Brest - Amiens (14 février 2004)

 

Match comptant pour la huitième journée de la poule Magnus 2004.

Des fois, un rien suffit à transfigurer une équipe... Ce rien, personne ne sait vraiment d'où il vient, mais toujours est-il que c'est une équipe brestoise ressemblant comme deux gouttes d'eau à celle du début de saison que l'on a pu voir. Une équipe comme on aimerait la voir plus souvent tant elle parait inarrêtable quand elle joue comme ce soir, dans une belle partie entre deux équipes volontaires et portées vers l'avant. Un match "plein" qui a également permis de montrer que les Albatros étaient aussi capables de travailler dur et de manière constante tout au long de la partie aussi bien offensivement que défensivement. Des Albatros déchaînés et radieux, qui ont su faire lever les foules et mettre une ambiance du tonnerre. Les Finistériens, qui se défont de la lanterne rouge, prennent ainsi bien plus qu'une revanche face à des Amiénois qui ont été muselé sur le powerplay, pourtant un de leurs points forts, avant de s'incliner lourdement 6-1. Une rencontre fluide et intense où Ludek Broz et Jimmy Provencher signent une nouvelle fois un doublé chacun tandis que Figved est encore aussi décisif qu'époustouflant. De belles dispositions qu'il faudra désormais confirmer face à Anglet et Grenoble... mais en attendant, quel match !

Alors que Marko Halonen (champion de France avec Brest en 1996 et 1997) profitait de sa présence pour donner le coup d'envoi de la rencontre, Jimmy Provencher endossait quand à lui le capitanat en l'absence de Dino Grossi, suspendu après son altercation de mercredi avec Antoine Mindjimba, qui a écopé pour sa part d'un match ferme et un avec sursis. La partie démarrait donc avec une boule au ventre de la plupart des spectateurs inquiets de savoir comment les Brestois allaient réagir face à "l'ogre" picard. Et le premier à tenter de dérider l'assistance est Ludek Broz qui ne trouve pas le cadre malgré une superbe entrée de zone tout en dribble (01'16). Les Albatros se détendent un peu les minutes filant et Ijäs à son tour tente une feinte, sans lendemain malheureusement, sur Plumejeau (02'43). Des Brestois de plus en plus décomplexés, surtout après avoir réussi à neutraliser deux minutes durant le jeu de puissance amiénois (06'34). De quoi donner des ailes aux Albatros à l'image de Provencher et Broz qui combinent à merveille pour conclure par un violent shoot de Tikhonov malheureusement repoussé par "la Plume" (08'15). Les contentieux de mercredi soir n'étant pas tous réglés, ce début de match est également émaillé par de nombreux accrochages qui n'en demandent pas beaucoup plus pour passer à l'étape suivant. Bruno Maynard n'a pas tardé à donner à Mickaël Brodin, égal à lui-même, ce qu'il cherchait, à savoir un direct du droit qui vaudra dix minutes à Maynard (09'40). Heureusement pour le jeune Brodin que Dino Grossi ne fut pas sur la glace, là aussi il y aurait eu des comptes à régler...

Peu importe, le jeu continue sous le commandement ferme mais réfléchi de M. Bocquet qui tient en main ses hommes sans abuser du sifflet. Tikhonov, qui a pris la place de Grossi, se trouve à l'aise sur son nouveau trio offensif, contournant joliment la cage avant de servir Broz qui fini par trouver le bouclier de Plumejeau (11'10). La pression brestoise est de plus en plus appuyée mais crée fatalement des espaces à l'arrière dans lesquelles le tandem Zwikel-Rozenthal s'engouffre avant de servir Luc Chauvel dont le lancer flirte avec le montant (12'21). Provencher voit quant à lui son tir carrément repoussé par le poteau du coffre picard (12'57), juste avant que les Albatros se voient refuser un but, Plumejeau étant retenu au sol (13'04). Les Bretons ne se découragent pas et persévèrent, à un tel point qu'ils se créent leurs plus belles occasions en infériorité, avec trois départs en breakaway consécutifs dans le dos d'une défense amiénoise bien distraite. C'est ainsi que Yven et Loïc Sadoun s'en vont seuls en contre pour terminer par une frappe de l'aîné qui ne trompe pas Plumejeau (13'45). Pas plus de réussite sur la deuxième tentative signée Yven Sadoun seul (14'05), ou encore Broz qui sert au millimètre la palette de Provencher qui voit malheureusement sa reprise passer au-dessus (14'35). Malmenés sur leur propre jeu de puissance, les Gothiques réagissent par François Rozenthal dont le lancer à bout portant frôle le montant, alors que Zwikel à l'engagement trouve comme réponse à son shoot un blocage parfait du jeune Figved (15'45). Entre-temps, Tomasello n'a pas trouvé plus de réussite face à Plumejeau puisque le cadre se dérobe encore une fois (15'34). Les Brestois s'en retournent donc contraints et forcés aux vestiaires sans le moindre avantage, qui aurait pourtant été mérité.

