Championnats du monde 2004, premier tour, groupe D.

Après deux désastres consécutifs face à la Suisse et l'Autriche (deux fois 6-0 !), que pouvait bien espérer l'équipe de France face au tenant du titre canadien et à ses stars NHL ? Pas grand-chose assurément si ce n'est de ne pas prendre une raclée (moins de cinq buts comme l'a dit Bordeleau avant le match) et de marquer enfin un but dans ce Mondial. Un objectif ambitieux à la lecture de l'effectif canadien, mais plus réaliste si l'on tient compte de la performance en demi-teinte des champions du monde face à l'Autriche.

Le début de la rencontre ressemble à s'y méprendre à celui du match contre la Suisse. Une équipe de France très prudente qui laisse venir l'adversaire et ne se découvre pas. Cela n'empêche pas les Français de placer quelques contre-attaques comme ce slap de Brice Chauvel qui met à contribution Giguère. Une première faute de Pousset met à l'épreuve l'infériorité numérique française, elle qui avait été si catastrophique face à la Suisse. Les Canadiens ne mettent pas une grosse pression sur les cages de Fabrice Lhenry (Huet a été mis au repos) et les Bleus tuent sans trop de difficulté cette première pénalité. Les Français se procurent quelques occasions et même si c'est souvent sur des tirs lointains - comme celui d'Amar - cela montre au moins que les Français ont envie de faire quelque chose. Morrison est tout près d'inscrire le premier but mais il est gêné par Coqueux puis bute sur Lhenry. Olivier Coqueux étant pénalisé sur l'action, les Canadiens vont bénéficier de leur deuxième supériorité numérique de la rencontre. Cette fois est la bonne lorsque Glenn Murray, libre de tout mouvement devant le slot après avoir fait mettre un genou à terre à Carriou, peut convertir en but une passe de Brenden Morrow (1-0, 08'52"). Même si la France est (déjà !) sanctionnée pour la troisième fois du match, les Bleus ne craquent pas défensivement et se signalent à nouveau dans la zone d'attaque canadienne par un tir du revers de Gras. Lhenry doit sortir le grand jeu sur un tir de Danny Heatley. Puis Chauvel et Daramy manquent de peu le premier but français sur un deux-contre-un. La partie s'emballe et la France n'a pas à rougir de sa prestation. Malheureusement, sur un débordement côté droit, Ryan Smyth adresse un centre parfait pour Shawn Horcoff qui devance Christian Pouget et ne laisse aucune chance au portier mulhousien (2-0, 16'27"). Les Français sont à deux doigts d'encaisser un troisième but, mais il sera refusé car Jeff Friesen avait retenu au préalable Fabrice Lhenry. Sébastien Bordeleau se montre dangereux sur la supériorité qui suit, mais la France a toutes les peines du monde à installer le jeu de puissance et doit se contenter de ce retard de deux buts en rentrant au vestiaire.

Dès le début de la deuxième période, les Français confirment leur bonnes dispositions entrevues au premier tiers. Une combinaison entre Pouget et Bordeleau aurait mérité meilleur sort. Fabrice Lhenry doit pourtant encore faire étalage de son talent sur un breakaway de Morrison. Les efforts offensifs français ne sont pas récompensés et Shawn Horcoff, qui reçoit une passe millimétrée de Jeff Friesen, prend à revers la défense française et s'offre un doublé en marquant un but similaire au premier (3-0, 28'58"). Un but qui fait mal aux Français, et Lhenry sort encore le grand jeu face à Daniel Brière pour éviter le 4-0. Dans la foulée sur un contre, un slap côté droit de Maurice Rozenthal heurte le poteau. Le Canada pousse pour aggraver le score et Lhenry enchaîne les arrêts de grande classe : Horcoff, Morrow et enfin Bouwmeester, tous butent sur le dernier rempart français. Une seule petite erreur à mettre au passif du gardien mulhousien : une sortie ratée loin de la cage qui aurait pu coûter très cher, mais heureusement le Canadien qui avait récupérer le palet ne cadre pas son tir. Son coéquipier de club Lilian Prunet ne lui facilite pas la tâche en récoltant sa deuxième pénalité du match mais Lhenry est encore impérial sur l'infériorité numérique et préserve le score en l'état à la deuxième pause.

