Français Volants - Rennes (28 février 2004)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la poule A de division 3.

Les deux clubs les plus ambitieux de la Poule A de D3 se rencontrent dans un match qui fleure bon le carré final. Le règlement du championnat de D3 est assez flou pour que les équipes de tête sentent monter la pression à quatre journées de la fin des play-offs : 3 poules, 3 premiers qualifiés pour le "Final Four", plus, selon les informateurs rencontrés sur place, un meilleur deuxième invité aux joutes qui consacreront le champion de D3. Cette poule A rassemble deux équipes franciliennes (FV de Paris et Fontenay), ainsi que quatre équipes de l'Ouest (Rennes, Cherbourg, Niort et Poitiers). Les Français Volants, qui ont à nouveau une équipe senior reposant sur une junior élite performante, et les Rennais, qui disposent d'un magnifique outil de travail, Le Blizz (deux pistes de glace, dont l'une aux dimensions olympiques, environ 1000 places assises), annoncent clairement leurs ambitions de rejoindre la poule finale à quatre, pour conserver toutes leurs chances de monter en D2. Cependant, les matchs sont souvent serrés, comme le montre le nul obtenu par Fontenay sur sa glace 6-6 face aux Cormorans, ou encore le bon coup de Cherbourg, dont les Vikings se sont imposés 5-6 sur le glaçon breton il y a une semaine.

L'équipe de la presqu'île du Cotentin nous avait alors offert un modèle d'opération commando : une douzaine de joueurs seulement, dont deux juniors, étaient du voyage dans une enceinte rennaise bien garnie, comme à son habitude (300 personnes environ). Mais l'expérience avait permis de faire la différence. En effet, sur leur grande glace, l'effectif pléthorique des Cormorans battait de l'aile et semblait un peu perdu : déchets dans la remontée du palet, difficultés à la réception des longues passes stéréotypées... Les vieux briscards vikings surent, à l'image de Thiébot (deux buts), faire parler la poudre dès que l'occasion s'en présentât. Outre Ludovic Foliot (un but), on retiendra également l'excellente prestation du routier infatigable Laurent Bougro, ancien défenseur emblématique de la Citadelle tourangelle, marathonien de la D1, qui, propulsé entraîneur-joueur, a pesé lourd dans la bataille, avec un coup du chapeau, dont un slap de la ligne bleue à ras de glace flirtant le poteau gauche de Rodolphe Duhamel. Les troupes rennaises, dont les mouvements manquèrent constamment de liant, ayant peut-être pris le match à la légère, se sont laissées cueillir par l'envie du commando-para... pluie de Cherbourg. Les buts de Loïc Pierre, le capitaine breton, de Grégory Uguen assisté de Rémi Peronnard, de Pierre-Xavier Barranger, également passeur sur la réalisation d'Anthony Cavalon, et de Maxime Michot, n'auront pas suffi dans un match à suspense que les Cherbourgeois ont admirablement contrôlé. Ce qu'il manque à Rennes, ce n'est ni le public, ni les installations, ni même le collectif, mais simplement un ou deux joueurs de longue expérience possédant le leadership nécessaire pour réveiller ses camarades au bon moment. À travailler également, la précision des shoots, la puissance de lancer à la bleue (pas d'artilleur décisif, uniquement une bonne demi-douzaine de hoplites lançant sans beaucoup de conviction lorsque l'occasion s'en présente) et, surtout, les unités spéciales.

Nantis de la déconvenue cherbourgeoise, les Cormorans se rendent, en ce dernier samedi de février, en la bonne cité de Paris, où les descendants d'une glorieuse lignée tentent de redorer un blason empoussiéré que nul n'a oublié malgré de longues années de disette. Si la flamme des équipes mineures ne s'est jamais éteinte du côté de Bercy, celle des seniors vient à peine d'être ranimée. Pour s'élever au plus haut, elle porte tous ses espoirs sur les nouvelles fournées de jeunes joueurs attirés par le centre de perfectionnement et la bonne visibilité dont jouit le club.