Au retour de la pause, les Amiénois, à l'inverse du premier tiers, se font tout de suite plus présents, à l'image de Mickaël Brodin obligeant Figved à dévier son tir de l'épaule (20'51) tandis qu'Élie Marcos trouve une première fois le bouclier de Figved à bout portant (22'02) avant de mettre le feu autour de la cage en compagnie de Hecquefeuille (24'10). Mais l'orage n'est pas fini puisque Vincent Bachet, depuis la zone d'engagement, sollicite aussi Figved (24'22) qui repousse inexorablement tout comme face à Mickaël Brodin et Jon Zwikel en contre (24'54). La dernière averse se fait ressentir sur un bon débordement de Zwikel conclu par un lancer puissant que le cerbère brestois déboute du bouclier (25'13). Avec Figved en bon paratonnerre, les Brestois peuvent répondre à cette pluie d'attaques, notamment par l'intermédiaire de Tikhonov en contre (27'01) ou par Broz qui loupe le cadre de peu (27'10). Bachet et Lefranc remettent une couche autour de la cage finistérienne gardée comme il se doit par un Figved toujours aussi surprenant de sérénité (27'50). Si Figved sait apaiser ses coéquipiers, il sait également être l'auteur de gestes venus d'ailleurs à l'image d'un tir lointain dévié qui le prend à contre-pied juste avant qu'il ne se retourne vers son but pour jeter sa crosse et finalement dévier le puissant palet en plein vol juste au-dessus de la ligne de but (29'09). Le public est estomaqué, et Figved aussi, sans nul l'arrêt de sa saison.

Sans doute galvanisé par les prouesses de son gardien, Jérôme Veret décide de partir en break pour inscrire seul et en pleine lucarne le but du KO pressenti depuis un bon moment (1-0 à 30'18). Un but qui change tout, d'un côté comme de l'autre. Les Albatros sont désormais déchaînés, notamment Tikhonov et Provencher qui butent à plusieurs reprises sur Plumejeau. Mais le jeu de puissance amiénois si longtemps redouté est peut-être finalement ce qui leur fait le plus de mal. Incapable d'approcher dangereusement de la cage brestoise en supériorité numérique, Vincent Bachet se fait prendre à vouloir rester jouer avec la rondelle à la bleue. Ivan Borzik la lui chipe et lance en orbite Ludek Broz à qui il n'en faut pas beaucoup pour marquer. Une feinte, un tir du revers pleine lucarne, et l'affaire est entendue (2-0 à 33'41). Un but en infériorité numérique qui n'en finit plus de transcender les Brestois, à l'image du duo Broz-Provencher qui sollicite une première fois Plumejeau sur une bonne reprise, avant que ce même Broz récupère le rebond laissé et s'amuse durant près de quatre secondes avec Plumejeau, attendant que ce dernier se couche... Sans réussite, mais que ce fut beau (37'45). Sans doute sous le choc du but pris en supériorité, les Gothiques se mettent à cafouiller en défense sous la pression brestoise, Veret récupérant la rondelle derrière le but avant de transmettre, via Maynard, à Tomasello qui profite de la glissade prématurée de Plumejeau pour pousser le puck dans le but vide (3-0 à 38'05). Trois buts en l'espace de huit minutes, et voilà que les Brestois peuvent rentrer une seconde fois aux vestiaires, mais avec l'esprit plus tranquille.

Pour le dernier opus de ce match fou, on s'attend logiquement à une réaction des visiteurs. Et c'est ce qui se produit par l'intermédiaire de Luc Chauvel à bout portant sur Figved (42'11), tandis que Marcos ne peut tromper le numéro 16 brestois malgré une bonne reprise sur un service de Mortas (43'01). Mais Jimmy Provencher, en renard des zones, met rapidement à profit une passe précise de Mikel pour finalement tromper à bout portant Plumejeau (4-0 à 43'39). David Hennebert, sous le regard bienveillant de son papa, tente à sa manière de relancer la machine d'un tir vicieux depuis la bande que Figved dévie de l'épaule (45'43). Malheureusement pour les visiteurs, rien n'y fait et la splendide combinaison Ijäs-Yven Sadoun manque de peu de faire mouche (47'07). Tout ébloui et surpris par la prestation de ses Albatros, le public, un brin chambreur pour l'occasion, se laisse tenter par des "olé" à chaque passe brestoise... Ludek Broz une nouvelle fois en break (53'16) était sur le point d'aggraver la marque, tout comme Marcos aurait pu la réduire sur un bon slap sur son aile, sans l'intervention salvatrice du Bresto-Briançonnais (53'45). Mais à ce jeu, c'est à nouveau Brest qui trouve la faille et corse un peu plus une addition désormais bien lourde. Provencher réussit un vrai slalom dans la défense amiénoise avant de tromper Plumejeau impuissant (5-0 à 55'30). Un Provencher particulièrement heureux de réaliser un doublé et qui harangue un public qui n'attendait que ça pour s'enflammer un peu plus encore.