La dernière période commence mal pour les Bleus avec deux pénalités de Pouget et Briand concédées coup sur coup. Mais contrairement au match contre la Suisse au cours duquel les Français s'étaient écroulés en infériorité numérique, ils tiennent cette fois très bien le choc. Plus d'agressivité en défense, un meilleur positionnement, et surtout un Lhenry impeccable dans ses cages comme sur cette tentative de Scott Niedermayer. Une fois les pénalités tuées, Benoît Bachelet tente sa chance face à Giguère mais son tir de loin est repoussé sans trop de difficulté par le gardien des Mighty Ducks. Vient alors une chance inespérée de marquer enfin un but pour les hommes de Heikki Leime : une double supériorité numérique pendant près d'une minute trente (Horcoff et S. Niedermayer en prison). Mais les Bleus négocient une fois encore très mal cet exercice et la timide circulation de palet ne se conclut pas aucun tir dangereux pour Giguère. Les Bleus jouent encore à deux reprises en infériorité lors des dix dernières minutes du match (contre une aux Canadiens), Prunet prenant au passage sa troisième pénalité de la rencontre ! Une des plus belles occasions françaises est ce tir d'Arnaud Briand bien servi par David Dostal, mais Giguère justifie son statut et préserve son blanchissage.

Avec un but encaissé sur neuf infériorités numériques, le "penalty killing" français aura été une des grandes satisfactions de la rencontre. Il y a en d'autres comme cette assise défensive retrouvée, quelques mouvements enfin intéressants en attaque, et bien sûr la très grande prestation de Fabrice Lhenry dans les filets. Il reste encore beaucoup à faire pour se maintenir (comme par exemple marquer des buts...) mais la France a clairement fourni sa meilleure prestation du Mondial, et de très loin. Quant au Canada, après son match nul décevant face à l'Autriche, ce résultat est presque une nouvelle contre-performance pour les champions du monde en titre. Attention car les prochains matches seront autrement plus difficiles...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match :

Glen Murray (attaquant du Canada) : "Je n'ai jamais pensé que je pourrais dire ça, mais la glace aujourd'hui était pire qu'à Boston, et cela veut tout dire. Même lors de l'échauffement, on avait du mal à tourner et le palet rebondissait n'importe où, mais je n'aime pas utiliser des excuses."

Daniel Brière (attaquant du Canada) : "Je ne sais pas quand j'ai joué pour la dernière fois à cette heure. On a l'impression de sortir du lit. J'ai juste pris un petit-déjeuner léger ce matin et ensuite on a dû venir à la patinoire à une heure où on s'entraîne d'habitude. Cela fait maintenant quelques jours que nous sommes ensemble mais nous n'avons certainement pas encore la cohésion que nous avions l'an passé. [...] Leur gardien mérite un coup de chapeau. Nous avons eu beaucoup d'occasions de but et il a fait de grands arrêts, deux ou trois sur des breakaways."

Shawn Horcoff (attaquant du Canada) : "La chose importante sur une glace internationale est de bien jouer un système. Et aujourd'hui je pense que nous étions excellents défensivement. Nous étions plus rigoureux, et on sait tous que l'attaque va finir par venir, mais on devra mieux jouer contre les meilleures équipes ici, nous le savons."

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "Je pense qu'il s'agissait de notre meilleur match dans le tournoi jusqu'à présent. Lors du premier match, personne n'était prêt à jouer, et lors du second, peut-être la moitié de l'équipe. Les trois buts canadiens sont le résultat d'erreurs individuelles. On a besoins de se concentrer afin de s'améliorer jour après jour car nous préparons maintenant notre deuxième tournoi."

Canada - France 3-0 (2-0, 1-0, 0-0)

Mardi 27 avril à 12h15 à la Sazka Arena de Prague. 6629 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) assisté de Pavel Makarov (RUS) et Roman Rouzar (TCH).

Pénalités : Canada 10' (2', 2', 6'), France 18' (6', 4', 8').

Tirs : Canada 38 (17, 12, 9), France 19 (9, 3, 7).

Évolution du score :

1-0 à 08'52" : Murray assisté de Morrow et Morrison (sup. num.)

2-0 à 16'27" : Horcoff assisté de R. Niedermayer et Smyth

3-0 à 28'58" : Horcoff assisté de Friesen et R. Niedermayer

Gardien : Jean-Sébastien Giguère.

Défenseurs : Jay Bouwmeester - Scott Niedermayer ; Eric Brewer - Steve Staios ; Willie Mitchell - Derek Morris ; Nick Schultz.

Attaquants : Brenden Morrow - Brendan Morrison - Glen Murray ; Ryan Smyth - Daniel Brière - Danny Heatley ; Jeff Friesen - Rob Niedermayer - Shawn Horcoff ; Jean-Pierre Dumont - Matt Cooke - Patrice Bergeron ; Justin Williams.

Remplaçant : Marc Denis (G).

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Vincent Bachet - Christian Pouget ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Baptiste Amar - Nicolas Favarin ; Lilian Prunet - Karl Dewolf..

Attaquants : Maurice Rozenthal - Sébastien Bordeleau - Olivier Coqueux ; Arnaud Briand - David Dostal - Benoît Bachelet ; Jonathan Zwikel - Anthony Mortas - François Rozenthal ; Xavier Daramy - Laurent Gras - Brice Chauvel.

Remplaçant : Patrick Rolland (G).

Retour aux championnats du monde