Amiens - Anglet (27 mars 2004)

 

Demi-finale du Super 16, deuxième manche.

Amiens ébranlé !

Une fois encore, les Amiénois ont été secoués. Mais ils ont rempli leur contrat. Gagner leurs deux matches au Coliseum avant d'essayer, au Pays Basque, de prendre le ticket pour la finale. Voilà où la barre, à présent, se situe.

On connaissait les clés du match. Les jeux de puissance. Une fois encore, Amiens s'est sorti du piège basque à la faveur d'un de leurs - très rares - supériorités avec Jonathan Zwikel à la baguette. L'international a remis de l'ordre dans la maison quand, dans le dernier tiers, il exécuta une passe longue croisée et millimétrée, digne des annales picardes, vers Tommi Hämäläinen oublié au second poteau. L'arrière finlandais n'eu plus "qu'à" pousser la rondelle dans un but ouvert pour faire prendre définitivement les devants aux Gothiques (2-1 à 45'42).

Auparavant, Amiens avait tremblé et les "mariachi locos" (pour fanfare locale) n'on guère soufflé dans leur cuivre. Sans franchement déjouer, puisque Élie Marcos intelligemment servit (1'16), Brice Chauvel fort bien contré par David Saint-Onge (6'17), Jonathan Zwikel du revers (10'00) et Kevin Hecquefeuille maladroit sur un palet idéal de Richard Aimonetto (11'32) montraient à la fois la supériorité des joueurs d'Antoine Richer tout en laissant entrevoir des limites (réalisme calamiteux) qui laisse la porte ouverte à beaucoup de questions. Sur la première des deux supériorités picardes de la rencontre, on ne donnait pas cher de la peau de l'Orque venu s'échouer en baie de Somme. Néanmoins, illustrant les Amiénois tournant autour de leur sujet sans conclure, malgré deux tours de cage, à rendre plus d'un gardien fou, Jonathan Zwikel, se mettait déjà en valeur dans les jeux spéciaux, mais sans parvenir à tromper la toupille Filiatrault (12'26).

Pendant que les coéquipiers de Luc Chauvel cherchaient leur second souffle, Michal Garbocz donnait un avertissement sans frais aux joueurs locaux (16'04). Puis, les Gothiques donnaient un nouveau contre à leurs adversaires. Antoine Amsellem préparait un deux-contre-un pour David Dostal. L'ailier finissait l'action en envoyant, à ras la glace, la rondelle entre les jambières de Mindjimba (0-1 à 17'11). Un froid tomba sur le Coliseum ! Et il perdura jusqu'à la pause à l'exception d'un instant, sur une sortie qui ne semblait pas s'imposer, lointaine et hasardeuse, de Jean-Ian Filiatrault (18'43).

Au retour des deux équipes sur la glace, le public n'était pas serein. Malheureusement, les Basques sans supporters commettaient une erreur qui permettait à Denis Perez de déborder sur la droite tel un ailier puis de se présenter seul face au gardien. L'arrière, déjà libérateur hier, jouait de nouveau un rôle providentiel, en soulevant le caoutchouc dans la lucarne au premier poteau (1-1 à 22'38). Ce beau but égalisateur, s'il soulageait les spectateurs, permit au jeu de se libérer un peu plus. Nicolas Courally inquiétait le portier local (25'04). Puis François Rozenthal à deux reprises n'était pas autant décisif qu'il devrait l'être. Dans le slot (25'27) ou sur un trois-contre-deux (28'07), il plombait ses deux tirs. Si Amiens obtenait des contres, c'est qu'Anglet attaquait et prenait légèrement le dessus au point qu'en retard un Amiénois commettait une faute sanctionnée par l'arbitre (31'36). Dans ce jeu de puissance, Xavier Daramy inscrivait un superbe but. Après un tour de cage, il ajustait la lucarne gauche (32'18). L'arbitre refusait le but sous prétexte que Jérôme Patard aurait été soi-disant dans la zone. S'il l'était, en aucun cas le joueur formé à Rouen n'a perturbé Mindjimba. Ce refus galvanisa les joueurs du sud-ouest qui mirent le feu sur le but des Amiénois paniqués par la révolte basque. Le match s'emballa. Une fois à parité, François Rozenthal s'illustrait. D'abord contré par le pompier de service David Saint-Onge (34'28), puis imprécis quelques secondes après la bonne intervention défensive de l'arrière canadien (34'37). Nicolas Courally, démarqué par une passe de Julien Aubry, se créait une opportunité qu'un coup d'éclat de Mindjimba annihila. Frustré, sentant Amiens au bord du KO, Jean-Christophe Filippin provoquait de son banc Mindjimba en lui promettant, criard, quelque chose dans son fondement (35'44). Malheureusement, le capitaine angloy allait s'asseoir dessus. En effet, le zèbre accordait un lancer de pénalité à l'Hormadi. Le cerbère des Gothiques parada la tentative de Pascal Bedard (37'01). Le public ne souffla pas longtemps car lors d'un dernier power-play, Xavier Daramy en deux temps, bien aidé par Jérôme Patard, eut une autre occasion de faire trembler toute la Gothic Aréna (19'10), en vain !

