Asnières - Valence (14 février 2004)

 

Match comptant pour la sixième journée de la poule de maintien de division 1.

Il y a comme un spectre menaçant qui plane sur ce match décisif pour la relégation, et le simple trajet pour aller à la patinoire d'Asnières met tout de suite dans l'ambiance. Tout d'abord, il faut prendre la ligne 13 (ça porte malheur, il n'y a que la Française des Jeux pour vous faire croire le contraire) jusqu'au terminus (comme le parcours en D1 du perdant ce soir ?), à savoir la station Gabriel Péri (Se sauver ou périr, c'est la devise de ce match...). De là, vous prenez la Rue des Bas (allusion sans doute au classement des deux équipes) qui longe le cimetière au passage. Vous continuez votre route, respirant les effluves d'oxyde de carbone entre les terrains vagues à l'abandon d'Asnières et les barres d'immeubles de Gennevilliers, ce qui vous conduit au Boulevard Pierre de Coubertin. Ce sera d'ailleurs la consolation du relégué, "l'important c'est de participer". Vous voici donc à la patinoire d'Asnières, qui annonce sur sa façade "Boxe Escrime Hockey". Pas tout en même temps, j'espère ?

Heureusement, non. Le match commence même de façon très peu physique. Visiblement, on s'observe, on se jauge, on essaie de percevoir la faiblesse du compagnon mal classé. Le premier tir est signé Quentin Roy, et il heurte le poteau (3'43"). Un but à cet instant de la plus mauvaise attaque face à la plus mauvaise défense aurait peut-être donné confiance aux visiteurs. Roy, le défenseur aux traits asiatiques, déploie une bonne activité, il en fera la preuve plus tard en écartant proprement Zambori en un contre un.

Les transitions les plus précises et tranchantes sont pour Asnières, et bien que les tirs cadrés ne soient pas légion, Sylvain Bélanger ouvre le score sur une bonne passe de Boissière (1-0 à 07'02"). Mais Valence revient à parité par Mathieu Bidoli sur un palet dévié dans les airs de façon heureuse (1-1 à 13'40"). Le rythme monte tout doucement, et le jeu asniérois est souvent aussi simple que téléphoné : soit chercher le rebond pour Peter Zambori, soit envoyer en orbite ce même Zambori qui attend à la bleue, notamment lors d'un changement de ligne hasardeux de Valence, mais cette possibilité de breakaway est gâchée par une passe ratée de deux bons mètres par Dussaucy.

Puisqu'il ne peut pas compter sur ses coéquipiers, le buteur tchèque se crée lui-même son occasion en début de deuxième période et trouve une belle lucarne (2-1 à 22'00"). Mais les Asniérois n'en sont pas vraiment plus sereins, ils sont même parfois à la rue. Alan Jacob (l'entraîneur !) coûte un surnombre à son équipe pour être sorti de prison sur une pénalité simultanée. Une seconde après la fin de cette pénalité, Grégory Boissière écope de 2'+2'+10' pour tentative de piquage. Ce sont donc six minutes d'affilée au total que les Castors passent en infériorité, et s'ils font barrage, c'est surtout en raison de la totale indigence du jeu de puissance des Valentinois. Quand enfin ils s'installent, Quentin Roy, qui hérite du palet avec la cage ouverte, tire derrière le cadre. Est-ce la force de l'habitude ? Toujours est-il qu'Asnières joue encore pendant trente secondes à quatre contre cinq alors qu'on est revenu à égalité numérique. Et encore, il faut que ce soit des spectateurs qui le crient pour qu'ils s'aperçoivent qu'ils sont un de moins !

Après ce deuxième tiers-temps, l'attaque drômoise ne fait plus peur à personne. Mais il n'y a toujours qu'un but d'avance et la défense asniéroise, toujours privée de Boissière, est trop passive au retour sur la glace, à l'image de Declercq solide physiquement mais désespérément statique. Valence domine ainsi pendant plusieurs minutes, mais rien faire de convaincant. C'est la fin des dix minutes de pénalité de Grégory Boissière qui s'avère décisive. Peu après son retour sur la glace, il tire de la bleue et Bélanger plonge sur le rebond pour un doublé personnel (3-1 à 48'26").

