Grenoble - Brest (26 mars 2004)

 

Demi-finale du Super 16, première manche.

Après avoir écarté sans trop de difficulté leurs adversaires respectifs en quart de finale, Albatros et Brûleurs de Loups se retrouvent pour une demi-finale qui promet. Chaque équipe a gagné à domicile lors de la poule Magnus et pense avoir les moyens d'atteindre la finale, même si les leaders grenoblois font figure de favoris. Après avoir perdu Bonnard lors de la série contre Tours, Grenoble a engagé un nouveau joker finlandais (le troisième !) en la personne de Jukka-Pekka Holopainen. Il a évolué en Italie cette saison (à Caldaro) et doit sa venue à ses liens avec Sami Kaartinen qu'il a côtoyé dans les rangs du SaiPa où ils ont été tous les deux formés. Il était présent au coup d'envoi ce soir. De leur côté, les Brestois retrouvent Dino Grossi et font confiance à Julien Figved pour débuter la rencontre.

En ce début de rencontre, c'est M. Durand (qui avait laissé un douloureux souvenir aux Grenoblois en finale de la coupe) qui se signale d'entrée en sanctionnant sévèrement Jesse Saarinen après seulement vingt-sept secondes de jeu. Les Bretons installent le jeu de puissance, et après quelques tentatives à bout portant, ils trouvent la faille dans un trou de souris grâce à Grossi (0-1, 01'07"). Douche froide pour des Brûleurs pas encore rentrés dans le match. Heureusement pour eux, la réaction allait être rapide. Une première supériorité numérique leur permettait de mettre la pression sur les cages de Figved. Sans succès. Mais ce n'était que partie remise. Grenoble faisait le jeu et les Albatros se contentaient de jouer le contre. Sur leur deuxième supériorité numérique du match, les Brûleurs installaient le jeu de puissance et Simon Bachelet déviait astucieusement un slap de Baptiste Amar entre les jambes de Figved (1-1, 12'42"). Les Albatros étaient tout près de reprendre l'avantage en deux occasions, tout d'abord sur un contre de Loïc Sadoun puis sur un deux-contre-un très bien négocié par Brest qui laissait Saarinen pantois. Mais à chaque fois Patrick Rolland sortait deux arrêts de grande classe pour laisser ses coéquipiers dans le match. En fin de tiers, les Brestois se faisaient sanctionner pour la troisième fois (Mikel) et donnaient une occasion aux Brûleurs de Loups de prendre l'avantage juste avant la pause. Ce dont ils ne se privaient pas au terme d'une action en triangle vraiment superbe avec Tuominen et Kaartinen à l'origine et le capitaine Benoît Bachelet à la conclusion (2-1, 18'53"). Un des plus beaux buts collectifs de la saison assurément ! Grenoble avait fait l'essentiel en reversant une situation bien mal engagée avant la fin du tiers. Seul regret, la pénalité prise par De Murcia à sept secondes du terme qui obligerait les Brûleurs à commencer la deuxième période en infériorité numérique.

Un handicap dont ils se sortaient sans dommage. La valse des pénalités continuait et mettait chaque équipe tour à tour en supériorité numérique. On retiendra l'arrêt d'extra-terrestre de Figved sur un tir à bout portant de Benoît Bachelet, persuadé que le palet ne pouvait qu'être au fond. Et comme le power-play faisait des ravages de part et d'autre ce soir, c'est à nouveau dans cet exercice que les Brestois revenaient au score sur un slap de la bleue de Mikel qui trompait Rolland masqué par le trafic important devant ses cages (2-2, 27'57"). Lourde sanction pour un surnombre bien stupide. Quatre buts, quatre réalisations sur jeu de puissance, voilà qui aurait pu servir d'avertissement alors que les compteurs étaient remis à zéro en cette mi-match. Mais la pluie de pénalités continuait de s'abattre sur les acteurs de ce match par la grâce d'un sifflet arbitral très tatillon et, il faut bien le dire, pas toujours approprié. Après avoir vendangé une belle occasion à cinq contre trois, les hommes de Gérald Guennelon reprenaient les devants sur une action individuelle de Baptiste Amar derrière la cage brestoise qui parvenait à faire le tour sans être inquiété et finalement loger la rondelle dans la lucarne de Figved (3-2, 36'55").

