Autriche - Allemagne (1er mai 2004)

 

Championnats du monde 2004, deuxième tour, groupe E.

L'année dernière, le duel fratricide germanophone n'avait pas fait un pli, et l'Autriche avait pu mesurer ce qui la séparait d'une équipe capable de jouer les quarts de finale. Pourtant, les choses pourraient être différentes cette fois, car elle a franchi ce palier depuis un an, comme elle l'a montré en ce début de Mondial. En plus, ce sont les Autrichiens qui sont en position de force avec un point de plus au compteur. Ils ont montré qu'ils étaient capables de battre l'Allemagne depuis le match amical à Bad Tölz, mais celle-ci a remis les pendules à l'heure en démontrant sa supériorité lors des trois confrontations préparatoires aux championnats du monde.

Le début de match est conforme aux espérances. L'Autriche fait mieux que tirer son épingle du jeu, avec notamment l'apport offensif de Thomas Pöck, ex-attaquant qui ne s'est reconverti comme défenseur que récemment pendant ses années universitaires aux États-Unis. Les duels physiques sont dignes de la rivalité entre les deux voisins mais l'arbitre laisse beaucoup jouer et il faut attendre plus de dix minutes pour voir la première pénalité contre Kalt qui fait trébucher Benda. Les Allemands se créent une bonne action, un lancer de la bleue dévié devant la cage par Kreutzer et capté par une belle mitaine de Divis, puis le géant aux pieds d'argile André Lakos s'écroule derrière son but pour mieux envoyer Abstreiter en prison et annuler la pénalité. Mais en fin de tiers-temps, la chaleur monte autour de la Divis, avec un palet qui rase la cage après un arrêt mal assuré. Après cette alerte, Jan Benda, joueur très sûr mais peu habitué aux actions d'éclat, réalise une feinte superbe pour transpercer Pöck et conclut dans le haut du filet pour un but exceptionnel (0-1 à 16'55").

Face à une équipe aussi bien en place défensivement que l'Allemagne, se prendre un but avant de rentrer aux vestiaires ne présage rien de bon. Usés physiquement mais sans doute aussi mentalement, les Autrichiens sont en panne complète de solutions. Leur chance réside peut-être dans la faiblesse statistique allemande dans les unités spéciales. Ils ont une longue supériorité numérique avec deux pénalités coup sur coup contre Leask et Lüdemann, mais ne parviennent à s'installer en zone offensive que pendant une quarantaine de secondes à cinq contre trois. Dès lors, le sort du match semble scellé. L'Allemagne rajoute un deuxième but par Daniel Kreutzer sur un rebond qu'aurait dû écarter Philippe Lakos, qui était placé trop loin de la cage et a fait des moulinets avec sa crosse autour du palet (0-2 à 32'22"). Décidément, l'Autriche n'y est plus. Elle passe pourtant près du but sur un tir en angle fermé de Philipp Lukas qui roule sur l'épaule de Kölzig, pour qui cette action sonne comme un rappel à l'ordre.

Les Autrichiens reprennent ensuite du poil de la bête, mais quand vient le moment de vérité avec Hecht qui se frictionne avec Pöck et est envoyé en prison pour rudesse au troisième tiers-temps, ils sont toujours improductifs en supériorité numérique. Et c'est quand on s'y attend le moins que l'Autriche revient dans le match : Oliver Setzinger feinte le slap et donne en fait dans l'enclave à Thomas Koch qui redirige le palet au fond des cages de Kölzig qui n'a pas réagi assez vite (1-2 à 51'42"). Il reste huit minutes à jouer et c'est Benda qui est la clé de voûte de l'édifice allemand en s'interposant face à Pöck en un contre un. Les leaders de l'équipe de Hans Zach sont présents dans ces moments-là. Kreutzer part en contre et obtient une faute de Pöck contraint de le faire trébucher. Le répit ne dure que deux minutes car Thomas Pöck prend la poudre d'escampette dès sa sortie de prison, mais son tir du revers est arrêté par Kölzig. Un but en cage vide de Stefan Ustorf conforte la victoire allemande (1-3 à 59'32").

On ne peut pas comparer cette défaite autrichienne avec celle de l'an passé. À l'époque, ils jouaient tout sur ce match qui était le révélateur, alors qu'aujourd'hui, le bilan est globalement bon, mais il est difficile d'enchaîner les performances et ils ont baissé le pied ce soir. Ce qui manque aux Autrichiens pour engranger plus de points, c'est en premier lieu l'expérience. Il n'y a pas de Benda en habit rouge. Et en second lieu, c'est la condition physique. C'était d'autant plus sensible ce soir car ils étaient fatigués de leur match d'hier contre les Tchèques, alors que l'Allemagne reste sur deux jours de repos. Cette rencontre était importante mais pas capitale, car quatre équipes se tiennent toujours en deux points et tout se jouera dans Allemagne-Suisse et Autriche-Lettonie pour la qualification en quart de finale.