Valence est quand même décidé à jouer sa chance jusqu'au bout et à abattre toutes ses cartes, ce qui est tout à son honneur. Les Lynx demandent un temps mort (54'20") pour sortir leur gardien pendant une pénalité adverse. Mais le retour du portier lorsque le cinquième Asniérois fait sa rentrée n'est pas vraiment programmé, et Zambori fait des frayeurs à la défense drômoise, mais ne peut tirer qu'en angle trop fermé pour viser les filets déserts. Valence sort à nouveau son gardien Jérémy Valentin en fin de match, et celui-ci tergiverse tellement pour quitter le banc que ses coéquipiers jouent un engagement en zone défensive sans lui, à une vingtaine de secondes de la fin et avec deux buts de retard ! Pour l'anecdote, les Drômois le gagnent et évitent donc le but en cage vide, mais cela ne change rien au résultat.

Asnières a fait un pas vers le maintien et peut s'estimer à juste titre soulagé d'un grand poids, après avoir gagné ce match peu animé et joué à un rythme peu soutenu. Mais cette équipe a un point faible à la relance. Même sans vrai forechecking adverse, les défenseurs ont d'énormes problèmes à trouver des solutions et balancent le plus souvent des palets au petit bonheur contre la bande, voire dans les airs, avec comme résultat un nombre hallucinant de dégagements interdits.

Pour sa part, Valence a surtout des lacunes offensives, manquant à la fois de vitesse, de précision et de maîtrise du palet. Désormais, le maintien sera une tâche ardue, avec trois points de retard sur Asnières. Il faudrait maintenant non seulement gagner le match retour, mais aussi prendre un point ailleurs. Peu probable car les Drômois ne semblent pas capables d'accélérer. Le barrage de relégation ensuite risque d'être très difficile car les rencontres de haut de tableau de D2 se jouent à une intensité supérieure que le match de ce soir.

Ceci dit, le bon côté des choses, c'est que Valence n'a pas l'apparence d'une équipe en déroute. Elle n'a craqué psychologiquement à aucun moment, elle a continué à faire de son mieux, le problème étant que ce mieux, dans les conditions actuelles, n'est pas au niveau de la D1. Il reste donc à souhaiter qu'elle parvienne à digérer cette saison difficile sans perdre goût pour le hockey.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Asnières - Valence 3-1 (1-1, 1-0, 1-0)

Samedi 14 février 2004 à 20h15 à la patinoire des Courtilles. 135 spectateurs.

Arbitrage de M. Emerit assisté de MM. Coquet et Marc.

Pénalités : Asnières 22' (0', 10'+10', 2'), Valence 6' (2', 4', 0').

Tirs : Asnières 27 (9, 10, 8), Valence 27 (8, 9, 10).

Évolution du score :

1-0 à 07'02" : Bélanger assisté de Boissière

1-1 à 13'40" : M. Bidoli assisté d'Olivier

2-1 à 22'00" : Zambori

3-1 à 48'26" : Bélanger assisté de Boissière

 

Asnières

Gardien : Guillaume Dalsasso (sorti de sa cage de 10'46" à 10'54").

Défenseurs : Alexandre Pierre - Grégory Boissière (A) ; Sébastien Lesur - Arnaud Declercq.

Attaquants : Christophe Gilbert (A) - Marc Dussaucy (C) - Mourad Chaiblaine ; Karim Chaiblaine - Alan Jacob - Peter Zambori ; Christophe Rouyer - Sylvain Bélanger - Sylvain Bourcet ; Jérôme Laverny.

Remplaçant : Vincent Brecardis (G).

Valence

Gardien : Jérémy Valentin (sorti de sa cage de 54'20" à 55'40" et de 59'20" à 60'00").

Défenseurs : Sébastien Bergès (C) - Cyril Josseaume ; Rémi Dubreuil - Quentin Roy.

Attaquants : Thomas Gaulier - Antoine Pelisse (A) - Benoît Gaulier ; Jeoffrey Bidoli - Dan Alvarez - Simon Pelisse ; Mathieu Bidoli (A) - Benjamin Olivier.

 

Retour au championnat de France de division 1