Outre les deux protagonistes du soir, seul Niort peut encore jouer les trouble-fêtes. Les Cherbourgeois, malgré quelques bons coups à l'extérieur, demeurent soumis à des passages à vide chroniques, en particulier à domicile. Il s'agit donc bien d'un match au sommet, les spectateurs ne s'y sont pas trompés. Les gradins se remplissent peu à peu, entrée gratuite oblige, et les 300 places de la patinoire annexe de Bercy suffisent à peine. Le kop breton, qui s'est déplacé massivement (41 supporteurs), donne rapidement de la voix, et le match commence dans une ambiance électrique. La tension est palpable dans les deux camps, et, galvanisées par le duel vocal qui s'organise dans les tribunes, les deux équipes se lancent dès la première minute dans une débauche d'énergie. Le joueur rennais débarqué de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Allain, annonce la couleur en prenant un tir de la bleue. Tout au long du match, son dossard 86 ira se perdre avec fracas dans la défense parisienne. Malheureux doyen des Cormorans, dont les 33 ans résonnent comme un sévère diagnostic médical dans une équipe dont 18 joueurs sur 24 ont moins de 25 ans ! Ses entrées de zone sont convaincantes, sa vitesse de pénétration bouscule les premières lignes parisiennes, mais le dernier coup de patin se perd dans un système défensif sur lequel Manuel Cuesta et Luc Boucamus règnent sans partage.

Après une première minute équilibrée, les Français Volants sont plus rapides dans l'installation du jeu. À noter : un tir à bout portant (2'16), suivi d'un rebond pris par Manuel Cuesta, une action très nette obtenue par le tandem Olivier Michon-Xavier Martineau, stoppée sans trembler par un triple arrêt de Rodolphe Duhamel (3'27), encore un lancer balayé sur le gardien rennais (3'53), un tir sur engagement en zone offensive du défenseur parisien Ihab Ayed qui prend son propre rebond sans réussite (4'40). Le gardien rennais doit même un temps sortir loin de sa zone de but pour remettre de l'ordre dans une défense qui plie mais ne rompt pas encore. Stéphane Allain se distingue sur son aile gauche dans les remontées de palet, mais ce n'est qu'à 5'46 que Rennes obtient une deuxième occasion : un tir faible de la ligne bleue. La septième minute voit le palet aller d'un côté à l'autre de la glace. Le jeu en est parfois réduit à du hourra hockey, mais la tension et l'engagement sont bien présents. Cette séquence attaque-défense est ponctuée par l'ouverture du score, sur une passe d'Anthony Kodyjasz, l'un des Volants les plus volontaires ce soir, pour Cédric Boucamus. Il s'agit d'une action typique des Volants : Manuel Cuesta récupère le palet dans sa zone défensive, lance Kodyjasz (21 ans) côté droit, qui va porter l'action en zone offensive, laissant le soin à un homme d'expérience, qui a connu la D1 avec Asnières, Cédric Boucamus, de finir l'action.

Sur un tir de près, Claude Boucher, exploitant une occasion initiée par Olivier Raby, double la mise. Les Volants exultent, les Cormorans semblent pris dans un funeste marécage. Les Bretons pataugent, malgré les exhortations de leur meute de supporteurs-trices qui donneront de la voix tout au long du match, quel que soit le score. D'ailleurs, le gardien volant lui tend la perche : sur un tir faible du point d'engagement droit, adressé par Cédric Arrosamena, Matthieu Duplant se troue et laisse passer la rondelle entre ses jambières. Le palet s'en va mourir au fond des filets, Rennes revient. Sur l'engagement, Kodyjasz, omniprésent, intercepte le puck, part en breakaway, mais enlève trop son tir. Sur l'action suivante, il est sanctionné alors que son équipe évoluait déjà à quatre contre cinq. Au bout de près d'une minute, les Cormorans parviennent à concrétiser leur double supériorité par un but en solo de Rémi Péronnard, jeune joueur de dix-huit ans. Fin passeur (deux assistances contre Cherbourg), ce Grenoblois d'origine sait aussi se positionner à merveille sur les rebonds. Se repliant bien défensivement, il a toutefois mis son équipe en danger sur quelques relances très approximatives, voire sur des passes mal contrôlées. La fébrilité due à son âge ne doit pourtant pas occulter le bon niveau auquel il devrait pouvoir prétendre dans deux ou trois ans. En tout cas, il est déjà l'un des joueurs essentiels de l'équipe rennaise. En l'occurrence, il marque un but "de raccroc" qui remet son équipe dans la course. La fin de la supériorité rennaise permet deux nouvelles occasions (Pierre-Xavier Barranger est à la pointe de l'attaque bretonne), mais la défense parisienne, très combative, à l'image d'Olivier Michon, parvient à tuer la pénalité. Dès que l'on revient à une situation de cinq contre cinq, la défense bretonne retombe dans la fébrilité, témoin cette frappe d'Ismaël Lecanu mal contrôlée par Duhamel et qui fuse devant les montants rennais (12'32). Le palet est immédiatement récupéré par Renaud Laloi côté droit, qui lance Maxime Michot. Celui-ci accélère, efface ses opposants et se retrouve à l'entrée de la zone offensive en situation de breakaway, qu'il exploite idéalement (12'40). Rennes mène et fleurissent les drapeaux Gwen-a-du frappés d'hermine.