Après ce but, les contacts se faisaient plus violents. Une puissante mise en échec à la limite de la régulière de Gachet sur Grossi le long de la bande provoquait une réaction immédiate du capitaine brestois qui avait décidé de se faire justice lui-même. Et pas de la plus noble manière qui soit : il assénait par derrière une charge avec la crosse au niveau de la nuque de son adversaire qui s'effondrait sur le coup. Effrayant, violent, inadmissible. Le genre de geste qui glace le sang et qu'on aimerait ne plus jamais revoir sur une patinoire. Stéphane Gachet allait rester de longues minutes immobile au sol avant d'être finalement évacué sur une civière. Dino Grossi était logiquement expulsé. Un bien triste moment dans une rencontre jusque là pourtant très correcte malgré un arbitrage souvent décalé. Kaartinen convertissait la supériorité numérique sur un bon service de Tuominen (4-2, 38'14"). Un nouveau but qui faisait perdre les pédales aux Brestois, à commencer par Yven Sadoun, incontrôlable sur le banc des prisons où il était envoyé après une nouvelle charge sanctionnée par l'arbitre. Il faut même l'intervention de la sécurité de la patinoire pour calmer les esprits. Les Albatros finissent le tiers en double infériorité numérique dans la confusion générale.

Le jeu reprenait sur des bases plus saines en début de troisième période. Les esprits s'étaient calmés, la partie était quasiment jouée. Deux pénalités grenobloises en début de tiers (dont la deuxième pour surnombre !) rééquilibrait les débats. Les Brûleurs de Loups reculaient mais ne se mettaient pas pour autant en danger. Brest dominait la troisième période, Rolland devait s'employer à plusieurs reprises et les Brûleurs saisissaient la moindre occasion en contre. C'est d'ailleurs dans cette configuration de jeu que Benoît Bachelet lançait Sami Kaartinen dont l'échappée était conclue victorieusement d'un petit tir en finesse après que Figved se soit couché (5-2, 55'12"). Et même si Brest revenait dans la foulée par Loïc Sadoun (5-3, 55'58") alors que deux fautes grossières - dont une sur Holopainen juste devant le but - auraient dû interrompre le cours du jeu, la messe était dite. La sortie de Figved dans la dernière minute ne changeait rien à la donne. La première manche de ces demi-finales allait donc à Grenoble.

Les premiers comptes-rendus sur la santé de Stéphane Gachet font état d'un traumatisme crânien, ce qui serait un moindre mal si les cervicales ne sont pas touchées. L'agression de Grossi restera le fait marquant de match, le résultat passant presque au second plan. Vraiment dommage de voir ça en play-offs, surtout de la part d'un ancien Brûleur de Loups qui avait été si étincelant lors d'une... demi-finale face à Amiens en 1999. Sur le plan du jeu, on retiendra l'extraordinaire réussite des deux équipes en supériorité numérique qui constitua le fil rouge de la rencontre. Voilà qui devrait constituer un avertissement pour la rencontre de demain. La deuxième ligne grenobloise, impliquée sur les cinq buts ce soir, aura été vraiment convaincante. On ne peut pas en dire autant de la première, très discrète à l'image d'un Podlaha un peu en dedans. Le joker finlandais Holopainen a fait une bonne rentrée, faisant apprécier sa technique sur deux remontées de palet à travers toute la glace. Un jeu propre et efficace. À confirmer demain. Du côté brestois, la ligne des frères Sadoun a presque été plus en vue que celle de Broz et Provencher. La revanche demain promet.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Brest 5-3 (2-1, 2-1, 1-1)

Vendredi 26 mars à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3246 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Nicolas Barbez et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 12' (4', 4', 4'), Brest 55' (6', 10'+10'+5'+20', 4')

Évolution du score :

0-1 à 05'09" : Grossi assisté de Borzik (sup. num.)

1-1 à 12'42" : S. Bachelet assisté de Amar et Tuominen (sup. num.)

2-1 à 18'53" : B. Bachelet assisté de Kaartinen et Tuominen (sup. num.)

2-2 à 27'57" : Mikel assisté de Broz (sup. num.)

3-2 à 36'55" : Amar assisté de Tuominen (sup. num.)

4-2 à 38'14" : Kaartinen assisté de Tuominen (sup. num.)

5-2 à 55'12" : Kaartinen assisté de B. Bachelet

5-3 à 55'58" : L. Sadoun

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jukka-Pekka Holopainen ; Baptiste Amar - Simon Bachelet ; Stéphane Gachet [puis Martin Millerioux] - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) - Tero Forsell - Josef Podlaha [puis Christophe Tartari] ; Sami Kaartinen - Jani Tuominen - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Cyril Papa, Romain Bachelet et Timo Bayon. Absents : Jean-François Bonnard (fracture de la malléole), Laurent Meunier (fracture du plateau tibial et déchirure ligamentaire) et Nicolas Antonoff (ligaments du genou).

Brest

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Daniel Kysela - Tadeusz Pulawski ; Jan Mikel - Ivan Borzik ; Timo Kulonen - Aleksandr Tsyplakov.

Attaquants : Loïc Sadoun (A) - Stéphane Arcangeloni - Yven Sadoun ; Dino Grossi (C) [puis Bruno Maynard (A)] - Ludek Broz - Jimmy Provencher ; Jérôme Vérêt - Janne Ijäs - Gianluca Tomasello.

Remplaçants : Gabriel Bounoure (G), Maksim Tikhonov. Absents : Christian Élian et Sébastien Oprandi.

 

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