France - Autriche (24 avril 2004)

 

Championnats du monde 2004, premier tour, groupe D.

Premier rendez-vous français dans ces championnats du monde face à l'adversaire a priori le plus à la portée des Bleus : l'Autriche. La tâche devrait être théoriquement bien plus compliquée face à la Suisse dimanche et au Canada mardi. Dans les cages, un duel s'annonce entre deux gardiens NHL : Cristobal Huet des Kings de Los Angeles et Reinhard Divis des Blues de Saint Louis.

Et la rencontre commence de la pire des façons pour les Français. Dieter Kalt attire deux défenseurs vers lui et décale Thomas Vanek "oublié" par la défense française : passe redoublée vers... Kalt qui crucifie Huet d'un tir sous la transversale après seulement... neuf secondes de jeu !!! (0-1, 00'09"). Un enchaînement collectif magnifique mais facilité par une défense (Pouget et Amar en l'occurrence) complètement à la rue. KO d'entrée, les Bleus vont avoir toutes les peines du monde à se relever. Kalt fausse à nouveau compagnie à la défense mais rate finalement la cage au plus grand soulagement de Huet. Puis c'est Oliver Setzinger qui s'avance sans opposition vers les cages, mais Huet s'interpose. Les Français sont complètement débordés en ce début de match. Vanek fait le tour de cage sans opposition, Ulrich passe avec facilité entre Carriou et Pousset : il n'y a qu'une équipe sur la glace. Pour compliquer le tout, Prunet part en prison pour un accrocher et les Autrichiens se font plaisir sur le jeu de puissance. Huet retarde l'échéance sur des slaps de la bleue de Kalt et Unterluggauer mais ne peut rien lorsque Matthias Trattnig, bien décalé par Kalt, décoche un tir à mi-hauteur au ras du poteau (0-2, 09'34"). La douche froide continue... Et en attaque, me direz-vous ? Eh bien c'est le néant ou presque. Une faute d'Unterluggauer sur une entrée de zone de Bordeleau va permettre aux Bleus de développer un semblant de jeu offensif sur la supériorité numérique. Mais à part un tir de Maurice Rozenthal bien stoppé par Divis, il n'y a vraiment pas de quoi s'enflammer... Les hommes de Leime finissent le tiers sur une nouvelle supériorité numérique mais peuvent rentrer la tête basse au vestiaire.

La deuxième période part sur de meilleures bases malgré une première alerte de Kalt. Les Bleus tuent sans trop de problèmes une supériorité numérique autrichienne et semblent sur la bonne voie. Brice Chauvel se procure même une action dangereuse. Malheureusement, une perte de palet de Pousset en zone neutre provoque un contre autrichien : Vanek feinte Huet qui se jette à terre, l'Autrichien fait le tour de la cage et Trattnig n'a plus qu'à pousser le palet au fond des buts vides (0-3, 25'27"). Pas chanceux, Huet, sur cette action, puisque c'est lui qui remet le palet en direction des cages... Malgré ce nouveau coup du sort, les Bleus montrent un meilleur visage. Une nouvelle supériorité numérique obtenue suite à un mauvais geste de Setzinger sur Pousset donne enfin l'occasion de s'installer en zone autrichienne, mais sans véritable danger. Sur un contre, Brice Chauvel, parfaitement démarqué à la ligne bleue, se procure la meilleure occasion française de la rencontre mais il ne parvient pas à concrétiser son breakaway et bute sur un Divis impeccable. Les Autrichiens se contentent de défendre et de laisser venir, d'autant qu'ils doivent tuer une nouvelle infériorité numérique. Mais à part un slap de Bordeleau et une tentative de Coqueux, les occasions de marquer se font rares côté français. Les Autrichiens sont dangereux en contre et une reprise de Setzinger qui passe à quelque centimètres du poteau de Huet fait frémir de nouveau le banc tricolore.

Sébastien Bordeleau est parti en prison à moins d'une minute de la pause et les Bleus commencent donc la dernière période en infériorité numérique. Le jeu de puissance autrichien donne le tournis à la défense française. Vanek décale Trattning qui adresse un centre au cordeau devant les buts que Pousset laisse passer... Unterluggauer attendait au second poteau et crucifie Huet alors que Bordeleau était à peine revenu sur la glace (0-4, 41'13"). Les quelques bonnes dispositions entrevues au deuxième tiers-temps sont oubliées et les hommes de Leime se remettent à subir. Thomas Vanek déborde facilement Nicolas Favarin, mais Huet s'interpose. Sur un engagement en zone défensive, alors que les Bleus jouaient encore à quatre contre cinq, Christian Pouget rate son dégagement, Robert Lukas profite de l'aubaine et fusille Huet (0-5, 44'23"). Les coéquipiers de Briand coulent complètement. Leime essaie de changer ses lignes pour réveiller tout son monde (Briand passe sur la première, Bachelet sur la deuxième et F. Rozenthal sur la troisième) mais rien n'y fait. À l'exception d'un tir de Gras, Reinhard Divis n'a pas grand-chose à arrêter. Il paraît alors évident que les Bleus ne parviendront pas à marquer. Et le frère du gardien autrichien, Raimund, se fait un malin plaisir de remuer le couteau dans la plaie en profitant d'un nouvelle largesse de la défense française pour convertir un breakaway (0-6, 56'23"). Fermez le banc, le calvaire français s'achève enfin.