La réaction parisienne ne se fait pas attendre : la treizième minute voit Duhamel contraint de s'allonger au milieu d'une forêt de crosses. Puis, après cette chaude alerte, le rythme retombe un peu : tir dans le petit filet de Boucher (FV), arrêt en deux temps du gardien rennais devant le capitaine parisien Luc Boucamus... À la dix-septième minute, Cédric Boucamus perce la défense rennaise et remet à Ismaël Lecanu qui, monté de l'arrière, fusille à bout portant Duhamel (16'20). 3-3, la course-poursuite continue. Le capitaine rennais, Pierre, s'annonce aux avant-postes et montre la direction à suivre : crochet puis tir en déséquilibre à 17'57, alors qu'il avait déjà alerté Duplant quelques secondes avant l'égalisation parisienne. Les deux dernières minutes du premier tiers sont marquées par une double supériorité bretonne. Cependant les Cormorans ne parviennent pas à installer leur jeu de puissance. Clôture du premier tiers-temps, domination parisienne, mais les Rennais sont capables de tout.

Ils le prouvent dès la reprise : le Volant Olivier Raby avait rejoint Ihab Ayed en prison pour avoir crié "obstruction !" à l'arbitre alors qu'il avait perdu le palet à l'entrée de la zone adverse. Cette pénalité stupide coûte cher à son équipe : à trois secondes de la fin de leur supériorité, les Rennais marquent par Pierre-Xavier Barranger (20'28). Le deuxième tiers avance un peu plus confusément : le jeu devient plus haché par les pénalités. Signalons quand même un bon breakaway de Kodyjasz décidément trop rapide pour la défense rennaise (20'50), une superbe action bretonne par Loïc Pierre sans que Pairault puisse conclure, encore deux grosses actions des Volants... À 27'58, Olivier Michon concrétise la légère domination des joueurs de la capitale sur une passe adressée par Xavier Martineau. Cependant, payant leurs efforts, les Volants lâchent du lest et les Rennais en profitent : un premier tir de Bauducel au-dessus, puis, malgré un énième rush de Kodyjasz qui se termine contre la jambière de Duhamel, cette belle action du trio Péronnard-Michot-Laloi : Péronnard s'infiltre dans la défense parisienne, remet en retrait sur Laloi qui touche le poteau. Michot a bien suivi et s'arrache pour replacer son équipe en tête. Maintenant la pression dans les minutes qui suivent, les Cormorans obtiennent un tir de Bauducel (30'30), puis sont près de marquer par Pierre et Barranger (30'44). Rémi Péronnard s'illustre par un tir arrêté par Duplant (32'25), Guéguen suit son exemple (32'58) toujours sans réussite. En fin de tiers, les pénalités s'enchaînent à nouveau. Dans la confusion ambiante, Olivier Raby glisse un palet offert par Lecanu dans les cages adverses.

5-5, au retour sur la glace pour le dernier tiers, les équipes sont au coude à coude. Ce sont les Volants qui ouvrent le bal des pénalités, laissant à Rennes les premières occasions : un poteau d'Anthony Cavalon (41'30). Puis, suite à quelques échauffourées, le rapport de force s'équilibre et les Parisiens se remettent dans le match, par un nouveau rush de Kodyjasz, qui termine contre la jambière de Duhamel. Puis, lors d'un jeu de puissance parfaitement orchestré, l'imposant Manuel Cuesta bat le portier rennais d'une frappe de la bleue. Les Volants prennent l'avantage, il leur reste à faire le break. Il faudra près de huit minutes, un tir sur le poteau d'Aloïs Gallet et trois pénalités contre les Bretons pour que les Parisiens parviennent à leurs fins.

