Brest - Grenoble (30 mars 2004)

 

Demi-finale du Super 16, troisième manche.

Difficile de ne pas ressortir de pareille fête frustré et sur sa faim. Comme lors du deuxième match, les Albatros ont eu un nombre d'occasions nettes bien supérieur à Grenoble qui a au contraire fait preuve d'un réalisme sans faille. Difficile, ainsi, d'accepter de se faire sortir en trois manches sèches alors que dans le même temps Brestois et Grenoblois font jeu égal. Pas aidés par un Rolland des grands jours, les Albatros ont fait preuve, en plus de cela, d'une infortune chronique et d'une maladresse trop pénalisante face aux filets. Au final, le score de 4-2 est un peu flatteur pour les Isérois qui s'envolent vers la finale face à Amiens, grâce également à un système de jeu rigoureux et bien en place. Les Bretons n'ont pas à rougir de cette défaite en trois manches sèches bien peu révélatrice de l'écart réelle entre les deux équipes.

Les Albatros pas vernis

Pour ce dernier match, qu'on ne croyait pas être le dernier à ce moment-là, la patinoire affiche complet pour la première fois de la saison. De bon augure pour les Brestois qui commencent traditionnellement par un petit round d'observation jusqu'à ce que Grenoble prenne l'initiative du premier pas sur un bon lancer du défenseur très offensif Jesse Saarinen (02'17). Ce à quoi répond Ijäs d'une belle reprise dans le slot suite à un bon débordement de Tikhonov (04'33). Les Grenoblois ne daignent pas se laisser faire et prennent même l'initiative en se rendant dangereux à plusieurs reprises par Agnel, oublié dans le slot mais qui lance à côté (05'19), par Deschaumes et Shchevelev rôdant à l'affût d'un cafouillage devant le but brestois (06'56), ou par Podlaha qui reprend de volée sur Figved (07'36). Les Albatros réagissent par Stéphane Arcangeloni qui place Maksim Tikhonov sur orbite, mais ce dernier ne parvient pas à feinter Rolland (09'18), tout comme Loïc Sadoun dont le lancer finit sa course dans les bras de l'ex-Brestois (09'58). Le TGV Kaartinen tente bien de déborder la défense brestoise mais ni lui ni Amar à bout portant au rebond ne parviennent à tromper Julien Figved (10'26). Figved tient, mais jusqu'à la première moitié de la période seulement. Alors que M. Bocquet siffle une faute plus que litigieuse envers Pulawski, les Grenoblois en profitent et Forsell récupère le rebond d'une première tentative de Podlaha (0-1 à 12'22).

La réaction ne se fait pas attendre lorsque Tsyplakov quitte sa défense à tombeau ouvert pour percer la défense grenobloise et éliminer à la façon "Broz" Pat' Rolland, qui est tout heureux de voir le Brestois manquer la cage vide après avoir fait le plus dur (13'49). Même topo quelques secondes plus tard lorsque Rolland s'aventure de manière hasardeuse derrière ses filets pour finalement tomber. Loïc Sadoun récupère la rondelle mais son lancer longe la ligne de but sans rentrer (14'51). L'immanquable est manqué et l'on se demande alors si ce n'est pas un signe du destin... Toujours est-il que les Brûleurs continuent de montrer les crocs, notamment en contre où Kaartinen et Forsell sont rattrapés à la dernière minute par la patrouille pour hors-jeu (17'00). On ose à peine y croire d'autant plus lorsque le public exulte sur un but de Dino Grossi à la récupération d'un rebond... Joie de courte durée puisque M. Bocquet ne voit pas ce que tout le monde a vu. Patrick Rolland, en gardien expérimenté, ressort le palet de ses cages et arrive à faire croire à l'arbitre et à ses assistants, bien étourdis, que le palet n'est pas rentré (18'45). Sans doute le tournant du match a posteriori, même si les Brestois ne se découragent pas à l'image de Jimmy Provencher, dont la déviation dans le slot frôle le poteau du mauvais côté (19'15), et qui ne reprend pas correctement à bout portant un centre de Broz (19'50).

Après le passage de la surfaceuse, les Grenoblois ont à cœur de réagir par l'intermédiaire de Josef Podlaha, oublié dans le slot, qui oblige Figved à un arrêt réflexe (20'29). Les Albatros mettent du temps à revenir dans le match, et sur un mauvais changement de ligne, les Grenoblois se retrouvent à quatre contre un. Laurent Deschaumes prend l'initiative du lancer à la bleue qui transperce le gardien brestois (0-2 à 25'29). L'engagement est à peine fait que les Grenoblois se ruent à nouveau sur le but de Figved qui s'incline quelques secondes plus tard sur un lancer de Saarinen au niveau du cercle d'engagement, qu'il ne voit pas venir au milieu du trafic (0-3 à 25'44). Le break est fait, les Brestois sont K.O. debout, mais tentent quand même de réagir. Grossi s'essaye à des slaloms qui trouvent comme unique preneur Rolland (27'58), alors que Mikel donne tout ce qu'il a sur des lancers qui flirtent avec le cadre (28'15). Mais rien ne veut rentrer... Même quand M. Bocquet les aide en faisant usage excessif de son sifflet contre Grenoble cette fois-ci, une dizaine de boulets de canon depuis la bleue de la part de Kysela et Pulawski ne suffisent pas à tromper un Rolland qui défend seul au côté de trois défenseurs (31'04). Patrick Rolland, fébrile et chanceux au premier tiers, mais véritable pare-feu en deuxième période. Les tirs à tout va des Bretons ne le perturbent pas, puisque même battu, c'est un bout de crosse ou une déviation plus ou moins volontaire qui le sauvent (31'20). Les Sadoun en font l'amer expérience en tentant leur chance vite réduite à néant par le cerbère visiteur (33'33) à qui tout réussit. Le lancer de Tomasello est ainsi dévié par inadvertance dans la zone par une crosse grenobloise avant de ricocher sur le torse de Rolland (35'43). Il faut une situation d'infériorité numérique pour que les Brestois ouvrent le score sur un contre de Provencher conclu par Janne Ijäs qui parvient enfin à se jouer de Rolland d'un bon dribble (1-3 à 38'41). Le portier isérois ne concède plus rien d'ici la fin du tiers malgré la panique que vient semer Loïc Sadoun devant la cage adverse (38'55) et l'énorme pression brestoise.