Les Bleus ont connu un dur retour à la réalité dans le groupe A. Ils ont pu mesurer l'écart qui les sépare des autres équipes (et encore l'Autriche ne joue que le milieu de tableau !). La défense française a complètement raté son match, trop souvent dépassée et pas en place. L'attaque a été bien timide. Le fait que Cristobal Huet soit élu par défaut meilleur joueur du match en ayant encaissé six buts est tout un symbole. C'est vrai que sans lui, les Bleus auraient pu en prendre dix. Il faudra vite se ressaisir pour les prochaines échéances. Les Français se dirigent tout droit vers la poule de relégation, mais en attendant ils devront au moins prouver qu'ils ont le niveau de ces championnats du monde...

Élus meilleurs joueurs du match : Cristobal Huet pour la France et Dieter Kalt pour l'Autriche.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "Cette saison, on a eu vingt-cinq jours de stage, dont douze consacrés à des matches. C'est moins que les années précédentes, moins que les autres nations, qui nous sont déjà supérieures, et c'est évidemment insuffisant pour préparer un tel évènement. Les joueurs ont attaqué trop prudemment car ils n'étaient pas en confiance. Et, au hockey, dès qu'on recule, on se met en difficulté."

Arnaud Briand (capitaine de la France) : "On a été en retard sur tous les palets, on a perdu tous les duels, ils nous ont pris deux mètres à chaque démarrage, ils sortaient des coins à un contre deux : il n'y a presque que du négatif. Peut-être était-ce la pression du retour parmi l'élite. Ou on n'a tout simplement pas su juger de la différence de niveau. Car ce ne sont pas nos deux matches contre le Kazakhstan qui pouvaient nous le permettre."

Sébastien Bordeleau (attaquant de la France) : "Les joueurs étaient très nerveux, avec la peur de faire des erreurs. Mais c'est justement là qu'on en fait le plus. On ne peut pas jouer au hockey comme ça. Il faut au contraire s'engager, jouer avec courage. La France est capable d'autre chose. Et elle doit le montrer contre la Suisse pour ne pas avoir de regrets, car c'est ce qu'il y aurait de pire. Moi, j'y crois."

 

France - Autriche 0-6 (0-2, 0-1, 0-3)

Samedi 24 avril à 12h15 à la Sazka Arena de Prague. 3609 spectateurs.

Arbitrage de Christer Larking (SUE) assisté de Juha Kautto (FIN) et Roman Pouzar (TCH).

Pénalités : France 8' (2', 4', 2'), Autriche 10' (4', 4', 2').

Tirs : France 16 (6, 5, 5) , Autriche 30 (11, 8, 11).

Évolution du score :

0-1 à 00'09" : Kalt assisté de Vanek

0-2 à 09'34" : Trattnig assisté de Kalt et Vanek (sup. num.)

0-3 à 25'27" : Trattnig assisté de Vanek

0-4 à 41'13" : Unterluggauer assisté de Trattnig et Vanek

0-5 à 44'23" : R. Lukas assisté de Peintner et Szücs (sup. num.)

0-6 à 56'23" : Ra. Divis

 

France

Gardien : Cristobal Huet

Défenseurs : Baptiste Amar - Christian Pouget ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Vincent Bachet - Nicolas Favarin ; Lilian Prunet - Karl Dewolf.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Sébastien Bordeleau - François Rozenthal ; Arnaud Briand - Olivier Coqueux - David Dostal ; Anthony Mortas - Jonathan Zwikel - Benoît Bachelet ; Xavier Daramy - Laurent Gras - Brice Chauvel.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G).

Autriche

Gardien : Reinhard Divis.

Défenseurs : André Lakos - Martin Ulrich ; Robert Lukas - Thomas Pöck ; Philippe Lakos - Gerhard Unterluggauer ; Sven Klimbacher.

Attaquants : Matthias Trattnig - Dieter Kalt - Thomas Vanek ; Markus Peintner - Mark Szücs - Philipp Lukas ; Oliver Setzinger - Thomas Koch - Daniel Welser ; Philippe-Michael Horsky - Roland Kaspitz - Christoph Harand.

Remplaçant : Claus Dalpiaz (G).

 

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