Alors, le match connaît deux minutes de folie durant lesquelles se jouent les destins des clubs les plus ambitieux de D3. D'abord, le break : à nouveau bien installés sur un jeu de puissance, l'attaque des Volants fait parler la poudre par Olivier Raby, servi par le défenseur Lecanu et le maître à jouer Cédric Boucamus. La patinoire exulte, le rêve des Volants, équipe néophyte en catégorie "seniors", une qualification pour le carré final, se rapproche. Ensuite, moins d'une minute plus tard, le retour des Bretons : tout concorde pour faire des Rennais les victimes du jour, mais ceux-ci ne se laissent pas impressionner. Au contraire, les chants de leurs supporteurs, modèles de bravoure, galvanisent ceux qui montent sur la glace. Les drapeaux frappés d'hermine flottent à nouveau au-dessus des casques vert et noir, comme pour bénir la horde soudain prise d'un fol espoir. Le souffle court, le coup de patin frénétique, le capitaine Loïc Pierre s'arrache pour conclure une action amenée par l'incontournable Stéphane Allain. Comme pour symboliser l'alliance entre force tranquille de l'expérience et tumulte de la jeunesse, Rémi Péronnard était dans le coup. L'ambiance dans les tribunes est encore montée, si cela était possible, d'un cran. La lutte vocale est à son comble, entre des supporteurs bretons qui continuent de croire en l'exploit des leurs, et des Parisiens qui se découvrent une passion pour le hockey. Troisième scène du dénouement, troisième but en 1'42", cette réaction spectaculaire, cette jolie réalisation de Cédric Boucamus, sur une action emmenée par Kodyjasz. Il reste encore cinq minutes à jouer, mais à 8-6, la messe semble dite, n'en déplaise à ces têtes de mule de Bretons. Les dernières minutes sont désespérantes pour les Rennais, qui ne parviennent pas à s'arracher au pressing parisien. Une bagarre anecdotique éclate entre Renaud Laloi et Aloïs Gallet. Ce dernier est désigné comme agresseur, il écope d'une pénalité de match.

Encore quelques actions chaudes pour les Rennais, dont un tir qui s'écrase sur le poteau, mais les Français Volants maîtrisent vraiment le match. La sortie du gardien rennais, les temps morts successifs, la verve du public breton ne changent rien. Le coup de sirène résonne, la patinoire explose, les Français Volants ont le sentiment d'avoir gagné une finale et trouvé un public, les Cormorans peuvent saluer leur kop debout, la partie fut remarquable d'engagement et d'intensité, la D3 est décidément épatante.

Compte-rendu signé Jocelyn Parot

 

Français Volants de Paris - Rennes 8-6 (3-3, 2-2, 3-1)

Samedi 28 février 2004 à 18h30 au Palais Omnisports de Paris-Bercy, patinoire Sonja Henje. 300 spectateurs.

Arbitrage de Christian Marthuenne et Stéphane Peronnin.

Pénalités : Français Volants 59' (8', 8', 8'+10'+25'), Rennes 24' (0', 12', 12').

Évolution du score :

1-0 à 06'59" : C. Boucamus assisté de Kodyjasz et Cuesta

2-0 à 07'45" : Boucher assisté de Raby

2-1 à 09'00" : Arrosamena assisté de Barranger

2-2 à 10'49" : Peronnard (sup. num)

2-3 à 12'40" : Michot assisté de Laloi

3-3 à 16'20" : Lecanu assisté de C. Boucamus

3-4 à 20'28" : Barranger (sup. num)

4-4 à 27'58" : Michon assisté de Martineau

4-5 à 29'51" : Michot

5-5 à 38'41" : Raby assisté de Lecanu (sup. num)

6-5 à 45'52" : Cuesta (sup. num)

7-5 à 53'16" : Raby assisté de Lecanu et C. Boucamus (sup. num.)

7-6 à 54'03" : Pierre assisté de Allain et Perronard (sup. num.)

8-6 à 54'58" : C. Boucamus assisté de Kodyjasz (sup. num.)

 

Français Volants de Paris

Gardiens : Matthieu Duplant, Nassim Ghandour.

Défenseurs : Manuel Cuesta (A), Ihab Ayed, Luc Boucamus ( C ), Aloïs Gallet, Gaëtan Guilmin.

Attaquants : Ismaël Lecanu, Anthony Kodyjasz, Cédric Boucamus (A), Olivier Raby, Xavier Martineau, Stéphane Flochlay, Claude Boucher, David Finifter, Nicolas Radonjic, Thomas Faudot.

Rennes

Gardiens : Rodolphe Duhamel, Giovanni Roffi.

Défenseurs : Gilles Heintz, Rémi Péronard, Pascal Girardin, Pierre-Henri Guéguen, François Pairault, Charles-Albert Lahaye.

Attaquants : Stéphane Allain, Cédric Arrossamena, Pierre-Xavier Barranger (A), Romuald Bauducel (A), Franck Barreteau, Anthony Cavalon, Jonathan Gousset, Renaud Laloi, Maxime Michot, Loïc Pierre (C), Grégory Uguen.

Absents : Arnaud Hamont (G, blessé), Nicolas Berthiau (G, choix de l'entraîneur), Gaétan Amand (choix de l'entraîneur), Arnaud Jollivel (blessé), Jérémy Redon.

 

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