Grenoble - Mont-Blanc (24 février 2004)
Demi-finale de la coupe de France.
Les Brûleurs de Loups n'avaient pas le droit à l'erreur pour ses retrouvailles avec le Mont-Blanc. Pour la deuxième année consécutive, le chemin des deux équipes se croise en coupe de France. Mais cette fois c'est au stade des demi-finales et la perspective de jouer la finale à Grenoble est bien entendu une motivation supplémentaire pour les Grenoblois. Le Mont-Blanc, "cendrillon" de la coupe, a réalisé un beau parcours pour atteindre ce stade de la compétition, et la présence de nombreux ex-Grenoblois dans les rangs haut-savoyards (Barin, Fleutot, Carry, Goetz, Billieras, Sangiorgio) donnait à ce match une saveur particulière....
Très bonne surprise au coup d'envoi pour les Grenoblois : outre les retours attendus de Saarinen et De Murcia, les Brûleurs de Loups récupéraient leur capitaine Benoît Bachelet, de retour de blessure plus tôt que prévu. Du coup, seuls Podlaha et Agnel manquaient encore à l'appel. Le match était lancé depuis seulement vingt secondes lorsque la première pénalité était sifflée à l'encontre de Forsell. De quoi entrer rapidement dans le vif du sujet d'autant que Gachet le rejoignait cinquante secondes plus tard. Le Mont-Blanc se trouvait en double supériorité pour plus d'une minute. Un avantage inespéré que les joueurs de la Haute-Savoie ne parvenaient pas à concrétiser. Une bien belle occasion de gâchée d'autant que les Brûleurs de Loups reprenaient rapidement le commandement des opérations une fois à cinq sur la glace. La pression sur les cages de Goetz se fait plus dense et c'est en toute logique que Benoît Bachelet ouvre le score sur un bon débordement côté gauche de Sami Kaartinen (1-0, 08'21"). Une manière de fêter dignement son retour ! Le reste du tiers sera entièrement à l'avantage des Grenoblois, les Avalanches se contentant de placer quelques contres. Arnaud Goetz se rappelle au bon souvenir de ses coéquipiers et les attaquants grenoblois font preuve d'un peu de légèreté dans la finition. Et c'est donc sur ce maigre écart d'un but que les deux équipes se séparent pour la première pause. Les Grenoblois auraient pu tuer le match dans cette période initiale mais laissent Mont-Blanc croire en ses chances. Risqué.
Heureusement, le capitaine grenoblois avait faim de glace et cela se voyait. Il se montrait le plus prompt à reprendre un palet qui traînait devant les cages de Goetz après un premier tir de Laurent Meunier. En 85 secondes, il donnait ainsi au score de plus justes proportions (2-0, 21'25"). Mais les montagnards ne s'avouaient pas vaincus. Sous l'impulsion de Barin, ils jetaient toutes leurs forces dans la bataille, au point d'en faire parfois un peu trop. Les contacts se faisaient plus rugueux, à la limite de la régularité, et un choc entre Barin et Meunier laissait le centre grenoblois sur la glace en se tordant de douleur. Touché au genou, il rentrait au vestiaire sur une jambe et laissait ses coéquipiers. Après cet incident spectaculaire, la tension montait d'un cran sur la glace. La charge dans le dos de Fleutot ou le cinglage de Soquet ne firent rien pour calmer les esprits. Malgré tout, Baptiste Amar nous gratifiait d'un coast-to-coast qui aurait bien pu faire mouche et Sami Kaartinen d'un slalom qui faisait apprécier sa vitesse. Mais à force, Grenoble payait son manque de réalisme. Sur une contre-attaque rapidement menée, Thierry Nicoud débordait côté gauche et adressait une mine qui ne laissait aucune chance à Rolland (2-1, 33'28"). Explosion de joie pour les (nombreux) supporters du Mont-Blanc qui se remettaient à croire dans les chances de leurs protégés. Et ils avaient raison car Mont-Blanc s'offrait une fin de tiers canon, profitant de la baisse de régime grenobloise. Le match s'équilibrait et les joueurs de Barin auraient même pu égaliser alors que les Grenoblois se croyaient déjà au vestiaire. L'avantage des locaux était donc bien maigre à la fin du deuxième tiers et un retour des visiteurs dans le dernier vingt était tout sauf à exclure.
Face à un Goetz, qui brillait devant son ancien public, les Brûleurs de Loups avaient tout à craindre d'une troisième période qui sentait le piège. Et une prison infligée à Kaartinen ne faisait que renforcer cette impression. Mais le Mont-Blanc ne parvenait que rarement à déséquilibrer une défense bien en place qui a fait ses preuves en Super 16. Deux pénalités consécutives allaient venir à bout de la résistance haut-savoyarde. Au milieu d'un cafouillage monstre devant la cage de Goetz, Christophe Tartari poussait le palet au fond de la cage d'un Goetz qui ne méritait pas ça. Le but n'était même pas évident car Tartari ne devait pas trouver loin de la zone du gardien. Mais l'arbitre le validait et cela donnait deux buts d'avance à Grenoble (3-1, 47'01"). Un but coup de massue pour le Mont-Blanc qui venait tout juste de revenir à cinq contre cinq, et dont il ne se remettra pas. La fatigue commençait à gagner les rangs et deux buts en moins d'un minute donnera au score plus d'ampleur. Sur un rebond exploité par Andreï Shchevelev d'abord (4-1, 57'18") puis par un deux contre un d'école mené à la perfection par Cyril Papa et conclu par Benoît Bachelet qui signait ainsi le coup du chapeau (5-1, 58'05"). Pas mal pour un joueur pas encore totalement remis d'un doigt cassé ! Le score aurait même pu être plus lourd puisque les Brûleurs de Loups allaient finir le match en supériorité numérique suite à l'expulsion sévère de Clément Berruex pour un piquage. Mais les Grenoblois eurent la délicatesse de ne pas enfoncer un peu plus leurs adversaires qui ne le méritaient pas.