Les vingt dernières minutes sont bien entendu abordées avec un résidu d'espoir venu d'on ne sait où... Mais comme à chaque début de tiers, se sont les Grenoblois qui reviennent les premiers dans le jeu. Benoît Bachelet voit sa magnifique déviation frôler le montant de Figved (41'28). Le duo Kaartinen - B. Bachelet est intenable, et le gardien brestois doit s'employer à plusieurs reprises pour endiguer le flot grenoblois (42'45). Ludek Broz ne reste pas muet à ces agressions mais son débordement trouve une nouvelle fois comme frontière l'ultime muraille des Alpes (44'30). Les minutes passent, les Brestois pressent de plus en plus, mais à trop se découvrir, ils s'exposent aux contres. Ils finissent par craquer sur un superbe service de Christophe Tartari derrière le but pour la reprise tout en puissance dans l'axe de Podlaha (1-4 à 48'08). Les carottes sont bel et bien cuites, et l'envie n'y est plus du côté brestois, dans une fin de match rythmée par une pluie de pénalités. Une fin de match morose et jouée d'avance, toute aussi anecdotique que l'ultime but brestois en supériorité, signé Provencher sur un rebond mal dégagé (2-4 à 59'37). Les Albatros quittent donc la compétition avec un goût amer de frustration et le sentiment d'être passé à côté de quelque chose de bien mieux.

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match (sur albatrosbrest.com)

Daniel Kysela (défenseur de Brest) : "Je pense qu'on a perdu la série à Grenoble, et non ce soir. Aujourd'hui, on a vraiment eu l'occasion de faire le break dans la première période, mais on prend un but et on nous en refuse un qui était complètement valable. C'était indiscutable et même les Grenoblois le reconnaissaient. Par la suite, ils ont été très disciplinés et ont attendu une erreur de notre part. Nous avons fait un mauvais changement de ligne qui nous coûte un but. Après, on a joué de manière un peu bancale et on a pris de suite le troisième. Ils ont été vraiment bien organisés grâce à une tactique très solide, et ils ont su gérer le match tandis que nous étions un peu épuisés. Il nous a manqué un peu de réussite sur l'ensemble de la série, ainsi qu'un déclic. Ils ont toujours été devant au score, et nous avons toujours été obligés de courir derrière. Les trois matchs ont été équilibrés mais ils ont eu plus de chance et ils ont été plus efficaces tactiquement."

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "C'est vrai que Brest méritait peut-être mieux que de se faire éliminer en trois manches sèches, car le match a été très intense et difficile à gérer. Il y a eu des situations très chaudes, mais notre gardien a fait une très belle partie, et c'est certainement ce qui nous a permis de rester à flot. Les joueurs avaient conscience de la tâche à accomplir et on savait à peu près le style de jeu que Brest allait nous opposer, donc on s'y était préparé. Pour la finale, comme je le dis depuis le départ, nous ne sommes pas la plus belle équipe du championnat. On se positionne donc en outsider car on sait pertinemment que notre équipe est bien moins expérimentée que celle d'Amiens avec ses internationaux rompus aux séries finales."

 

Brest - Grenoble 2-4 (0-1, 1-2, 1-1)

Mardi 30 mars à 20h00 au Rïnkla Stadium. 1000 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Damien Bliek et Alexandre Hauchart.

Pénalités : Brest 28' (2', 6', 10'+10'), Grenoble 26' (4', 8'+10', 4').

Tirs : Brest 29 (5, 16, 8), Grenoble 29 (8, 11, 10).

Évolution du score :

0-1 à 12'22" : Forsell assisté de Podlaha (sup. num.)

0-2 à 25'29" : Deschaume assisté de De Murcia

0-3 à 25'44" : Saarinen

1-3 à 38'41" : Ijäs assisté de Provencher et Kulonen (inf. num.)

1-4 à 48'08" : Podlaha assisté de Tartari

2-4 à 59'37" : Provencher assisté de Tomasello (sup. num.)

 

Brest

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Daniel Kysela - Tadeusz Pulawski ; Jan Mikel - Ivan Borzik ; Timo Kulonen - Aleksandr Tsyplakov.

Attaquants : Loïc Sadoun (A) - Stéphane Arcangeloni - Yven Sadoun ; Dino Grossi - Ludek Broz - Jimmy Provencher (C) ; Maksim Tikhonov - Janne Ijäs - Gianluca Tomasello.

Remplaçants : Gabriel Bounoure (G), Bruno Maynard (A), Christian Élian, Sébastien Oprandi. Absent : Jérôme Vérêt (blessé).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jukka-Pekka Holopainen ; Baptiste Amar - Simon Bachelet ; Martin Millerioux - Roland Fougère ; Timo Bayon.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) puis Christophe Tartari - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Sami Kaartinen - Jani Tuominen - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Cyril Papa, Romain Bachelet. Absents : Stéphane Gachet (commotion cérébrale), Jean-François Bonnard (fracture de la malléole), Laurent Meunier (fracture du plateau tibial et déchirure ligamentaire) et Nicolas Antonoff (ligaments du genou).

 

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