Seulement, il doit être écrit que, quelque soit sa prestation, un élément perturbateur viendra empêcher Julien Figved de réaliser enfin un blanchissage. Et une fois de plus, ça n'aura pas manqué, puisque sur un tir de Zwikel, Figved est contraint de laisser un rebond dans la palette de Brice Chauvel qui réduit le score dès lors un peu plus honorable (5-1 à 56'33). En fin de match, sur l'ultime supériorité de la rencontre et après un surpuissant lancer de Kysela à la bleue (57'00), Ludek Broz mystifie un joueur avant de transpercer de manière imparable le jeune Plumejeau qui a sans nul doute rêvé d'un meilleur retour dans son ancien club (6-1 à 57'51). Broz qui au passage inscrit son sixième doublé en dix matchs seulement ! Un score final lourd mais si confortable pour des Albatros qui avaient besoin d'un tel match pour reprendre confiance avant d'aborder encore des matchs au combien difficiles.

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match

Jimmy Provencher (attaquant de Brest) : "Si tout le monde joue comme ça à chaque match, je pense qu'on n'aura plus de soucis. C'est une victoire d'équipe car chacun a vraiment bien joué ce soir. On n'a pas fait de cadeau comme on a pu le faire mercredi. Notre objectif était de prendre moins de buts qu'à Amiens et de simplement bien jouer défensivement, et puis finalement on est sorti avec la victoire et c'est vraiment bon. Je ne sais pas vraiment d'où vient le déclic, mais on était tanné de perdre et de trouver des erreurs par-ci par-là à chaque fois. La chance a également tourné, après on a su profiter de nos occasions et bien jouer. C'est bon signe pour la suite."

Anthony Mortas (attaquant d'Amiens) : "On a pourtant bien commencé le match et c'était assez serré à la fin du premier tiers-temps. Seulement, à partir du moment où on a pris le premier but, on a un peu reculé et accusé le coup. Eux, ils se sont enflammés et ont vraiment bien joué. Par la suite, on a compliqué les choses en voulant recoller au score rapidement alors qu'on butait sur la défense. C'est sans doute dû à un manque d'envie, on n'était pas préparé à disputé un match dur. On les a joués il y a trois jours avec les mêmes absents, et on a gagné, donc l'excuse des blessés n'est pas valable, d'autant que notre gardien remplaçant a fait un très bon match. Après, il faut peut-être avouer qu'on a sans doute pris les Brestois à la légère. C'est dommage si ça vient de là mais c'est vrai qu'on a gagné "facilement" à Amiens. Donc sans dire qu'on a été surpris par Brest, on n'avait tout simplement ni la gnac ni les jambes, donc sans ça c'est difficile de gagner."

 

Brest - Amiens 6-1 (0-0, 3-0, 3-1)

Samedi 14 février 2004 à 20h00 au Rïnkla Stadium. 600 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté d'Alexandre Hauchart et Laurent Antunes.

Pénalités : Brest 18' (4'+10', 2', 2'), Amiens 8' (4', 0', 4').

Tirs : Brest 35 (11, 14, 10), Amiens 22 (3, 11, 8).

Évolution du score :

1-0 à 30'18" : Veret assisté de Mikel

2-0 à 33'41" : Broz assisté de Borzik (inf. num.)

3-0 à 38'05" : Tomasello assisté de Maynard et Veret

4-0 à 43'39" : Provencher assisté de Mikel et Broz

5-0 à 55'30" : Provencher

5-1 à 56'33" : B. Chauvel assisté de Zwikel et Bachet

6-1 à 57'51" : Broz (sup. num.)

 

Brest

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Daniel Kysela - Tadeusz Pulawski ; Jan Mikel - Ivan Borzik ; Aleksandr Tsyplakov - Timo Kulonen.

Attaquants : Loïc Sadoun (A) - Janne Ijäs - Yven Sadoun ; Maksim Tikhonov - Ludek Broz - Jimmy Provencher (C) ; Jérôme Veret - Bruno Maynard (A) - Gianluca Tomasello ; Sébastien Oprandi.

Remplaçants : Gabriel Bounoure (G), Christian Élian. Absents : Stéphane Arcangeloni (luxation de l'épaule), Dino Grossi (suspendu).

Amiens

Gardien : Jérôme Plumejeau.

Défenseurs : Kevin Hecquefeuille - Tommi Hämäläinen ; Vincent Bachet - Frédéric Brodin ; Matthieu Jestin - Arnaud Mazzone ; David Hennebert.

Attaquants : Mickaël Brodin - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Luc Chauvel - Anthony Mortas - Brice Chauvel ; Julien Lefranc - Élie Marcos - Simon Petit.

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Fabien Leroy. Absents : Laurent Gras (épaule), Richard Aimonetto (traumatismes musculaires), Denis Perez (pectoral droit), Antoine Mindjimba (suspendu).

 

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