Les visiteurs manquèrent encore le coche à la reprise sur une déviation de Michal Garbocz d'un envoi de Lubomir Duda (41'19). Le ton montait entre deux équipes, et l'arbitre tour à tour hésitant, conciliant et consolant faillit en perdre le contrôle (44'02). C'est dans ce contexte qu'Anglet subissait sa seconde pénalité. Et encaissait le deuxième but d'Amiens décris plus haut (2-1 à 45'42). La confiance recouvrée, les Picards rayonnaient. Tommi Hämäläinen manquait de peu un clone de son but précédent (46'27). François Rozenthal en breakaway trouvait le poteau de Jean-Ian Filiatrault (48'42). Moins de trois minutes plus tard, le gardien ne devait rien au hasard quand il stoppait un penalty de Laurent Gras (51'18). C'est sitôt l'arrêt que Jean-Christophe Filippin - déjà passablement énervé tout au long de la partie contre le sulfureux M. Bergamelli - se fit expulser après que le siffleur eut pénalisé à la fois Filiatrault et Gras qui, suite à leur face-à-face, s'étaient provoqués.

Le gardien basque laissa beaucoup d'influx dans cet incident. Comme son équipe, sans doute, qui laissait François Rozenthal excentré à gauche prendre un tir à mi-distance qui semblait anodin après les vingt-neuf précédents détournés par Jean-Ian Filiatrault. Néanmoins, le palet passait entre les jambières du gardien en retard (3-1 à 52'35).

Amiens, malgré une plus grande maîtrise technique, s'est exposé au jeu court des Angloys et à leurs contres sur des palets perdus, faute parfois d'un soutien au porteur suffisamment énergique. Les Basques, eux solidaires, sont irrésistibles quand l'enthousiasme ou la révolte les motivent. Ils ont eu le grand mérite d'oser se lancer souvent sur des rondelles de rapine à l'assaut de la citadelle gothique. À voir l'attitude de leur capitaine, l'Hormadi ne manquera pas de révolte au prochain match devant son public enthousiaste (?). Sur leur petite glace n'accordant aucune grâce à l'erreur, ils pourraient repousser leurs limites, notamment sur les jeux spéciaux, sur lesquels Amiens compte pour parvenir une seconde année consécutive en finale du Super 16. Un beau duel, encore.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Denis Perez (défenseur d'Amiens) : "On est en confiance, on sait comment les jouer, mais je considère qu'avoir gagné les deux premiers matches à domicile était le plus facile. À Anglet, ça va être tendu, physique, chaud du début à la fin. Ça va me rappeler les matches d'antan. Le contexte de la patinoire de la Barre est particulier : c'est une petite glace, avec un public hyper-excité, et les joueurs en jouent. En plus, avec Amiens, il y a des contentieux."

Karlos Gordovil (entraîneur d'Anglet) : "On a de quoi se refaire. Anglet a traditionnellement du mal à se déplacer, à jouer sur de grandes patinoires. Mais là, à Amiens, on a été bons. Sans un but refusé, on aurait même pu gagner ce deuxième match. Même si, avec les voyages Anglet-Mulhouse et Anglet-Amiens en bus, il y a forcément de la fatigue, j'ai dit à mes joueurs que ça ne pourrait pas être une excuse. Quand on a la possibilité de jouer une finale, on l'oublie. Pour nous, c'est déjà un exploit d'être dans le dernier carré. On n'a donc rie à perdre et, au vu de notre saison à domicile, on y croit fort."

 

Amiens - Anglet 3-1 (0-1, 1-0, 2-0)

Samedi 27 mars 2004 à 20h00 au Coliseum. 2583 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté d'Alexandre Hauchart et Éric Bouguin.

Pénalités : Amiens 10' (2', 4', 4'), Anglet 38' (2', 0', 6'+10'+20').

Tirs : Amiens 36 (10, 9, 17), Anglet 20 (5, 10, 5).

Occasions : Amiens 8 (2, 3, 3), Anglet 8 (1, 5, 2).

Évolution du score :

0-1 à 17'11" : Dostal assisté d'Amsellem et Duda

1-1 à 22'38" : Perez assisté d'Aimonetto

2-1 à 45'42" : Hämäläinen assisté de Zwikel et Bachet (sup. num.)

3-1 à 52'35" : Rozenthal assisté de Zwikel

 

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Mathieu Jestin - Denis Perez ; Arnaud Mazzone - Tommi Hämäläinen ; Frédéric Brodin - Vincent Bachet.

Attaquants : Brice Chauvel - Laurent Gras - Luc Chauvel ; Julien Lefranc - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Élie Marcos - Anthony Mortas - Simon Petit ; Kevin Hecquefeuille - Richard Aimonetto - Mickael Brodin ; Fabien Leroy (en supériorité numérique).

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G).

Anglet

Gardien : Jean-Ian Filiatrault.

Défenseurs : David Saint-Onge - Pascal Bédard ; Lubomir Duda - Daniel Sedlak ; Jean-Christophe Filippin - Julien Hitze.

Attaquants : Jérôme Patard - Xavier Daramy - Raphaël Larrieu ; Antoine Amsellem - Michal Garbocz - David Dostal ; Géraud Maréchal - Julien Aubry - Nicolas Courally ; Xavier Lasalle - Stanislas Solaux.

Remplaçants : Benoît Sanchez (G), Mickael Wiart et Julien Pousset.

 

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