Le score est bien sévère pour le Mont-Blanc qui est resté au contact jusqu'à la quarante-septième minute. Les Haut-savoyards n'ont pas grand chose à se reprocher face au leader du Super 16. Leur seul regret viendra finalement du tirage au sort car l'issue du match aurait pu être différente s'il avait été disputé à Megève ou St Gervais... Du côté de Grenoble, on est longtemps tombé dans l'approximation au moment de conclure ce qui aurait pu coûter cher au décompte final. Mais le contrat est rempli puisque les Brûleurs de Loups se sont qualifiés pour "leur" finale.
Compte-rendu signé Christophe Laparra
Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :
Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "C'était un match piège mais il reste encore à gagner cette finale à Pôle Sud. On était un peu fatigué ce qui peut expliquer la baisse de régime du deuxième tiers. Il nous faut maintenant songer à récupérer même si nous n'en avons guère le loisir. Car nous ne ciblerons pas nos objectifs. Quant à la finale, ça ne m'étonne pas que Rouen soit passé. Ils jouaient leur saison sur ce match."
Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Il nous a peut-être manqué un but de plus au premier tiers pour être sereins. Ça aurait été mérité mais on a su terminer comme il faut la rencontre. Les joueurs ont tenu leur objectif, c'est nous qui sommes en finale. Je vise d'abord le titre du championnat qui récompense le travail d'une saison mais on essaiera de gagner les deux. Toutefois, c'est à double tranchant, car la finale a été placée à une semaine des quarts de finale du championnat. Qui a encore pondu un tel calendrier ? On est l'une des seules disciplines à faire des choses extravagantes qui ne correspondent pas à la logique sportive."
Stéphane Barin (entraîneur-joueur de Mont-Blanc) : "On a été bien dans le match mais on paye nos soucis physiques en fin de rencontre. On ne s'entraîne pas suffisamment pour rivaliser soixante minutes. Tous les joueurs se sont dépouillés et on peut sortir la tête haute. Ce sont nos valeurs qu'on a montrées. On aurait bien aimé faire un petit hold-up chez nos anciens copains. Mais ce match fut une grande fête, au cours de laquelle on s'est arraché. Je suis l'un des seuls pros de cette équipe, la plupart joue pour des moments comme celui-là. Quant aux Grenoblois, je pense qu'ils ont les capacités d'accéder aux deux finales. Ils ont une belle, belle équipe."
Grenoble - Mont-Blanc 5-1 (1-0, 1-1, 3-0)
Mardi 24 février à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3322 spectateurs.
Arbitrage de Philippe Forget assisté de Grégory Vericel et Damien Velay.
Pénalités : Grenoble 16' (4', 4', 8'), Mont-Blanc 49' (0', 8'+10', 6'+5'+20').
Évolution du score :
1-0 à 08'21" : B. Bachelet assisté de Kaartinen et Meunier
2-0 à 21'25" : B. Bachelet
2-1 à 33'28" : T. Nicoud assisté de Barin
3-1 à 47'01" : Tartari
4-1 à 57'18" : Shchevelev assisté de Bonnard
5-1 à 58'05" : B. Bachelet assisté de Papa et Gachet
Grenoble
Gardien : Patrick Rolland.
Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (A) ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Stéphane Gachet - Roland Fougère.
Attaquants : Christophe Tartari (puis Pierrick Bazin) - Tero Forsell - Andrei Shchevelev ; Sami Kaartinen - Laurent Meunier (puis Tartari) - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.
Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Martin Millerioux, Romain Bachelet, Romain Laugier et Timo Bayon. Absents : Josef Podlaha (adducteurs), Benjamin Agnel (fracture du bassin), Nicolas Antonoff (ligaments du genou).
Mont-Blanc
Gardien : Arnaud Goetz.
Défenseurs : Guillaume Duclos - Clément Berruex ; Sébastien Borini - Florent Soquet ; Thomas Berruex - Sylvain Nicoud (A).
Attaquants : Patrice Fleutot (C) - Marc Billieras - Romain Carry (A) ; Aurélien Sarzier - Bastien Sangiorgio - Sébastien Subit ; Renaud Tracol - Thierry Nicoud - Stéphane Barin ; Julien Grignon - Rémy Laprun ; Cyril Pavarini.
Remplaçant : Christophe Levêque (G). Absents : Denis Montessuit et Fabien Satonay.