert, ressert, lance, et Meunier dévie finement, et de près, entre les jambières de Lhenry (21'55"). Presque dans la foulée, Tero Forsell hérite bien heureusement d'un palet, lors d'une très mauvaise manœuvre mulhousienne de changement de ligne, et tire puissamment en entrée de zone (22'52"). C'en est trop, le coach mulhousien demande un temps mort pour stopper l'hémorragie, il faut absolument se re-concentrer, mais le reste du tiers sera désespérément long pour ses troupes, qu'il a dû recomposer après la sortie de Pavol Segla suite à une mauvaise réception contre la bande en fin de premier tiers. C'est même Grenoble qui continue à diriger les opérations. Bien en défense, pressant assez haut, les visiteurs exploitent le moindre flou de relance mulhousienne pour embrayer vers Lhenry, inspiré d'un excellent réflexe face à Shchevelev (28'22"), ou sur ce centre en retrait de Meunier pour Amar (32'09"). Mulhouse rate, rate et rate, encore et toujours : ses relances, ses boîtes, sa finition, hormis ce tir en pleine course de Richard Kazda (33'49") intercepté par Rolland toujours concentré. Pire, les boîtes "d'énervement", après l'action, sont souvent sanctionnées par une brèche où s'engouffrent aux moins deux flèches alpines vers le but local. Et dire qu'il reste encore vingt minutes à jouer.

Pourtant, on commence à se rebeller à la sortie des vestiaires, même si les Scorpions manquent encore de précision. Grenoble attend, non sans que le grand "Josef", exploitant une gêne de positionnement locale, ne parte en breakaway, en infériorité, mais Lhenry veille (41'57"). Le même portier alsacien constate une nouvelle fois les dégâts, en infériorité. Steve Michou vient de charger assez sévèrement Fougère, la faute est sans doute plus spectaculaire que réellement intentionnelle, mais le buteur en forme alsacien est sanctionné de 2'+10', imité promptement par son capitaine Bilbao un peu trop "bavard". L'attaque alsacienne a du plomb dans l'aile, la défense ne vaut pas mieux et laisse Bonnard servir une transversale pour Podlaha qui conclue de près au second poteau (47'27"). Dès lors, il n'y a plus rien à espérer de cette rencontre, Grenoble se contente de tenir en respect son adversaire, le laissant buter sur quelques réflexes toujours aussi affûtés du portier isérois (alerte de Brisard à 53'20"), même si Étienne Croz soulage ses coéquipiers, en logeant dans un trou de souris le palet pour l'honneur (54'14"), puis une dernière alerte de Scibran détournée et tournoyant des les airs avant de rebondir infructueusement devant la cage grenobloise (56'12").

Mulhouse aura expérimenté de nouveau le 5-1, cette saison : après celui "du vaincu" infligé par les villardiens en septembre dernier, puis celui "du vainqueur" donné aux Amiénois en Coupe de France, revoici le retour cinglant du boomerang avec un score qui en dit long sur la qualité du hockey proposé par Mulhouse hier soir. Désespérément stériles devant (pas grand monde au centre pour exploiter le moindre palet, notamment), "honteusement" à la rue dans les relances, pris assez fréquemment de vitesse, on n'a pas vu grand-chose de bien concluant chez les Alsaciens. Et pour tout dire, voici bien deux ans que Mulhouse n'avait si mal joué à la maison, hormis la déroute amicale de pré-saison contre la "réserve-GCK" zurichoise, cet été. Le match sans, assurément, à ne pas trop renouveler quand même car on arrive très prochainement vers les choses sérieuses, en espérant un simple choc sans conséquences pour Pavol Segla, et un net retour en forme de sa ligne, très timide hier.

Grenoble en a bluffé plus d'un. Ça paraît tellement facile, leur hockey : vitesse, discipline, collectif, solidarité, concentration aussi. À 0-4 et 23'25", Christer Eriksson demande un temps mort pour reconcentrer ses hommes, en pleine débâcle. À 0-4 et 46'09", alors que Mulhouse semble enfin se rebeller, Gérald Guennelon rassemble ses troupes pour lancer un "Qu'est ce qu'on fait ? On les laisse jouer ou on resserre ? Allez les gars". C'était simple, et Podlaha a alors marqué... On n'a pas assisté à un déluge de feu isérois (au simple jeu des statistiques, Grenoble a même tiré moins souvent), mais plutôt à une équipe qui avait décidé de presser l'adversaire pour en extraire la moindre erreur profitable, usant sans modération de grattage de palets, de passes simples ou combinées, mais surtout précises, et d'un hockey bien plus fini. Ce n'est peut être pas une super machine de guerre, mais une équipe de bosseurs, et qui méritait ce soir sa large victoire.

Récompensés à la fin du match : Laurent Meunier pour Grenoble et Richard Kazda pour Mulhouse.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Mulhouse - Grenoble 1-5 (0-2, 0-2, 1-1)

Mercredi 11 février 2004 à 20h30 à la patinoire de l'Illberg. 1100 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand.

Pénalités : Mulhouse 28' (2', 4', 2'+10'+10'), Grenoble 12' (4', 2', 6').

Tirs : Mulhouse 32 (9, 7, 16), Grenoble 21 (9, 9, 3).

Évolution du score :

0-1 à 03'23" : Meunier assisté de Shchevelev

0-2 à 08'15" : Podlaha assisté de Saarinen

0-3 à 21'55" : Meunier assisté de Kaartinen et Deschaume (sup. num.)

0-4 à 22'52" : Forsell assisté de Saarinen

0-5 à 47'27" : Podlaha assisté de Bonnard et Forsell (sup. num.)

1-5 à 54'14" : Croz assisté de Chassard (sup. num.)

 

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Dusan Brincko - Lilian Prunet (A) ; Miikka Ruokonen (A) - Allan Carriou ; Patrick Scibran - Mathieu Mille.

Attaquants : Guillaume Chassard - Lionel Bilbao (C) - Steve Michou ; Pavol Segla [puis Luc Tardif jr à 15'00"] - Francis Ballet [puis Pierre Brisard à 20'00"] - Juho Jokinen ; Vincent Bringuet - Étienne Croz - Richard Kazda ; Jérémy Bigot.

Remplaçants : Benjamin Jubien (G).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (C) ; Baptiste Amar - Simon Bachelet [puis Martin Millerioux à 40'00"] ; Martin Millerioux [puis Stéphane Gachet à 20'00"] - Roland Fougère.

Attaquants : Christophe Tartari - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Sami Kaartinen - Laurent Meunier - Cyril Papa ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia ; n°70.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Timo Bayon et n°28. Absents : Benjamin Agnel, Benoît Bachelet, Nicolas Antonoff et Romain Bachelet (blessés).

 

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