Meilleurs joueurs du match : Thomas Koch pour l'Autriche et Jan Benda pour l'Allemagne.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Herbert Pöck (entraîneur de l'Autriche) : "Le match contre les Tchèques ne peut pas être une excuse, car le troisième tiers-temps a été notre meilleur. Physiquement, certains ne sont pas assez bons pour les championnats du monde. Il faudra travailler l'été. Ils nous manque quelques kilos pour tenir. Il faudra tout faire pour gagner contre la Lettonie lundi. Si nous ne la battons pas, c'est que nous n'aurons pas mérité d'aller en quart de finale."

Dieter Kalt (capitaine de l'Autriche) : "Nous ne sommes tout simplement pas entrés dans le match. Seule la troisième ligne avec Koch, Welser et Setzinger a construit quelque chose offensivement. Cela n'a rien à voir avec ma blessure à l'épaule, ce n'était tout simplement pas mon jour. Les Allemands ont été super défensivement et ne nous ont rien donné gratuitement. Contre nous, ils restent derrière comme contre les grosses équipes et jouent par contres. Nous n'étions tout bonnement pas assez bons. Nous devons oublier ce match et réfléchir à nos forces."

Hans Zach (entraîneur de l'Allemagne) : "C'était un match haletant, je suis fier de mon équipe. Nous n'avons pas de joueurs exceptionnels, mais un caractère exceptionnel, et c'est ce qui a fait la différence ce soir. L'adversaire a plus fait le jeu, mais nous avons mieux exploité nos occasions. Six ou sept nations sont au même niveau, mais cela fait déjà trois ans que c'est nous qui nous qualifions."

Jan Benda (défenseur de l'Allemagne) : "Nous avons fait une bonne performance. Nous affrontions une équipe très motivée, qui a été un peu la surprise de ces championnats du monde. J'ai un bon moral et j'ai confiance en mon jeu, comme le but l'a montré. Je suis là pour contribuer offensivement au jeu. Le match contre le Canada sera de très bonne qualité. Par le passé, nous avons toujours fait de bons matches contre eux et nous voulons encore bien jouer. Mais le match contre la Suisse sera très important pour les deux équipes. C'est sous la pression que je joue mon meilleur hockey."

 

Autriche - Allemagne 1-3 (0-1, 0-1, 1-1)

Samedi 1er mai 2004 à 20h15 à la Sazka Arena de Prague. 12120 spectateurs.

Arbitrage de Christer Lärking (SUE) assisté de Milan Masik (SVK) et Leo Takula (SUE).

Pénalités : Autriche 10' (4', 4', 2'), Allemagne 10' (4', 4', 2').

Tirs : Autriche 33 (9, 10, 14), Allemagne 30 (7, 10, 13).

Évolution du score :

0-1 à 16'55" : Benda assisté de Kreutzer

0-2 à 32'22" : Kreutzer assisté de Boos

1-2 à 51'42" : Koch assisté de Setzinger

1-3 à 59'32" : Ustorf assisté de Reichel

 

Autriche

Gardien : Reinhard Divis.

Défenseurs : André Lakos - Martin Ulrich ; Robert Lukas - Thomas Pöck ; Philippe Lakos - Gerhard Unterluggauer ; Sven Klimbacher - Johannes Reichel.

Attaquants : Matthias Trattnig - Dieter Kalt - Thomas Vanek ; Markus Peintner - Mark Szücs - Philipp Lukas ; Oliver Setzinger - Thomas Koch - Daniel Welser ; Raimund Divis - Philippe-Michael Horsky - Roland Kaspitz.

Remplaçant : Claus Dalpiaz (G).

Allemagne

Gardien : Olaf Kölzig.

Défenseurs : Jochen Molling - Mirko Lüdemann ; Jan Benda - Rob Leask ; Daniel Kunce - Andreas Renz ; Stephan Retzer.

Attaquants : Klaus Kathan - Stefan Ustorf - Andreas Morczinietz ; Tomas Martinec - Martin Reichel - Thomas Greilinger ; Jochen Hecht - Tobias Abstreiter - Daniel Kreutzer ; Boris Blank - Tino Boos - Eduard Lewandowski ; Christoph Ullmann.

Remplaçant : Robert Müller (G).

 

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